Une journée pour donner à voir le monde dans sa complexité avec la projection de quatre films inédits soutenus par « Brouillon d’un rêve ». Projections et débats en présence des réalisateurs.

« Brouillon d’un rêve » ou l’impossibilité d’écrire ce que l’on n’a pas encore vécu, autrement dit filmé ; appellation symbolique, hautement documentaire, rapportée depuis un manuscrit égaré d’Arthur Rimbaud par Gérard Follin, auteur réalisateur en compagnie d’un autre rimbaldien, Charles Brabant, auteur réalisateur, fondateur de la Scam.
Sept cent cinquante et un projets aidés à ce jour, 64% de films réalisés, 58% télédiffusés, 22% dans les circuits indépendants, 10% en salles, 10 % sur Internet, en dvd et supports divers.
La Place du documentaire D’après la carte officielle, pas sûr que nous puissions longtemps côtoyer le verbe nécessaire de René Char, quand il nous indique cette direction à propos de Champ de blé derrière l’hôpital Saint-Paul de Vincent van Gogh : « La lucidité est la blessure la plus rapprochée du soleil ». Car pour tenter d’y trouver la place du documentaire, il convient
de se lever tard, très tard, voire aux premières lueurs de la nuit télévisuelle, lorsque ces films se croisent dans les longs trains déserts de la programmation nocturne, tout au moins un certain nombre d’entre eux que l’on dit de création. « Signe ce que tu éclaires, non ce que tu assombris » poursuit le visionnaire. Mais depuis quand la télévision n’a-t-elle plus pris de nouvelles de la poésie ? S’est-elle seulement rendue dernièrement au chevet de la beauté ? Qu’écoute-t-on du côté de cette télévision là, hier fenêtre éclairée sur le monde, aujourd’hui vulgaire télescripteur aux nouvelles tristes. De la musique de savon à barbe. Il n’y a pas de place pour la beauté. Et c’est ce qui fait se perdre le documentaire dans le nécessaire désordre de la rue. Contre vent mauvais et marée noire audiovisuelle, éternel résistant, respiration de l’air, il ouvre les fenêtres, les portes, les cellules et pénètre sans vergogne sur la toile, au désarroi de la douce censure en place qui s’en inquiète.


Jean-Pierre Mast, responsable de l’aide à la création de la Scam

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10 h Accueil par Hervé Rony, Simone Bitton et André Dartevelle

> 10 h 15 :  Teodora Pécheresse de Anca Hirte (85’)
Jeune, belle et gracieuse, Teodora porte ses vêtements noirs, rêches et sans formes, comme si elle était une
princesse du Moyen Âge. Teodora est amoureuse, alors Teodora va se marier. Mais comment vivre l’amour dans
l’absence du corps de l’être aimé ? « Assoiffée de toi, mon âme ! Endolori de toi, mon corps!»

> 12 h : Une histoire aussi vieille que moi de François Porcile (30’)
A partir d’épaves du passé, bibelots, photos, jouets, lettres, vestiges rescapés des déménagements, partages et
séparations, le film se présente comme la reconstitution du puzzle d’un secret de famille soigneusement gardé
pendant des décennies, jusqu’au jour où il me sera brutalement révélé par le visionnage d’un document
d’archives de décembre 1944 : la condamnation de mon père à vingt ans de travaux forcés pour faits de
collaboration.

> 14 h 45 : Cheveux rouges & café noir de Milena Bochet (56’)
Hermanovce, Slovaquie. Un village rom au fond de la vallée. De vieilles baraques et de nouvelles en béton. Un esprit qui rôde…celui de Vozarania, l’ancêtre qui continue à transmettre …de mère en fille.
Quatre femmes rom nous racontent leur quotidien à travers des gestes séculaires, au fil de mots qui voyagent à la frontière avec d’autres mondes. Histoires de cheveux rouges et de café noir.
Transmission mais aussi oubli…

> 16 h 15 :  Le Dossier 332 de Noëlle Pujol (43’)
L’histoire du Dossier 332 est construite à partir de documents issus du dossier d’archives personnelles de la réalisatrice à la DDASS. Ces documents révèlent la description de vies qui se jouent en quelques phrases, mais également l’histoire d’une écriture qui se donne à entendre : le portrait d’une bureaucratie constitutive de l’Etat contemporain.

> 17 h : Ma mémoire d’Adrien d’Isabelle Saunois (57’)
C’est une quête qui prend les allures d’un voyage, un voyage en forme de quête. Je pars interroger les lieux qui
portent l’histoire de mon grand-père disparu le 3 mai 1945, avec 7000 autres déportés lors du naufrage d’un
paquebot de luxe allemand, le Cap Arcona. Ce jour-là, la Royal Air Force a mené une attaque en baie de Lübeck,
tout au nord de l’Allemagne.

> 21 h 15 : Kurdish lover de Clarisse Hahn (98′)
Quête intime au sein de la communauté kurde. L’histoire commence à Paris, alors que j’observe depuis ma fenêtre des hommes kurdes qui manifestent torse nu dans la rue. Elle se poursuit par un voyage en Turquie en compagnie d’Oktay, d’origine kurde dont je suis tombée amoureuse. Au cours d’une ascension progressive jusqu’au sommet des montagnes du Kurdistan, nous rencontrons des guérilleros, des familles qui s’aiment jalousement, des chercheurs d’or, une vieille sorcière qui jette des sorts. Au travers de ces rencontres, nous ressentons ce qui lie, ce qui unit, ce qui rassemble.