Cette année, cinq finalistes défendront leur projet de résidence devant le jury et le public. Le Prix sera remis à l’issue de la soirée, animée par Ludovic Bassal.

Un extrait de dix minutes de chaque film de fin d’étude sera projeté devant le public pendant la délibération du jury. Le jury annoncera le ou la lauréate et lui remettra le Prix récompensant son film et son projet de résidence.

Marin Martinie, lauréat du Prix Émergences 2019, présentera son projet de résidence terminé, le film Monnaie Centrale (25’ – Le Fresnoy, studio national des arts contemporains). Projection d’un extrait de 10’ du film. Et Nicolas Gourault, lauréat 2021, viendra présenter un teaser (2’09) de son projet de résidence, film en cours de réalisation : Deepdrive.

Les films et projets de résidences finalistes

Omi-Maiko Station
de Jean Gégout

23’34 – 2021 – ENSAD.
Projection d’un extrait de 8’48 du film.

Le soir du 21 juin 2016, un homme trouve une carte mémoire le long d’une piste cyclable. Deux jours après, il apprend qu’une fille de sa ville est portée disparue. Il part alors à sa recherche.

Jean Gégout Film finale prix emergences 2022
photo Omi-Maiko Station de Jean Gégout

Projet de résidence : Kidorikko

Le projet Kidorikko est un documentaire animé et poétique qui s’interroge sur la potentielle disparition de la chanteuse Ten Chiyumi. En tant que narrateur, enquêteur et artiste, je m’accapare de l’underground japonais des années 90 via une réappropriation plastique des images d’archives de l’époque. L’intrigue initiale risque de m’amener vers une introspection progressive où mon rapport à la chanteuse, plus qu’au fait divers en lui-même, devrait laisser entrevoir des parallèles entre différents souvenirs de temps et d’espaces que je ne soupçonnais pas jusqu’alors.

En Cours
de
Juliette Corne

17’59 – 2022 – École nationale supérieure des beaux arts de Paris.
Projection d’un extrait de 10’54 du film.

Mars 2022, la guerre a commencé en Ukraine. De la frontière polonaise jusqu’à Kiyv, la caméra suit ce trajet entrecoupé. On est au cœur de l’événement tout en restant à distance. Du plein au vide, des corps en déplacement à l’absence, des sons stridents jusqu’à la confusion entre vent et bombardements, c’est par les fragments de détails que l’on peut percevoir une infime partie de ce moment de la guerre. Le paysage défile, porté par des conversations d’un quotidien bouleversé. Cette installation vidéo n’a aucune prétention à « parler de… ». Au contraire, c’est admettre l’indicible et notre regard perdu face à cette violence. Le montage a été pensé dans l’idée du temps suspendu qu’induit la réaction à la violence : où il n’y a plus rien à dire, il faut agir. C’est par le sensoriel que les images tentent d’interroger notre propre corps face à l’immensité d’un conflit qui nous dépasse.

En Cours_Juliette Corne_Prix Émergences_2022
photo En cours de Juliette Corne

Projet de résidence C’est quand la fin ?

Ukraine, juillet 2022 la guerre continue. Dans une salle noire, le spectateur traverse un espace aux multiples écrans. Les réalités se confrontent en miroir parfois contradictoires, parfois absurdes mais toujours appartenant au réel. Le but est de parvenir à retranscrire la sidération, le temps long, celui de l’attente, de l’espoir. Il y a « l’avant » et « l’après » mais le « pendant » semble infini. On me dit « j’en ai marre de parler à l’imparfait » pendant qu’un commandant m’avoue qu’il est « aspiré par la guerre ». Un système sonore entoure le spectateur, pris par des images parfois lentes et d’autres saccadées, aspiré dans le chemin vers la violence en hommage à ceux qui continuent de vivre et de se battre. Toucher le réel loin des médias et des fantasmes que les politiques nous font parvenir, résister par l’art, voici l’ambition de ce projet.

In Animae
de Lucas Perrogon

11’26 – 2020 – Université de la Rochelle – IFFCAM.
Projection du film entier.

En observant les contours d’une carcasse cynique, en écoutant sa houle viscérale, en inhalant ses parfums putrescents, nous découvrons que dans la mort, la vie résonne et s’anime d’une lueur si peu familière. Cachées sous les os, des espèces bien peu connues nous offrent le ballet de l’oubli. Serviteurs du temps, c’est par leur concours que ce qui fut sera, et que ce qui naît renaîtra.

photo film - In Animae _Lucas Perrogon_Prix Émergences_2022
photo In Animae de Lucas Perrogon

Projet de résidence : Les Sirènes de l’Oubli

La mort est liée en toute chose, tout élément de l’existence. La mort est la seule certitude du vivant, et c’est par cette fatalité qu’a pu se développer le monde de la conscience. Afin de comprendre ce qui nous lie tant à cette peur enfouie, essayons de décortiquer la mort. Réalisons une rencontre, de la mort qui régit le vivant, du tabou et questionnement de l’humanité, à celle qui transmet la matière dans un cycle perpétuel. Pour ce projet, je souhaite développer le visuel du film ainsi que les techniques à employer pour atteindre mes volontés de réalisation.

