Au programme de la 35e édition des États généraux du film documentaire, cinq films engagés qui ont été soutenus par le dispositif d’aide à la création de la Scam Brouillon d’un rêve, et le nouveau programme de la Nuit de la radio 2023 proposé par Judith Bordas.

Une fois de plus, la Scam vous convie à un grand voyage dans les limbes des brouillons devenus films. Voyage dans le temps, voyage intérieur, voyage lointain d’Alep à Ahmedabad. Des voyages qui « ouvrent une brèche de contradiction » comme le disait si joliment à propos du genre documentaire l’ami Jean-Louis Comolli, disparu l’an dernier – lui qui aimait le foisonnement de Lussas.

A propos de voyage, je voudrais m’attarder un instant sur Kadib Abyad – La Mère de tous les mensonges qui terminera avec éclat notre journée Brouillon d’un Rêve. Asmae El Moudir, sa réalisatrice, est casablancaise.  Elle se souvient depuis son tout-jeune âge d’un « besoin inné de raconter ». Sans doute son film vibrait-il déjà en elle sans même qu’elle le sache. « On a grandi ensemble », dit-elle. Il lui a fallu dix années pour le faire mûrir, pour « apprendre à raconter avec des images ». Le chemin de son rêve a été semé d’embûches, les sorcières et les bonnes fées étaient à l’affût. Asmae l’a porté en elle du Maroc au Sénégal, d’Ecosse en Italie, de Suisse aux Pays-Bas au gré des pitchs et des ateliers. Il y a eu des écritures, des réécritures, des aléas de production, des aides promises et jamais parvenues, d’autres trop modestes « pour un si grand rêve » même si tout était bon à prendre. Des prétendus sachants et sachantes ont tout remis en question. Il y a eu des moments de désespoir, des essaims de doutes et une force intérieure pour les esquiver : Asmae n’a jamais-jamais perdu de vue une petite étoile qui scintillait au bout du tunnel, le film à l’écran. Le Festival de Cannes a sélectionné Kadib Abyad pour Un Certain Regard. Asmae y a décroché le prix de la mise en scène puis dans la foulée, l’Œil d’or, le prix du documentaire créé par la Scam avec la complicité de Thierry Frémaux. Le voyage s’est poursuivi de festival en festival. Tchéquie, Afrique du sud en attendant Lussas. L’horizon s’élargit sans cesse, rien n’est désormais trop grand pour le rêve d’Asmae : lauréat de l’Œil d’or, La Mère de tous les mensonges est présélectionné pour les Oscars 2024. Asmae osait-elle l’imaginer quand toute petite elle éprouvait ce besoin de raconter ? Je dirais oui. Dix ans, elle n’a rien lâché. Asmae parle de « patience ». On pourrait dire « foi ». C’est surtout ce que l’on appelle être cinéaste.

Rémi Lainé, président de la Scam

Mardi 22 août à 17h30

Présentation du dispositif Brouillon d’un rêve Documentaire avec Lise Roure, responsable de l’aide à la création de la Scam (Bâtiment L’imaginaire).

Jeudi 24 août : Journée Scam | Brouillon d’un rêve (salle Scam)

Filmer l’autre côté du palier. Filmer comme un pacte scellé avec soi-même, avec sa ville, avec ses proches. Filmer la folle érudition d’un simple Monsieur. Filmer comme autant de subtils actes d’élévation, d’impertinence. La journée Brouillon d’un rêve vous convie à la découverte de cinq films remarquables, soutenus dès l’écriture par le dispositif d’aide à la création de la Scam.

