Marco Bellocchio : de l’utopie au présent

« En France, nous n’avions pas de nouvelles de Marco Bellocchio depuis « Le Songe du papillon » en 1994 et « La Nourrice » en 1998. Son retour au premier rang de la scène cinématographique avec deux œuvres maîtresses « Le Sourire de ma mère » en 2002 et « Buongiorno, Notte » cette année incite à redécouvrir ce cinéaste, et pour nous, à interroger son œuvre par son pan documentaire. Dans l’histoire du cinéma, le documentaire et la fiction se nourrissent, s’entremêlent, se répondent et s’éclairent. Ils s’enrichissent l’un l’autre dans l’œuvre d’un même auteur. Nous en avons la conviction et nous en avions fait l’expérience heureuse avec Pedro Costa, en 2003, lors des 8èmes rencontres du cinéma documentaire.
Après le festival de Locarno en 1998, les rencontres du cinéma documentaire vous proposent de voir, une dizaine d’œuvres de Marco Bellocchio – réalisées tout au long de sa carrière et pour la plupart inédites en France – que l’on qualifiera de documentaires et qui regroupent tout à la fois films essais, films militants, enquêtes. Parfois, le même film empruntant à chacun de ces genres. Des films qui appartiennent pleinement à l’œuvre du cinéaste tellement on y retrouve ses mêmes thèmes de prédilection : la politique, la folie, la famille, le pouvoir, l’excès. Une part cachée de l’œuvre, qui à la manière d’ « appuntis », met à jour ce qui est constitutif du cinéma de Bellocchio. C’est l’hypothèse que nous faisons avec la revue VERTIGO invitée à nous accompagner dans cette rétrospective du cinéma de non fiction de Marco Bellocchio.
En regard de ces films, nous voulions programmer quelques-uns des longs-métrages de fiction du réalisateur. Choisir était bien malaisé tellement l’oeuvre en son entier nous semblait cohérente. Notre choix s’est porté sur Au nom du père, film réalisé au sortir de l’expérience du cinéma militant proprement dit du réalisateur, et Le prince de Homburg, film qui après le festival de Cannes en 1997 est toujours inédit en France.
Nous aurions aimé montrer Les yeux, la bouche où Marco Bellocchio retrouve son acteur fétiche Lou Castel 17 ans après son premier film Les poings dans les poches, La Mouette d’après Tchekov ou encore La Nourrice. Mais ceux-ci comme la plupart des films de Marco Bellocchio ont été introuvables en France, ou dans des états impossibles à projeter.
Nous faisons le vœu qu’après cet événement autour de ses films documentaires, qui pour nous a un caractère particulièrement exceptionnel, d’autres s’attellent à nous faire redécouvrir la totalité des oeuvres de fiction de ce cinéaste unique. »
Catherine Bizern

Cette programmation est le fruit d’une étroite collaboration avec Marie-Pierre Duhamel Muller. Qu’elle en soit ici très chaleureusement remerciée.