La réforme de l’audiovisuel fait peser sur le service public la menace d’une régression de 20 ans



Signez-la pétition ! : La lettre ouverte ci-jointe sera publiée dans l’édition du « Nouvel Obs » du 11 décembre. Merci de retourner les mails d’accord qui vaudront signatures au service « Notre Époque » à l’intention de dvittupier@nouvelobs.com avant mardi 9 décembre à midi.

Monsieur le Président de la République,

La réforme de l’audiovisuel que vous avez entreprise fait peser sur le service public la menace d’une régression de 20 ans.

Améliorer la qualité des programmes en tarissant une source de financement vitale – la publicité – assigne à l’audiovisuel public une mission aussi noble qu’impossible. Ne pas compenser le manque à gagner par des dotations budgétaires suffisantes ne peut aboutir qu’à la paupérisation de France Télévisions. Or cet appauvrissement inéluctable met en péril la principale entreprise du secteur audiovisuel, à l’heure même où vous appelez à l’émergence de groupes puissants. Plus généralement, il nous semble très inopportun d’instituer un financement exclusivement étatique de France Télévisions et Radio France au moment précis où la crise économique va requérir les deniers publics sur tant d’autres fronts tellement plus urgents.

La démocratie n’a pas plus à gagner au maintien de cette réforme. Nommer directement les patrons de l’audiovisuel public comme au temps de l’ORTF plutôt que de renforcer encore les conditions l’impartialité et d’indépendance de cette désignation va à rebours de l’Histoire. Toutes les grandes démocraties du monde s’efforcent de garantir l’indépendance et la transparence des grands médias publics : la France va-t-elle, dans ce domaine, effectuer un grand bond en arrière ?
Si nous nous permettons de nous adresser à vous c’est au nom des générations actuelles de producteurs, de réalisateurs, d’animateurs, d’auteurs, de comédiens, de musiciens et de journalistes de la télévision. Ils n’ont pas la liberté de parole que nous pouvons nous octroyer. C’est notre devoir d’exprimer tout haut ce que la très grande majorité d’entre eux pense.

Sans doute était-il entré dans votre projet des intentions très louables. Toutefois, il nous parait aujourd’hui que vous devriez avoir la hauteur de vue, sinon de le retirer pour reprendre le temps nécessaire à la réflexion, du moins de l’amender pour en corriger les vices et les excès.

Veuillez croire, Monsieur le Président de la République, à l’expression de notre très respectueuse considération.