Séance du matin à 10h15

Les sœurs Pathan de Eléonore Boissinot

(75’ – France – Dryade Films)

photo Eléonore Boissinot

Le Jardin des Hespérides de Elliott Mattiussi

(90’ – France – La Société des Apaches)

Le jardin des Hespérides ELLIOTT MATTIUSSI
photo Elliott Mattiussi

Séance de l’après-midi à 14h45

Le pacte d’Alep de Karim Serjieh

(103’ – France, Syrie, Qatar – Caractères Productions)

Le pacte d'Alep - KARIM SERJIEH
photo Karim Serjieh

Eredità de Jean-Luc Cesco

(61’ – France – Les Films de l’Aqueduc)

Eredita Jean-Luc Cesco
photo Jean-Luc Cesco

Séance de soirée à 21h15

Kadib Abyad (La Mère de tous les mensonges) d’Asmae El Moudir

(1h36’ – Maroc, Egypte – Insight Films, Fig Leaf Studios – Prix L’Œil d’Or Cannes 2023)

La mère de tous les mensonges Asmae El Moudir
photo Asmae El Moudir

Vendredi 25 août : La Nuit de la Radio 2023

La Nuit de la radio 2023 vous invite à une expérience d’écoute collective, à Saint-Laurent sous Coiron, casque sur les oreilles, pour découvrir Les morts ne l’entendent pas de cette oreille de Judith Bordas.

Cette promenade dans des extraits mythiques de la radio, issus des collections de l’INA, est une enquête sur notre manière d’accompagner les morts, de faire rite, pour leur permettre de devenir des morts heureux.

Sur pré-inscription à l’accueil public.

Samedi 26 août à 21h

A l’occasion de l’année du doc, Ciné concert La Fête sauvage avec les Percussions de Strasbourg.

La Fête Sauvage a nécessité plus de deux ans de tournage aux quatre coins de la planète, en Afrique, en Asie et en Amérique du Sud, au réalisateur Frédéric Rossif pour créer cette ode à la nature et aux animaux qui la peuplent.

Rendez-vous à Saint-Malo au festival Étonnants Voyageurs pour notre traditionnel temps fort consacré au grand écrivain-reporter Joseph Kessel à l’occasion  de la remise du Prix Joseph Kessel 2023 à Sybille Grimbert.

14h – Débat et lectures : L’urgence de témoigner
« Je suis la mémoire du rien » Yazbek

Témoigner, un devoir moral des écrivains, des auteurs, des journalistes, passeurs de la destruction pour faire exister celles et ceux qui ne sont plus.

En présence de Samar Yazbek, Aliyeh Ataei et Justine Augier

Projection de Barayé de Shervin Hajipour
Depuis le début du soulèvement en Iran, « Barayé » est devenu un hymne à la liberté. Le jeune chanteur iranien Shervin Hajipour a écrit cette chanson en s’inspirant de tweets d’internautes iraniennes et iraniens. Arrêté, puis libéré sous caution, il est depuis réduit au silence.

15h – Remise du Prix Joseph Kessel 2023

Le jury présidé par Olivier Weber et composé de Tahar Ben Jelloun, Catherine Clément, Annick Cojean, Colette Fellous, Pierre Haski, Isabelle Jarry, Michèle Kahn, Pascal Ory, Guy Seligmann et Patrick Deville (lauréat 2022) remet son Prix à Sybille Grimbert pour Le Dernier des siens (Editions Anne-Carrière).

15h45 – Projection
Silent House
de Farnaz Jurabchian et Mohammadreza Jurabchian

La sage d’une famile iranienne sur trois générations dans une maison de Téhéran
1h40’ – Prix Mitrani, FIPADOC 2023

La réalisatrice américaine Kirsten Johnson, présidera cette année le jury aux côtés d’Ovidie, Sophie Faucher, Pedro Pimenta et Jean-Claude Raspiengeas.

Le jury remettra L’Œil d’or, Le Prix du documentaire le samedi 27 mai au Palais des Festivals.

Le documentaire revient en compétition officielle au Festival de Cannes en cette « Année du documentaire » portée par le CNC en partenariat avec la Scam et la Cinémathèque du documentaire.

