Les prix de la presse écrite et de l’audiovisuel ont été remis aujourd’hui à Pékin à Christophe Ayad et Rithy Panh.



Le 66e Prix Albert Londres de la presse écrite
a été attribué à
Christophe Ayad
pour ses articles publiés dans Libération

Né en 1968 à Strasbourg, diplômé du CFJ (1990) et de l’IEP (1989), il a mené sa carrière à Libération où il a été secrétaire de rédaction (1990/1992), correspondant au Caire (1994/1999), chef d’édition (1999/2000) et rédacteur-reporter au service étranger (depuis 2001).
Il a obtenu le prix pour ses articles sur l’Irak (chronique d’un enlisement, la montée de la colère, la résistance…) sur des portraits d’outsiders (Reza, Reem al-Faysal, Tariq Ramadan…), sur Dubaï (un émirat post-moderne qui allie haute technologie et Coran), sur le Rwanda (dix ans après le génocide), sur la culture, mieux qu’un divertissement ou une arme, un instrument pour appréhender le monde.
Christophe Ayad a été élu au 1er tour ; ont également obtenu des voix : Sara Daniel (Le Nouvel Observateur), Luis Lema (pour son livre Un regard sur l’Intifada ) et Delphine Minoui (Le Figaro, Le Temps, La Vie).

Le 20e Prix Albert Londres de l’audiovisuel
a été attribué à
Rithy Panh
pour son reportage S21, la machine de mort khmère rouge diffusé le 2 juin 2003 sur Arte et coproduit par l’INA.

Rithy Panh est né à Phnom Penh au Cambodge en 1964. Depuis ses débuts, son œuvre creuse le même sillon pour dénoncer le génocide des khmers rouges. Il rassemble les témoignages des victimes et des bourreaux pour reconstituer une mémoire collective.
Rithy Panh a été élu au 1er tour de scrutin ; ont également obtenu des voix : Sophie Bontemps, Manon Loizeau et Philippe Lagnier.

Les prix ont été remis aujourd’hui, 10 mai 2004, à l’ambassade de France en Chine. La raison du choix de Pékin s’explique par la volonté du jury de mettre ses pas dans les pas d’Albert Londres, journaliste courageux et défenseur passionné de la liberté de la presse.

Sur les traces d’Albert Londres, le jury s’est donc successivement rendu – et a voté – à Cayenne (1999), bagne dont Albert Londres dénonça si haut et si fort la « condition de vie » des bagnards que l’administration dut changer sa politique ; à Courchevel (2000) étape alpine importante de ce Tour de France qui lui inspira la formule « les forçats de la route » ; à Reims (2001) dans cette ville et devant cette cathédrale dont il décrivit, en 1914, les souffrances sous les bombardements allemands quotidiens ; à Moscou (2002) puisqu’il fut le premier journaliste occidental à pénétrer, après la révolution d’octobre, dans « la Russie des Soviets ! ». Comment le jury aurait-il manqué l’étape si importante que fut la Chine dans la vie professionnelle d’Albert Londres à partir de 1925 ? Comment pourrait-il oublier qu’elle fut le thème de son dernier reportage – un reportage qui ne parut jamais, puisque Albert Londres périt en revenant de Shanghaï dans l’incendie du paquebot français le George Philippar ?
Du monde d’Albert Londres au nôtre, tout a changé. Mais ce qui n’a pas changé – et ne doit pas changer – c’est le legs d’Albert Londres : indépendance, besoin « d’aller voir » pour témoigner, refus de tout ce qui limite ou contraint la recherche ou l’expression de la vérité. Le court séjour des membres du jury Albert Londres sera donc, pour eux, l’occasion de rencontres avec leurs confrères chinois, d’écoutes des problèmes qui se posent à eux dans l’expression de l’information et d’échanges mutuels qui devront se poursuivre à l’avenir.

Les livres d’Albert Londres sont aujourd’hui édités par les éditions Le Serpent à plumes.

Information > Stéphane Joseph 01 56 69 58 88 – 06 82 90 01 93 – stephane.joseph@scam.fr