À l’occasion du Salon du Livre de Paris 2018, la Scam, avec le concours de la SGDL et de la Charte des auteurs jeunesse, rend public son nouveau baromètre des relations auteurs/éditeurs. Plus de 1200 auteurs ont répondu à cette enquête.

Enquête réalisée du 15 janvier au 15 février 2018.
1/3 des auteurs qui ont répondu au questionnaire a entre 30 et 50 ans. La moitié est âgée de 51 à 70 ans. Parité presque parfaite, ce sont à 51 % des femmes et à 49 % des hommes. Les auteurs sont présents professionnellement à 59 % sur les réseaux sociaux, en majorité sur Facebook (92 %), puis Linkedin (38 %), Twitter (27 %) et Instagram (26 %).


1 – LA RELATION AVEC L’ÉDITEUR : STATU QUO…

 Encore 60 % des auteurs à convaincre ! Ils sont en effet 29,2 % à avoir des relations non satisfaisantes, voire conflictuelles avec certains ou la majorité de leurs éditeurs et 8 % avec tous leurs éditeurs. Ils sont également 22,2 % à déclarer n’avoir des relations satisfaisantes ou excellentes qu’avec certains de leurs éditeurs.
À l’inverse, 20,2 % déclarent des relations satisfaisantes ou excellentes avec la majorité de leurs éditeurs et 20 % avec tous leurs éditeurs.

• La fidélité ne paie pas… Les auteurs ont très majoritairement plusieurs éditeurs au cours de leur vie d’écrivain : 2 à 5 éditeurs pour la moitié d’entre eux (48 %), entre 6 et 10 pour un quart d’entre eux (26 %) et même plus de 10 pour 17 % des auteurs. Ils ne sont que 10 % à n’avoir eu qu’un seul éditeur pour toutes leurs publications.

 Les contrats : sur cette question, les opinions sont en amélioration notable cette année. Près de 64 % des auteurs sont satisfaits des contrats proposés par leurs éditeurs. Ils étaient 58 % en 2015. Ils ne sont que 21 % à ne pas en être satisfaits contre 23 % en 2015.

• Le travail de création : dans ce domaine, l’évolution positive notée lors des précédents baromètres se confirme. Les auteurs sont de plus en plus satisfaits de la relation avec leurs éditeurs quand elle touche à son aspect créatif. Le taux de satisfaction est passé de 53 % en 2010, à plus de 62 % en 2015 et à 68 % pour l’édition 2018. Les auteurs en 2010 étaient 34 % à se déclarer insatisfaits, ils n’étaient plus que 27 % en 2015 et ne sont désormais que 22 %.

• La diffusion du livre : sur ce point également, le taux de satisfaction des auteurs a augmenté en 2018 et atteint désormais 54 %. Il reste cependant un tiers d’auteurs non satisfaits (32 %).

• La promotion du livre : si la situation s’est également améliorée dans ce secteur, la proportion d’auteurs insatisfaits reste importante (42 % en 2018, contre 49 % en 2015). Mais ils sont désormais 45 % d’auteurs satisfaits, contre 37 % lors de la précédente édition du baromètre.

• La reddition des comptes : ce sujet fait l’objet pour la première fois en 2018 d’une question relative à la relation avec l’éditeur : plus d’un tiers des auteurs (35 %) restent insatisfaits de leurs redditions des comptes.


2 – LE CONTRAT : ENCORE UN EFFORT D’INFORMATION ET DE CLARIFICATION

Les auteurs signent dans leur grande majorité (96 %) des contrats à compte d’éditeur. Plus de la moitié d’entre eux ont signé leur contrat le plus récent en 2017 et 2018.

• Les représentants des auteurs et des éditeurs ont négocié un accord prévoyant de nouvelles dispositions pour le contrat d’édition en vue de l’exploitation numérique, mais 52 % des auteurs déclarent ne pas en avoir eu connaissance. Toutefois, 11 % d’entre eux ont d’ores et déjà utilisé l’une des nouvelles clauses permettant à un auteur de reprendre plus facilement ses droits.

