« Feuille de route »
L'édito de Julie Bertuccelli, présidente de la Scam

D’abord vous dire la joie, le plaisir et l’honneur de présider à nouveau notre maison, de prendre la succession d’Anne Georget qui pendant deux ans, a défendu de si belle manière les intérêts des auteurs. Le mandat d’Anne restera marqué par ses succès, en particulier cette prometteuse 25e heure (dont nous attendons le titre), une nouvelle fenêtre dévolue au documentaire sur France 2, destinée à accueillir des films singuliers. Bien sûr, nous garderons un œil attentif sur le contenu de cette nouvelle offre, tant elle nous tient à cœur. Arrivée à la fin de son mandat d’administratrice, conformément à nos statuts, Anne ne pouvait pas se représenter à la présidence. Pour ma part, il me reste deux ans avant de devoir m’éclipser à mon tour, et j’ai voulu m’investir à nouveau pour poursuivre les dossiers en cours, boucler certains chantiers que j’avais lancés lors de ma première présidence. Et proposer de nouvelles initiatives pour faire avancer nos droits, notre renommée, notre légitimité.

C’est acquis, la Cinémathèque du documentaire va voir le jour ; les recrutements sont en cours. Les portes s’ouvriront à l’automne. Dès ma première présidence, j’avais souhaité la création de cette institution qui doit rayonner dans toutes les régions de France pour offrir au public une meilleure exposition des œuvres des auteurs. Avec, à Paris, son écrin journalier à la BPI du Centre Pompidou. Alors qu’à quelques jours près ce devait être Audrey Azoulay qui avait beaucoup œuvré à la concrétisation de ce projet, c’est la nouvelle ministre de la Culture, Françoise Nyssen, femme de culture s’il en est, qui a signé l’acte de naissance à Cannes du Groupement d’intérêt public. L’idée que ce soit une des premières décisions qu’elle ait validée ne cesse de me réjouir. Elle montre l’importance qu’elle accorde au documentaire. Dans cette lignée, et aussi à l’initiative de la Scam, voilà deux ans que nous nous réjouissons de la programmation tous les mardis de 100 % doc au Forum des images.

Décerné à Agnès Varda et JR, L’Œil d’or, pour sa troisième édition, s’est offert une nouvelle aura. J’ai eu la joie, au début de cet été, de voir fleurir sur les colonnes Morris, couvertes des affiches de Villages, Visages, le petit logo rose que nous avons fait naître avec la graphiste Catherine Zask. Le Prix documentaire à Cannes, créé à l’initiative de la Scam, trace sa voie et devient grand. J’aime à me souvenir que le documentaire est à l’origine du cinéma et je continuerai à faire en sorte que ce Prix gagne la place qui lui revient au sein de sa famille.

Par ailleurs, sur proposition de la commission audiovisuelle, la Scam va enquêter sur la rémunération des auteurs, tant les disparités de traitement deviennent criantes. Il s’agira d’opérer un état des lieux des pratiques, recenser des idées et suggérer des méthodes pour que les auteurs soient mieux traités et leur donner des outils pour qu’ils puissent mieux négocier leurs contrats. En recensant les expériences malheureuses ou réussies, en donnant la parole aux auteurs, nous souhaitons nous ériger en force de propositions. Nos cousins belges et canadiens nous ont montré la voie et nous nous inspirerons de leurs travaux remarquables.

Nous devons profiter des expériences de nos confrères. À cet égard, le dialogue entre le Conseil permanent des écrivains et le Syndicat national de l’édition, auquel la Scam a pris une part active, se poursuit dans un bel esprit de concertation et pourrait inspirer des négociations futures dans d’autres répertoires. Trop long ici d’évoquer tous les chantiers à continuer, à suivre, à consolider, à développer, je vous tiendrai au courant au fur et à mesure (l’aide sociale, les jeunes, l’international…). Je serai attentive, avec le nouveau conseil d’administration (toujours à parité, avec même un peu plus de femmes pour changer !), à vos difficultés, à vos succès, à vos espoirs.

Dès le jour de mon entrée en fonction le 23 juin dernier, une première mission m’a été confiée. Ceux qui assistaient à notre fête des prix ont vu surgir un bien vieux monsieur des mains bienveillantes de notre cher Serge Viallet, lauréat 2017 du prix pour l’ensemble de son œuvre. Avec sa belle énergie à réveiller les images endormies, Serge a dédié son prix à Charles Moisson en brandissant son portrait et a demandé qu’on lui trouve une place sur les murs de notre maison. Que serions-nous sans Charles Moisson, notre « ancêtre commun » comme l’a dit joliment Serge ? Concepteur du premier appareil prototype de tournage imaginé par Louis Lumière, Charles Moisson aurait tourné lui-même la Sortie d’Usine. Serge, c’est acquis, Charles Moisson est ici chez lui !


Au sommaire de ce numéro

Portrait de Kaye Mortley – p°4
Les Prix Scam 2017 – p°8
Les Étoiles 2017 – p°10
Interview de Sandrine Bonnaire – p°12
Hommage à Christophe Otzenberger – p°18
Tribune libre de Jean-Pierre Perrin – p°22
DOK. Incubator – p°26
Le nouveau Cosip – p°28
La Scam en chiffres p°29
Les résultats de l’assemblée générale – p°30

Astérisque n°58