La Scam vous invite à une déambulation sous les étoiles ardéchoises pour une relecture sonore des archives radiophoniques d’hier et d’aujourd’hui



Conception graphique : Catherine Zask


* Ailleurs

Guy Seligmann, président de la Scam,
Pierre Bouteiller, président de la commission du répertoire sonore,
Emmanuel Hoog, président directeur général de l’Ina,
sont heureux de vous inviter à la Nuit de la Radio Scam Ina avec le soutien de Radio France

Vous fermez les yeux… Votre corps est lourd… Votre volonté vous échappe… Ecoutez… Votre esprit est envahi par la voix du poète, les mots de l’écrivain, la langue du sorcier, une musique inconnue…
De l’infiniment grand à l’infiniment petit, l’ailleurs se déclinera dans votre imaginaire, enchanteur, fantastique, terrifiant…

Jack Kerouac lit l’un de ses textes en musique, Blaise Cendrars prend le train, n’importe quel train. Tandis que Robert Desnos plonge l’auditeur dans le sommeil, JMG Le Clézio voyage vers la lumière. Georges de Caunes s’isole sur une île déserte et Michel Polac rend visite à un hypnotiseur… Et tant d’autres chemins vers l’Ailleurs vous sont offerts le temps d’une soirée.

Une déambulation d’une heure et demie, une relecture sonore des archives radiophoniques d’hier et d’aujourd’hui, proposée par Janine Marc-Pezet, auteur, membre de la commission sonore de la Scam.

Par Pierre Bouteiller
Président de la commission des œuvres sonores de la Scam

Quelques questions, apparemment – mais apparemment seulement – sans lien entre elles. Pourquoi, aux concerts classiques, certains spectateurs écoutent-ils les yeux fermés ? Pourquoi, au plus fort de la crise de Mai 1968, De Gaulle a-t-il utilisé la radio (et non la télévision) pour reprendre les choses en main ? Pourquoi Woody Allen a-t-il consacré tout un long métrage à la radio (Radio Days) ?
Autant de questions portant en elles-mêmes leurs réponses, réponses sérieuses et non pas fantaisistes, comme celle qui expliquerait l’écoute, les yeux fermés, par l’abandon à un sommeil profond et irrésistible, ou encore – s’agissant de De Gaulle – il aurait préféré la radio parce que, à la télé, il n’aurait pas été « présentable » sous l’effet d’une rage froide de se voir dépassé par les événements…
On l’aura compris : dans un cas, comme dans l’autre, on exprime la suprématie du son sur l’image. Le spectateur–auditeur d’un concert symphonique, ne veut pas être « distrait », troublé, dérangé par le moindre élément visuel. Quant à De Gaulle, il n’est pas besoin d’être grand psychologue pour imaginer qu’il a compris l’importance du verbe, la magie de la parole, l’impact du son pour les mobiliser à nouveau comme il avait su si bien le faire le 18 juin… La suite des événements lui a d’ailleurs donné raison puisque, dès le 30 mai 68, il restaurait son autorité.
C’est tout cela que Woody Allen exaltait dans ce petit bijou cinématographique, Radio Days, où l’on voyait – et entendait – une petite communauté new-yorkaise se régaler de programmes radiophoniques dans les années 1930. C’était une époque où, à force de se réunir autour du poste de T.S.F., on finissait par « regarder la radio »…
Mais, qu’on ne se méprenne pas : il ne s’agit pas de sombrer dans la nostalgie, de s’abandonner au fameux « C’était mieux avant », de céder à la délectation morose passéiste…
En ce début de 21e siècle, le son tient plus que jamais sa place face à la prétendue domination de l’image. Dans l’expression « audiovisuel », il y a « audio » ; c’est ce que la Scam rappelle avec force au cours de cette Nuit de la Radio où cohabitent des documents de 1946 et d’autres de 2009.
Et, plutôt que céder à la facilité de l’oxymore du genre « l’œil écoute et l’oreille voit… », je préfère laisser les derniers mots – peu connus – à un écrivain qui, lui aussi, a célébré la radio :
Petite boîte serrée contre moi
Portée de la maison au bateau, du bateau au train
Afin que mes ennemis continuent à me parler
Près de mon lit, pour ma douleur
La dernière chose, le soir, la première le matin
De leurs victoires et de mes soucis
Promets-moi de ne pas soudainement te taire.
… Et c’est signé Bertold Brecht.

Contact > Véronique Blanchard au 01 56 69 58 82 ou veronique.blanchard@scam.fr