A l’heure des choix budgétaires pour 2014, la présidente de la Scam écrit aux parlementaires pour demander la revalorisation de la Contribution à l’audiovisuel public : « Ne vous arrêtez pas au milieu du gué ! »

À l’heure des choix budgétaires pour l’année
à venir, la Scam qui représente 34.000 auteurs
souhaite à nouveau attirer votre attention sur
le montant de la contribution à l’audiovisuel
public (CAP / ex-redevance).

L’an passé, mon prédécesseur à la présidence
de la Scam, Jean-Xavier de Lestrade, vous
avait adressé une brochure pour briser le
tabou du financement de l’audiovisuel public.

Nous savons tous combien la télévision et la
radio publiques sont essentielles pour notre
démocratie, au même titre,
osons le dire, que l’éducation nationale et la santé
publique. Les documentaires, les reportages et les
magazines qui aident les citoyens à mieux comprendre
le monde trouvent une place
privilégiée sur les antennes
publiques.

Lorsque Roberto Rossellini
disait dans les années 50 que
la télévision serait la grande école du XXe
siècle, le petit écran n’était que public et l’ordinateur n’existait pas.
En quelques décennies seulement, les intérêts
privés ont supplanté les missions publiques.

Il est pourtant essentiel que la télévision, la
radio et maintenant le web, formidables outils
d’éducation et de partage de la connaissance
ne s’adressent pas qu’à des consommateurs
mais également à des citoyens (et futurs citoyens).

Pour avoir cette ambition, il faut une volonté
politique.

Pour soutenir ce grand dessein, il faut des
moyens.

Certaine que vous ayez cette ambition pour
les Français ; vous devez poursuivre la réforme
du financement de l’audiovisuel public.

L’an passé, la représentation nationale a voté
une augmentation de la contribution à l’audiovisuel public supérieure à celle de l’inflation
(4 euros + 2 euros au titre de l’indexation du
coût de la vie) brisant ainsi le tabou de dix
années de blocage de son montant, dix
années de manque d’ambition, dix années
de système D pour les finances de l’audiovisuel
public, …dix ans qu’il convient de rattraper
progressivement !

En effet, si les professionnels
de l’audiovisuel ont applaudi
cette revalorisation maintes
fois demandée, l’incertitude
budgétaire dans laquelle
se trouve l’audiovisuel public
menace toujours la qualité
des programmes proposés
aux Français, la vitalité de
la création et l’économie
du secteur.

Aujourd’hui, les professionnels, au premier
rang desquels les auteurs que la Scam
représente, vous disent donc : « ne vous
arrêtez pas au milieu du gué ! »

L’augmentation de 2 euros prévue pour le
budget 2014 est insuffisante car elle ne
compense que l’inflation. En outre, le
Gouvernement n’est malheureusement plus
disposé à examiner une réforme de l’assiette
d’application de la Contribution. L’amorce
de revalorisation votée par l’Assemblée
Nationale et le Sénat l’an passé, n’aura servi
à RIEN si elle n’est pas inscrite dans un plan étalé sur la durée de la législature. Cette
augmentation n’aura servi à RIEN si elle n’est
pas suivie a minima d’une augmentation de
3 euros par an pendant les 3 prochaines
années (hors inflation).

Cette revalorisation est indispensable à plus
d’un titre :

– Depuis des décennies, tous les pouvoirs
politiques parlent d’indépendance de l’audiovisuel public… mais il n’y a de véritable
indépendance éditoriale que si elle s’accompagne d’une indépendance financière.

– L’ampleur des missions du service public
exige des moyens minimaux face à ceux,
colossaux, du secteur privé et des géants de
l’internet. L’audiovisuel public qui est aujourd’hui déjà bien seul à financer la création
documentaire, les programmes du savoir et
de la connaissance, est également le seul à
explorer les nouveaux terrains de la création
sur Internet.

– Enfin, cette revalorisation doit notamment
permettre de supprimer la dotation annuelle
budgétaire mise en place pour compenser
l’arrêt de la publicité et qui est d’année en
année revue à la baisse.

Je suis à votre disposition pour vous rencontrer
personnellement afin de vous entretenir de
cet enjeu essentiel.

Je vous prie de recevoir, Madame, Monsieur,
mes respectueuses salutations.

Julie Bertuccelli,
Auteure, réalisatrice,
Présidente de la Scam

> télécharger la brochure « Brisons le Tabou – Acte 2 »