Au programme de cette nouvelle édition, des rencontres professionnelles sur la création audiovisuelle en régions, la série documentaire, la situation sociale des auteurs et autrices… des tête-à-tête Brouillon d’un rêve, et enfin la remise des Prix dotés par la Scam !
Avec la Maison du Film, en partenariat avec la Sacem et la Scam.
Six jeunes compositrices et compositeurs de musique de films, lauréats du dispositif Crescendo 2022, présenteront leurs parcours et travaux : Philippe Deschamps, Sylvia Filus, Clémence Ducreux, Clémentine Charuel, Maximilien Becq-Giraudon et Jeanne-Péri Foucault.
Les parcours des créatrices et créateurs, des professionnels du secteur documentaire sont souvent irréguliers, avec des ruptures. Des acteurs de la prévoyance, de la formation professionnelle et de la santé, témoigneront des moyens qu’ils et elles mettent en œuvre pour accompagner la profession.
Une rencontre animée par Pascale Fabre, directrice des ressources humaines et affaires sociales de la Scam, avec :
Maïana Bidegain, vice-présidente de la Garrd
Jennifer Mendes, ergonome psychologue, Thalie Santé
Bertrand Queyroi, délégué régional de l’Afdas en Nouvelle Aquitaine
Isabelle Thirion, directrice du Développement social et Individus, Audiens
Nicolas Mazars (directeur juridique de la Scam) et Nathalie Piaskowski (déléguée générale de la SCELF) évoqueront l’adaptation des livres en documentaire.
Elle s’impose aujourd’hui comme un genre à part entière. Elle bouscule les codes. Elle lance des défis créatifs et artistiques nouveaux. Celles et ceux qui la pratiquent déjà proposent un retour d’expérience croisé, et s’interrogent concrètement : comment fait-on une série documentaire ?
Une rencontre animée par Aymeric Colletta, auteur, réalisateur, membre de la commission audiovisuelle de la Scam, avec :
Catherine Alvaresse, directrice des documentaires de France Télévisions
Sara Brücker, productrice, Résistance Films
Samuel Collardey, réalisateur, scénariste, directeur de la photographie
Yvonne Debeaumarché, réalisatrice
La Scam a entrepris un tour de France des régions pour prendre le pouls de la création documentaire audiovisuelle dans les territoires. Elle a confié à la journaliste Emmanuelle Miquet le soin de mener l’enquête.
Une rencontre animée par Hervé Rony, directeur général de la Scam, avec :
Stéphanie Elbaz, autrice, productrice, administratrice de la Scam
Emmanuel Feulié, directeur cinéma et audiovisuel, ALCA
Jean-François Karpinski, délégué antennes et contenus, France 3 Nouvelle Aquitaine
Lucas Vernier, cinéaste documentariste, membre de la NAAIS
Vous êtes l’auteurice d’un projet de documentaire (audiovisuel, radio, photographie…) que vous souhaitez présenter à la bourse Brouillon d’un rêve l’aide à l’écriture de la Scam ? Vous doutez de l’éligibilité de votre projet ? Vous hésitez entre la création documentaire ou le documentaire journalistique ? Vous voulez comprendre la philosophie, la ligne éditoriale de Brouillon d’un rêve et vous assurer de frapper à la bonne porte ?
Lise Roure, responsable de l’aide à la création de la Scam vous reçoit jeudi 26 janvier, individuellement, sur rdv entre 14h et 18h, à l’espace Scam (Bellevue RDC).
Réservation indispensable avant le 23 janvier : evenementbdr@scam.fr
Gare du midi – 23 Av. du Maréchal Foch, 64200 Biarritz
Choisi dans la compétition Smart FipaDoc, il est doté de 3.000 € par la Scam et sera remis par Pascal Goblot, membre de la commission des écritures et formes émergentes de la Scam.
Jury : Pascal Goblot, Marianne Rigaux, Claudia Marschal.
Il est doté de 5 000€ par la Scam
Jury : Juliette Duret, Ruth Zylberman et Zouhair Chebbale.
Il est doté de 3.000 € par France Télévisions et bénéficie d’une diffusion sur l’une de ses antennes.
Jury : Félicie Roblin, Gilles amado, Pierre Carles et Valérie Mathieu.
Le Conseil permanent des écrivains et la Ligue des auteurs professionnels signent un accord avec le Syndicat national de l’édition pour améliorer l’information des auteurs de livres sur l’exploitation de leurs œuvres par les éditeurs et interpellent la Ministre de la Culture, Rima Adbul-Malak, sur les conditions de rémunération « inappropriées » des auteurs.
Aujourd’hui, mardi 20 décembre 2022, les 16 organisations du Conseil permanent des écrivains (CPE), représenté par l’ATLF, la SCAM, le SNAC et la SGDL, ainsi que la Ligue des auteurs professionnels (LAP), ont signé, en présence de la ministre de la Culture, un accord avec le Syndicat national de l’édition (SNE) visant à améliorer l’information des auteurs sur les conditions d’exploitation de leurs œuvres par les éditeurs.
Il prévoit :
– deux redditions de comptes annuelles accompagnées d’un versement des droits,
– un nouveau régime de reddition des comptes pour les contributions dites « non significatives »,
– une obligation d’information à la charge de l’éditeur lorsqu’il procède à une sous-cession de l’œuvre ou d’une partie de celle-ci, ou de droits sur l’œuvre ;
– une obligation d’information de l’éditeur aux traducteurs en cas de perte des droits étrangers, permettant au traducteur de récupérer plus facilement ses droits sur une œuvre inexploitée ;
– la clarification des obligations de l’éditeur au moment de la fin du contrat le liant à l’auteur,
– la limitation à deux ans (au lieu de trois) de la période durant laquelle l’éditeur peut pratiquer des provisions pour retours.
Tout en saluant les avancées de cet accord, le Conseil permanent des écrivains a exprimé sa profonde déception face au refus du Syndicat national de l’édition de débattre de la question de la rémunération des auteurs, alors même que ce sujet figurait explicitement dans la feuille de route initiale et dans la lettre de mission du ministère d’avril 2022.
La ministre de la Culture ayant décidé de relancer le dialogue auteurs/éditeurs sous l’égide de ses services dès le début 2023, les organisations d’auteurs lui demandent d’énoncer avec clarté ses priorités pour les auteurs et de prendre les mesures nécessaires pour enrayer la précarisation croissante qui les menace et met en péril la vitalité, la richesse et la diversité de la création éditoriale française.
Le jury salue la présélection 2022 illustrant la richesse et la diversité du grand reportage. Ces journalistes sont l’honneur d’une profession en prise directe avec les soubresauts, les fulgurances de l’histoire. Pour le 90e anniversaire de la mort d’Albert Londres, le jury a délibéré à Riga, souhaitant rendre hommage à tous les journalistes qui œuvrent pour rendre compte de la guerre déclenchée par la Russie contre l’Ukraine.
Après avoir travaillé pour l’AFP, le New York Times, le Guardian, Jeune Afrique, la BBC… Margaux Benn, franco-canadienne, est aujourd’hui grand reporter au Figaro. Le jury avait déjà remarqué sa plume singulière en la présélectionnant à deux reprises. Il salue aujourd’hui son style, son écriture enviable, une tendresse dans le regard posé sur ceux qui sont au front, des angles inattendus et un renouvellement permanent de son art du récit.
