France Culture, avec le soutien du Prix Albert Londres, a lancé un appel à projet d’écriture radiophonique : une collection de podcast d’enquêtes inédites et narratives, produites sous forme de feuilleton ou de récits journalistiques racontés à la 1ere personne.


Le premier appel à projet, lancé en automne 2019, a été remporté par la journaliste Dorothée Myriam Kellou, réalisatrice et finaliste du Prix Albert Londres en 2017.

Dorothée Myriam Kellou enquête sur l’Algérie des camps

Que faire quand on grandit avec un père silencieux qui ne peut pas parler de son expérience de la colonisation française en Algérie ? Dorothée Myriam Kellou a décidé d'interroger la mémoire de son père, réalisateur Algérien exilé en France. Elle est partie en voyage avec lui à Mansourah, son village natal ; pour documenter une mémoire intime et encore douloureuse : les camps de regroupement des Algériens organisés par l’armée française qui ont rassemblé plus de deux millions de personnes à partir de 1955.
Ce déracinement en masse de la population rurale algérienne est un épisode méconnu de la guerre d’Algérie. Les conséquences de ces regroupements structurent encore l’Algérie aujourd’hui.
Un podcast en 8 épisodes de 15 minutes de Dorothée Myriam Kellou, réalisation Thomas Dutter, disponible dès le 8 octobre sur franceculture.fr et les plateformes dédiées.

L’Algérie des camps

• Episode 1 : le secret de mon père

Dorothée Myriam est née et a grandi en France dans une famille franco-algérienne. Depuis l’adolescence, elle s’interroge sur le pays de son père, l’Algérie. Pourquoi ne lui a-t-il rien transmis de sa mémoire algérienne ? Elle découvre son secret : l’histoire des regroupements de populations pendant la guerre d’Algérie. Apparus dès 1955 dans les Aurès, les camps de regroupements sont créés afin de priver le FLN, en lutte pour l’indépendance, de l'appui de la population rurale.
Dorothée Myriam part avec son père, Malek, en voyage à Mansourah, son village natal. Ensemble, ils documentent cette mémoire intime encore enfouie.

• Episode 2 : Le sous-préfet qui dénonça les camps

Jean-Marie Robert, sous-préfet de la République à Akbou, en Kabylie, avait dénoncé les camps en pleine guerre d’Algérie. Son fils, Hugues, a ouvert la malle où son père avait rangé ses rapports secrets. Une malle jamais ouverte en dépit de nombreux déménagements.
Le fils du sous-préfet vient à Paris rencontrer Dorothée Myriam et partager ses découvertes.
En avril 1959, un rapport rédigé par le tout jeune inspecteur des finances Michel Rocard fuite dans la presse française et révèle à l’opinion publique l’existence des camps de regroupements. Pour gérer le scandale, le gouvernement français annonce le programme des 1000 villages, censé transformer une pratique militaire en une politique de développement rurale.

• Episode 3 : Dans un camp de déracinés

Que sont devenus ces camps, construits en dur, avec des financements français, après leurs révélations par la presse ? Dorothée Myriam part à la recherche de ces camps en Algérie. Elle y rencontre Sarah, qui vient de découvrir, elle aussi, que son père a vécu cette histoire.

• Episode 4 : Des villages socialistes à la place des camps

Après l’indépendance, le jeune Etat algérien cherche à développer un modèle agricole pour freiner l’éxode rurale. Il construit 1000 villages socialistes. Souvent, ces villages sont édifiés à l’emplacement des camps. Que reste-t-il de ces villages? A l’indépendance de l’Algérie, en 1962, la population regroupée, happée par l’économie de marché, violemment déracinée, se disperse à travers le territoire. Elle est à la recherche de moyens de subsistance.

• Episode 5 : Ce monde d'avant les camps

Dorothée Myriam veut comprendre ce que ces populations ont perdu dans le regroupement. Quel univers symbolique a été détruit ? C’est auprès de Slimane Zeghidour, journaliste et écrivain, qu’elle retrace le monde d’avant les camps.
Elle poursuit son enquête entre la France et l’Algérie. A Oran, elle rencontre Amina Mekahli, écrivaine algérienne, qui a documenté les regroupements des populations nomades dans les camps. Elle reconstitue la perte d’un monde. A Mansourah, où Dorothée Myriam retourne sans son père cette fois, elle assiste à un mariage et devine ce qui a pu survivre aux regroupements.

• Episode 6 : J'irai marcher sur tes ruines

Plutôt que de promettre le bonheur aux paysans dans des villages socialistes crées de toute pièce, ou de laisser les populations dans les baraquements des camps, pourquoi le gouvernement algérien n’a t-il pas reconstruit les villages détruits ? Dorothée Myriam part visiter l’un de ces villages restés jusqu’à ce jour à l’abandon.
C’est le cas du village de Ghoufi, accroché à une falaise de pierre, qui surplombe une oasis d’arbres fruitiers et de palmiers traversée par la rivière. Sawsan Noweir, architecte égyptienne, vivait en Algérie et enseignait à l’université de Constantine dans les Aurès. A l’occasion d’une visite de ce village, touchée par la beauté des lieux, elle rêve de le reconstruire et de permettre aux anciens paysans de retourner sur place. Mais elle en sera empêchée.

• Episode 7 : La tentation djihadiste pour les fils de déracinés

Dorothée Myriam quitte un monde de ruines. C'est l'image qui lui reste à l’esprit. Une image obsédante de villages détruits, d'univers symboliques saccagés. Elle découvre ce qui a émergé de ces ruines : le salafisme-djihadiste, réponse à la perte de toute filiation historique. Elle se rend dans la plaine de la Mitidja, haut-lieu du djihadisme armé pendant la décennie noire.
Quel est le lien entre salafisme-djihadiste et déracinement ?

• Episode 8 : Le hirak, sortie du camp

Pendant son enquête en Algérie, Dorothée Myriam rencontre des citoyens à la recherche de vérité sur l’histoire du pays. Cette demande est au coeur du « hirak », le mouvement populaire de contestation pacifique qui a mené à la démission du président Bouteflika en 2019. Dorothée Myriam se retrouve dans cette génération qui ne veut ni déni, ni instrumentalisation de l'histoire.

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