Digital lounge, prix VIDEOFORMES, performances, cartes blanches, focus, expositions, Nuit des arts électroniques… Venez fêter 30 ans d’histoires partagées de l’art vidéo et des arts numériques ! Avec le soutien de la Scam.



Une 30ème édition, comme un manifeste


Pressé de faire des coupes budgétaires sur la culture pour soutenir l’effort de guerre, Churchill aurait répondu : « Mais pourquoi nous battons nous alors ? » Facétie de l’internet, la rumeur interroge.

30 ans, ça n’est pas rien !

C’est un choix, une initiative, une volonté qui s’est trouvée validée, confortée au fil du temps.

Et relayée. Sur le terrain, favorisée par la proximité, l’action puis l’expérience se sont vues partagées, sollicitées et aussi soutenues, interrogées, encouragées… Sur la scène nationale et internationale, cela fut paradoxalement plus simple d’attirer l’attention d’artistes renommés et des plus jeunes. Le rôle de « parrainage » que certains ont exercé, Nam June Paik, les liens d’amitié avec Gary Hill, Bill Viola, John Sanborn, Steina Vasulka ont suffi à asseoir la bonne réputation d’une manifestation soucieuse de bien présenter les artistes qu’elle soutient et d’accueillir tous ses publics : professionnels, « grand public », jeunes publics.

Il n’a pas été simple de convaincre les responsables de politiques culturelles de tous niveaux, mais le rôle joué par VIDEOFORMES sur ses scènes a fini par convaincre, aidé aussi par l’avènement d’un art, art-vidéo, institutionnalisé dans les programmes éducatifs ; et quant à l’art numérique, la vague n’en finit pas de rouler et d’interpeller tout un chacun. La devise ? Penser global, agir local ! Et ça a marché.

Même si l’on est par nature et par mission porté à observer et anticiper le futur de la création artistique contemporaine, le nombre interpelle. Et l’on se prend à mesurer le chemin parcouru, visiter les archives, … et s’étonner encore : les premiers échanges d’images par réseaux (1989, la Pomme sur le Dôme) bien avant internet (Transpac), les premières expérimentations collaboratives (1998, le Forum des Désirs de Ghislaine Gohard, avec Tamara Laï, Guy Naouec …) ; un réseau social expérimental (le Digital Club) bien avant l’arrivée de Facebook et consorts … ; une revue trimestrielle Turbulences Vidéo, aujourd’hui numérique ; une Galerie de l’art du temps (chapelle de l’Oratoire), lieu d’expérimentations et de collaborations avec artistes et partenaires territoriaux et internationaux ; des archives numériques qui constituent d’année en année un patrimoine des créations majoritairement indépendantes ; un programme de résidences croisées entre artistes de proximité et du reste du monde ; un engagement dans l’éducation à l’image avec des propositions originales envers les jeunes ; et … et… trop de choses, trop d’aventures pour les lister ici de manière exhaustive.

Les propositions de cette trentième édition seront fidèles à la ligne définie à l’origine : explorer, observer, choisir, produire (parfois), faire le lien entre les œuvres et leurs publics notamment en invitant les artistes qui marquent ce champ artistique en pleine expansion, faciliter questionnements et débats autour de tables rondes.

Dès son origine l’art vidéo a expérimenté et développé nombre de formes artistiques : installations, happenings, performances, art en réseau …et petit à petit il a, tel un virus, investit les champs traditionnels : danse, théâtre, poésie, littérature sans parler du cinéma et de la télévision. La « révolution » numérique a amplifié de manière exponentielle l’hybridation des champs artistiques, des écritures et des œuvres produites depuis plus d’une décennie.

Si les quelques 68 vidéos en compétition rendront compte de la production actuelle, l’accent sera mis par ailleurs sur un ensemble de performances, que ce soit pour la Nuit des Arts Electroniques (XVIIème édition) ou pour une soirée spéciale dans laquelle une grande part sera faite à l’expérimentation collaborative, tant pour les images que pour la création sonore.

De nombreuses productions seront présentées en première mondiale à Clermont-Ferrand : John Sanborn et sa mega installation V+M qui traite de ce qui agite notre monde, l’amour et la guerre, José Manlius et ses propositions sensorielles, Vaisseaux de Gregory Robin et Annabelle Playe (artistes en résidence).

Et s’il fallait prouver que les artistes contemporains sont en phase avec leur temps, la dimension philosophique et sociétale de la pièce de Gérard Chauvin et Lanah Shaï pose la question du genre et de l’identité.

À elle seule, Catherine Ikam pourrait représenter l’esprit de cette 30ème édition : son œuvre Faces, cosignée avec Louis Fléri, est l’image de la recherche actuelle des œuvres immersives et interactives et son autre pièce, Digital Diaries, œuvre tridimensionnelle, résume par son regard porté sur les 30 dernières années de l’éclosion de l’art vidéo sur la scène publique. Ce qui devrait laisser traces, c’est vraisemblablement cet accent mis sur les performances de tous genres, le début d’une collaboration-échange avec Transcultures qui nous amènera à participer au programme de Mons Capitale Européenne de la Culture avec Transnumériques en novembre prochain et le Grand BYOP (Bring Your Own Projector), le manifeste en images et en sons de la dynamique et la créativité des acteurs présents sur notre territoire.

Loïez Déniel et Gabriel Soucheyre – Vidéoformes

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