Ces deux femmes, qui réalisent des documentaires depuis plus de dix ans, ont réalisé ce film aussi terrifiant et glaçant qu’il est précurseur et prémonitoire. Alexandra Jousset et Ksenia Bolchakova ont été les premières à documenter les actions de cette armée de l’ombre, contribuant à nous faire comprendre les enjeux de la géopolitique du Kremlin. Le jury récompense une enquête fouillée et implacable, un travail dangereux sur des terrains où le prix de la vie ne vaut pas cher.
Journaliste de presse écrite et de télévision, Victor Castanet a mené une enquête de trois ans dans l’univers des Ehpad qui a abouti à une déflagration, un séisme, une prise de conscience dans la société. Le jury ne pouvait pas passer à côté d’un tel coup de poing sur ces trafiquants de la mort car Les Fossoyeurs illustre parfaitement « la plume dans la plaie » chère à Albert Londres.
Un Prix d’honneur a été décerné à Andriy Tsaplienko et Sevgil Musaieva, respectivement envoyé spécial 1+1 Media Ukraine et rédactrice en chef de Ukrainska Pravda, afin, à travers eux, de témoigner aux journalistes ukrainiens une solidarité sans faille pour le travail effectué sur la guerre qui frappe leur pays. Chaque jour, ils rendent compte, et documentent pour une future justice. Ils sont en première ligne d’un défi lancé au journalisme : témoigner en temps réel, se battre pour être au plus près de la réalité des faits. Ce prix leur sera prochainement remis à Kiev par une délégation de journalistes du Prix Albert Londres.
Le jury 2022 présidé par Hervé Brusini, était composé de : Lise Blanchet, Annick Cojean, Catherine Jentile, François Hauter, Christian Hoche, Jean-Xavier de Lestrade, Manon Loizeau, Sylvain Louvet, Alain Louyot, Jean-Baptiste Malet, Jean-Paul Mari, Delphine Minoui, Alfred de Montesquiou, Michel Moutot, Patrick de Saint-Exupéry, Frédéric Tonolli, Olivier Weber, ainsi que des lauréats 2021 : Caroline Hayek, Emilienne Malfatto, Alex Gohari et Léo Mattei.
Stéphane Joseph – 06 82 90 01 93 – stephane.joseph@scam.fr
Parce que la création sonore est un parent pauvre des politiques publiques, la Scam dévoile au Paris Podcast festival un livre blanc pour franchir le mur du son !
Ce document à destination des décideurs français et européens élabore des pistes législatives, fiscales, économiques concrètes, pour une meilleure structuration de la profession et un rééquilibrage de la chaîne de valeur de la création sonore.
Malgré l’essor remarquable du podcast et le vif intérêt du public pour la radio, la structuration du secteur est encore balbutiante. La création audionumérique souffre de plusieurs impensés juridiques : les conditions de la propriété intellectuelle peinent à être systématiquement garanties et un réel statut manque aux autrices et auteurs sonores pour dialoguer en confiance avec les différents acteurs du secteur (producteurs, diffuseurs, plateformes…).
Dans ce contexte, Création sonore, pour un écosystème pérenne se veut une plateforme de proposition :
Afin de maintenir et préserver l’essor de la création sonore : clarifier le régime juridique de la diffusion sonore pour un partage de la valeur avec tous les acteurs de la chaîne de création.
Sommaire
Franchir le mur du son, par Karine Le bail et Rémi Lainé (p3-4)
Préambule : Création sonore pour un écosystème pérenne (p5-6)
1. Le partage de la valeur : L’autorisation des ayants droit comme pilier de la diffusion sonore (p7-10)
2. Un écosysteme vertueux pour financer la création sonore (p11-15)
3. Donner une place aux auteurices de la création sonore dans le droit français (p17-21)
4. Encourager les décideurs Français et Européens à faire une place au média sonore dans la régulation des médias (p23-28)
Paroles de professionnels (p29-53)
astrid lockhart – 06 73 84 98 27 – astrid.lockhart@scam.fr
La Scam lance aujourd’hui son premier podcast pédagogique destiné aux auteurs et autrices sonores.
Le répertoire radiophonique a toujours occupé une place de choix à la Scam. Afin d’accompagner au mieux ses membres, la Scam a créé le podcast « A comme auteurice » qui voit le jour après la signature de nombreux accords déterminants pour les droits d’auteur avec des plateformes de podcast. Il confirme le rôle de la Scam et sa volonté d’accompagner les formes innovantes de diffusion et de création sonore.
Dans une approche résolument didactique et vulgarisatrice, « A comme auteurice » aborde les grandes notions du droit d’auteur à l’attention de celles et ceux qui créent des podcasts. Neuf capsules audios déclinées sous la forme d’un abécédaire de mots clés, neuf épisodes essentiels pour comprendre des notions fondamentales :
A comme auteur, autrice
B comme bourse
C comme contrat
D comme déclaration
D comme droit d’auteur
D comme diffusion
E comme écosystème
O comme œuvre
R comme rémunération
« A comme auteurice » est un podcast de la Scam, produit par wave.audio. Il est écrit et présenté par Samia Basille, réalisé par Emmanuel Baux et produit par Isabelle Duriez.
À découvrir sur toutes les plateformes d’écoute.
astrid lockhart – 06 73 84 98 27 – astrid.lockhart@scam.fr
Depuis quarante ans, la Scam s’est construit une identité visuelle forte : son site, scam.fr, sa revue, Astérisque, ses créations graphiques portent haut l’ensemble de ses engagements. Mais, alors qu’elle incarne le réel à travers l’image ou le texte, il lui manquait de se raconter par le son.
Retour sur un voyage créatif et sensoriel, aux côtés de l’autrice-compositrice et documentariste sonore Marie Guérin. Elle a capté les bruits du monde mêlés aux motifs musicaux qu’elle a façonnés pour créer l’identité sonore de la Scam.
Formée, en partie, à l’Institut national de l’audiovisuel, Marie Guérin y aborde les notions techniques et physiques relatives à l’onde sonore. Puis, elle intègre la classe d’électroacoustique de la compositrice Christine Groult, au Conservatoire régional de Pantin, où elle étudie ce que l’expérimentation dite schaefferienne — du nom de Pierre Schaeffer, connu comme le père de la musique concrète — nomme « l’écoute réduite », et dont ces classes sont l’héritage. Marie apprend à tresser un discours, une composition, dans ce que François Bayle, autre pionnier expérimentateur de cette musique, appelle « un aller-retour incessant entre le geste et l’oreille ».
Piocher dans le réel son caractère musical, lors d’une cueillette, d’une capture dans l’environnement sonore, chercher sa poésie « inouïe », comme la définit Schaeffer. Cette matière première collectée qui se transforme, se détourne, se coupe, se retouche, se monte pour que ces sons microphoniques deviennent des sons jamais entendus. C’est ainsi que Marie Guérin crée.
Pour cette nouvelle composition, l’artiste sort du studio, armée de son expérience de musicienne électroacoustique et de documentariste audio, et part capturer le réel, ces bruits du monde. Les prélever. Pour les (re)composer. Trouver sa gamme, les notes, les couleurs.
La signature sera un mélange entre des prises de son du réel, une mélodie jouée à la fois par des instruments acoustiques et des instruments virtuels, le tout façonné en studio par les outils de la musique électronique.
Durant plusieurs jours, Marie arpentera la nature, la ville, des terrains divers et multiples pour capter le bouillonnement de ce qui nous entoure et forger l’identité sonore d’un collectif d’auteurs et d’autrices du réel…
Bienvenue sur le chemin de la création.
Traduire et transposer l’identité de la Scam, recueillir et concentrer ses intentions, ses regards, ses envies, ses énergies, sa diversité, ses voix dans une signature sonore. Passionnant !
