Une programmation riche qui s’articule cette année autour de l’extrême pauvreté avec « Hautes solitudes », du cinéma grec, du parcours des cinéastes Patricio Guzman et Jean Eustache…
L’édition 2014 se déroulera du 4 au 9 novembre à l’Espace Jean Vilar (Arcueil) et à la médiathèque de Gentilly, MAC/VAL (Vitry sur Seine) et s’ouvrira le 5 novembre par la projection en avant-première du film « Iranien » de Mehran Tamadon.
Seront au rendez-vous de ce festival porté depuis 1997 par l’association Son et Image et soutenu par la Scam. des séances spéciales, des avant-premières, une sélection premiers films, des programmations jeunes publics et thématiques.
Grèce, d’autres regards
Ces films forment une cartographie subjective d’un pan méconnu de l’histoire du cinéma grec, depuis les années de la dictature des colonels, jusqu’à la crise actuelle. Ce programme a été rendu possible grâce aux recherches et propositions de Maria Kourkouta, cinéaste, et au site derives.tv
Expériences du seuil
Égarés, insensés, naufragés : si le documentaire s’est toujours intéressé à la folie en produisant notamment une critique de l’institution asilaire, peu d’œuvres en revanche ont tracé, comme Les tourmentes de Pierre-Yves Vandeweerd ou Les insensés de Béatrice Kordon, une cartographie sensible de la maladie mentale aussi ouverte à tous les décloisonnements.
Ces deux films sont une traversée : du monde tangible à celui de l’inconscient et du rêve, du monde des vivants à celui des morts, du cinéma même. Ils sont un lieu de passage entre des matières d’images et de sons (bruits, musiques, voix), une zone poreuse où les notions d’altérité et d’altération – l’une ne va pas sans l’autre – se frottent pour faire surgir des expériences très singulières : «comprendre serait alors ce qui fait advenir » (Claude Régy).
My Country is cinema
Seconde bobine d’une programmation déroulée l’an passée autour des « cinéastes au travail », et en écho avec la carte blanche offerte au MAC/VAL, les documentaires présentés dans cette séance dressent le portrait de Patricio Guzman et Jean Eustache, deux réalisateurs pour lesquels la coupure entre le cinéma et la vie n’existe pas.
Hautes Solitudes
Dans l’embrasure d’une porte, l’entrée d’un guichet automatique, un asile de nuit ou sur le bout d’un trottoir, des femmes, des hommes et des enfants (de plus en plus nombreux sur le bitume), sont postés comme des vigies, souvent muettes. Ils sont des sans –voix -beaucoup plus, finalement, que des sans visages -« privés de récit ». À l’opposé des postures compassionnelles ou du ressassement des images médiatiques qui épuisent le regard et la possibilité de penser, Au bord du monde de Claus Drexel et 300 hommes d’Emmanuel Gras ouvrent, avec des choix formels très différents, à une autre dimension : celle de « l’hospitalité ». Plus qu’une méditation sur la misère humaine, ces deux films proposent « d’approfondir notre monde commun par les narrations des uns et des autres et qui se rejoignent » comme le souligne le philosophe Guillaume Leblanc.
> Programme complet http://www.lesecransdocumentaires.org