Les États Généraux de la Bande Dessinée dévoilent les résultats d »une enquête quantitative menée auprès des créateurs pour mieux connaître leur situation socio-professionnelle.



Il y a un an, la mobilisation des États Généraux de la Bande Dessinée avait révélé la nécessité de dresser un état des lieux de la profession.

Première brique posée, puisqu’en session à Angoulême, les États Généraux de la Bande Dessinée ont présenté les résultats d'une enquête statistique menée, avec le soutien de la Scam, auprès des auteurs de bandes dessinés francophones (professionnels ou amateurs).

Le questionnaire visait à savoir qui sont ces auteurs, de la star reconnue mondialement à l’inconnu en devenir. Toutes les pratiques étant les bienvenues, du dessin au scénario, de la couleur au story-board, du papier au numérique… Les questions portaient sur le parcours professionnel, les conditions de travail et de rémunération, la situation sociale, les relations avec les éditeurs, la perception du métier et de son évolution…

Avec près de 1500 réponses – la plus importante collecte de données sur les créateurs de BD francophones – les résultats sont riches en enseignements :

• une féminisation accrue : 27% de femmes ont répondu, soit une proportion bien plus élevée que le chiffre de 12,4% habituellement évoqué.

• une profession jeune : 56% des auteurs interrogés ont moins de 40 ans. La moyenne d’âge des femmes est de 34 ans, la moyenne d’âge des hommes est de 41 ans. La profession est donc appelée à se féminiser de plus en plus.

• un métier précaire : Les auteurs interrogés se définissent à 15% comme amateurs, 53% comme professionnels précaires, 32% comme professionnels installés.

• un niveau de formation élevé: 79% ont fait des études supérieures, la très grande majorité dans le domaine artistique.

• un travail astreignant : 36% travaillent plus de 40 heures par semaine, et pour 80% le travail empiète sur au moins deux week-ends par mois.

• des ressources diversifiées : 71% ont un emploi parallèle à celui d’auteur de bande dessinée, généralement dans un autre domaine artistique ou dans l’enseignement.

• une protection sociale faible : 88% des professionnels interrogés n’ont jamais bénéficié d’un congé maladie. 81% n’ont jamais bénéficié d’un congé maternité, paternité ou adoption.

• des revenus médiocres : En 2014, 53% des répondants ont un revenu inférieur au SMIC annuel brut, dont 36% qui sont en-dessous du seuil de pauvreté. Si l’on ne prend en compte que les femmes, 67% ont un revenu inférieur au SMIC annuel brut et 50% sont sous le seuil de pauvreté.

• un avenir incertain : 66% des auteurs interrogés pensent que leur situation va se dégrader pendant les prochaines années.

• de bonnes relations avec les éditeurs : 68% estiment avoir de bonnes ou de très bonnes relations avec leurs éditeurs, 27% moyennes et 5% mauvaises ou très mauvaises.

Cette enquête quantitative sera complétée au cours des prochains mois par une enquête qualitative avec des entretiens approfondis auprès de 25 auteurs.

Lire les résultats de l'enquête – pdf