Jazz session avec la SACEM



C’est un vrai plaisir pour nous d’inviter la SACEM, partenaire fidèle de Documentaire sur Grand Ecran pour une journée particulière consacrée au Jazz.
Autre manière de célébrer la culture africaine puisque le Jazz est né des traditions rythmiques accompagnant les cérémonies rituelles du continent noir et dont la mémoire a été transmise par des noirs déportés au temps de l’esclavage.
Le cinéma a très tôt été fasciné par le Jazz, soit qu’il choisisse cette musique comme thème d’inspiration – Shadows de John Cassavetes, Jazz à Porquerolles de Frank Cassenti -, soit qu’il souhaite garder trace d’un moment musical exceptionnel – Chet’s Romance de Bernard Fevre – soit qu’il s’attache à cerner l’importance d’une œuvre, d’un interprète à travers des portraits – Big Ben de Johan van der Keuken, Jean-Luc Ponty de William Streik et Michaël Willis, Theolonius Monk : straight no chaser de Charlotte Zwerin.
Une journée qui allie la qualité cinématographique à la qualité musicale. Une programmation ludique à souhait, concoctée en collaboration avec Gaël Marteau de la SACEM, que nous sommes heureux de vous offrir.

11h > Séance présentée par François Niney, critique de cinéma, auteur de
L’épreuve du réel à l’écran, Ed. De Boeck 2000

*SHADOWS
de John Cassavetes
Etats-Unis, 1958-59, 35mm, N&B, 87’
Benny est un adolescent un peu révolté. Il essaie de jouer de la trompette et passe une partie de son temps à déambuler dans les rues et dans les bars, en compagnie de ses amis Dennis et Tom. Hugh est chanteur de jazz et tente de faire carrière, aidé par son imprésario Rupert. Lélia veut être écrivain. Elle est à la recherche de son identité. Ils sont frères et sœurs, noirs, et vivent à New York dans le même appartement. Lélia fréquente David, un intellectuel new-yorkais. Mais dans une party, elle rencontre Tony. Le lendemain, il l’emmène chez lui et ils font l’amour. Découvrant que Lélia est métisse, le jeune homme a un mouvement de recul. Hugh lui interdit de revoir sa sœur. Dans une soirée organisée par Hugh, Lélia rencontre Davey, un jeune noir sérieux, tandis que Benny déclenche une bagarre. Hugh retrouve Rupert à la gare et part en tournée. Lélia danse avec Davey. Benny, Dennis et Tom se battent contre trois types. La vie continue…

14h

* BIG BEN / BEN WEBSTER IN EUROPE
de Johan van der Keuken
Pays-bas, 16 mm, N&B, 32’
La personnalité et le talent de Ben Webster, saxophoniste américain installé à Amsterdam. Légende vivante du jazz et du blues, homme violent et doux, généreux et angoissé.
Etablissant la relation de l’homme avec la musique, le film saisit la face cachée du musicien, qui devait disparaître six ans après.

suivi de
* CHET’S ROMANCE
de Bernard Fevre
France, 1988, 35mm, 10’
Filmé dans un studio parisien, le 25 novembre 1987, quelque temps avant sa disparition, le trompettiste et chanteur Chet Baker interprète I’m a fool to want you. Quelques paroles en anglais de Chet Baker introduisent et concluent ce témoignage émouvant et superbe.

suivi de

* LE JOUR DE NOËL

de Thierry Jousse
France, 1998, 35mm, N&B, 29’
Vingt-quatre heure de la vie d’un jeune musicien, Noël Akchoté, confronté à l’improvisation, la technique, l’argent, le concert, le studio, la guitare, l’histoire, les indépendants, les majors. A mi-chemin entre la fiction et le documentaire, entre le rire et le sérieux, un portrait “ jazz ”.

18h > Séance suivie d’un débat en présence de Frank Cassenti, d’Olivier Bernard de la SACEM et de Philippe Baudoin, musicien, historien du jazz, enseignant à l’Université de Paris IV, auteur de Jazz, mode d’emploi Ed. Outre-mesure 1998.

* JAZZ A PORQUEROLLES
de Frank Cassenti
France, 2003, Beta SP, couleur, 52’

Pendant 6 jours, en 2002 et 2003, des musiciens venus du monde entier se retrouvent dans l’île de Porquerolles pour un festival pas comme les autres, sorte de laboratoire musical où s’expérimentent de nouvelles manières d’être jazz. Ce film est le récit de cette rencontre mais c’est aussi le regard d’un cinéaste proche des musiciens et musicien lui-même qui constamment se met “en état de grâce avec le hasard, de manière à ce qu’il se passe quelque chose” (André Breton). Et nous donne à voir en quelques plans, les vibrantes histoires de ces quelques jours.

suivi de

* JEAN-LUC PONTY, VIOLONISTE DES TEMPS MODERNES
de William Streik & Michael Willis
France, Beta SP, couleur, 52’

Jean-Luc Ponty est LE pionnier du violon électrique et électronique dans le jazz et le rock. Partageant sa vie entre Paris et New York, il mène une carrière internationale depuis 35 ans ! Sa réussite, il la doit avant tout à la qualité d’un style musical personnel, classé dans les catégories « Jazz Rock » ou « Fusion », mais qui en fait échappe à toutes les étiquettes. Aussi accessible que sophistiquée, la musique de Jean-Luc Ponty se distingue, au-delà des prouesses instrumentales, par son sens mélodique, ses richesses harmoniques, ses audaces rythmiques, ses métissages et ses perpétuelles innovations techniques.
“ Road movie ” musical, ce film nous emmène de New York à Paris. Cette plongée dans le présent nous amène naturellement à revenir sur le passé et retracer le parcours singulier de ce musicien hors du commun.

21h

* THELONIOUS MONK : STRAIGHT NO CHASER
de Charlotte Zwerin
USA, 1968-1990, 35 mm, N&B, 89’

Le premier plan de Straight no chaser est bouleversant tant il donne d’emblée une forme, un mystère Thelonius Monk. On y voit le pianiste dansant, tournant sur lui-même à côté de son piano, face au public, tandis que le groupe joue. En fait, lui aussi joue, mais on ne l’attend pas. On le voit se mouvoir en rythme et soudain, faignant un déséquilibre, il marque un contre-temps (…) il bondit, s’assied à son piano et attaque, sans s’occuper le moins du monde de savoir s’il est au début ou à la fin d’un chorus. C’est là qu’il doit rentrer. La force de ces images vaut à elle seule d’aller voir le film.
Frédéric Sabouraud – Cahiers du Cinéma N° 437