Une journée de rencontres faisant dialoguer un grand reporter du Prix Albert Londres et un journaliste, réalisateur, ou écrivain, formidablement engagé sur le terrain de l’information – En Syrie, au Québec, à Pekin… La manifestation se clôturera par la remise des Prix Albert Londres 2014.



« Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus que de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie » ; cette citation d’Albert Londres, devenue une ligne de conduite pour toute la profession des journalistes, inspire cette manifestation. La Plume dans la plaie met à l’honneur des hommes et des femmes, passionnés par le métier d’informer, et qui, sur des terrains difficiles et parfois périlleux, des sujets complexes et délicats, tentent de raconter le monde et de nous aider à mieux le comprendre.

> 9h  : introduction par Annick Cojean, présidente de l’Association du Prix Albert Londres

> 9h30  Syrie : comment couvrir le conflit le plus meurtrier pour les journalistes ?
Alfred de Montesquiou (Paris Match) dialogue avec Jean-Pierre Perrin (Libération)
Dans l’histoire des conflits contemporains, la Syrie figure sur le podium macabre des plus grandes tragédies. L’information y est un enjeu fondamental. Mais comment exercer son métier dans un pays où plus de 60 journalistes ont déjà été tués depuis le début de la guerre et où une soixantaine d’autres ont été kidnappés au cours de l’année 2013 ? Comment accéder à l’information si l’on ne peut se rendre sur place ? Et comment trier parmi les histoires, images, chiffres, témoignages que le pouvoir en place, les différents groupes armés et les des membres de la population civile tentent de faire circuler, notamment à travers les réseaux sociaux ? Ce conflit ouvre-t-il la voie à un nouveau journalisme de guerre ?

> 10h45  Le viol est une arme de guerre
Delphine Minoui (correspondante du Figaro au Caire) dialogue avec Chouchou Namegabe Dubuisson (journaliste/productrice – coordinatrice de AFEM-SK Association des Femmes des Médias du Sud Kivu)
Les violences sexuelles commises contre les femmes constituent, dans toutes les sociétés, un sujet tabou. Sur les terrains de conflits, où le viol est depuis toujours une véritable arme de guerre, les victimes subissent ainsi une sorte de double peine, exposées non seulement à la pire des violences, mais traitées ensuite comme des coupables, et exposées à la stigmatisation, au rejet, à l’exil, voire au crime d’honneur. La plupart préfèrent alors s’enfermer dans le silence. Mais comment traiter alors d’un sujet dont personne ne veut ou ne peut parler ?
Projection du film : République démocratique du congo : violences graves des droits humains
Un film d’Osvalde Lewat et Arnaud Seligniac
2013 – 8’

>14h  La Mafia au Québec : une investigation à hauts risques
Marc Kravetz
(écrivain, journaliste) dialogue avec Marie-Maud Denis (Radio Canada)
En 2013, la presse québécoise a révélé une longue série de scandales, de corruptions, d’abus de pouvoir, de détournements de fonds… Plusieurs maires, élus, responsables administratifs et chefs d’entreprises ont fini derrière les barreaux. Quel rôle ont joué les médias ? Quelles méthodes, quels dispositifs, quels risques aussi face à la mafia ?

> 15h15  La presse à l’heure des lanceurs d’alertes
Hervé Brusini (directeur de la rédaction web de France Télévision) dialogue avec Fabrice Arfi (Médiapart)
Internet constitue la 3e grande révolution depuis l’avènement de l’écriture et l’invention de l’imprimerie. La presse n’échappe évidemment pas au tsunami du web, bouleversant le travail des journalistes mais lui donnant aussi un écho planétaire. Focus sur ceux que l’on appelle les lanceurs d’alerte. Sont-ils l’avenir du journalisme ou, pour reprendre le titre d’un livre de Florence Hartmann, « les mauvaises consciences de nos démocraties » ?


