Une journée pour donner à voir le monde dans sa complexité avec la projection de quatre films inédits soutenus par « Brouillon d’un rêve » et du film montage de Jean-Brard, « Le Rêve et la Nécessité ».
à 10 h 15 : Un étrange équipage
de Boris Nicot
72’ – Ina
De la place singulière de Stéphane Tchalgadjieff dans la production française des années soixante-dix. Artisan invisible du cinéma d’auteur, profondément marqué par la contre-culture de cette époque, il a produit pendant une dizaine d’années à un rythme soutenu une série de films particulièrement significative. (Out one de Jacques Rivette, India Song de Marguerite Duras, Le Diable Probablement de Robert Bresson, Les Enfants du Placard de Benoît Jacquot…). La liberté que manifestent ces œuvres de cinéma aurait-elle rapport avec leurs circonstances de production, la qualité des rencontres qui les ont favorisées, l’esprit d’un temps ? Portrait d’une époque autant que portrait d’un producteur, il s’agit d’un film-enquête, d’un voyage dans le passé du cinéma d’auteur français.
à 11h45 : Parole auteur (15’)
à 12 h : Les roses noires
d’Hélène Milano
52’ – Comic Strip et France Télévisions
Coralie, Kahina et Moufida adolescentes âgées de 13 à 18 ans vivent en banlieue parisienne ou dans les quartiers Nord de Marseille. Ici, elles interrogent leur rapport au langage revendiquant leur particularité et l’attachement à l’identité d’un groupe mais disent aussi la blessure liée au sentiment d’exclusion, au manque. Et puis, au sein de leur quartier au-delà des mots des garçons qu’elles disent comme un masque qui les protège, elles dévoilent les enjeux intimes de cette stratégie langagière.
à 13h00 : Parole auteur (15’)
à 15 h : Une escroc très discrète
de Delphine Hallis
54’ – D. Hallis / Atopic Production
On dit que c’est une criminelle, qu’elle est redoutable et riche. On dit qu’à 80 ans, elle monte encore des arnaques. On dit aussi qu’elle aime la côte d’Azur et qu’elle habite Nice. Le film nous entraîne à la poursuite de cette femme escroc, séductrice, élégante, manipulatrice, mais aussi condamnée à plusieurs reprises et presque complètement isolée du monde. Car étrangement, la vieille femme semble avoir disparu sans laisser de traces. Ou presque.
à 16h00 : Parole auteur (15’)
à 16 h15 : Gagarinland
de Vladimir Kozlov
86’ – Christian Lamarche, Les Docs du Nord, Les Films de la Castagne
Dans la ville d’origine de Youri Gagarine, chacun voue un véritable culte au premier cosmonaute de l’humanité. Mais dans une société russe démantelée, cette dévotion volontiers affichée à une gloire passée cache des ambitions personnelles plus ou moins inavouables…
à 17h45 : Parole auteur (15’)
à 21 h 15 : Le rêve et la nécessité
de Jean Brard
99’ – Scam, Métis Films
Quelle qu’en ait été la durée, il était impossible de rendre compte, dans un seul film, de l’originalité, de la nécessité des 700 documentaires dont l’écriture a été aidée par la Scam en 18 ans. Pourtant je pense qu’il fallait le faire. Tout simplement pour témoigner de la volonté des auteurs de créer librement. Ce n’est donc ni un catalogue ni un palmarès, mais plutôt une ballade menée par sauts et par gambades en espérant que, de ballade en balade, elle finisse par faire un chant écoutable sans déplaisir. En acceptant la part inévitable de hasard inhérente à un pareil projet, il a bien fallu pour faire les premiers pas, choisir une direction, des balises. Je crois les avoir trouvées d’une part, dans la citation de Frédéric Laffont définissant notre travail, le documentaire, comme un regard subjectif de l’autre ; d’autre part, dans la conversation filmée par Damien Fritsch entre une vendeuse et sa cliente aveugle au sujet de couleurs : la subjectivité comme condition d’une expression libre et l’imaginaire qui permet la communication. Cet échange ne concerne évidemment que les malheureux qui, n’ayant pas de temps de cerveau disponible, n’ont que leurs émotions et leur réflexion à partager en gardant en tête la formule de Stéphane Hessel : « Résister c’est créer, créer c’est résister ».