> L’édito du Président : Inventer les chemins…
> Entretien avec Jérôme Clément
> Vos droits sur www.radiofrance.fr
> Les ateliers de la Scam : (IN)FORMEZ-VOUS
> Le Prix Roger Pic
> L’intérêt général du droit d’auteur
> Manifeste pour la création audiovisuelle en région
> Le documentaire animalier en voie de disparition
> Brabant le juste par Jean-Marie Drot
Fiche juridique : L’injonction de payer ou comment obtenir le règlement de ses droits

Inventer les chemins…
Charles Brabant nous a quittés.
Il avait ouvert les portes, il y a 25 ans, en créant la Scam avec quelques autres, autour de la défense des auteurs de documentaires, alors que la télévision se marchandisait déjà. Il avait compris que le regard porté sur le réel permettrait de préserver quelques repères essentiels.
On l’a bien vu. Au fil des ans le documentaire a élargi son espace, la création, l’analyse, la réflexion, sont au centre de sa démarche. Tous les jours des images nous font découvrir le monde, ses problèmes, ses tragédies, ses sourires et ses larmes, à travers une multitude de regards, de visages qui, peu à peu, pénètrent notre univers. Dans le même temps, et paradoxalement, nous sentons confusément que les images qui nous sont livrées sont une représentation dont le caractère virtuel, univoque, risque de nous éloigner du réel au lieu de nous en rapprocher. C’est donc à une réflexion sur notre savoir, notre liberté de jugement, notre distance, que peut nous conduire la démarche du documentaire comprise dans son sens le plus large.
On mesure à quel point les bouleversements générés par la révolution numérique, que j’évoquais dans la précédente lettre, avec les déferlements qui s’annoncent, vont mettre au centre du questionnement notre rapport à l’image, aux images, dans la société de demain. Allons-nous vers un monde de plus en plus virtuel qui au lieu de nous rassembler nous refermera sur nous même et sur nos peurs ?
La numérisation, à coté de l’explosion des modes de diffusion qui sont les vecteurs de cet envahissement, met à la portée de chacun d’entre nous la possibilité, justement, d’utiliser l’image pour s’exprimer, créer, communiquer, échanger, certes mais aussi pour remettre en cause et contester. Et cela dans des conditions techniques et économiques de plus en plus accessibles.
Ce n’est pas le moindre des paradoxes d’une situation où, grâce aux technologies nouvelles, l’argent peut user de sa puissance pour s’emparer du terrain, des « clients », peut-être des consciences, et que dans le même temps ces avancées de la technique rendent possible la naissance, la mise en place des moyens et de l’organisation de contre-pouvoirs indissociables de la démocratie.
De nouveaux champs s’ouvriraient alors à la création et aux valeurs de civilisation…
Dans ce cas le meilleur pourrait endiguer le pire
À condition d’inventer les chemins, pour fédérer les énergies et les talents, pour que surgissent des idées nouvelles, se construisent des réseaux et un modèle économique et structurel alternatif, pour que soient entamées une remise en cause et une réflexion sur le droit, pour protéger et affirmer le rôle essentiel des créateurs qui sont toujours des éclaireurs dans un monde qui change. C’est ce à quoi s’emploie la Scam, avec pugnacité au travers de négociations complexes, souvent difficiles, avec les acteurs d’une situation qui bouleverse la donne.
C’est la raison pour laquelle la Scam met en route un programme d’ateliers, étalé sur l’année, appelé : (In)Formation.
Il aidera les auteurs à trouver le chemin, chacun à sa manière, pour avancer, exister et trouver sa juste place…

Ange Casta
Président