• Pour les deux-tiers des auteurs (66 %), le dernier contrat proposé par leur éditeur distinguait clairement l’exploitation papier de l’exploitation numérique. Les contrats signés pour une exploitation uniquement numérique ne concernent, comme en 2015, que peu d’auteurs : 10 % seulement d’entre eux.

Concernant les droits papiers, 36,2 % des auteurs déclarent que leurs contrats ne sont que parfois clairs et explicites, et 16,7 % qu’ils ne le sont que rarement ou jamais. Ce taux de satisfaction pour les droits papiers (47,1 %), chute pour les droits numériques (19,7 %) et pour les droits dérivés (17,5 %).



• La moitié des auteurs a déjà fait appel à une personne extérieure pour l’aider à lire et comprendre ses contrats et notamment, dans des proportions similaires, un juriste ou avocat, une société d’auteurs, un tiers. Ils sont désormais 3,4 % à faire appel à un agent (2 % en 2015).

• Dans la majorité des cas (53 %), les éditeurs font signer aux auteurs simultanément un contrat d’adaptation audiovisuelle. La Scam et la SGDL rappellent que la signature de ce contrat n’est pas une obligation.


3 – LA RÉMUNÉRATION : UN TAUX MOYEN DE SEULEMENT 7,2 % !

• Les droits d’auteur sont calculés pour la majorité des auteurs (91 %) sur la base du prix public du livre. Dans les autres cas, il s’agit d’un pourcentage sur les recettes nettes (4 %), d’un forfait (4 %) et d’une absence de droits dans le contrat (1%).

• Un quart des auteurs ne perçoit aucun à-valoir. Si 49 % des auteurs répondent que leurs contrats comportent toujours un à-valoir, ils sont 26 % à indiquer ne recevoir que quelquefois des à-valoir et 25 % à souligner qu’ils n’en perçoivent jamais. Le montant de l’à-valoir figurant au dernier contrat est le plus souvent compris entre 1 500 euros et 3 000 euros (37 % des auteurs). Mais pour 34 % des auteurs qui perçoivent un à-valoir, celui-ci est inférieur à 1 500 euros. Pour 29 % d’entre eux, il est supérieur à 3 000 euros.

• Un taux de rémunération moyen inférieur aux idées reçues. S’agissant du taux de rémunération figurant sur leur dernier contrat pour l’exploitation papier, le taux de 10 %, le plus souvent cité, ne l’est finalement que par 24 % des auteurs. Il est suivi par le taux de 8 % (22 % des auteurs) et, surtout, les deux tiers d’entre eux (68 %) déclarent, comme en 2015, un taux de rémunération inférieur à 10 %.
Le taux moyen pour l’exploitation papier ne s’élève donc qu’à 7,2 %.

• S’agissant du taux de rémunération figurant sur leur dernier contrat pour l’exploitation numérique, les taux de 10 % et 15 % sont le plus souvent cités par les auteurs (17 % et 16 % d’entre eux). Le taux moyen pour l’exploitation numérique ne s’élève toutefois qu’à 11,1%.

• Des inégalités criantes continuent d’exister entre les secteurs pour l’exploitation papier.
> Pour la catégorie « Romans », le taux de rémunération moyen est en réalité de 8,5 %, avec 49 % des auteurs déclarant un taux inférieur à 10 %.
> Pour la catégorie « Documents, essais », le taux moyen est de 7,7 %, avec 66 % des auteurs déclarant un taux inférieur à 10 %.
> Il est de 8 % pour la catégorie BD, avec 57 % des auteurs déclarant un taux inférieur à 10 %. Le taux le plus souvent cité reste toutefois celui de 10 % (30 % des auteurs).
> Il est de 5,2 % pour la catégorie « Jeunesse » sachant qu’il s’agit du taux moyen de droit d‘auteur par auteur, et non par livre puisqu’il y a le plus souvent plusieurs co-auteurs. Pour cette catégorie, le taux le plus souvent cité est 3 % (26 % des auteurs) dans le cas d’ouvrages à deux co-auteurs, et de 6 % (16 % des auteurs) dans le cas d’ouvrages à auteur unique.