Marie Guérin
Point de départ : l’élaboration d’une partition, d’une formule, un motif comme une typographie sonore, un jeu de ponctuation… Une composition, certes, mais pas au sens classique du terme. Non. Marie Guérin chantonne. Une ritournelle. Inspirée de la tradition orale, populaire, elle sera la base de son travail, mais aussi celle d’une culture ancestrale, où la musique est conçue, organisée, enseignée, conservée en dehors de tout système d’écriture, et que Marie a à cœur de faire entendre. Travaillée avec les outils de la musique électronique, la mélodie sera posée, puis embarquée pour le début d’une autre marche, celle de la glaneuse en quête du réel, de la polyphonie du monde.
L’artiste décide d’entamer son voyage du côté de Montmartre. Équipée d’une enceinte Bluetooth pour rediffuser le motif musical sur le terrain, de son enregistreur, et de son micro qu’elle dit être sa plume, ses notes, sa gamme. Comme pour Charles Duvelle, ethnomusicologue et grand collecteur de musique populaire, « utiliser le microphone comme on utilise un instrument de musique ».
Elle grimpe vers la basilique du Sacré-Cœur. « Hakuna Matata », lui glisse un vendeur de bracelets brésiliens à la sauvette. Et ce sera à la sauvette que Marie poursuivra sa récolte… Elle rencontre Moncef, en haut de la butte, Bernardo et Maxence. Musiciens qui pour le plaisir du passant grattent leur guitare en échange de quelques pièces. Elle enregistre. Puis, rue des Trois-Frères, dans un immeuble soutenu par des étais, Jésus et Elloy. Elle boit une bière, fume une cigarette. Ce jour-là, Marie a recueilli le silence dans la basilique et la prière de l’un de ces flâneurs… Jésus a joué à la guitare la mélodie qu’elle a composée, diffusée sur l’enceinte. Marie éteint l’enregistreur.
Se fondre dans le réel. Capter ce qui étreint, accumuler et bâtir la banque de sons qui composera les fondations du corpus original. Y plonger le motif mélodico-rythmique. Bousculer la partition. Le travail de création et d’immersion se poursuit.
Suivant sa première inspiration, guidée par l’idée d’aller glaner au pied des street pianos — ces instruments placés dans la rue ou dans les espaces publics qui invitent le passant à jouer, à l’instant — Marie se rend gare Montparnasse, où elle croise Pierre. Assis au piano, il improvise La Lettre à Élise. Ensemble, ils tentent de reproduire la mélodie de Marie qu’elle diffuse et rediffuse comme un memento sur l’enceinte ambulante… Mais cela ne prend pas. Ce que l’on imagine, parfois, et ce que la réalité nous donne ne s’accordent pas toujours.
Marie voudrait pouvoir écrire une partition avec cette musique anecdotique, selon la formule de Luc Ferrari — représentant majeur dans les années 1960 de la musique concrète : un mélange de réel impromptu, fixé et composé de notes, de croquis, de photos, de citations, de ces substances capturées du terrain… Il faut que l’instrumentarium se construise, trouver ce son de tête, chef de file de l’œuvre.
De cette matière amassée au son de ses escapades, Marie veut nourrir la mélodie d’une présence humaine. Des souffles, des voix, distinctes ou pas, qui bourdonnent, murmurent, glissent dans l’atmosphère. L’artiste cherche la rumeur, cet ensemble confus de bruits, de sons, au même instant, au même endroit. Elle part à la rencontre de la chorale La Tête à l’Est, dirigée par Corinne Ernoux. L’ensemble vocale se lance, les pépiements s’échappent alors de l’harmonie d’où vibre la note en accord continu. Quand le réel se met au service de la mélodie et qu’il devient grille et partition. Le corpus s’étoffe.
Retour à la gare Saint-Lazare, en immersion. Moumene, voyageur au street piano, rejoue la mélodie de Marie à l’oreille… Mais le piano est trop moderne. Sa tonalité ? La quintessence de la musique occidentale. Marie replonge alors à la genèse, lorsque la mélodie s’est imposée à elle. Cette ritournelle, ancestrale. Le serpent s’invite doucement dans ses pensées créatives. Courbé en S, percé de six trous, à la vibration cuivrée, dont les premières traces remontent à la fin du XVIe siècle, il a longtemps accompagné le chant liturgique et le chœur dont il renforçait la partie grave lors des offices religieux. Pour l’artiste, il incarne quelque chose d’atemporel, d’inclassable, datant d’une époque où la notation musicale était minimale, au plus juste de ce que représente pour elle la musique électroacoustique.
Dans le soin et l’énergie apportés à la confection d’un corpus original se joue déjà une intention forte. Dans les prises de sons, on entend le geste et son intentionnalité. Une clé est à trouver, là, dans le geste – si fort et chargé de responsabilité – de captation du réel.
Marie Guérin
Volny Houstiou, professeur de serpent et de tuba au conservatoire de Rouen, arrive à Paris pour accompagner Marie dans une nouvelle séance d’enregistrement. Déplacer l’instrument in situ. Pour cela, ils investissent la Scam, son porche, sa cour, ses caves, pour y tester différentes acoustiques. Puis, le brouhaha du parc Monceau voisin, entre quiétude et agitation, nœud d’énergie, où Volny se met à jouer au milieu d’un groupe de sportifs. Ça bruisse, palpite, bourdonne…
Pause. Se reprend le souffle.
Comme pour retourner à l’essence même de cet instrument immémorial qu’est le serpent, un dernier instant le consacre, dans l’église orthodoxe roumaine des Saints-Archanges, où le père Iulian les accueille, rue Jean-de-Bauvais dans le Ve arrondissement. Un dernier voyage. Dans le temps et l’espace. Pour capter cette sonorité sublimée dans ce lieu de sacre. La journée est finie. La quête aussi.
Dans le studio du compositeur électronique commencent maintenant le tissage, la composition à partir de ces matériaux. À assembler. Puis à mixer.
La séquence de mixage, réalisé dans les studios du Groupe de recherches musicales — fondés en 1948 par Pierre Schaeffer sous le nom de Groupe de musique concrète, et qui reste aujourd’hui l’un des plus grands centres de musique électroacoustique — clôt cette partition pensée avec les bruits du monde. Avant-dernière étape durant laquelle Marie transpose ce corpus sonore vers la composition finale. Elle joue avec les sons, les étire, les mélange aux instruments électroniques.
L’identité se décompose puis se recompose en autant d’univers que d’usages. Pour la Scam, Marie a imaginé le son du logo animé jusqu’ici muet, un tapis sonore et des virgules qui viendront tour à tour rythmer les contenus vidéos et podcasts à venir de la société d’auteur.
La signature sonore est enfin là. Imaginée, conçue et créée dans ce passage étroit entre la musique et la voix, entre réalité et création, entre bruit du monde et arythmie instrumentale. Un travail délicat, réalisé grâce au savoir-faire et à la sensibilité de Marie Guérin et avec la complicité professionnelle du studio wave.audio, qui désormais fera vivre, et surtout vibrer la Scam.
Pour son podcast L’Île sous la mer, Camille Juzeau est allée à la rencontre de collégiens et de collégiennes sur l’île de Petite-Terre à Mayotte. En nous dévoilant les coulisses de son enregistrement, elle nous raconte une terre secouée, entre tremblements de terre et violence, où la jeunesse îlienne dévoile des chemins de vie empreints de ces réalités qui s’entrechoquent, mais n’empêchent finalement pas les histoires d’enfant d’exister.
