par Anne Georget, auteure, réalisatrice, présidente de la Scam.
Au milieu de la formidable célébration du cinéma qu’est le Festival de Cannes, le documentaire, nourri d’un réel souvent cruel, parfois désespérant, pourrait sembler rabat-joie. C’est oublier la jubilation qu’offre le partage de trajectoires humaines, qui finit par dépasser leurs auteurs, leurs acteurs, pour nous embarquer tous — créateurs et spectateurs — vers les grandes émotions dont le cinéma a le secret.
Portrait, fable, manifeste…, dans ses mille et une formes, le documentaire est éminemment politique. Il met en lumière la réalité du monde, le proche et le lointain, celui qu’on croyait connaître et celui dont on ignorait tout. Il témoigne, il questionne, il secoue. Et, en sortant de la salle de projection, c’est dans une réalité augmentée que l’on reprend pied. Et espoir.
Je remercie chaleureusement les membres du jury — Anne Aghion, Thierry Garrel, Amir Labaki, Natacha Régnier et Gianfranco Rosi, son président — d’avoir accepté de joindre leurs regards pour cette deuxième édition de L’Œil d’or, qui place le documentaire dans la grande famille du cinéma. De toute évidence, dans les temps troublés qui sont les nôtres, le monde a grand besoin de ce cinéma-là.