Jouissance voix inachevée
de Cristian Mora Moret

29’39 – 2022 – École nationale supérieure d’arts de Paris-Cergy.
Projection d’un extrait 9’52 du film.

Exilé en France, égaré dans le Caucase, un narrateur de 23 ans rencontre sa voisine de 83 ans : une Russe de Tbilissi, ce qui déclenche un aveu à sa mère, dite La Gata, vivant au Venezuela. Ici le français, le russe, l’espagnol et leurs traductions, le silence et la musique alternent, impriment l’imaginaire et inventent une légende, celle du narrateur, qui tient en une phrase : « Qui n’est pas Salope ne connaît pas la Jouissance ».

photo film - Jouissance voix inachevée_Cristian Mora Moret_Prix Émergences_2022
photo Jouissance voix inachevée de Cristian Mora Moret

Projet de résidence : Lettre à la Russie d’un gigolo vénézuélien

Traduire l’intime face à l’histoire, par la création d’un film documentaire, lui-même restitué à travers des figures porte-voix dans un dispositif d’exposition, où plusieurs écrans dialoguent : la voix de l’amoureux en français, la correspondance impossible entre une russe et un hispanophone, la propagandiste fière et aveuglée, le gigolo qui comprend le pouvoir, là où il gémit, et la langue maternelle latine qui amène la dérision dans la tragédie – comme une constellation théâtrale – une déclaration d’amour dans le monde contemporain retentissant dans un bruit de poudre. Pourquoi le plus lointain peut soudain répondre à un désir inconscient ? Comment s’adresser à quelqu’un dont on ne parle pas la langue et qui vous méprise ? Être un pont ? Il n’y a qu’une pute qui peut comprendre cela, c’est mon hypothèse.

WhatRemains,
de Lou Fauroux

25’44 – 2022 – ENSAD
Projection d’un extrait de 10’12 du film.

Début 2048, Google, qui possède la plupart de la Terre et désormais dirigé par Mark Z, trouve un remède contre la mort, via un logiciel d’immortalité digitale. Alors qu’il est réservé à l’élite d’hommes riches et puissants, un groupe de hackeursexs s’empare du code source de ce programme contenant l’antidote d’immortalité et font en sorte de le rendre accessible à tout le monde. Lorsque les infos leak, et que tout le monde tente de se télécharger, les data-centers et les chaines de Cloud-computing font face à des saturations et à des pénuries. Quelques résistant.x.e.s, qui n’ont pas transitionné vers le Google-Verse, dansent dans une rave, et ce jusqu’à la grande coupure d’électricité qui plonge la planète Terre dans le silence total. WhatRemains,? Ce film trouve sa place dans une installation avec sculptures notamment digitales.

photo film - WhatRemains,_Lou Fauroux_Prix Émergences_2022
photo WhatRemains, de Lou Fauroux

Projet de résidence : WhatRemains, CH.II

Le film existerait dans une installation, faite de sculptures et d’objets basés sur la spéculation : que reste-t-il sur la terre après la grande fin, que reste-t-il sur le sol ? La spéculation, d’un post-monde tel que nous le connaissons, propose une vision anthropologique et sociale de l’évolution du mode de vie occidental/capitaliste, face aux défis naturels et sociaux. Quel est l’avenir de tous les matériaux que nous utilisons ? A partir d’outils quotidiens/triviaux, j’imagine comment les derniers humains sur Terre les ont transformés en objets fonctionnels, ce qu’ils ont fait, quelles étaient leurs possibilités à cette époque. Que reste-t-il ?

Le jury se compose de :

Véronique Baton (directrice du fonds de dotation EDIS)
Julie Sanerot (directrice de production et programmation artistique du CentQuatre-Paris)
Claudia Marschal (réalisatrice, commission Écritures et formes émergentes de la Scam)
Nicolas Gourault (lauréat Prix Émergences 2021 pour VO et projet résidence Deepdrive)
Jean-Marc Chapoulie (réalisateur, commission Écritures et formes émergentes de la Scam)

Les lauréats et lauréates des années précédentes :

Nicolas Gourault (2021)
Gabrielle Stemmer (2020)
Marin Martinie (2019)
Ismaël Joffroy Chandoutis (2018)
Ugo Arsac et Hannah Hummel (2017)

Le Prix Émergences est doté de 6 000 € : 3 000 € par la Scam en récompense d’un film d’école, et 3 000 € par le fonds de dotation EDIS pour une résidence (au CentQuatre-Paris et/ou à l’Ardenome d’Avignon). Le prix est soutenu par l’AndÉa. Il a pour but de stimuler et de soutenir la nouvelle création. Le Prix Émergences propose aux jeunes auteurs et autrices étudiants·es en fin d’études, sortant des écoles d’art, d’audiovisuel et des établissements d’enseignement supérieur, de présenter un film personnel à caractère expérimental, réalisé dans le cadre de leur année diplômante, ainsi qu’un projet d’œuvre numérique en devenir, à réaliser lors de leur résidence.

En partenariat avec le CentQuatre-Paris et le fonds de dotation EDIS, soutenu par l’ANdÉA.

Contact

Caroline Chatriot – prixemergences@scam.fr