Tout au bout de l’île de Petite-Terre, 12 kilomètres carrés accrochés au flanc ouest de Mayotte et reliés par une barge, le collège de Pamandzi est déjà un peu sur les hauteurs.
Je dois y rencontrer des élèves de troisième pour le podcast que je suis venue enregistrer ici. À l’accueil, ils ont l’air préoccupés. Des parents sont là, des enseignants, les discussions semblent animées. Le professeur d’histoire-géo me cueille quelques minutes plus tard et m’explique : « Un règlement de compte est survenu hier soir dans le quartier : deux gamins de 12 ans ont été assassinés, décapités par d’autres du même âge. »
Il poursuit : « Une bonne partie des parents n’ont pas voulu laisser leurs enfants venir au collège ce matin, ils s’inquiètent pour leur sécurité. Ces derniers temps les violences ont augmenté, la Covid n’a pas aidé. » Nous sommes en janvier 2021, entre deux confinements. Tandis qu’il me parle, nous montons à l’étage, vers les classes. J’aperçois le proviseur par la porte ouverte de son bureau, il est au téléphone, l’air un peu dépassé par la situation.
Le professeur d’histoire-géo est calme, lui. Je lui dis que je peux revenir plus tard dans la semaine, mais il a déjà ouvert la porte d’une classe. Aux dix élèves présents, il demande : « Coucou les jeunes, qui veut parler du nouveau volcan au micro de la dame ? » Ça ne se bouscule pas, timidité des adolescents. Il en interpelle un ou deux gentiment, qui se lèvent, finalement pas mécontents. Je me dis que c’est pour eux une bonne excuse pour sécher le cours de SVT qui débute. Même chose dans la classe attenante où je me retrouve avec sept collégiens qui me sourient et chahutent entre eux. Ces mêmes collégiens qui connaissent sûrement les victimes ou les bourreaux des sinistres événements de la veille.
J’ai coupé la clim pour le son, et la chaleur envahit la salle de classe du préfabriqué où nous nous sommes installés. Djounaidi, 14 ans, s’est proposé pour commencer. Tout en faisant les tests micro je lui demande comment il va et il me raconte que ce sont ses cousins qui ont été tués. Ça s’est passé sur la colline de Pamandzi, derrière l’école, là où il habite.
Ces collines, couvertes de végétation haute, abritent des maisons en tôle, les bidonvilles de Mayotte sur Petite-Terre et Grande-Terre. Y logent surtout les Comoriens sans papiers. Dans la jungle, les descentes de police sont moins aisées.
Djounaidi est d’Anjouan. Soixante-dix kilomètres de mer séparent cette île des côtes françaises de Mayotte. Soixante-dix kilomètres que ses parents et lui, petit à l’époque, ont traversé de nuit, à bord de « kwassa-kwassa », minuscules bateaux de pêche. Le prix de cette périlleuse traversée ? Entre 700 et 1 000 euros, l’équivalent d’une année de travail aux Comores, l’un des pays les plus pauvres du monde. Une somme que beaucoup de Comoriens, aspirant à rejoindre les côtes françaises, continuent de payer aux passeurs aujourd’hui.
Le département, qui comptabilise la moitié des reconduites aux frontières françaises, a vu croître le nombre de mineurs isolés sur l’île. En 2015, le Défenseur des droits en recensait 3 000, sans famille et sans papiers. Sans ressources. Alors il y a l’errance, et la baston. Ça le met en colère, Djounaidi, cette violence qui défigure son île. La violence qui colle à la peau est là, latente, tout autour d’eux.
Mais dans ce préfabriqué où nos peaux sont déjà moites et où nos masques collent au visage, ce n’est pas cette histoire que je suis venue lui faire raconter. Alors je lui pose les questions que j’ai griffonnées sur un carnet : l’île comment est-elle ? Et la mer ? Et ce volcan sous-marin qui a surgit d’un coup au large de Petite-Terre ?
Il se prête au jeu facilement, raconte les tremblements de terre qui ont secoué l’île depuis 2017 ; la montée des eaux, l’inondation des routes ; l’arrivée des scientifiques de métropole à bord du Marion Dufresne, le bateau d’étude océanographique et de ravitaillement des Terres australes et antarctiques françaises. Mais il conte aussi ses excursions avec ses frères et sa sœur autour de l’ancien cratère devenu lac, vert fluo et acide ; les histoires que sa mère lui rapporte, les souvenirs qu’elle a de sa vie sur l’île comorienne ; sa grand-mère, restée là-bas et qu’il n’a pas revue depuis des années ; les nuits où il observe les étoiles et qu’il se prend pour un pirate, et les matins où les oiseaux multicolores piaillent à ses fenêtres. Sa sœur qui veut devenir ornithologue et lui policier.
Sa réalité : tout cela à la fois.
Sur la barge, je divague en regardant la mer, chargée de chacune des histoires qui constituent la complexité d’un réel, qu’un documentaire ne peut qu’effleurer, et pourtant.
Camille Juzeau
Puis chacun des six autres avec leurs mots sortis de l’enfance racontent les évolutions liées à la naissance du géant sous-marin qui a fait perdre douze centimètres à leur île. Ça charrie gentiment, certains sont timides, d’autres attirés par le micro. On a ri, finalement, cet après-midi-là. Ils ont pensé un peu à autre chose, c’est ce que je me dis.
En reprenant la route en sens inverse, en fin de journée, je marche longuement le long de la nationale, guettant un bus censé passer en ce lieu. On m’a dit de ne pas traîner dans les parages. Alors quand, à un angle de rue, j’aperçois un gars qui s’approche de sa voiture et me voyant un peu perdue me fait signe de monter, je n’hésite pas. En roulant vers la mer, il me parle. Il me dit qu’il vit là, à Petite-Terre, depuis cinq ans. Il a fui la Syrie, réfugié politique. On doit avoir à peu près le même âge. Il me parle des fêtes qui ont lieu ici, et me propose de revenir le samedi suivant.
Sur la barge, je divague en regardant la mer, chargée de chacune des histoires qui constituent la complexité d’un réel, qu’un documentaire ne peut qu’effleurer, et pourtant.
J’élague des parties entières du réel pour construire une bonne histoire.
Camille Juzeau
Paris, quelques semaines plus tard. Face à mon ordinateur, je coupe et découpe les paroles, les mots, les ambiances de la mer ou des oiseaux enregistrés à Mayotte. Je réécoute Djounaidi, le professeur d’histoire-géo… Et aussi la dame mahoraise qui m’a ouvert sa maison – alors que ces maisons sont difficiles d’accès aux blancs – et qui, malgré sa gentillesse, s’énervait pourtant que trop de Comoriens transforment l’île autrefois si calme. La faute, pensait-elle, leur revenait. J’élague des parties entières du réel pour construire une bonne histoire. Un récit avec un début percutant, des cliffhangers et des scènes fortes, car il faut embarquer l’auditeur.
Mais face à mon écran, j’ai encore en tête imprimés les yeux brillants de Djounaidi, celui qui se rêvait pirate.
***
Après des études en sciences du vivant et en histoire et philosophie des sciences, Camille Juzeau se lance notamment dans le journalisme avec l’écriture de chroniques pour Radio France, avant de devenir autrice et réalisatrice de ses premiers podcasts, et d’ajouter à ses compétences celle de productrice. En parallèle, elle poursuit ses nombreuses collaborations à la radio.