• Un tiers des auteurs qui ont répondu (35 %) exerce exclusivement le métier d’auteur. Deux tiers des auteurs (65 %) exercent parallèlement un autre métier, majoritairement lié à l’activité d’écriture (71 %). Les revenus issus directement (ventes de livres) ou indirectement de l’activité d’auteur (lectures, revenus accessoires…) représentent plus des trois quarts des revenus pour 21 % des auteurs.

• Au cours des deux dernières années, si la moitié des auteurs (48 %) estiment que leur situation matérielle s’est maintenue, ils sont en revanche 44 % à répondre que cette situation s’est détériorée, pour seulement 8 % qui estiment qu’elle s’est améliorée. C’est une tendance lourde qui était déjà présente lors des derniers baromètres.


4 – LES DROITS DÉRIVÉS : LA GESTION COLLECTIVE, UNE CERTAINE OPACITÉ PERDURE

• Près d’un quart des auteurs (24 %) ont eu connaissance de traductions de leurs livres à l’étranger sans en avoir été informés au préalable par leur éditeur.

 Ils sont également 25 % à ne pas avoir été informés d’une mise au pilon de leurs ouvrages. Ces mauvaises pratiques semblent donc perdurer, avec toutefois une tendance à la baisse, ces chiffres étant en diminution par rapport aux précédents baromètres (respectivement 28 % et 29 % pour le dernier baromètre en 2015). Ils sont 20 % à avoir constaté l’exploitation numérique de leurs ouvrages sans information de l’éditeur et 11 % pour ce qui concerne une impression à la demande d’un de leurs livres.

• Et, bien que ce chiffre soit en diminution, 52 % des auteurs n’ont jamais reçu de droits lorsque leurs œuvres ont été exploitées à l’étranger (ils étaient 59 % lors du précédent baromètre).


5 – LA GESTION COLLECTIVE : UN ÉLÉMENT INDISPENSABLE DU DROIT D’AUTEUR

• Les deux-tiers des auteurs (66 %) perçoivent une rémunération au titre du droit de prêt en bibliothèque, dont 17 % via la Scam, 70 % via la Sofia et 11 % via les éditeurs.

• Ils sont la moitié (50 %) à avoir perçu des droits de reprographie et 41 % des droits pour la copie privée numérique, dont 22 % via la Scam.

• En matière de gestion collective volontaire, ils sont 17 % à avoir perçu des droits audiovisuels ou radiophoniques (à 62 % via la Scam) et 10 % des droits d’adaptation théâtrale.


6 – LA REDDITION DES COMPTES ET LE PAIEMENT DES DROITS : ENCORE DU TRAVAIL

 60 % des auteurs doivent encore réclamer leurs relevés de droits (42 % parfois, 15 % souvent et 4 % toujours). Les auteurs sont aujourd’hui 57 % à recevoir de tous leurs éditeurs, ou de la majorité d’entre eux, une reddition des comptes régulière et au moins annuelle, contre 55 % en 2015. Ils sont toujours 12 % à ne jamais en recevoir (ils étaient 13 % en 2015).

Recevez-vous de façon au moins annuelle et régulière les relevés de droits de vos livres appelés « rédditions de comptes » ou « relevés de droits » ?

• Seuls 37 % d’entre eux estiment que ces redditions sont claires et complètes chez tous leurs éditeurs ou la majorité d’entre eux. 63 % constatent qu’elles ne sont ni claires ni complètes chez aucun de leurs éditeurs ou seulement chez certains d’entre eux. Aucune amélioration notable à ce sujet, les résultats sont pratiquement identiques à ceux des précédentes éditions. Et c’est en particulier le manque d’informations qui est pointée, avant l’absence de clarté.

• 64 % des auteurs doivent écrire à leurs éditeurs pour réclamer le paiement de leurs droits (46 % parfois ; 15 % souvent et 3 % toujours). L’envoi de la reddition n’est toujours pas systématiquement accompagné ou suivi du versement des droits : dans 30 % des cas (28 % en 2015), les auteurs les reçoivent de tous leurs éditeurs, dans 54 % des cas (57 % en 2015) de la majorité ou de certains de leurs éditeurs, et pour 15 % d’entre eux, d’aucun de leurs éditeurs !