Le ministère de la culture et de la communication a publié les résultats de cinq enquêtes qui témoignent d »une profession bousculée par le développement de l’économie numérique. Cette étude est la première photographie grandeur nature de la situation des auteurs du livre en France.

Population d’auteurs, situation économique, revenus liés ou non à l’activité d’auteur, caractéristiques sociologiques, droits d’auteur… Pour apprécier au mieux la situation des auteurs du livre (écrivains,
traducteurs, illustrateurs, scénaristes et dessinateurs/coloristes BD,
…), le ministère de la culture et de la communication a mené une
étude d'une ampleur inédite : cinq enquêtes (nationales et régionales) auxquelles ont répondu plus de 3000 auteurs.

1- 67 % des auteurs ont une autre activité professionnelle

Il ressort de cette étude que la grande majorité des 100 000 personnes – l’étude comptabilise précisément 101 600 auteurs, dont 85 % d’auteurs de textes, 6 % de traducteurs, 4 % d’illustrateurs et 4 % de professionnels de bande dessinée – qui ont perçu des droits d’auteurs en 2013 avait une autre activité professionnelle, beaucoup plus rémunératrice. Les droits d’auteurs ne représentent en effet, en moyenne, que 12% de leurs revenus.

2- Une érosion continue des revenus des auteurs

L'étude met également en évidence une situation contrastée entre ces auteurs dont l'activité artistique est accessoire et ceux pour lesquels elle est prépondérante. Pour une minorité d’auteurs, moins de 10 %, qui tirent l’essentiel de leurs revenus de la création artistique, les revenus tendent à s'éroder en raison de quatre facteurs principaux :
– les évolutions du marché du livre, en stagnation ou en léger repli depuis près de 10 ans ;
– la diversité croissante de l'offre disponible ;
– la hausse ininterrompue de la production de nouveaux titres ;
– le prix des livres qui augmente moins vite que l'inflation depuis 15 ans.

3- Des disparités importantes entre auteurs affiliés ou non

Les revenus d’auteurs montrent une disparité notable entre les affiliés à l’Agessa, qui est la sécurité sociale des auteurs, et les non-affiliés percevant occasionnellement des droits d’auteurs :

– seuls 8% des non-affiliés ont perçu des revenus d'auteur supérieurs au SMIC (13 345 € net/an) contre 59% des affiliés ;
– seuls 3% des non-affiliés ont perçu des revenus supérieurs à 2 fois le SMIC (26 690 €) contre 24% des affiliés ;
– à ces revenus, s'ajoutent également les revenus connexes d'auteur (conférences, lectures, etc.), qui atteignent 11 % du revenu d’auteur total des affiliés.

4- La rémunération des auteurs pèse de plus en plus sur le compte d'exploitation des éditeurs

Alors que les auteurs considèrent ces rémunérations comme insuffisantes au regard de leur investissement dans leurs œuvres, les éditeurs, eux, voient la part de ces rémunérations peser de plus en plus sur leur compte d'exploitation. En effet, alors que, jusqu'en 2000, les éditeurs reversaient en moyenne 12% de leur chiffre d’affaires aux auteurs, français ou étrangers, c'est aujourd’hui 17% de leur chiffre d’affaires (soit à peu près 10% du prix public HT des livres vendus) qui sont reversés aux auteurs.


Les enquêtes quantitatives nationales sur l'activité et les revenus des auteurs

    Enquête sur l'activité et les revenus des auteurs assujettis précomptés de l'Agessa (People Vox pour MCC/DGMIC-DGCA)

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    Enquête portant sur la situation économique et sociale des auteurs du livre affiliés à l'Agessa (People Vox pour CNL/CPE)

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    Exploitation longitudinale de la base des auteurs du livre affiliés à l'Agessa entre 1979 et 2013, Gwendoline Volat
    (MCC/DEPS)

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Les enquêtes régionales associées

    Enquête qualitative sur la reconnaissance des écrivains (MOTif)

    Profession ? Écrivain
    , Gisèle Sapiro et Cécile Rabot (dir.) (CESSP-CNRS/EHESS)

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    Enquête interrégionale sur les activités connexes des auteurs du livre (Fill)
    Retours à la marge, les revenus connexes des auteur(e)s, Emmanuel Négrier (CEPEL-CNRS)

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Le rapport de synthèse

Ce dispositif d’étude est voué à être renouvelé périodiquement, afin d’assurer dans la durée, un suivi de l'évolution des revenus créatifs, et de pouvoir en tenir compte dans la définition des politiques publiques.