Photographe, documentariste, auteur de fiction et même preneur de son, les casquettes ne manquent pas pour définir l’art du travail de Roger Pic. Mais ce qui caractérisait surtout ce boulimique d’images reste incontestablement sa foi en l’autre. Aujourd’hui, à travers le prix qui porte son nom, la Scam consacre cet explorateur visionnaire, militant du droit d’auteur, et, à travers lui, toute une génération de grands reporters. Retour en mots avec Rémi Lainé, président de la Scam, sur cet incroyable personnage, et en images avec un film retraçant les trente et un lauréats et lauréates qui depuis 1993 portent haut son héritage.
Photographe dans la veine des plus grands, documentariste, pêcheur de sons, curieux des nouvelles formes de prise de vue, il a traversé son temps le regard aux aguets, avec épinglées au cœur les « vertus de l’espérance » selon les mots de Régis Debray, que reflètent la plupart de ses images. Si son approche des grands dirigeants révolutionnaires, Castro, Mao ou Hô Chi Minh lui a valu, suprême honneur, le titre décerné par la presse conservatrice d’« attaché de presse des barbares », il semble plutôt que tout de lui renvoie à l’humanisme, cette foi en l’autre qui rend le monde meilleur.
Né en 20 du nom de Pinard, ça ne s’invente pas, il s’est choisi comme pseudonyme Pic diminutif de picrate, « vin de piètre qualité » en argot. L’homme devait avoir chevillé à l’âme un certain sens de l’autodérision, cette belle marque de sensibilité et d’intelligence. Biberonné au Front populaire qu’il a vu émerger, épris de culture (« cinglé de théâtre » disait-il, il a engrangé 280 000 photos de scène), aventurier tout terrain et boulimique d’images, il s’est engagé très tôt dans un combat pour faire reconnaître le droit des preneurs de vues. Leur droit à gagner leur vie. Dans un métier très empreint d’individualisme, il s’est toujours inscrit comme un homme du collectif et c’est ce qui fait de lui un pionnier d’exception. Évangéliste du droit, il s’était alerté de la judiciarisation excessive de ses revendications qui, appliquées à l’excès, pourraient conduire un photographe à devoir payer pour prendre une vache dans un pré, « puisque la vache appartient à quelqu’un et le pré également ».
Penser qu’il aurait pu serrer la main de Clemenceau et que, sur ses vieux jours, il s’est intéressé à l’« immatriculation numérique des images » qui circulent sur internet, donne une idée de l’envergure et de la longévité du personnage. Il y avait chez cet homme un côté explorateur visionnaire. Lorsqu’il courait le monde, il opérait « … caméra à l’épaule, magnétophone sur le ventre, petite perche dans la ceinture pour le micro, sac à dos pour les magasins de la caméra 16mm, batteries de secours, appareil photo et pellicules, petite caméra de secours, un œil dans la caméra dans la main droite, l’autre dans le Leica tenu dans la main gauche ». À contre-courant des nostalgies annonciatrices d’aigreur, il a vécu – et on le comprend volontiers vu ce qui précède -, l’arrivée des caméras numériques « si légères et maniables » comme un apport décisif, « une renaissance ».
Roger Pic a été très tôt un compagnon de route de la Scam, la communauté des auteurs et autrices du réel créée il y a quarante ans. Que le prix photo qu’elle décerne chaque année porte son nom répond à un impératif organique, naturel. Il a décliné son art dans tous les répertoires qui sont aujourd’hui ceux de la Scam, le documentaire, le journalisme, la photo bien sûr, l’écrit, la radio, la vidéo. Nous, les 50 000 auteurs et autrices avons, même sans le savoir, toutes et tous en nous quelque chose de Roger Pic.
Rémi Lainé, réalisateur et président de la Scam
L’œuvre de Roger Pic illustre le passage entre la photographie humaniste et toute une génération de photojournalistes. À l’occasion des 30 ans du prix qui porte le nom de ce boulimique d’images, la Scam a réalisé un film présentant les trente et un lauréates et lauréats, toutes et tous témoins photographiques de leur époque. Retour sur trente ans d’histoire du réel.
Emprisonné à Téhéran depuis six mois et condamné à une peine de six ans de prison pour « participation à des rassemblements et propagande contre le système » le cinéaste iranien est en grève de la faim. Ses proches sont extrêmement préoccupés par un état de santé qui se dégrade très rapidement.
Caméra d’or à Cannes en 1995, Ours d’Or à Berlin en 2018 pour Taxi Téhéran et lauréat l’année dernière du prix spécial du jury à la Mostra de Venise avec Aucun Ours, Jafar Panahi est un immense cinéaste. Il est victime de la répression d’un régime qui s’asseoit sur ses propres lois. Aux termes-même d’une décision de la cour suprême iranienne, il aurait dû être remis en liberté il y a plusieurs jours.
L’arbitraire dont Panahi est victime contribue à anéantir des décennies d’émergence du cinéma iranien qui tant en documentaire qu’en fiction, s’inscrit comme l’un des plus inventifs du monde.
Les 50 000 autrices et auteurs de la Scam tous répertoires confondus, et au premier chef tous ses membres cinéastes mais aussi journalistes et gens de radio sont à ses côtés.
astrid Lockhart – astrid.lockhart@scam.fr
Eclairage sur les activités et revenus qui relèvent du régime de sécurité sociale des artistes-auteurs.
Entre revenus principaux et revenus accessoires, voici ce que vous devez retenir.
La liste des revenus susceptibles d’être rémunérés en revenus artistiques est désormais encadrée par une instruction ministérielle du 12 janvier 2023 qui précise et enrichit le décret du 28 août 2020. Fruit d’une longue concertation, ce texte couvre de manière plus complète la pluralité des activités des auteurices en tenant compte de l’évolution des pratiques. Il facilite ainsi l’unicité de déclaration de revenus au sein d’un seul et même régime social.
En tant qu’autrice et auteur, vous êtes en effet affilié au régime général de sécurité sociale pour les assurances sociales (assurance maladie-maternité-invalidité-décès, retraite) et les prestations familiales. Pour en bénéficier vous devez percevoir « un revenu d’une ou plusieurs activités relevant des articles L. 112-2 ou L. 112-3 du code de la propriété intellectuelle (CPI) et se rattachant à l’une des branches professionnelles » des métiers de la culture, il s’agit de vos revenus artistiques principaux.
Attention, le régime de Sécurité sociale des artistes-auteurs ne s’applique pas aux activités artistiques salariées. Dès lors que l’auteur ou l’autrice se trouve dans un lien de subordination, il ou elle ne peut pas être rémunéré en revenus artistiques en contrepartie de son travail. C’est le cas en particulier des réalisateurs et réalisatrices – et des journalistes.
Les activités relevant des revenus artistiques doivent nécessairement pouvoir être rattachées à une des branches professionnelles des métiers de la culture : l’écrit (y compris dramaturges, traducteurs et traductrices, et illustrateurs et illustratrices du livre), la musique (compositeurs et compositrices, y compris chorégraphes), les arts graphiques et plastiques, le cinéma et l’audiovisuel (y compris la radio, la traduction audiovisuelle) et la photographie.