>16h45
  Chine : être correspondant à Pékin
François Hauter dialogue avec Caroline Puel et Philippe Rochot
Une civilisation millénaire, un géant économique, un acteur politique incontournable… Plus que jamais, nous devons savoir ce qui se passe en Chine. Et ce qui s’y prépare. Entre propagande et censure, écoutes, filatures et menaces, comment exerce-t-on à Pékin et sur le reste de cet immense territoire le métier de correspondant d’un média occidental ?

Prière de réserver avant le 7 mai à rencontres@scam.fr
> télécharger le programme (pdf)
> lien vers le site du Prix Albert Londres

Le Prix Albert Londres est organisé par la Scam.

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Jean-Pierre Perrin. Journaliste à Libération depuis une vingtaine d’années. Spécialiste du Proche et du Moyen-Orient, il a consacré plusieurs récits et relations de voyages à cette région, dont Les Rolling Stones sont à Bagdad sur les derniers mois du régime de Saddam Hussein et Jours de poussière sur l’Afghanistan en guerre, qui a reçu le Grand Prix 2003 des lectrices de Elle.En 2013 il a publié un récit personnel et littéraire sur son expérience en Syrie, La mort est ma servante. Lettre à un ami assassiné (Syrie 2005-2013) (Ed. Fayard).

Alfred de Montesquiou est l’un des lauréats les plus récents du Prix Albert Londres qu’il a obtenu en 2012 pour sa couverture de la guerre civile en Libye. Grand reporter à Paris Match depuis septembre 2010, il a connu auparavant une carrière anglo-saxonne, travaillant comme reporter pour l’agence Associated Press (2004/2010). Il a notamment été correspondant pour l’Afrique du nord, le Moyen-Orient, Haïti, et a couvert plusieurs conflits (Afghanistan, Darfour, Gaza, Libye, Syrie…). En 2013, il a publié Oumma (Ed. Seuil) contant son parcours de grand reporter au Moyen-Orient.

Chouchou Namegabe est une journaliste congolaise. Elle commence sa carrière comme productrice et animatrice de radio en République Démocratique du Congo où elle recueille les témoignages de femmes victimes de violences sexuelles, dans une société qui ne connaissait pas de mots pour parler de viols. Fondatrice de  l’Association des femmes des Médias du Sud-Kivu et journaliste engagée,  Chouchou Namegabe dénonce depuis plus d’une décennie l’utilisation du viol comme arme de guerre.

Delphine Minoui a commencé sa carrière au sein de la rédaction de France Culture (1997), avant d’être reporter radio à BFM (1998). En 1999, elle s’est installée à Téhéran où elle a été correspondante pour France Info, France inter, France Culture, Radio Canada et la RSR. Forcée de quitter l’Iran, elle est partie vivre à Beyrouth, puis maintenant au Caire où elle travaille pour Le Figaro, Le Point, La Vie, L’Expansion, Le Temps (Genève) et Le Soir (Bruxelles).
Delphine Minoui est également l’auteur de plusieurs livres, Les Pintades à Téhéran, Jeunesse d’Iran : les voix du changement (Ed. Autrement) et Moi Nojoud, 10 ans, divorcée (Ed. Michel Lafon, 2011). Elle a aussi travaillé avec Thierry Michel sur le film Téhéran, sous le voile des apparences.

Marie-Maude Denis est journaliste à Radio-Canada depuis près de 15 ans. Ses reportages d’enquête sur des malversations dans l’industrie de la construction au Québec ont été récompensés des Prix Judith-Jasmin en 2010 et 2012, du Premier prix d’excellence de la Caisse de dépôt et placement du Québec en 2011 et du prix Tara Singh Hayer qui récompense le journalisme courageux du Canadian Journalists for Free Expression en 2012.


