L’âge des possibles, en Corse et en Afrique, le regard de Farocki sur les images retrouvées d’un camp de transit nazi, une évocation de la crise du logement en Espagne, un spécial Amérique en lien avec Le monde est Stone… Voici le premier 100% doc de l’année, où l’on croise aussi les fantômes de Barbara et d’un fameux chevalier…



Jouer, chanter

« Le chant est une pratique tellement sexuelle que moi, à 15 ans, je n’étais pas physiquement capable de l’affronter. Et que ça a foutu ma vie en l’air ! C’est pour ça que je n’ai pas commencé le chant à ce moment là. Or c’est vrai que c’est une des grandes passions de ma vie et une vocation inassouvie. Mais c’est comme ça, hein, on construit sa vie aussi avec les choses qu’on n’a pas accomplies », déclarait avec esprit Jeanne Balibar à la sortie du film Barbara. Quelque années plus tôt, Ne change rien de Pedro Costa puisait déjà à la source de ce plaisir de chanter, filmant l’actrice des répétitions aux enregistrements d’un disque, en compagnie du guitariste Rodolphe Burger. Cette belle expérience contemplative rejoint d’autres films programmés ce mois où l’on croise, côté coulisses, d’autres acteurs, parfois chanteurs. Ainsi Jane B. (par Agnès V.) ou Serge Reggiani filmé par son fils au soir de sa vie. On suit aussi Denis Podalydès que son ami Emmanuel Bourdieu accompagne tout au long d’une folle journée où l’acteur joue trois rôles différents dans les trois théâtres de la Comédie française. Une performance, à découvrir avec un portrait de Rachel, grande tragédienne du Français qui fit ses débuts… comme chanteuse de rue.
A noter : projection du film Il est minuit, Paris s'éveille d'Yves Jeuland le mardi 2 janvier


Pour saluer Jean Rochefort

Sa haute silhouette, son œil qui frise et son grain de folie en auraient fait à coup sûr un formidable Don Quichotte. Si ce film maudit qu’il aurait dû tourner sous la direction de Terry Gilliam n’a jamais vu le jour, le formidable documentaire Lost in la Mancha retrace les péripéties de cette aventure inachevée, qui conciliait idéalement l’amour de Jean Rochefort pour les chevaux et le cinéma. Une passion que l’on retrouve dans son documentaire Cavaliers seuls, coréalisé en 2013 avec Delphine Gleize, où il filme son ancien instructeur. Un personnage haut en couleur, qui observe avec malice et nostalgie depuis son fauteuil électrique les progrès d’un jeune élève prometteur.


 

Documentaire sur Grand Écran : Ils ont l'âge des possibles

Mardi 9 janvier à 19h et 21h
Le possible au Sénégal, c’est l’horizon européen à la rame. Le possible en Côte d'Ivoire, c’est l’argent d’une Blanche via Skype. Le possible en Corse, c’est quoi ?… Quatre films composés avec des jeunes gens en quête d’avenir.
En regard de la jeunesse d’Afrique, une jeunesse de Corse. Deux films de Thierry de Peretti qui cherchent, dans l’actualité de l’île, de quoi sont faits les rêves (et les cauchemars) des jeunes Corses : Le Jour de ma mort et Lutte jeunesse. En face, deux films d’Afrique : Atlantiques de Mati Diop et Vivre riche de Joël Akafou qui, eux, sont tournés vers l’ailleurs, l’ailleurs rêvé. Un rêve qui peut prendre lui aussi les traits d’un cauchemar. Entre les deux, un océan qui fait la différence ?
Annick Peigné-Giuly, Documentaire sur grand écran

Vivre riche de Joël Akafou
Fr.-bur. faso-belg. doc. 2017 coul. 52min (cin. num.)
Précédé de : Atlantiques de Mati Diop
Fr.-sén. doc. 2009 coul. 15min (cin. num.)
Séance suivie d’un débat avec le réalisateur Joël Akafou

Lutte jeunesse de Thierry de Peretti
France doc. 2017 coul. 58min (cin. num.)
Précédé de : Le jour de ma mort de Thierry de Peretti
France fict. 2006 coul. 18min (35mm)
Séance suivie d’un débat avec le réalisateur, la directrice de casting Julie Allione et le monteur Lucas Vittori


 

Éclairages : A propos d’En sursis / Respite de Harun Farocki

mardi 23 janvier à 19h
Un spécialiste, chercheur, critique, historien… examine chaque mois une question au prisme des représentations qu’en propose le cinéma documentaire. Le plasticien allemand Haroun Farocki est un artiste archéologue. Il propose, dans tous ses films, une réflexion théorique sur les images. Dans En sursis, il explore la question de l’archive. Ici c’est le texte qui fait voir l’image, la perce, la cadre, la relit. Farocki reprend les images de bobines de films retrouvés en 2005 sur l’ouverture des camps de concentration. Un film tourné dans le camp de transit hollandais Westerbork, commandé par les nazis et tourné par Rudolf Breslauer, l’un des prisonniers du camp. Ces rushes sont muets et sans récit ; le film de Farocki reprend ces données en ajoutant seulement des cartons qui questionnent les images pour en faire des documents.
Par Émilie Houssa (Historienne de l'Art)


 

L’Amérique en Doc

Mardi 30 janvier

Durant toute une journée, 100 % doc bat la mesure avec la programmation Le monde est Stone, à travers quatre documentaires brossant le portrait de l’Amérique contemporaine. De la vie quotidienne des Marines à la surveillance de masse en passant par les rouages complexes du monde de la finance, ces films déconstruisent les mythologies américaines qui informent nos imaginaires.


 

100% doc est une des nombreuses manifestations initiées ou soutenues par la Scam pour promouvoir le documentaire.
Entrée libre dans la limite des places disponibles
Renseignements et inscription : http://www.forumdesimages.fr/les-programmes/100-doc-saison-2017-2018

Une programmation annuelle : Forum des images / La Scam
En partenariat avec Copie Privée / Documentaire Sur Grand Écran / Centre audiovisuel Simone de Beauvoir
L’humanité / Télérama / Sofilm / Lcp-Assemblée Nationale