La Scam et l’Ina présentent à Lussas « microfilms » de Serge Daney, un coffret de six CD d’entretiens de Serge Daney avec les acteurs de sa passion, le cinéma.



De 1985 à 1990, Serge Daney s’est entretenu chaque semaine de sa passion pour le cinéma avec plusieurs professionnels. L’INA et la Scam coéditent un coffret de six CD : les entretiens de Serge Daney avec Olivier Assayas, Humbert Balsan, Jean-Claude Biette, Jane Birkin, Alain Cavalier, Jacques Demy, Claude Dityvon, Marguerite Duras, Johann van der Keuken et Eric Rohmer. Ce coffret a choisi d’offrir en dix sets la partie idéale, avec les partenaires les plus réceptifs, les plus aimés, les plus coriaces. Donner à entendre tous les métiers du cinéma, œuvre collective, création personnelle, mis en scène par une voix qui y avait trouvé sa raison de vivre.

Quel est l’héritage d’un journaliste ? Qu’est-ce qui constitue à travers l’écriture au jour le jour, l’urgence du papier à écrire, l’actualité qui dicte son calendrier, le ciment d’une pensée, ses lignes de forces les plus concrètes ?
Serge Daney s’était installé dans une écriture fragmentaire et fragmentée, temporelle, une écriture de la publication périodique qui culminera avec la fondation en 1992 de la Revue Trafic. Et si ses articles ont fait l’objet de ces rassemblements chronologiques que peut offrir l’édition, dès « Le Salaire du zappeur » paru chez Ramsey en 1988 jusqu’à l’entreprise de « La Maison cinéma et le monde » dont le premier volume, paru chez P.O.L. en 2001, rassemblait déjà les articles du temps des « Cahiers du Cinéma », de 1962 à 1981, restait à y ajouter ses rencontres radiophoniques.
Les « Microfilms » de celui qui se disait engendré par le cinéma, ciné-fils, ont entamé leur carrière à la rentrée de 1985 sur l’antenne de France Culture et se sont poursuivis jusqu’en juillet 1990, avec une fréquence hebdomadaire. Au début, Serge Daney en annonçait scrupuleusement le numéro, sur le modèle d’une revue, mais sonore, avant d’abandonner le principe devant la quantité, les rediffusions, l’oubli peut-être.
Sa table des matières : s’entretenir avec un cinéaste, un technicien, un acteur, un ami critique, sur un film, un thème, le bilan d’une saison ou d’un festival.
Le media radiophonique lui a ainsi ouvert un autre champ d’écriture, la confrontation de son discours et de sa passion à celle des autres, de ceux qui contribuaient à faire les films qu’il allait voir et qu’il sertissait de ses mots. S’agit-il pour autant de dialogues ? On peut quelque fois en douter lorsque la politesse amicale dissimule parfois l’incrédulité du créateur devant l’enfermement cinéphilique.
Et l’on retrouve alors « L’Amateur de tennis », tandis que la balle rebondit des deux côtés du micro, et que le critique accule l’adversaire en fond de court avant de prendre sa revanche par la parole sur l’objet de sa passion.
Il fallait choisir, tenter en dix sets d’offrir la partie idéale, avec les partenaires les plus réceptifs, les plus aimés, les plus coriaces. Donner à entendre tous les métiers du cinéma, œuvre collective, création personnelle, mis en scène par une voix qui y avait trouvé sa raison de vivre.

Martine Kaufmann
présidente de la commission des oeuvres sonores de la Scam

Serge Daney, microfilms
Coproduction INA/Scam
Un coffret de 6 CD / collection Mémoire vive

Informations > Stéphane Joseph au 06 82 90 01 93