Ce sont les revenus tirés de la conception ou de la création, de l’utilisation ou de la diffusion d’une œuvre au sens du CPI (cf annexe 1 de l’instruction ministérielle du 12 janvier 2023, liste de 1 à 12) soit :
Bon à savoir : Les prix ou récompenses qui prennent une forme pécuniaire constituent en principe des revenus artistiques. Toutefois, lorsqu’ils remplissent certaines conditions, ils sont exonérés d’impôt sur le revenu et peuvent, par extension, être également exonérés de cotisations sociales. Cette dernière exemption est toutefois facultative : c’est à vous de choisir si vous voulez faire rentrer ce revenu dans votre assiette sociale lors de votre déclaration à l’Urssaf. L’exonération fiscale concerne : les prix Nobel ou récompenses internationales de même niveau ; les autres prix remplissant les critères cumulatifs remis pour une œuvre ou un ensemble d’œuvres à caractère littéraire ou artistique (décernés par un jury indépendant ou attribués depuis au moins 3 ans). La plupart des Prix et Etoiles de la Scam sont concernés par l’exonération.
Ce sont les revenus issus d’activités exercées dans le prolongement de votre activité artistique cf annexe 1 de l’instruction ministérielle du 12 janvier 2023, liste de 13 à 16), soit :
Pour pouvoir déclarer des revenus dits « accessoires », vous devez remplir deux conditions :
La Sécurité sociale des artistes-auteurs (ex Agessa/MDA) se charge de votre affiliation si vos revenus perçus relèvent bien du champ des revenus artistiques.
Quand vous déclarez en TS (traitements et salaires), elle est effective deux mois à compter du premier précompte (prélèvement) par votre diffuseur (producteurs, éditeurs, diffuseurs ou société d’auteur) de vos cotisations sociales. Les diffuseurs effectuant des déclarations trimestrielles à l’Urssaf, dans la plupart des cas l’affiliation sera rétroactive ;
Quand vous déclarez en BNC (bénéfices non commerciaux) elle est effective à partir de la date de votre inscription auprès du centre des formalités des entreprises.
Cet accord avec les organisations professionnelles de l’audiovisuel réaffirme l’attachement du Groupe M6 au maintien d’une diversité des producteurs représentée à l’antenne et d’une diversité de genres, de formats et d’écritures, au service de la création et de l’émergence des talents.
Cet accord interprofessionnel, qui inclut l’ensemble des éditeurs de services de télévision et de médias audiovisuels à la demande du Groupe M6, prévoit notamment :
Ainsi, dès 2023, le Groupe M6 renforce sa position de partenaire privilégié du documentaire de création et de l’animation en consacrant plus de 11% de son obligation patrimoniale dans chacun de ces genres.
Avec cet accord, le Groupe M6 et les organisations professionnelles de l’audiovisuel confirment leur volonté de travailler dans un climat de confiance avec l’ambition de s’adapter aux nouveaux enjeux du secteur audiovisuel français et de soutenir la diversité de la création audiovisuelle.
Contact presse
Scam – Astrid Lockhart – astrid.lockhart@scam.fr
Rémi Lainé, président de la Scam,
Lola Peuch et SURVIVANCE,
ont le plaisir de vous inviter à la projection du film documentaire
2022 – 45 minutes – produit par SURVIVANCE
Lauréat de la Bourse « Brouillon d’un rêve » de la Scam
Depuis la scène d’un théâtre de plein air dans le Bois de Boulogne, Heden, Claudia et Samantha, travailleuses du sexe, racontent le Bois comme leur lieu de travail. Par-delà leurs récits, les paysages de ce qui fut une forêt avant d’être transformé en promenade bourgeoise à la fin du 19ème siècle, accueillent les histoires d’une narratrice qui traverse le temps.
Projection du film documentaire de Amaury Voslion. Retransmis en direct sur le site de la Scam.
Rémi Lainé, président de la Scam,
Amaury Voslion, Les Films du Sillage et AM Art Films,
ont le plaisir de vous inviter à la projection du film documentaire
2022 – 52 minutes – produit par Les Films du Sillage et AM Art Films, en coproduction avec BipTV, avec la participation de TV5MONDE
En immersion dans l’atelier du grand couturier et maître d’art Franck Sorbier, nous le découvrons au travail, avec sa femme Isabelle et leurs oiseaux en liberté. Chez les Sorbier, on élabore des vêtements d’art, des robes poèmes, où les traditions et l’histoire nourrissent des visions d’avant-garde, la création en étendard, le savoir-faire en mode de vie.
Rémi Lainé, président de la Scam,
Louis Aucoin et La Huit Production,
ont le plaisir de vous inviter à la projection du film documentaire
2022 – 52 minutes – produit par La Huit Production et Cineam
Lauréat de la Bourse Brouillon d’un rêve de la Scam
Agriculteurs en Ile-de-France, ils ont filmé en 8 mm ou super 8 la vie de la ferme, le travail des champs, les fêtes de famille et de village. Des années 50 aux années 80, au fil de ces témoignages, se déroule une histoire du monde rural : on quitte un modèle paysan et familial pour l’agriculture industrielle d’exportation. Je tente de répondre à travers ces images familiales à mes propres interrogations sur notre futur agricole. Dans les années 50, les terres d’Ile-de-France nous nourrissaient.
Avec une présence musicale d’Arnaud Methivier
Décerné par la Commission des écritures et formes émergentes de la Scam, le prix Nouvelles Écritures a été remis au Fipadoc à Thierry Loa pour 21-22 China, le premier film d’une série en 360 VR époustouflante.
Nous vivons à l’époque anthropocène marquée par l’impact de l’humain sur la planète : un voyage méditatif immersif qui fait découvrir une Chine où l’urbanisation rapide, le développement industriel majeur et les changements massifs transforment la topographie.
En nous proposant une expérience vertigineuse de réalité virtuelle, 21-22 China nous immerge dans une démonstration implacable sur la transformation d’un territoire par les activités humaines.
Avec une composition sonore subtile, et sans un mot de commentaire, l’œuvre révèle les paysages naturels, industriels et urbains avec la même grâce esthétique et nous permet de ressentir et comprendre les effets de nos actions sur la planète.
Le jury a également souhaité récompenser la démarche globale de Thierry Loa, qui s’est lancé dans un état des lieux clinique et visuel de ce que l’on appelle désormais l’anthropocène.
Le Jury : Pascal Goblot - Claudia Marschal - Marianne Rigaux
Thierry Loa est un cinéaste interdisciplinaire et un créateur de contenu pour les nouveaux médias. Ayant étudié le multimédia, la philosophie, le cinéma et la géographie, il a exploré et travaillé dans diverses disciplines visuelles et médiatiques, sur une gamme variée et mixte de projets tels que des installations vidéo, des films, de l’interactif et de la photographie.
Découvrez l’ensemble de ses œuvres www.doctorhello.net
Le jury était composé des membres de la Commission des écritures et formes émergentes de la Scam : Claudia Marschal, autrice, réalisatrice – Pascal Goblot, documentariste, vidéaste – Marianne Rigaux, autrice, réalisatrice.
Jean Daive, lauréat du Prix de l’ensemble de l’œuvre sonore de la Scam 2022, est l’une de ces voix que l’on garde en tête, une fois le poste éteint. Homme de radio, mais aussi écrivain, poète, « encyclopédiste, reporter et photographe », comme il aime à se présenter, son œuvre singulière résiste à toute forme d’enfermement.
Quand en 1975 Jean Daive entre à France Culture où “lui est révélée la matière vivante quasi fusionnelle de la parole”, l’ORTF vient d’éclater. Parmi les innovations de la nouvelle grille des programmes composée sous la direction d’Yves Jaigu : Poésie ininterrompue, une émission dont le titre a été imposé par Alain Trutat, ancien secrétaire de Paul Éluard qui, après avoir été un grand réalisateur, était devenu un des principaux conseillers de programmes de la chaîne (nous lui devons entre autres l’Atelier de Création Radiophonique en 1969).
