cylcle « L’inquiétante étrangeté de l’être »



à 11 heures
* UNE FEMME SOUS INFLUENCE

de John Cassavetes
Etats-Unis, 1975, 35mm, couleur, 147’
Avec : Gena Rowlands, Peter Falk, Matthew Cassel…
Nick Longhetti travaille dur sur un chantier et ne peut pas toujours rentrer chez lui pour voir sa femme Mabel et ses trois enfants. Se sentant délaissée, la jeune femme fréquente d’autres hommes tout en essayant de reconquérir Nick. Mais peu à peu, elle sombre dans la folie et doit subir un traitement dans un hôpital psychiatrique.

« Mabel est plus libre que les gens « normaux », elle ne s’empêche jamais de faire quoi que ce soit. Elle essaie de faire plaisir, elle essaie d’être humaine et ouverte dans une société mécanisée. Elle voudrait être parfaite, faire plaisir à son mari, si totalement qu’elle en perd son identité. » Gena Rowlands

à 14h
* STORY

de Dana Ranga
Allemagne, 2003, Beta SP, couleur, 86’
Mention spéciale « pour la réinvention de l’écriture documentaire », FID Marseille 2003
« Astronaute et poète, Story Musgrave fut un des as de la première conquête spatiale. Il en retrace aujourd’hui l’aventure face à la caméra, dans une cabine ou une forêt, tandis qu’une lumière bleue visite son crâne nu et qu’apparaissent de somptueuses photos de l’Espace, ou de la Terre. Du sol aux étoiles, d’un globe l’autre – la tête de Story, les planètes qu’il raconte -, c’est à la fois un documentaire scientifique, genre trop délaissé, bien que correspondant à une possibilité fondamentale du cinéma, et la chronique hallucinée d’une folie encore vive, celle qui, un jour, fait de vous, selon le mot de Story, un spaceman. » Emmanuel Burdeau

à 18h00

* LES MIETTES DU PURGATOIRE
de Françoise Romand
France, 1993, Beta SP, couleur, 14’
Françoise Romand filme la vie quotidienne d’une famille bourgeoise traditionnelle. Quatre personnes vivent confinées dans un grand appartement vétuste : les parents (94 ans et 89 ans) sont réduits par l’âge à la quasi-immobilité, les deux fils, deux jumeaux de 54 ans, se répartissent les tâches ménagères.
Ces quatre personnages vivent, hors du temps, des journées totalement ritualisées – les repas, les soins médicaux, les courses, les nouvelles à la radio, la sieste, la messe – qui laissent peu ou pas de place pour un dessein personnel. La norme familiale tient lieu d’identité, on imagine à quel prix…
Alain, l’artiste de la famille qui, dans un instant de révolte, a imposé le tournage à son père, essaie de sauver des miettes de temps pour poursuivre une recherche picturale.
La cinéaste décrit cet univers étouffant où règne le non-dit, avec le mélange d’ironie et de tendresse qui la caractérise. Savoureux.

suivi de
* J’AI ACCOUCHE D’UN SI BEAU GARÇON (TAKIEGO PIEKNEGO SYNA URODZILAM) de Marcin Koszalka
Pologne, 1999, Beta SP, couleur, 25’
Le compte rendu de Marcin Koszalka sur sa vie avec son père et sa mère dans un petit appartement de Cracovie rappelle un étrange huis clos qui frise constamment le grotesque. Koszalka se déplace dans l’appartement, souvent caméra à l’épaule, et filme ses parents, qui se plaignent et jurent sans cesse. Quand ils ne s’adressent pas directement à la caméra, leurs voix exaspérées filtrent à travers les portes de verre, leurs propos haineux sont soulignés par leurs gestes agressifs. L’étudiant en cinéma n’est pas seulement accusé de paresse et d’ineptie. On lui reproche également de perdre son temps et de dilapider l’argent de ses parents. De plus, il est coupable d’avoir mené ses géniteurs au bord de la dépression nerveuse. Sous le feu de l’accusation, Koszalka demeure silencieux. Lorsque ses parents tentent de briser sa résistance en lui assénant insulte sur insulte, il demeure impassible. Pendant que ses parents se disputent, on le voit dévorer son dîner, stoïque et quasi immobile. Plus ses parents sont tendus, plus leurs gestes de colère sont juxtaposés à des plans fixes montrant Koszalka s’étirant paresseusement et ouvertement sur le canapé. La bravade dont il fait preuve dans ces situations est aussi absurde que tragi-comique. J’ai accouché d’un si beau garçon révèle et suggère les nombreux mécanismes néfastes d’une situation familiale complètement déchaînée. À ce mal, le film n’offre qu’une seule solution : une complète résignation.

suivi de
* ESSAI DE RECONSTITUTION DES 46 JOURS QUI PRECEDERENT LA MORT DE FRANÇOISE GUINIOU de Christian Boltanski
France, 1971, 16 mm, N&B, 26’
Quand il aborde le cinéma, Christian Boltanski fait preuve de la même invention que dans ses travaux habituels. Dans ce film, il prend pour sujet un fait divers : une jeune femme menacée d’expropriation décide de se cloîtrer dans son appartement avec ses deux enfants, jusqu’à ce que mort s’ensuive. Il décide de raconter l’histoire du point de vue de la victime, suivant la logique du désespoir, et nous montre l’inimaginable.

à 20h30
* LA VERITABLE HISTOIRE D’ARTAUD LE MOMO
de Gérard Mordillat et Jérôme Prieur
France, 1993, 35mm, couleur et N&B,170’
Poète, homme de théâtre, acteur, Antonin Artaud (1896-1948) est l’auteur d’une oeuvre immense, parmi laquelle Le Théâtre et son double, l’Ombilic des limbes, Le Pèse-nerfs, Le Voyage au pays des Tarahumaras, Van Gogh le suicidé de la société, Artaud le mômo. En mai 1946, un petit groupe de fidèles réussit à faire sortir de l’asile de Rodez Antonin Artaud, interné d’office depuis plus de neuf ans à la suite d’un incident encore inexpliqué. Artaud revient enfin à Paris et déploie jusqu’à sa mort une extraordinaire activité créatrice. Près d’un demi-siècle plus tard, le cercle du poète disparu, ses familiers, ses amours, ses amis les plus proches font revivre Antonin Artaud, cet être d’exception, cet artiste de génie qui a bouleversé leur propre vie.