Projection à Lussas du film « Le déménagement » de Catherine Rechard suivie d’une rencontre avec le comité de soutien.

Parce que les personnes incarcérées s’y expriment à visage découvert, le film « Le déménagement » de Catherine Rechard, produit par Candela productions, est interdit de diffusion à la télévision.

L’administration pénitentiaire en imposant le floutage systématique des visages des personnes détenues, prend le contre-pied de la loi ; Le droit d’expression est une liberté fondamentale.
Au delà de la diffusion du film dans une version non floutée, la SCAM, la SRF, le SPI, l’OIP, ADDOC, la Ligue des Droits de l’Homme, la FARAPEJ, des élus, des penseurs, des avocats, des magistrats demandent que s’engage une réflexion sur le respect du droit à l’image en prison et pour que les personnes incarcérées qui le souhaitent retrouvent un visage.

En attendant, les projections publiques du film (autorisées sans floutage par l’administration pénitentiaire) suivies de rencontres contribuent à poser publiquement le débat.

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Dans ce film documentaire tourné dans l’ancienne maison d’arrêt de Rennes et dans le nouveau centre pénitentiaire de Rennes-Vezin, les personnes incarcérées ont fait le choix, en accord avec la législation sur le droit à l’image d’apparaître à visage découvert. Le tournage a été encadré par une convention signée avec la Direction de l’Administration Pénitentiaire (DAP) et a été aidé par des financements publics de la région, du CNC (aide à la production), de la Procirep et de l’Angoa, coproduit par TV Rennes 35 et France 3 Ouest.

Aujourd’hui, la DAP autorise les projections publiques mais demande pour les diffusions télévisuelles, le respect de l’anonymat physique. Cette demande revient à empêcher la diffusion télévisuelle car il n’est évidemment pas envisageable de flouter les visages des personnes qui se sont impliquées dans ce projet et ont accordé leur confiance.
Cette décision constitue une atteinte au droit d’expression des personnes incarcérées. Elle est également discriminante envers le public de la télévision que l’administration juge manifestement inapte à regarder les visages des personnes, placées sous main de justice.

Le 17 juin dernier, le débat qui a suivi la projection à la SCAM du film a été riche en interventions émanant de personnes d’horizons très différents.
Maître Henri Leclerc a pris la parole pour éclairer la loi en matière de droit d’expression des personnes incarcérées. Catherine Rechard, la réalisatrice, a rappelé qu’en 2008, son film « Une prison dans la ville » avait été réalisé à la maison d’arrêt de Cherbourg dans les mêmes conditions – encadré par une convention identique – et avait reçu l’autorisation de diffusion télévisuelle de la DAP. La réalisatrice Stéphane Mercurio a fait part de son expérience avec la diffusion de son film « A l’ombre de la république ». L’OIP, Robin des lois, Ban Public se sont exprimées sur le respect du droit à l’image des personnes détenues. Chantal Richard co-présidente de la SRF a rappelé l’engagement que représente pour les personnes filmées le fait de devenir un personnage de film documentaire et le contrat moral qui se trouve ici, rompu par la décision de l’administration pénitentiaire d’empêcher sa diffusion télévisuelle.

De ce débat est né un groupe de réflexion autour de la question du droit à l’image en prison qui s’est réuni à deux reprises. Une demande de rendez vous a été adressée à Rémi Pflimlin par les associations professionnelles : Addoc, RSF, Acid, SPI. La même demande a également été adressée par la SCAM et une lettre ouverte destinée aux ministres de la culture et de la justice circule pour recueillir de nombreux soutiens. Elle est disponible sur www.ledemenagement-lefilm.com