Du 22 au 28 août, au cœur de cette édition des Etats généraux du documentaire, la révolution numérique. Bousculant tant la manière de regarder et de filmer le réel, que les modes de diffusion traditionnels, les (r)évolutions technologiques galopantes exacerbent les tensions entre enjeux artistiques et économiques. Autres points forts : les cinémas « aux extrêmes » de Avi Mograbi et de Wang Bing ; la fenêtre « Histoire de doc », consacrée, cette année, à la production cinématographique danoise ; sur la « Route du Doc », un état des lieux de la production documentaire russe, particulièrement fragilisée par la disparition des studios d’Etat ; un panel de la création africaine, en partant des œuvres balbutiantes jusqu’aux cinéastes confirmés.

 

Tout au long de cette semaine à Lussas, la Scam vous convie à quatre temps forts.

 

Edito du Président de la Scam

« Frontière »

 

En ce moment, une phrase, – une sentence ?- fait florès au sein du pôle documentaire de France Télévisions : « Nous avons réussi à abolir la frontière entre le documentaire et le divertissement ».

Curieuse assertion ! Que signifie-t-elle donc ? Elle démontre tout simplement la toute puissance de l’audimat/divertissement sur le genre documentaire ; l’audimat n’ayant pas de frontière comme l’économie mondiale envahit le territoire documentaire. Comme l’économie mondialisée effaçant les frontières a envahi le territoire de l’économie réelle. On en constate le résultat. L’audimat produit le même effet, il imagine un spectateur idéalement moyen pour en rassembler le plus grand nombre, quel que soit le territoire d’intérêt de chacun d’entre eux. L’audimat abolit la frontière propre à chaque spectateur. C’est, en statistique, le plus petit dénominateur commun. Or chaque auteur de documentaire définit son propre territoire. Par là, il choisit à qui s’adresser ; cela ne l’empêche pas d’atteindre à l’universel qui ne peut se définir statistiquement à l’inverse de l’audimat. Il y a bien une frontière entre Racine et Corneille ou entre Marivaux et Beaumarchais : elle s’appelle le style propre à chaque auteur mais tous les quatre sont citoyens du territoire théâtre. Bien sûr, ce quatuor souhaitait la plus large audience,c’est légitime, mais pas au prix de l’abandon à la démagogie du spectateur moyen qui rabote tout style, toute singularité, donc toute frontière.

La Scam propose cette année quatre documentaires de style : Ça rime et ça rame comme tartine et boterham de Isabelle Dierckx ; Puisque nous sommes nés de Jean-Pierre Duret et Andréa Santana ; La main de Dieu de François Sculier et Nostalgie de la lumière de Patricio Guzman.

Quatre styles, cinq auteurs qui eux aussi souhaitent la plus large audience mais pas au prix de l’asservissement à l’audimat/divertissement.

Et, vous le constaterez, ces quatre documentaires sont passionnants.

Enfin, la journée Scam se terminera par la projection du Florilège sonore du film documentaire de François Porcile : une commande de la Scam et de la Sacem. Une histoire du territoire documentaire depuis l’invention du cinématographe. 67 styles, 67 auteurs et 67 compositeurs car c’est à l’aide de leurs musiques que François Porcile a composé la partition de cette longue histoire singulière, celle du documentaire.

 

Guy Seligmann

PS : Le « m » de Scam signifie « multimédia » : n’oubliez pas la Nuit de la Radio sur le thème « Les oreilles ont des murs » le jeudi 26 août à 21 heures, sous le ciel étoilé de Saint-Laurent-sous-Coiron.

Mercredi 25 août 
* Arrêt sur images avec une journée de projection de quatre films récemment lauréats de la bourse « Brouillon d’un Rêve », l’aide à l’écriture de la Scam, en présence des auteurs et du jury.
Ça rime et ça rame comme tartine et boterham de Isabelle Dierckx (Belgique – 60’ – 2010 – Cobra Film, Kinobarco, Atelier Graphoui)
Puisque nous sommes nés de Jean-Pierre Duret et Andréa Santana (France – 90 – 2009 – Ex Nihilo et Kissfims. Muriel Meynard et Jamel Debbouze)
La main de Dieu de François Sculier (France – 87’ – 2010 –  Christian Lelong, Cinedoc films)
Nostalgie de la lumière de Patricio Guzman (Chili, France, Espagne, Allemagne – 97’ – 2010 – Atacama Productions/France, Blinker Filmproduktion et WDR/ Allemagne, Cronomedia/Chili)
* En soirée, Flash back, un retour sur un siècle de son dans le documentaire avec la projection du « Florilège sonore du film documentaire » de François Porcile, en sa présence.
En 56’, du premier témoignage synchrone au cinéma direct, en passant par l’apparition de la pellicule magnétique, François Porcile, auteur et musicologue, « monte » le son dans un siècle de documentaire européen. 71 extraits d’œuvres majeures réalisées entre 1930 et 2004.

Jeudi 26 août
à 17h30, entre deux projections, une parenthèse juridique avec l’atelier du droit d’auteur, animé par Leïla Benichou, juriste à la Scam, pour aider les réalisateurs présents à mieux comprendre les règles qui régissent la protection, la production et l’exploitation d’une œuvre…
à 21h, sous le ciel étoilé de Saint-Laurent-sous-Coiron, casque sur les oreilles : Les oreilles ont des murs ! Un voyage au cœur de la censure pour cette 10ème Nuit de la Radio Scam/Ina/Radio France qui regorge de pépites sonores. Des archives de l’Ina, des voix politiques, culturelles, artistiques… dessinent le portrait-robot du censeur, des années 1940 à nos jours. Un programme de 95′ d’extraits radiophoniques à écouter sans modération !

> lien vers le site officiel du festival