Le rapport sur les soutiens à la production cinématographique et audiovisuelle rendu aujourd’hui par la Cour des comptes fait les mêmes constats que d’autres rapports avant lui, et conforte au besoin leurs propositions, voire les réformes entreprises entre temps.

La Scam déplore avant tout que la Cour des comptes ait éludé l’essentiel du bénéfice tiré du soutien financier au documentaire : l’émergence d’une école française documentaire. Le genre est en plein épanouissement. Non, la croissance de son volume n’est pas due à un « dévoiement » de l’aide comme le rapport tendrait à le faire croire. Profusion n’est pas forcément dispersion.

Pour mémoire, le constat d’une notion trop large du « documentaire de création » a été fait en mars 2012 par le rapport « le documentaire dans tous ses états » et une réforme a depuis été entreprise à laquelle la Scam a contribué qui a abouti en février dernier. Cette réforme intègre des paramètres qualitatifs (distinctions via des aides sélectives, musiques originales, temps de montage…), elle valorise la recherche de pré-achats à l’international et donc l’exportation. L’aide automatique telle que réformée répond donc d’ores et déjà aux préconisations de la Cour des comptes.

La Scam s’oppose vigoureusement à l’idée incongrue et paradoxale, et pour tout dire très choquante, de la prise en compte de l’audience dans le calcul de l’aide automatique. La Cour ne peut ignorer que l’audience est l’ennemie de la diversité, qu’elle exacerbe au contraire le conformisme et le formatage. La prime à l’audience au stade même de la production ne ferait que mettre en péril la diversité, à l’inverse même de l’exigence qualitative que la Cour appelle de ses vœux quand elle préconise un resserrement de la notion de « documentaire de création ».

Pour le reste, les auteurs notent avec satisfaction qu’une bonne part des recommandations de la Cour des comptes valide les propositions faites notamment par le rapport Lescure et le rapport Bonnell, notamment l’impulsion particulière qu’il convient de donner à l’offre audiovisuelle en ligne et la nécessaire révision de la chronologie des médias. La Scam espère que ces recommandations réitérées orienteront d’ailleurs la loi création vers l’« acte 2 » promis et attendu par les auteurs.

Il doit être tout autant gardé à l’esprit que c’est aussi à l’Union européenne que revient la responsabilité de sauvegarder la culture européenne. L’installation de Netflix au Luxembourg pourrait en être la plus récente et criante illustration. Quelles que soient les préconisations et travaux mis en œuvre pour moderniser et préserver la diversité culturelle, rien ne sera définitivement efficient sans une harmonisation fiscale européenne orientée vers le territoire de destination de ses biens et services.

Contact presse > Astrid Lockhart – Stéphane Joseph : 01 56 69 58 88 – 06 82 90 01 93

> Le rapport de la Cour des comptes (pdf)