Poésie ininterrompue, coordonné par Claude Royet-Journoud, proposait d’écouter un ou une poète, lisant des textes de son choix par tranches de cinq minutes (à 7 h 02, 14 h, 19 h 55 et 23 h 50 du lundi au samedi) avant de s’entretenir le dimanche à 20 h pendant quarante minutes avec un ou une de ses pairs. Après avoir officié deux fois en tant que présentateur et intervieweur, Jean Daive en a été le neuvième invité.
Je m’en souviens car cette année-là, j’ai commencé à écouter France Culture avec attention. Étudiant en deuxième année d’architecture et arts plastiques aux Beaux-Arts de Paris, j’entendais des voix, le soir, dans ma petite chambre envahie de livres et de dessins, sans toujours retenir les noms des locuteurs. Mais comme sur le chemin de l’école, j’avais trouvé par hasard dans une petite librairie bien achalandée Fut bâti de Jean Daive (Gallimard, 1973), ce nom d’écrivain ne m’était pas inconnu quand le timbre de sa voix a discrètement surgi du transistor à piles.
Jean Daive dont je me souviens des silences, et d’une certaine lenteur s’accordant parfaitement aux domaines qui, en dehors de l’écriture poétique que je me suis toujours refusé de pratiquer, pouvaient tisser des liens entre nous : ceux de l’image et du son.
Christian Rosset
J’avais tout juste 19 ans, et j’ignorais qu’avant la fin de l’automne, je deviendrais à mon tour producteur délégué à France Culture, tout d’abord à L’Atelier de Création Radiophonique (ou ACR), puis simultanément dans divers espaces de création comme les Nuits magnétiques où j’ai pu assez rapidement échanger hors micro avec les nombreux écrivains, le plus souvent poètes, qui y travaillaient – ce qui était le cas de Jean Daive dont je me souviens des silences, et d’une certaine lenteur s’accordant parfaitement aux domaines qui, en dehors de l’écriture poétique que je me suis toujours refusé de pratiquer, pouvaient tisser des liens entre nous : ceux de l’image et du son, de manière bien plus étendue que ce qui était privilégié par ma double formation de musicien et d’artiste visuel.
Avant de continuer à retracer ce singulier parcours radiophonique, il me faut apporter quelques précisions d’ordre biographique. Né le 13 mai 1941 à Bon-Secours, bourg frontalier du Nord, Jean Daive dit avoir eu une “enfance fiévreuse” où, au bord de l’autisme, il “découvre la musique, la peinture, le poème.” “Il aime les dictionnaires où il trouve – en même temps – une réalité et une utopie.” Il se décrit en “enfant du placard” faisant “l’expérience de l’écoute hallucinée : du moindre bruit, de la moindre syllabe identifiable”.
En 1967, alors qu’il atteint les 26 ans, un long poème, Décimale blanche, est en partie publié dans le n° 2 de L’Éphémère chez Maeght, puis en volume aux éditions du Mercure de France. Bientôt traduit en allemand par le poète Paul Celan, que lui-même traduit en français, c’est un livre “précurseur”, paru quatre ans avant État d’Anne-Marie Albiach (avec qui il s’entretiendra à cinq reprises), cinq avant Le Renversement de Claude Royet-Journoud et sept avant Répétition sur les amas d’Alain Veinstein (avec qui il sera associé à l’aventure des Nuits magnétiques). Ces quatre noms, auxquels il faudrait ajouter quelques autres, forment une constellation novatrice et vivante en ces temps où les jeux n’étaient pas faits.
En 1976, Le Jeu des séries scéniques, dans la collection “Textes” que dirige Paul Otchakovsky-Laurens chez Flammarion, me sidère par la puissance singulière de son écriture, tandis que la voix de l’auteur gagne chaque jour en présence sur les ondes. On ne fera pas la liste de tous les titres des livres de Jean Daive (il y en a aujourd’hui près d’une cinquantaine) ou de ses émissions de radio (son nom revient environ deux mille fois sur le répertoire d’Ina Mediapro).
Comment se trament le temps consacré à l’écriture et le temps libre, un temps ouvert à la rencontre, temps de l’écoute, de la chance, de l’accident, de l’imprévisible.
Jean Daive
On préférera relever à quel point ces activités d’écrivain et d’auteur radiophonique sont solidaires. Et qu’elles n’ont cessé de s’enrichir en se frottant à d’autres pratiques, ponctuelles ou plus secrètes. Jean Daive se présente parfois en encyclopédiste, reporter – qui, pour reprendre ses propres mots, “a très tôt perçu que la parole est le lieu où l’instant se transforme en enquête vivante” – et photographe. Ou encore en grand voyageur, Nagra en bandoulière, à la rencontre aussi bien d’artistes insaisissables, sinon par ruse, que d’inconnus croisés aux nombreux carrefours du Pays d’ici et d’ailleurs. Et de fantômes : de disparu(e)s, non sans laisser de traces.
Pour bien comprendre cette déambulation d’un lieu à l’autre, il faut éclairer ce curieux statut de “producteur tournant” accordé à certains d’entre nous, désireux de faire un pas de côté, plutôt que de s’enferrer dans la répétition du convenu. Avant que la radio ne passe à l’ère du numérique, cette chaîne pouvait se montrer favorable à diverses formes de déplacement, à la recherche d’imprévu.
“Tournant” signifiait “non assujetti à une case de la grille” : libre de changer de sujet, comme de format, passant du modus operandi le plus simple au plus complexe, sans hiérarchie. Ainsi pouvait-on, jour après jour, creuser son sillon, dans une continuité tissée de discontinuité, ce qui ne pouvait que convenir à des écrivains, des artistes, des musiciens non journalistes et non professeurs : généralistes du langage comme l’a proposé avec humour Claude Ollier, hantés par l’idée de faire surgir ce qui se trouve à la frontière entre plusieurs domaines et refusant de cultiver en spécialiste tel ou tel genre où règne l’entre-soi.
Impossible d’enfermer le travail de Daive dans une case quelconque, tant l’homme de regard s’accorde à l’homme d’écoute, attentif aux voix, aux respirations et au silence. Il est de ceux, pas si nombreux, qui ont su faire passer quelque chose de l’image par le son. On lui doit, aux Nuits magnétiques, la création d’une séquence titrée Peinture fraîche – intitulé qu’il reprendra en 1997, quand France Culture lui confiera un magazine hebdomadaire des arts visuels, dont il déroulera nombre d’épisodes jusqu’en juillet 2009 – une nouvelle direction ayant décidé de supprimer plusieurs émissions produites par des pionniers des Nuits magnétiques.
Il quitte alors l’antenne, convaincu qu’“il s’agit de résister ailleurs plutôt que de survivre ici”. Rappelons certaines émissions auxquelles son nom est attaché : Le Pays d’ici, Le Bon Plaisir, Les Chemins de la connaissance, À voix nue et autres Grands Entretiens (avec Gracq, Borges, Godard, Jean-Marie Straub et Danièle Huillet, Ponge, Boltanski, Marguerite Duras, Robert Rauschenberg, etc.), sans oublier les Émissions spéciales de dix heures comme Un rêve américain, Franz Kafka, William Faulkner-Mississipi…
Autre chose sur laquelle il nous faut insister : même quand une forte personnalité, de grand solitaire, voire de taiseux, est à l’origine d’un projet, le travail radiophonique dans la Maison Ronde nécessite – exige même – la constitution d’une équipe. Mais si les tâches peuvent être a priori hiérarchisées (chacun devant se tenir à son poste), les auteurs et autrices radiophoniques (signant de manière claire, reconnaissable, l’œuvre achevée) ont toujours contourné cette division du travail en opérant de nombreux échanges avec leurs équipes : écoutes et gestes partagés ; recherche commune de solutions pratiques.
