Une étude Scam/Red Corner dévoilée au Sunny Side of the Doc 2015

1. Le documentaire en ligne et son public, une rencontre encore fortuite
Encore marginal sur un marché français lui-même émergent, le documentaire en ligne échappe pour bonne part aux radars statistiques. La réflexion sur le sujet commence à se structurer. Red Corner et la Scam s’attachent ici à comprendre les usages des spectateurs de documentaire en ligne, à travers une étude qualitative, partant de témoignages individuels approfondis.

Les parcours des spectateurs de documentaire en ligne, tout comme les réponses qu’ils ont apportées dans notre étude, témoignent de complexités spécifiques :

• une reconnaissance très forte du genre…
— ils perçoivent le documentaire en ligne comme une alternative à l’ensemble de l’offre télévisée qu’ils associent au divertissement ;
— ils n’en identifient pas précisément les auteurs et les réalisateurs ;
— ils privilégient les prescriptions très qualifiées : ils ne partagent pas largement leurs découvertes sur les réseaux sociaux mais les communiquent directement à des proches dont ils savent déjà qu’elles peuvent les intéresser.

• mais une consommation freinée à plusieurs niveaux :
— si l’offre de documentaires en ligne peut satisfaire les recherches ouvertes, sans but précis, elle déçoit systématiquement les recherches ciblées, faute de disponibilité et de référencements ;
— le prix et les formalités d’achats à l’acte constituent une contrainte forte si les recherches ne sont motivées que par la curiosité;
— l’éclatement de l’offre accentue la complexité des parcours et favorise les abandons, voire la diffusion illicite.
L’offre actuelle de documentaires et les usages des internautes semblent ne pouvoir aboutir aujourd’hui qu’à des « rencontres fortuites», soumises à des aléas de tous ordres. La transformation de cet appétit bien réel pour le documentaire en véritable
engagement payant passe sans aucun doute par une meilleure structuration de l’offre légale en matière d’accès, de référencement, d’éditorialisation et de marketing.

2. L’implication des réalisateurs dans la valorisation de leurs films en ligne
Les nouvelles technologies ont changé le rapport des créateurs à leur public. Le secteur audiovisuel n’y échappe pas : la fiction a notamment appris à mobiliser plus tôt et plus durablement les audiences autour des oeuvres et de leurs auteurs. Dans cette dynamique, les professionnels du documentaire ne se sont pas encore réellement positionnés. Le rôle que se donnent ou se voient donner les réalisateurs reste à inventer.

Cette étude a permis de comprendre comment les usages numériques amplifient les questions qui se posent aux réalisateurs documentaires dans l’accompagnement de leurs œuvres :
• la prise en charge individuelle des échanges directs avec le public : la logique des projections, encore considérées comme un «à côté» non financé de la vie des œuvres, se perpétue aujourd’hui en ligne sous la forme de courriels ou de messages envoyés directement aux réalisateurs, dans des proportions qui les dépassent rapidement ;
• l’adoption de modes d’expression et de savoirs faire nouveaux : le temps et la technicité nécessaire pour être présents sur les réseaux sociaux constituent une véritable barrière à l’entrée pour les réalisateurs ;
• les effets vertueux de l’implication du réalisateur se vérifient bien dans les pratiques émergentes : l’implication des audiences et les rencontres réelles au stade de la fabrication, les échanges directs sur les réseaux lors des diffusions antennes contribuent à augmenter significativement la notoriété des films et de leurs auteurs.

Si ces nouvelles logiques font prioritairement écho aux documentaires dits «de société», il semble que l’amorçage d’effets vertueux et durables en matière de communication en ligne concerne l’ensemble de la profession. Deux axes de travail peuvent être préconisés à ce stade:
• expérimenter : les opérations de valorisation concertées entre les auteurs, les producteurs et les diffuseurs le documentaires doivent être multipliées, projets par projets. Elles constitueront autant de jalons nécessaires pour la constitution d’un savoir-faire spécifique où chacun, en particulier le réalisateur, doit encore trouver sa place;
• partager : la formalisation de retours d’expériences peut aider l’ensemble de la profession à s’approprier et mieux répondre
aux problématiques de valorisation des œuvres documentaires. Déjà répandu chez les Anglo-Saxons (Britdoc, Ford Foundation, Participant Media, Sparkwise…), ce type de publication pourrait utilement réunir les différents acteurs de la chaîne autour d’une réflexion et d’outils d’analyse communs.

> télécharger l’étude complète
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