La première session du Prix Mentor 2022 s’est tenue à  la Scam à Paris et a consacré Salomé Hévin, coup de cœur du jury pour sa série photographique « Le droit chemin » et Natalya Saprunova, coup de cœur du public pour « Saamis ».

Le droit chemin de Salomé Hévin

Prix mentor 2022 session 1 Paris
Salomé Hévin

Le « droit chemin » est le fruit d’une immersion de 4 ans dans foyer Chrétien Orthodoxe pour garçons de l’Oural russe.
Comme d’autres institutions analogues, ce lieu a été créé la fin des années 1990, alors que la Russie traversait une crise profonde. L’Église prend alors le relais d’un état absent pour assister les plus vulnérables et recueillir les nombreux orphelins du pays. Aujourd’hui, ces lieux ont évolué et accueillent en plus des adolescents considérés difficiles, envoyés par leurs parents pour être corrigés.
Travail dans la ferme, foi orthodoxe, patriotisme. Ces adolescents, souvent bien ancrés dans la modernité, sont propulsés dans un monde qui semble appartenir à une autre époque. Un monde qui pourtant raconte quelque chose de la Russie contemporaine : de sa religiosité croissante, de la montée du patriotisme, et du retour d’une vision traditionnelle des identités de genre.


Crédit photo : Alexandra Kiba

Salomé Hévin est une réalisatrice et photographe documentaire, qui se concentre notamment sur l’espace post-soviétique. Elle a réalisé des séries photographiques dans le Donbass (Ukraine), et dans la région de Perm (Russie). La quête de l’intime est au coeur de sa démarche. Elle aime travailler de manière intuitive, au long cours, et en immersion.

Saamis de Natalya Saprunova

Saamis, we used to live in the tundra de Natalya Saprunova
Natalya Saprunova

La série « Saamis » est une histoire sur la vie moderne du peuple indigène de la péninsule de Kola en Russie à travers l’itinéraire de la petite fille Ouliana. Agée de 11 ans, elle est issue d’une longue lignée d’éleveurs de rennes dont les traditions ont quasiment disparu. Sédentarisés par les Soviétiques pour travailler dans des kolkhozes, les Saamis de Russie n’avaient plus le droit d’être saamis. Le port du costume et la pratique de la langue ont été interdits. Aujourd’hui, quelque 1500 Saamis vivent sur la péninsule de Kola, mais seules 200 parlent la langue et ce sont principalement des personnes âgées. Vivant au village de Lovozero à l’arrière-pays de la ville de Mourmansk, Ouliana démontre des traits caractéristiques de son ethnie. Malgré ses cheveux colorés et son smartphone dans la poche, elle adore pêcher, bricoler, vivre au grand air, tricoter et manger de la viande de renne avec les mains. Parmi les villageois, des militants agissent pour la restauration de la culture saamie, en organisant des fêtes traditionnelles.


Crédit photo : Natalya Saprunova

Originaire de la Russie arctique sur la péninsule de Kola, Natalya Saprunova est une photographe documentaire et membre de l’agence Zeppelin. Durant ses études supérieures de professeur de français en Russie, elle travaillait comme photojournaliste pour le quotidien Le Messenger de Mourmansk. Diplômée à l’école des métiers de l’information EMI-CFD au printemps 2020, elle continue à explorer les problématiques de la société moderne liées à l’identité, la jeunesse, l’intégration, la féminité et la spiritualité. Par ailleurs, étant passionnée par la transmission des savoirs, elle donne des cours de photographie à l’école Graine de Photographe depuis fin 2016. Natalya a également accompagné des voyages photos en Russie à Saint-Petersbourg et au lac Baïkal.