Les Prix Albert Londres 2019 ont été remis cette année à Paris.



81e Prix de la presse écrite : Benoît Vitkine
pour ses reportages publiés dans Le Monde.

Le jury Albert Londres avait déjà remarqué les talents d’enquêteur et de reporter au long cours de Benoît Vitkine (36 ans), ainsi que sa solide expertise des pays de l’ex-URSS et de l’Europe Orientale. L’élégance de sa plume, l’originalité de ses angles et la rigueur de son travail le désignent aujourd’hui comme un digne héritier d’Albert Londres. Le retour douloureux des vétérans du Donbass en Ukraine, Odessa ville gangster, l’emprise russe sur la mer d’Azov, l’instrumentalisation totalitaire du football par Kadyrov le Tchéchène… Les sujets les plus rugueux et les plus complexes sont racontés avec une clarté exemplaire. Vif, précis, chaleureux, solide, Benoît Vitkine emmène son lecteur sur tous les terrains et, toujours, le passionne. 
En Ukraine, le délicat retour des vétérans à la vie civile
Ukraine : Odessa, ville gangster
Ukraine : emprise russe en mer d’Azov
En Tchétchénie, le football totalitaire
En Transcarpathie, l’art russe de l’intox fait des étincelles 
En Estonie, dans les coulisses de la guerre de l’information russe 


35e Prix audiovisuel : Marlène Rabaud

pour son film Congo Lucha

diffusé sur la RTBF et la BBC, production Esprit libre et Tita Productions. Prochainement sur France 2. 
Marlène Rabaud (41 ans mais 40 ans au moment de la diffusion) conte avec humilité l’histoire – l’épopée – d’un groupe de jeunes Congolais engagés dans une lutte pacifique pour changer leur pays et le débarrasser du Président Kabila qui empêche la tenue des élections. Un film courageux, chaleureux et rare ; une caméra tenue à hauteur humaine ; un ton juste et sobre, à mille lieues de tout formatage. L’Afrique est là, devant nous, qui palpite, s’insurge, rêve, et se bat avec une utopie magnifique contre un système politique qui l’exploite et la gangrène. On ressort de ce film à la fois admiratif, révolté… et bouleversé.


3e Prix du livre : Feurat Alani  

pour Le Parfum d’Irak (Arte Editions / Editions Nova).

Pour une surprise, c’est une surprise ! Et un pas de côté qui surprendra pour ce 3e Prix du livre décerné avec enthousiasme à un véritable Ovni littéraire : un roman graphique composé d’un millier de tweets (ou de « gazouillis » comme disent les Québécois) qui, semblables à des haïkus, racontent les différents voyages en Irak d’un petit français d’origine irakienne devenu plus tard journaliste, chargé de couvrir la guerre dans son deuxième pays qu’il s’est pris à aimer. Une prouesse sidérante, car au fil des messages de 140 signes, c’est l’âme et le parfum de l’Irak qui doucement apparaissent, avec une poésie, une tendresse, mais aussi une précision journalistique admirables. C’est déroutant au départ, magnifique à l’arrivée. Feurat Alani (38 ans) nous montre que la démarche et l’esprit « Albert Londres » se fichent des conventions, et peuvent prendre toutes les formes littéraires possibles, quand on joint rigueur et élégance, exactitude et sincérité.

Le jury présidé par Annick Cojean, était composé de : Lise Blanchet, Hervé Brusini, Catherine Jentile, François Hauter, Christian Hoche, Marc Kravetz, Jean-Xavier de Lestrade, Manon Loizeau, Alain Louyot, Jean-Paul Mari, Delphine Minoui, Michel Moutot, Philippe Rochot, Patrick de Saint-Exupéry, Frédéric Tonolli, Olivier Weber, ainsi que des lauréats 2018 : Elise Vincent, Jean-Baptiste Malet, Marjolaine Grappe, Christophe Barreyre et Mathieu Cellard.

Le Prix Albert Londres est géré par La Scam depuis 1985.