un parcours cinématographique et un jeu d’écoute proposés par Son et Image et Les Ecrans du Documentaires



De profondes évolutions de la manière de Voir un Film ont marqué les dernières décennies avec la multiplication des supports et des modes de diffusion. Les espaces, les lieux de l’expérience et de la perception se sont radicalement diversifiés, transformés et ne cessent d’évoluer. L’expérience de l’écoute du film ne peut non plus être la même dans une époque infiniment bruitée où le « haut parleur » et des artefacts sonores nous accompagnent dans la majeure partie des espaces du quotidien.
Comment « écouter le film », comment « voir » la musique autrement, comment vivre l’expérience de la musique en images, des images en musique …Des propositions de ce nouveau rendez vous proposé par Les Ecrans Documentaires.
Le hors champ musical sollicite l’imaginaire, colore, ambiance, fait vivre l’image différemment, accélère, décale, télescope, surligne, mais surtout favorise des niveaux de perception et sensation très singuliers.
une production Son et Image / Les Ecrans Documentaires

14h00 :
> Si le son s’aventure
de FRÉDÉRIQUE DEVILLEZ – 21 mn- 2003.
Le monde de la musique contemporaine à travers les yeux, les gestes, l’imaginaire des enfants d’une école maternelle de Bruxelles. Le passeur de ce voyage, c’est Mickaël, personnage singulier qui nous fait traverser de multiples aventures sonores.

15h45 :
> Mozgokepek Bartokrol
(Images cinématographiques de Bartok)
de PETER SÜLY – 1989 – 22 mn
La veuve de Tibor Serly ayant mis à leur disposition les rares minutes de documents cinématographiques qui nous restent de Béla Bartok, documents dont le son est désormais perdu, deux musicologues Erzsébet Tusa et Ernö Lendvai essayent de retrouver le passage de piano que Bartok joua à New York chez les Serly ce 26 septembre 1942 en étudiant la position des doigts du musicien sur le clavier, les mouvements de son corps et de ses lèvres. Au document est ajouté un extrait de l’enregistrement que fit Bartok de cette œuvre, dix ans auparavant… ou comment retrouver une présence fugitive et sensible du compositeur…
> Steps
de ZBIGNIEW RYBCZINSKI – 29 mn30 – 1987
Steps est la visite d’un des plus célèbres monuments de l’histoire du cinéma, l’escalier d’Odessa que l’on voit dans Le Cuirassier Potemkine de Sergueï Eisenstein. Sous la houlette d’un guide russe, un groupe très composite de touristes américains découvre, dans un vertige spacio temporel ce chef d’œuvre. Une parodie féroce et une allégorie prophétique de la chute de l’Union Soviétique par le « roi » de l’incrustation d’images vidéo.
Né en 1949 à Lodz, Zbig a suivi l’enseignement de l’ Ecole des Beaux Arts de Varsovie avant d’intégrer la fameuse école de cinéma de Lodz. Il immigre ensuite à Los Angeles puis New York. Il réalise de nombreux courts métrages, des clips et génériques et obtient l’Oscar du court métrage pour « Tango » en 1983.
> On animal locomotion
de JOHAN VAN DER KEUKEN ET WILLEM BREUKER – 1994, 15 mn
Cet essai visuel et musical sur les mouvements du corps humain est l’une des nombreuses collaborations entre le cinéaste hollandais et le « souffleur libertaire » Breuker. Le Willem Breuker Kollectif, l’une des grandes formations de musique improvisée qui à l’instar du Brotherhood de Mac Gregor, du Vienna Art Orchesta, des formations d’Alan Silva, Alexandre Von Schlippenbach ou Sun Ra ont marqué la scène free des années 70. ON ANIMAL LOCOMOTION par son expérimentation retrouve le pré cinéma des origines (Marey, Muybridge), le son, la musique en plus…
> Honk Hong Song
de ROBERT CAHEN -1989-21 mn
Dans le cadre de URBASONIC 88 à Hong Kong, projet artistique et scientifique fondé sur la recherche d’un nouvel urbanisme sonore. Le film recherche l’identité sonore de la ville entre Chine ancienne et Chine Nouvelle. Formé à l’école de la musique concrète de Pierre Schaeffer au GRM (Groupe de recherches musicales de l’ORTF) au début des années 70, Robert Cahen a développé sur plus de trente ans une œuvre vidéo expérimentale, poétique, fortement inspirée par les cultures orientales. « Le choix du ralenti qui traverse toute mon œuvre reste l’un des points fondamentaux de mon écriture. Il tente de raconter entre autres ce qui ne se voit pas, l’invisible mais aussi dans son étirement de proposer une partition nouvelle, une lecture ouverte pour le spectateur qui va se projeter dans les images ralenties et qui peut se raconter sa propre histoire . »
19h30
> Brad Mehldau
de NICOLAS KLOTZ – 1999 – 52mn
A l’époque du tournage, Brad Mehldau, pianiste de 29 ans qui a débuté sa carrière dans le quartet de Joshua Redman. « romantique, rock, chef de bande solitaire » a fait une entrée fracassante dans la planète jazz, parfois mal vue des « puristes ». Ce passionné de Théléonious Monk, Cole Porter, Gershwin mais aussi de Radiohead a signé la BO de EYES WILD SHUT de Kubrick et signe de sa marque jazz rock ( ?) l’univers de THE ART OF TRIO (avec Larry Grenadier, contrebasse et Jorge Rosy, batterie) sans masquer certaines envies de rupture…
Le film de Nicolas Klotz, auteur de fictions (LA NUIT BENGALIE, LA NUIT SACRÉE, PARIA, LA BLESSURE), homme de théâtre, est aussi l’auteur de films documentaires sur la musique (RAVI SHANKAR, JAMES CARTER, CHANTS DE SABLE ET D’ÉTOILES SUR LES MUSIQUES SACRÉES JUIVES DU MONDE). Avec ce film il tente « une plongée dans les paysages intérieurs » de Brad Mehldau.
> Quatre jours à Ocoee
de PASCALE FERRAN – 1H56 – 2000 – avec Sam Rivers et Tony Hymas
Quatre jours dans le huit clos d’un studio sous le regard d’une caméra et de quelques témoins privilégiés. Deux musiciens de cultures très différentes se trouvent dans l’obligation, afin que quelque chose advienne, de construire un terrain d’entente. C’est-à-dire un espace musical et mental où ils pourront s’entendre pour pouvoir jouer ensemble. QUATRE JOURS À OCOEE est le récit de cette expérience musicale et humaine, de cette tension, de cette quête où la musique est tour à tour le reflet d’un paysage intérieur, le révélateur de conflits sous-jacents, le moteur de la transformation et le lieu de la réconciliation. Pascale Ferran (PETITS ARRANGEMENTS AVEC LES MORTS, L’ÂGE DES POSSIBLES) : « la musique est une quête, une chose que j’ai l’impression de ne pas comprendre. Mais c’est pour moi l’art le plus proche du cinéma. Le cinéma n’a rien à voir avec la peinture, très peu avec la littérature. Un film peut être filmé avec les pieds, mais si un temps s’invente, si le rythme est juste, c’est peut être un bon film. Depuis PETITS ARRANGEMENTS AVEC LES MORTS, il est évident pour moi que le cinéma c’est de la musique. » (entretien avec Gilles Mouellic pour Jazz Magazine)