La chronique d’Hervé Rony publiée dans le Huffington Post à l’occasion du premier forum culturel 100 % Data dont la Scam est partenaire.



Que faut-il penser des données personnelles que nous laissons, sans toujours en avoir conscience, sur le net? Nous sommes scannés en permanence. Le réseau retient avec une mémoire d’éléphant tout ce que nous faisons, ce que nous aimons, ce que nous achetons et avec qui nous le faisons.

Face à cette sorte de mise à nu, j’ai instinctivement beaucoup de méfiance, j’éprouve même de l’hostilité. De quel droit qui que ce soit, sans mon accord explicite, peut conserver, pire exploiter, ce qui relève de comportements qui, sans être intimes, sont du ressort de la vie privée comme l’expression de mes goûts et de mes pensées?

S’agissant plus particulièrement des données personnelles culturelles, est-il acceptable que mes données soient exploitées à des fins commerciales pour me suggérer d’acheter tel roman, tel film, telle musique au motif que j’en ai déjà acquis d’un genre proche? Puisque j’aime télécharger des films de Truffaut, je ne peux qu’aimer ceux d’Ozon. Puisque j’ai téléchargé les albums d’Alain Bashung, j’aime forcément ceux de Christophe. Et puisque j’ai acheté l’œuvre de Malraux, il faut que je découvre celle de Romain Gary etc….

C’est très intéressant, très bien conçu et très impressionnant. Netflix explique ainsi fort bien et non sans fierté l’efficacité de son algorithme prédictif pour effectuer des « recommandations » ciblées à ses abonnés. Mais celles-ci sont-elles de vraies opportunités culturelles et non pas plutôt une intrusion ? N’est-ce pas une perte de libre arbitre!

Il me semble qu’à être ainsi « conseillé » en permanence, on est en réalité enfermé dans nos choix. Achetez ce que je veux que vous achetiez! Et peu importe ce que l’on achète pourvu que l’on achète ! Là est le danger. Je conçois évidemment l’intérêt de ces nouveaux marchands d’optimiser leurs « relations clients ». Admettons, c’est le jeu économique. Mais à la condition expresse que l’internaute-consommateur-citoyen d’un État de droit ait à tout instant la capacité effective de refuser que l’on utilise les informations qu’il distille sur le net au gré de ses pérégrinations.

Cette éthique ne saurait souffrir d’exceptions sans dommage pour la liberté de chacun. C’est sur elle que doit aussi se fonder le droit à l’oubli. C’est le sens de l’action menée par le Forum d’Avignon.

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