Un homme d’exception s’en est allé. La phrase de Blaise Cendras, « Tous les pays, tous les peuples, j’aime ça » résume son engagement. Le cœur de Jack Ralite battait en effet au rythme de tous les arts et de toutes les cultures. Son parcours a embrassé avec fougue la création qui le nourrissait.

Il a été de tous les combats pour défendre la diversité culturelle. Il était aux côtés des auteurs contre les accords du Gatt, puis ceux de l’AMI, qui entendaient traiter la culture comme n’importe quelle autre marchandise dans le cadre des traités commerciaux de libre-échange. Il a été le fondateur des États généraux de la culture pour affirmer la place vitale qu’est la création dans la vie des hommes.

Communiste, Jack Ralite était un personnage politique comme il n’en existe plus, il avait une culture comme on n’en voit plus dans le monde politique, à de rares exceptions près. Il fallait écouter ses discours parsemés de citations d’auteurs. Rilke, Aragon, Camus, Char… Il aimait « piller les auteurs » pour les mettre au service des causes qu’il défendait avec conviction et passion.

En 2009, le Prix des auteurs de la Scam était créé sous la présidence de Guy Seligmann, sur proposition de Jean-Marie Drot, pour remercier Jack Ralite de toutes ses actions au service des auteurs et de la création. En 2011, il a également été le premier lauréat du Prix de la coalition pour la diversité culturelle pour lui signifier l’amour des créateurs.

Jack Ralite manquera non seulement aux auteurs mais aussi à la société en mal de vivre, aux déshérités, aux écorchés, aux oubliés pour lesquels son empathie était sincère et dont il se faisait le porte-voix, à l’image de cette référence à Rimbaud lors d’un de ses longs discours au Théâtre de la Commune : « Vous avez enclenché comme le déroulé d’un petit film dont la vision attentive, et l’écoute éperdue, me confirme que le fil rouge de ma vie est la fulgurance de Rimbaud ‘je est un autre, à chaque être plusieurs vies me semblent dues’ ».