Les émissions “d’essai” comme l’ACR. ou les Nuits magnétiques requièrent la formation, non de rédactions tenues au respect d’une ligne éditoriale, mais d’un collectif d’extracteurs et d’agenceurs du son, les mains dans le cambouis et solidaires.
Quand le Prix de l’ensemble de l’œuvre radiophonique de la Scam lui a été décerné en 2022, Jean Daive a tenu à rendre hommage à celles et à ceux qui ont accompagné son travail, insistant sur l’esprit de résistance qui les unissait : sur leur faculté de tenir tête à ce qui pourrait freiner le mouvement libre de la parole – du récit en devenir.
Raconter le son, comme le son raconte, par un mouvement dialectique, stimulé par des contraintes propres à engendrer une forme et non à en délimiter le contenu.
Christian Rosset
Raconter le son, comme le son raconte, par un mouvement dialectique, stimulé par des contraintes propres à engendrer une forme et non à en délimiter le contenu. Il convient de garder de la place pour ce qui disparaît (ce qui est passé de mode, ou l’éternel méconnu) tout en en trouvant pour ce qui reste sottement méprisé (les diverses contre-cultures).
Jean Daive peut aujourd’hui redonner vie à ses nombreuses archives sonores en les transcrivant, afin de les intégrer à de nouveaux écrits où l’idée de montage demeure centrale, comme ce livre publié par Nous en 2020, Les journées en Arlequin, “qui raconte comment se trament le temps consacré à l’écriture et le temps libre, un temps ouvert à la rencontre, temps de l’écoute, de la chance, de l’accident, de l’imprévisible”. Propos d’homme de radio qui ne manque pas d’emporter avec lui un appareil enregistreur et quelques bandes magnétiques quand il voyage, comme l’écrivain ou le peintre glissent dans leurs poches carnets, gomme et stylos.
Remarquons que les livres de Jean Daive sont pour moitié rassemblés en cycles, dont certains encore inachevés : L’Alphabet de l’enfant (cinq volumes dans la collection “Poésie/Flammarion”), Narration d’équilibre, La Condition d’infini, Trilogie du temps (chacun de ces trois cycles en quatre volumes chez P.O.L), Le Monde encore une fois (trois volumes ; un à la Galerie Jean Fournier et deux à L’Atelier contemporain), auxquels il faut ajouter un dernier, dit “inversé” : Encore une fois le monde, qui rassemble de beaux livres réalisés avec des artistes comme Joerg Ortner, Antoni Tàpies, Jean Le Gac, Jean-Pierre Bertrand ou Jan Voss. Il convient aussi de relever l’importance de son travail de traduction : de l’allemand (Paul Celan), et aussi de l’anglais des USA (Robert Creeley ou Norma Cole).
Et pour finir, noter qu’il a dirigé à cinq reprises depuis 1969 des revues, donc des espaces d’accueil de collectifs en devenir, où, même s’il ne s’y autopublie pas, on sent à chaque page sa présence, voire sa voix. Une des plus récentes, imprimée depuis 2013 en typographie par Éric Pesty, s’intitule K.O.S.H.K.O.N.O.N.G., du nom du lac auprès duquel la poète américaine Lorine Niedecker, compagne de route des objectivistes, a vécu “dans une cabane sans eau et sans électricité”. On revient toujours à la poésie, à l’esprit des lieux, à l’image, de manière sonore, visuelle, mais aussi musicale : ouvertement atonale.
Un souvenir pour finir. Un jour du printemps de l’an 2000, je rencontre par hasard Claude Royet-Journoud attablé à une terrasse de café. Il m’invite à m’asseoir en face de lui. On commence par échanger quelques nouvelles. Au moment précis où il se met à parler de Jean Daive en termes chaleureux, j’aperçois ce dernier entrer dans le champ de vision. Étonnante coïncidence. Comme Daive ne tarde pas à nous rejoindre, je suis témoin de la longue amitié entre les deux hommes – une forme d’amitié qui est l’exact contraire de la connivence : un moteur pour la création et non un signe d’appartenance à une élite. Je me sentais devenir tout à coup comme l’auditeur d’une émission de radio particulièrement vivante où les rencontres se feraient par attraction ; où s’exprimerait une solidarité du vivant ; où l’œil et l’oreille dialogueraient de concert ; où les mots s’accorderaient au silence.
La voix de Jean Daive est de celles que l’on garde en tête, une fois le poste éteint. Et son œuvre, qu’elle soit destinée à la publication sur papier ou à la diffusion par les ondes, entretient en permanence une force de résistance – inactuelle si on veut, mais incitant à une lecture, une écoute, au présent. Je suis certain qu’on ne cessera de la relire et de la réécouter et que de jeunes auteurs et de jeunes autrices la remettront en jeu dans leurs propres travaux.
Christian Rosset est un créateur radiophonique, compositeur de musique. Il est également écrivain et chroniqueur régulier au journal culturel en ligne Diacritik.
Le livre de Samuel Forey Les Aurores incertaines sortira le 1er février prochain aux éditions Grasset. Samuel Fory a été lauréat en presse écrite du Prix Albert-Londres en 2017.
Un matin brumeux de janvier 2011, Samuel Forey découvre qu’une révolution a éclaté en Égypte. Le Caire s’est embrasé et des milliers de révoltés ont pris d’assaut la place Tahrir, centre névralgique et politique de la capitale. Alors qu’il tentait de gagner sa vie comme journaliste depuis de nombreuses années, Samuel Forey prend une décision radicale . Du jour au lendemain, il quitte Paris et s’envole vers l’Egypte, à la recherche du grand soir.
S’ensuit une odyssée de six années au Moyen-Orient, au cœur du Caire tumultueux, traquant des rebelles dans le labyrinthe de roche et sable du Sinaï, s’initiant au reportage de guerre à Alep ou Gaza, partageant le quotidien des combattants kurdes en Syrie ou des soldats irakiens dans le chaudron brûlant de la bataille de Mossoul, en Irak, la plus importante guerre urbaine depuis la Seconde Guerre mondiale — au contact de l’humanité dans son extrême, pour le pire comme pour le meilleur.
Mais ce périple est aussi un cheminement intérieur. Profondément marqué par la perte précoce de ses parents, Samuel Forey fait l’apprentissage du deuil et de la mort. Quête du père, quête de soi, quête de sens, jusqu’au bout, là où le voyage se termine et le voile se déchire, quelque part dans l’explosion d’une mine, lors de la bataille de Mossoul.
Tout à la fois carnet de route, journal intime et récit initiatique, magnifiquement écrit, dans la tradition des écrivains d’aventure et de combat, les Aurores incertaines nous emmènent au cœur des tourments de ce début de siècle.
Projection du film documentaire de Ginette Lavigne. Retransmis en direct sur le site de la Scam.
Rémi Lainé, président de la Scam,
Ginette Lavigne et la revue Images documentaires,
ont le plaisir de vous inviter à la projection du film documentaire
2012 – 100 minutes – produit par l’Ina- Gérald Collas
Ce film, réalisé en 2018, est un voyage dans l’œuvre de Jean-Louis Comolli. Filmé dans l’espace d’un studio, Jean-Louis Comolli est confronté à des extraits de quelques-uns de ses films. Il revient sur ses choix de mise en scène et sur les thèmes qui ont nourri sa réflexion sur le cinéma.
Séance présentée par François Caillat.