Sur l’écran de la Nuit, un récit de « Voix/Voies d’écriture » où quelques voix célèbres diront combien la diction peut entraîner dans les vertiges d’une écriture.



Pour cette nouvelle édition de la Nuit de la Radio, la commission des oeuvres sonores de la Scam présente en partenariat avec l’Ina et avec le soutien de Radio France, un programme de documentaires sonores qui composera un petit récit de « Voix/Voies d’écriture ».

« Il faut une certaine naïveté pour s’intéresser à la fiction » remarquait François Truffaut à propos de Roberto Rossellini. Les cinéastes du réel seraient-ils alors de fins stratèges menés par d’astucieuses arrière-pensées ? Et l’objet auquel s’intéresserait le documentaire ne fait-il pas toujours l’objet d’une réécriture, ou plutôt d’une inévitable écriture qui scénarise ce qu’on a coutume d’appeler par commodité le réel ? Rien de tel que d’interroger les pionniers pour fournir quelques éléments de réponse, qu’il s’agisse de Georges Rouquier dramatisant les quatre saisons d’une famille paysanne pour « Farrebique », de Henri Storck imposant le choix d’un point de vue pour Borinage, ou encore de Robert Flaherty écrivant avec « Nanouk l’esquimau » ou « L’Homme d’Aran » son propre mythe. « C’était un vendeur de génie, en dépit du fait que, en cours de production, il était tout à fait incontrôlable » écrira de lui le cinéaste anglais Michael Powell. Il y aurait donc toujours « écriture » et l’on sait à quel point le son en est un élément déterminant. S’agirait-il alors moins de voir que d’entendre et de raconter ? Semblable à l’écran qui ne restitue l’espace visuel qu’en deux dimensions et vingt-quatre images/seconde, l’écran radiophonique n’indique pas les directions, mais seulement les distances ; et en contrepartie, la mise en perspective des sons constitue l’une des techniques les plus efficaces de la création radiophonique. Mais si la différence entre le proche et le lointain peut faire tant d’effet à la radio, n’est-ce pas essentiellement dû à l’absence de vision ? Reléguer la vue à l’arrière-plan invite à s’interroger sur les propriétés spatiales du son. « Quand on me demande : pourquoi faites-vous du cinéma ? Je réponds : pour entendre. On croit que le cinéma c’est l’image, mais le cinéma c’est le son ». Ainsi s’exprimait Marguerite Duras, conteuse paradoxale, qui aimait s’exprimer « cut », que ce soit à travers le théâtre, la littérature la radio ou le cinéma. Le choix de documentaires sonores proposé aux spectateurs-auditeurs de Lussas composera comme un petit récit de ces voix/voies d’écriture, dans leurs interrogations historiques mais aussi quotidiennes, dans leurs bruits comme dans leurs mots, dans leur spécificité propre.
Enfin quelques voix célèbres diront combien la diction, sans autres effets, peut entraîner dans les vertiges d’une écriture
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Martine Kaufmann
Présidente de la commission des oeuvres sonores de la Scam

Deux espaces, deux programmes
proposés par la commission du répertoire sonore de la Scam, en collaboration avec l’Ina, avec le soutien de Radio France,
préparés par Martine Kaufmann, Christelle Rousseau et Jean-François Pontefract (documentation Ina, restauration et montage numérique)
avec la participation de Gregor Beck (Scam Belgique) et Sylvain Gire (Arte Radio)

conception graphique de l’affiche : Catherine Zask