La meilleure manière de parler de Pierre Bayard, c’est celle qu’il prescrit dans le plus insolent de ses essais, Comment parler des livres que l’on n’a pas lus : lire ou ne pas lire, nous dit-il, n’est pas la bonne question. La vraie question est : qu’appelle-t-on lire ? Qu’est-ce que lire veut dire ? Que sait-on des livres que l’on a lus ?
Qu’est-ce qui est plus important ?
Ce que l’on retient ?
Ou ce que l’on ne retient pas ?

Ne pas lire Bayard serait déjà rêver autour de ses titres, Le Paradoxe du menteur, je dis vrai en disant que je mens, Le Plagiat par anticipation, où l’après se situe avant l’avant, Aurais-je été résistant ou bourreau ?, vertige sur la question du libre arbitre et de la bifurcation existentielle, Demain est écrit, réponse décalée au livre précédent, Enquête sur Hamlet, traversée et mise en abyme d’une œuvre, Il existe d’autres mondes, exploration d’univers communicants où l’on mènerait des vies parallèles.
Liste non exhaustive.
Difficile de faire le malin avec cet écrivain, professeur de littérature française à Paris 8 et psychanalyste. Alors, Peut-on appliquer la littérature à la psychanalyse ? Visiblement oui, avec bonheur, même si, appliqué au quotidien, ça donne le tournis, une sorte d’ivresse aussi, car le temps y est perpétuellement scindé vers d’innombrables probabilités. Il en résulte un désir de tout lire – du verbe desiderare, interroger les astres.

On connaît très mal un écrivain par un seul de ses livres, dit Marguerite Yourcenar. Les quelques titres cités n’étant qu’une mise en bouche, il faut tout lire de Pierre Bayard.
Car la lecture c’est ça : faire briller, en soi, les astres dévoilés.
Un instant, à jamais.
Simonetta Greggio, romancière, membre de la commission de l’écrit de la Scam


Essayiste, fondateur de la « critique interventionniste », Pierre Bayard est professeur de littérature française à Paris VIII et psychanalyste.
Dans son approche critique des textes, il met en place un dispositif d’analyse anticonformiste et s’en sert comme base de réflexion théorique ou critique approfondie.
En 2009, il illustre l’impossibilité logique qu’est le plagiat par anticipation dans un livre homonyme et dans lequel il déploie un discours sur la modernité de certains auteurs qui se voient très paradoxalement accusés de plagiat. Comment parler des faits qui ne se sont pas produits est le troisième volume d’un cycle publié aux éditions de Minuit, qui comprend également Comment parler des livres que l’on n’a pas lus ( 2007) ? et Comment parler des lieux où l’on n’a pas été ? (2012).

Pierre Bayard a été nommé membre senior de l’Institut universitaire de France en 2009.