Depuis 2015, L’Œil d’or – Le Prix du documentaire met sous les projecteurs du Festival de Cannes ce genre cinématographique par lequel le 7e art est né. Il récompense un film présenté dans les sections cannoises : Sélection officielle (Compétition, Un Certain Regard, Hors compétition et Séances de Minuit, Séances Spéciales), Quinzaine des Réalisateurs et Semaine de la Critique. Doté de 5 000 €, L’Œil d’or – Le Prix du documentaire a été créé par la Scam alors présidée par Julie Bertuccelli avec la complicité du Festival de Cannes et de Thierry Frémaux.

Le jury 2023

Kirsten Johnson, présidente du Jury


(suite…)

Rendez-vous au Centre Pompidou à Paris pour fêter le réel durant dix jours ! Partenaire historique du festival, la Scam sera présente aux rencontres professionnelles de Parisdoc et remettra son Prix International. Rémi Lainé la représentera cette année au sein du Jury longs métrages.
A noter, la reprise le 5 avril à la Scam d’une sélection de films issus du Palmarès 2023.

Parisdoc – First Contact
Mardi 28 mars, 10h – 15h

First Contact propose aux producteurs de découvrir 10 projets en cours d’écriture, développés à partir de travaux de recherche en sciences sociales, en sciences exactes ou en création artistique. Parmi ces projets, figurera la bourse Brouillon d’un rêve de la Scam Mars Academy de Hugo Saugier.

Parisdoc – Matinale #4 : Matinée des idées
Cinéastes : Quel soucis politique de l’art ?
Vendredi 31 mars à 10h30 à la Maison de la Poésie

En collaboration avec l’ACID, l’ADDOC, la SRF et la SCAM.

“Les artistes, lorsqu’il leur arrive d’être appréciés, le sont dorénavant à la condition de n’avoir pas le souci de l’art. On les aime conformes à l’imagerie du militant culturel dévoué, du poète échauffé, du citoyen indigné ou de l’animateur impliqué.”
Ce constat, posé par Olivier Neveux, s’adresse au champ du théâtre. A-t-il une pertinence dans le champ du cinéma ? Cette Matinée des idées, plutôt que de questionner la définition du “cinéaste engagé”, se propose d’interroger les négociations possibles entre le geste esthétique et le geste militant. Le souci politique de l’art pour le cinéma réclame peut-être de ne pas se laisser enfermer dans une obsession de l’efficacité immédiate qui conduit volontiers à conclure que “mieux vaut directement militer”, ou à se faire engloutir par la vision quantitative de la réception, laquelle concerne d’abord l’insertion d’une œuvre dans le marché.

En artiste : comment se situer politiquement ? Intervenir dans la conjoncture ou s’en détacher ? Se situer par le choix de son sujet ou de ses matériaux ? Par des procédés qui affirment un regard ? En déjouant les fonctions attendues de ce qu’on produit ?

Se réclamer d’un cinéma politique, n’est-ce pas chercher un point de rencontre entre une ambition politique et le champ de l’art : l’artisanat de la dimension esthétique, de la recherche formelle ? Par exemple, ne faut-il pas faire le deuil de la maîtrise des effets de l’œuvre, suivant la mise en garde formulée par Jacques Rancière : “L’émancipation, c’est aussi de savoir que l’on ne met pas sa pensée dans la tête des autres, qu’on n’a pas à anticiper l’effet.” ? Cela doit-il pour autant faire renoncer à viser des effets ?

Modération : David Faroult (maître de conférence, ENS-Louis Lumière)
Avec la participation des réalisateurs et réalisatrices :
Marina Déak – Les Profondeurs (2005), Poursuite (2011), Si on te donne un château, tu le prends ? (2017), Navire Europe (2023)… (adhérente à l’Acid)
Manuela Frésil Entrée du Personnel (2011), Le Bon grain de l’ivraie (2018)…  (adhérente à l’Addoc)
Nicolas KlotzLa Blessure (2011), Low Life (2011) et L’héroïque lande, la frontière brûle (2017) réalisés avec Élisabeth Perceval… (adhérent à la SRF)
Pierre Carles La Sociologie est un sport de combat (2001), Fin de concession (2010), Opération Correa, épisodes 1&2 (2015-2016), réalisés avec Nina Faure … (membre du conseil d’administration de la Scam)

Remise des Prix le 2 avril à 16h30

Le Prix International de la Scam, doté de 5 000 euros, est attribué chaque année à un long métrage étranger de la compétition. Cette année, le réalisateur Rémi Lainé représente la Scam au sein du jury.

