Documentaire Sur Grand Ecran et la Scam s’associent pour présenter 25 ans de prix Scam, en présence des « contrebandiers de la création »



Il y a vingt-cinq ans naissait la Scam pour défendre et promouvoir les œuvres des auteurs de documentaire. Il y a vingt-cinq ans, une œuvre d’auteur trouvait naturellement sa place – et son public – à la télévision.
Aujourd’hui, c’est beaucoup plus difficile, à moins d’exercer un art de contrebande pour percer le mur du formatage, forcer les grilles des chaînes et obtenir la diffusion d’une œuvre originale à l’écriture et au tempo personnel (avant minuit !).

Avec l’entêtement des utopistes, Documentaire sur Grand Écran et la Scam se sont associés pour présenter quelques films choisis dans l’histoire des grands prix de la Scam.
Des œuvres inspirées, innovantes, primées entre 1983 et 2006, pour dire : est-ce encore possible ? Puisque système il y a, comment le détourner faute de pouvoir le changer ?

Une journée en présence de nos « contrebandiers de la création ». Pour débattre avec vous. De la discussion naît la lumière, dit-on. Venez nombreux à ce forum, l’enjeu est de taille.

à 11 heures
* Les Saisons
d’Artavazd Péléchian
Arménie, 1975, 35 mm, N&B, 29’
Prix 2000 pour l’ensemble de l’œuvre
Artavazd Péléchian met en scène les éléments de la nature dans un poème cinématographique : scènes de la vie campagnarde, scène de travaux des champs, de transhumances, de fêtes. Des meules glissent vertigineusement vers le bas d’une colline, accompagnées, retenues, autant que tirées par des paysans. Des bergers glissent à toute allure sur une pente enneigée, faisant corps avec leur mouton. La caméra de Pelechian saisit et accompagne cette drôle, cette émouvante symbiose comme une météorite en chute libre.
Ce que nous dit Péléchian dans « Les Saisons », c’est que, même s’il tente de vivre par lui-même, l’homme fait partie de la nature. Ses costumes de peau sont des morceaux d’animaux, les meules de foin dévalent les collines avec des humains dans leurs entrailles, l’écume des torrents et la neige dévorent les corps dans leur force immaculée, pendant que « Les Quatre Saisons » de Vivaldi retrouvent toute leur profondeur.

* Le Fantôme Efremov
de Iossif Pasternak
France, 1992, Beta SP, couleur, 59’
Prix 1993 du meilleur documentaire
« Tchekhov fait une brève mention d’Efremov. Mais cette mention n’en finit pas de retentir dans notre mémoire. Ce qui caractérise Efremov, dit-il en substance, c’est sa saleté et sa léthargie. Un siècle plus tard, Iossif Pasternak y est allé voir. Il a introduit sa caméra entre les plis d’une Histoire qui semblait avoir anesthésié à jamais les âmes, les volontés, les corps, les sourires. Il a rencontré des fantômes. Il les a interrogés. Il a réussi à nous donner des nouvelles que nous n’attendions plus. » André S. Labarthe

à 14 heures
* Juste une image
de Philippe Grandrieux, Thierry Garrel et Louisette Neil
(4ème et 7ème émissions)
France, 1983, Beta SP, couleur, 54’ et 47’
Prix 1983 du meilleur documentaire
Deux numéros de la série culte de la chaîne Arte quand elle s’appelait encore La Sept. Un magazine concocté par trois de ses membres les plus actifs et les plus inventifs : Louisette Neil, historienne, Thierry Garrel, responsable de l’unité documentaire et Philippe Grandrieux, cinéaste.
« Juste une image », une dérive poétique dans le monde des images d’aujourd’hui, d’hier et de demain – ses modes, ses techniques, ses enjeux, ses recherches, ses secrets, ses dangers, ses manies et ses séductions…
« Juste une image », une invitation à découvrir, à confronter, à critiquer, à comprendre pourquoi et comment des images…

à 18 heures
* Punishment Park
de Peter Watkins
États-Unis, 1971, 35 mm, couleur, 88’
Prix 2005 pour l’ensemble de l’œuvre
La guerre du Vietnam s’enlise. Face à la contestation accrue du mouvement pacifiste, le président Richard Nixon décrète l’état d’urgence. Militants des droits civiques, féministes, objecteurs de conscience, communistes sont arrêtés et conduits devant un tribunal exceptionnel populaire. Au terme d’une procédure accusatoire sommaire, ils sont condamnés à de lourdes peines pour atteinte à la sûreté de l’État. Cependant, ils ont le choix d’échanger leur peine contre un séjour à Punishment Park, un parc d’entraînement pour les policiers anti-émeutes et les militaires américains. Là, ils devront traverser le désert en trois jours, sans eau ni nourriture, sur 85 km pour atteindre un drapeau américain, poursuivis par un escadron de policiers armés jusqu’aux dents. Une équipe européenne de documentaristes suit deux groupes de militants, l’un, durant le procès, l’autre, purgeant sa peine à Punishment Park.
« Punishment Park » fut retiré de l’affiche après seulement 4 jours d’exploitation. De fait, sa sortie suscita un flot de critiques féroces. Depuis lors, il a très rarement été projeté aux USA, et jamais à la télévision.

à 21 heures
* La langue ne ment pas (journal écrit sous le IIIème Reich)
de Stan Neumann.
France, 2004, Beta SP, couleur et N&B, 80’
Prix 2006 du meilleur documentaire
Le journal intime que Victor Klemperer a tenu de 1933 à 1945 est un des témoignages les plus précis et les plus impressionnants sur le destin des Juifs allemands sous le régime nazi. C’est le texte d’un très grand écrivain. C’est l’histoire d’un homme à qui on enlève tout sauf la vie. C’est une leçon de résistance. Que peut faire un modeste professeur d’université, un paria, privé de tout moyen et de tout droit, seul contre la barbarie ? Rien, sauf de continuer à penser en homme libre.

Renseignements : 01 40 38 04 00 ou 01 53 42 40 20