cylcle « L’inquiétante étrangeté de l’être »
à 11h
* CLOSE UP
d’Abbas Kiarostami
Iran, 1990, 35 mm, couleur, 100’
Un jeune homme se fait passer pour le cinéaste Mohsen Makhmalbaf. Sous prétexte de travailler sur un film et de rechercher des lieux de tournage, il s’introduit dans la vie d’une famille. Le père de famille, méfiant, enquête sur l’homme et fait arrêter le faux metteur en scène. Au cours du procès, on apprend que l’imposteur a été marqué par un film de Kiarostami, Le Passaer et qu’il a agi par amour du cinéma…
à 14h
* L’AFFAIRE SOFRI
de Jean-Louis Comolli
France, 2001, Beta SP, couleur, 65’
L’histoire de ce qu’on appelle « l’affaire Sofri » est d’abord l’histoire d’une erreur judiciaire. Accusé d’avoir commandité en 1972 le meurtre du commissaire Luigi Calabresi, Adriano Sofri, qui dirigeait alors le quotidien Lotta continua, est condamné en 1990 à 22 ans de prison, sur la foi des déclarations d’un « repenti ». Le film de Jean-Louis Comolli est construit sur la démonstration de l’innocence de Sofri mais ne s’y résume pas. Il convoque devant sa caméra l’historien Carlo Ginsburg, spécialiste des procès en sorcellerie du Moyen-âge, auteur d’un livre paru en 1991, Le Juge et l’historien, où Ginsburg démontait le travail de la justice italienne dans l’affaire Sofri en étudiant les minutes des procès comme il l’aurait fait de documents d’archives. Jean-Louis Comolli dénonce dans ce film « une justice politique où la droite extrême de toujours règle ses comptes avec l’extrême-gauche des années 70 ».
à 18h
* JUVENILE COURT
de Frederick Wiseman
Etats-Unis, 1974, 16 mm, couleur, 144’
Dans le n°54 d’IMAGES documentaires, Jean-Louis Comolli fait une analyse comparée des films Délits flagrants de Raymond Depardon et de Juvenile Court de Frederick Wiseman. Ce dernier filme le fonctionnement quotidien, au cas par cas, du tribunal pour mineurs de Memphis (Tennessee). Du vol, de la drogue, de la fugue à l’agression sexuelle, toutes sortes de cas sont examinés. Pour reprendre le mot de Michel Foucault, il s’agit chaque fois de sauver la société sans pour autant perdre les jeunes gens incriminés. En ne privilégiant aucun point de vue, mais en rétablissant par le montage « une égalité cinématographique » de chacun avec les autres, même si cette égalité n’a pas cours dans les rapports de force de la scène judiciaire, Wiseman défait l’ordre de l’institution en la filmant.
à 21h 30
* LA COMMISSION DE LA VERITE
d’André Van In
France, 1999, Beta SP, couleur, 138’
Avant 1994, l’Afrique du Sud n’avait jamais connu la démocratie ; il lui a donc fallu inventer son propre modèle. Ce fut la tâche du nouveau gouvernement et celle de tous les Sud-Africains. Pour atteindre cet objectif, il fallait d’abord que les communautés du pays, profondément meurtries et divisées par l’apartheid, se réconcilient. Une des premières décisions de Nelson Mandela a été d’instituer la « Commission de la Vérité et de la Réconciliation », la réconciliation ne pouvant avoir lieu sans que le passé ait été jugé, « soigné », exorcisé. C’est l’évolution de cette commission, avec ses péripéties et sa dramaturgie propre, qui a sous-tendu tout le processus de tournage. Cette nouvelle phase de l’histoire contemporaine de l’Afrique du Sud est pleine d’enseignement pour l’avenir d’autres pays.