cycle « L’inquiétante étrangeté de l’être »



à 11h
* UN HOMME QUI DORT

de Georges Perec et Bernard Queysanne
France, 1974, 35 mm, couleur, 82’
Film à double signature, celle de l’écrivain disparu et du cinéaste Bernard Queysanne, travaillé à partir du texte initial de Georges Perec, dûment calibré par les auteurs. Une réflexion commune, un propos très concerté ont généré une œuvre novatrice, singulière, hors du temps.
En voici le livret – car le film est construit comme une partition musicale, en plusieurs mouvements : un étudiant remet en cause toutes ses activités et tous ses projets et se plonge volontairement dans une sorte d’hibernation. Pendant plusieurs mois, il vit ainsi en dehors du temps, en dehors du monde jusqu’à ce qu’apparaissent les limites et les dangers de cette expérience radicale et c’est douloureusement qu’il reprend pied sur la terre des vivants.
Histoire qui induit une recherche formelle et sonore importante, au service de l’idée “d’infra-ordinaire”, chère à Georges Perec, qui la sous-tend.

à 14h
* VERS NANCY

de Claire Denis
France, 2001, 35 mm, couleur, 10’
Le temps d’un trajet en train, dans un compartiment, le philosophe Jean-Luc Nancy discute de la notion de l’étranger, de l’intrus, avec une jeune femme – l’une de ses étudiantes.

* L’INTRUS
de Claire Denis
France, 2004, 35 mm, couleur, 130’
Avec : Michel Subor, Grégoire Colin, Katia Golubeva, Bambou, Florence Loiret-Caille…
Un cœur ardent : le voyage de Louis Trebor dessine une boucle, la trace de la rotondité de la terre telle que je l’imagine.
Du Jura français le long de la frontière suisse, de Genève à Pusan en Corée du Sud, jusqu’à l’Océanie. Louis Trebor vit en planque. Il se sent épié. Son corps est solide, jouisseur, mais le cœur va lâcher. Il mise tout sur la nouvelle vie avec le nouveau cœur – une vie plus belle, plus libre, sans accrocs, sans remords et sans rêves. En route vers le Sud il va échapper à la menace qui le hante, échapper à cette dette dont il ne veut pas s’acquitter – lui qui veut tout acheter.
« Quelle mouche m’a piquée le matin au réveil après avoir lu L’Intrus de Jean-Luc Nancy ? Qu’est-ce qui m’a fait croire que ce texte magnifique me mènerait sans que j’en doute un instant au film que je voulais faire après Beau Travail avec Michel Subor ? Ah oui, ce Michel Subor, quelle énigme – à la fois avide et repu – son regard délavé déjà déçu du voyage si j’ose dire. »
Claire Denis

à 18h
* ROMEK, MON FILS (MOJ SYN ROMEK)

de Marcin Solarz
Pologne, 2002, Beta SP, couleur, 23’
« Romek, j’ai mal à la jambe ! Romek, j’ai soif ! Romek, arrange-moi mon oreiller ! Romek, Romek ! ». Romek vient chaque fois qu’elle l’appelle, lui apporte de l’eau, lui arrange son oreiller, lui masse la jambe. Puis il l’aide à s’asseoir, ou à s’allonger, ou l’installe dans son fauteuil roulant. Le jour, il lui prépare à manger, le soir il vient la border dans son lit. Il va lui chercher un prêtre et prie avec eux. Il est plein d’amour, de tendresse et de patience pour sa vieille mère handicapée, dont il assure entièrement la charge.

* BELOVY (LES BELOV)

de Victor Kossakovski
Russie, 1992, Beta SP, couleur, 58’
Dans un petit village russe, Mikhaïl vit pauvrement avec sa sœur Anna. Mikhaïl passe les journées à boire, à injurier sa sœur et à prétendre résoudre la misère du monde par des théories philosophiques. Anna, veuve par deux fois, soigne les animaux de la ferme avec un amour maternel. Kossakovski a passé plusieurs mois en compagnie de l’étrange couple avant de tourner. Quand il commence à les filmer, Mikhaïl et Anna ne se cachent plus derrière aucun masque. Le réalisateur nous conduit sans cesse du rire aux larmes et des larmes aux rires, en compagnie du frère et de la sœur et de leurs animaux domestiques.

à 20h30
* MAESTRO

de Marc Gossar et Philippe Clatot
France, 2005, Beta SP, couleur, 90’
Ce film trace, sur la durée d’une année scolaire, le portrait d’un instituteur atypique, Antoine Salido, dont la pédagogie est librement inspirée de « l’école libérée » Freinet. Cette classe unique de Saint Crépin aux Bois dans l’Oise est connue depuis longtemps dans toute l’académie pour être le lieu d’une pédagogie différente à la fois expérimentale et innovante.