Marc Kravetz a reçu le prix Albert Londres 1980 pour ses reportages en Iran, publié dans Libération.
Entre 1975 et 1990, il a couvert la plupart des conflits du Moyen-Orient,  les différentes guerres du Liban et autres conflits israélo-palestinien. En 1979, il a suivi la Révolution iranienne qui démit le Shah de ses fonctions pour instaurer la république islamique. Il a écrit Irano nox à la suite de ce voyage.
Après la presse écrite, Marc Kravetz a chroniqué à France Culture. Il est également l’auteur de plusieurs ouvrages tels que Obama : petite encyclopédie (Ed.Dalloz, 2008) et Portraits du jour, 150 histoires pour un tour du monde (Les Editions du Sonneur, 2009).

Fabrice Arfi intègre en 1999 le service Culture du quotidien Lyon Figaro, où il tient ensuite la chronique judiciaire pendant plusieurs années. Après avoir collaboré, à Lyon, à l’Agence France Presse (AFP) dans la rubrique Police-Justice, il participe à la création du bureau lyonnais de 20 Minutes en février 2004. Un an et demi plus tard, il co-fonde l’hebdomadaire Tribune de Lyon qui vit une existence mouvementée avant d’être racheté, en novembre 2006, par une partie de ses salariés. Il a également collaboré à plusieurs titres nationaux, Le Parisien/Aujourd’hui en France, Libération ou Le Monde avant de rejoindre le service Enquêtes de Médiapart en mars 2008.

Hervé Brusini
Jean Lartéguy, Henri de Turenne ou Pierre Lazareff lui ont donné envie de devenir journaliste, Hervé Brusini a développé son talent au sein de l’audiovisuel public. Il a dirigé le service des informations générales d’Antenne 2 devenue France 2, il a aussi été directeur délégué à l’information de France 3, rédacteur en chef du journal de 20 heures de France 2, rédacteur en chef de l’émission d’investigation Pièces à conviction. Lauréat de nombreux prix dont le Prix Albert Londres audiovisuel 1991 avec Dominique Tierce pour un reportage sur l’affaire Farewell. Depuis 2012, il a embrassé les nouvelles technologies de l’information et dirige FranceTV Info, le site d’information du groupe France Télévisions.

Caroline Puel
Journaliste, écrivain et enseignante à Sciences-Po Paris, Caroline Puel sillonne la Chine depuis une trentaine d’années. Elle y a fondé le Bureau de Libération, puis celui du Point. Elle a obtenu le Prix Albert Londres en 1997 pour une série de reportage sur la Chine. Son dernier livre, Les trente ans qui ont changé la Chine (Ed Buchet Chastel) dresse un portrait complet du Dragon asiatique.

Philippe Rochot a été correspondant pour la radio et la télévision française à Rome (1972-1973), Beyrouth (1973-1977), Bonn et Berlin (1987-1992) où il a notamment couvert la chute du mur. Il a été correspondant de France 2 à Pékin (2000-2006). Philippe Rochot a également couvert une grande partie des événements majeurs de ces quatre dernières décennies : la révolution iranienne (1979), la guerre Irak-Iran (1983-1986), l’Afghanistan durant l’occupation soviétique (1980), la prise du pouvoir par les talibans (1996)…
Il a obtenu le prix Albert Londres en 1986 pour sa couverture du conflit du Liban, alors qu’il était lui-même otage à Beyrouth avec son équipe de reportage, Jean-Louis Normandin, Georges Hansen, Aurel Cornea. Il est l’auteur de plusieurs ouvrages dont Vivre avec les Chinois (L’Archipel-2008) et Dans l’islam des révoltes (Balland – 2010).

François Hauter
Grand reporter puis rédacteur en chef au Figaro depuis 35 ans, François Hauter a été correspondant en Afrique, en Chine et aux Etats-Unis. Lauréat du prix Albert Londres 1987 pour ses reportages sur l’esclavage en Afrique et sur l’apartheid, il a couvert plusieurs conflits, au Liban, au Tchad, au Cambodge et en Afghanistan. Il est l’auteur de nombreux ouvrages dont Planète chinoise (éd. Carnets Nord, 2008) et Rouge glacé (Ed Stock, 2002), un roman consacré à la Chine contemporaine.