« Le jour tombe, la nuit se lève », un programme sonore proposé par Karine Le Bail à écouter collectivement.



La nuit fait un pas. Les choses de l’ombre vont vivre.
Victor Hugo

« Il n’y a plus de nuit », s’alarment les astronomes : la voûte céleste, vaincue par la clarté artificielle des villes, se dérobe toujours plus à nos yeux.
« Il n’y a plus de nuit », disent les sans-sommeil, comme les appelait affectueusement Macha Béranger : la radio qui s’invitait dans les demeures, au creux de la nuit, a déserté les ondes.
D’une nuit, l’autre, entre effacement et disparition, voici peut-être remise en jeu une certaine manière de voir le monde – celle où le jour, perdant l’avantage, laisse la nuit renverser l’ordre des choses et ouvrir un espace pour l’indistinct, l’indéterminé, le possible.

Longtemps, je me suis promenée dans les archives sonores pour écouter le jour tomber, et la nuit se lever. Ici, Duras est intervieweuse de rêves, Cendrars, compositeur nocturne d’une symphonie des bruits du monde, et Bachelard, spécialiste en « valeurs inconscientes ». On y rencontre un ciel étoilé, une vierge de minuit, un chanteur insomniaque, une médium, ses fantômes, et bientôt la « lumière tremblée de l’aube ». Là, s’entr’ouvrent des alcôves radiophoniques où des voix se parlent et se répondent à travers de longs silences – on a moins peur du silence, la nuit.

Karine Le Bail

Un événement Scam* en partenariat avec l'Ina et Radio France

Réservation indispensable à nuitdelaradio@scam.fr (complet, nous ne prenons plus de réservations)
Attention : places limitées et accès sécurisé sur invitation
La carte d’identité sera exigée

Prochaines écoutes collectives

– le 12 juillet 2018 à Marseille dans le cadre du FIDMarseille, en partenariat avec le Mucem et France Culture
– le 14 juillet 2018 à Autun dans le cadre des Rendez-vous de juillet, le Festival des histoires vraies
– le 24 août 2018 à Lussas dans le cadre des États généraux du film documentaire de Lussas


Depuis 2001, les auteurs de la commission des œuvres sonores de la Scam proposent, avec la Nuit de la radio, une expérience unique d’écoute collective, organisée conjointement avec l’Ina et Radio France.
Un programme, réalisé à partir d’archives sonores sur un thème renouvelé chaque année, se découvre casque sur les oreilles, au coucher du soleil, sous les étoiles de l’été. Le choix des thématiques permet de puiser librement dans l’histoire de la radio et d’inventer un récit singulier libéré des formats et des contraintes chronologiques. Venez écouter la radio comme vous ne l'avez jamais entendue à Paris, à Marseille dans le cadre du FIDMarseille (en partenariat avec le Mucem et France Culture), à Autun dans le cadre des Rendez-vous de juillet – le Festival des histoires vraies, à Saint-Laurent-sous-Coiron dans le cadre des États généraux du film documentaire de Lussas.

Le programme de l’édition 2018 a été conçu par Karine Le Bail.

Historienne, chercheuse au CNRS et enseignante à l’École des hautes études en sciences sociales (EHESS), Karine Le Bail s’intéresse aux formes d’engagement des professions artistiques au XXe siècle dans une perspective d’histoire socioculturelle, publiant notamment La musique au pas. Être musicien sous l’Occupation (« Prix de la Critique » 2016), Pierre Schaeffer, les constructions impatientes (CNRS Éditions, 2012), Jean-Louis Barrault, une vie sur scène (Flammarion, 2010). Son long compagnonnage avec les mondes de l’art et de la radio – elle a produit durant plus de vingt ans sur France Musique l’émission d’archives sonores et musicales Les Greniers de la mémoire – a nourri une pensée originale sur le son et l’écoute qui aboutit en 2018 à la création de « Saisir le son / On Sound », pôle de recherche et de création pluridisciplinaire sous l’égide du CNRS.
Elle est membre du Conseil d’administration de la Scam, au titre du Collège sonore.