Reprise du palmarès à la Scam le 5 avril

Projection d’une sélection de films primés lors de cette édition (liste disponible à partir du 3 avril).

Lien vers le site du Cinéma du réel

Rendez-vous à la maison de la Poésie pour deux jours de rencontres et débats autour de l’importance des festivals et salons du livre en France.
Hervé Rony interviendra à la table ronde « Un enjeu culturel, social et économique pour les territoires ».
A suivre en direct sur la chaîne YouTube de la SOFIA.

Vendredi 17 mars de 14h15 à 15h45
Un enjeu culturel, social et économique pour les territoires

Importance économique des festivals et salons du livre en France (maillage, nombre, diversité…) pour les collectivités, le public, la lecture.
Modérateur : Yann Nicol
Intervenants

  • Emmanuelle Brandenburger Cheffe du service industries créatives, Direction de la culture de la Région Grand Est
  • Laurance Bussière Présidente de l’Association des maires ruraux de l’Eure
  • Laure Darcos Sénatrice et Conseillère départementale de l’Essonne
  • Régis Penalva Conseiller culture, Montpellier Méditerranée Métropole, Directeur littéraire de la Comédie du livre
  • Hervé Rony Directeur général de la SCAM/ Président du Comité du CFC

Les premiers États généraux des festivals et salons du livre

Ces deux jours de rencontres et de débats seront l’occasion de réunir l’ensemble des acteurs de la vie littéraire en France et de mettre en avant la qualité et la diversité du maillage des festivals et salons du livre sur notre territoire, leur importance tant pour la diffusion du livre et le développement de la lecture et des publics que pour l’économie locale et pour toute la filière du livre, mais aussi de s’interroger sur leur fragilité économique, sur les conditions de leur pérennité et de leur développement et sur l’évolution souhaitée ou inéluctable de leurs modèles actuels.

Un événement organisé par La SOFIA, qui est devenue aujourd’hui l’un des principaux partenaires de la vie littéraire en France aux côtés du CNL, des DRAC, des collectivités locales et des autres organismes de gestion (SCAM, ADAGP, CFC, etc.), en collaboration avec les acteurs du livre (fédération des structures régionales pour le livre, associations d’auteurs et d’autrices, associations d’éditeurs et d’éditrices…).

Le jury a retenu 9 projets cette année.
Bravo aux récipiendaires de la bourse Brouillon d’un rêve écritures et formes émergentes !

Les lauréates et lauréats

  • BENEATH de Ugo Arsac
  • Métae de Elisabeth Caravella
  • 67 millisecondes de Galdric Fleury et Antoine Fontaine
  • The Feral (Epoch 1) de Fabien Giraud et Raphaël Siboni
  • SkyGirls de Benjamin Goubet (première œuvre)
  • Les Cogitations de Jupiter de Sébastien Godard et Jupiter Moumouni Sodre
  • Never the same ocean de Virginie Ittah et Kaj Yoda
  • The Parliament of Owls de Lina Laraki
  • Dé-payser de Laure Nillus

Le Jury et le lectorat

Ces projets ont pu bénéficier du soutien de la Scam grâce à l’engagement des membres du lectorat et du jury, composés exclusivement d’auteurices.

  • Jury : Antonie Bergmeier, Géraldine Brézault, Nelson Bourrec Carter, Jean-Marc Chapoulie, Aymeric Colletta, Julie Desmet Weaver, Véronique Godé, Claudia Marschal, Marianne Rigaux.
  • Lectorat : Géraldine Brézault, Jean-Marc Chapoulie, Aymeric Colletta, Véronique Godé, Claudia Marschal, Marianne Rigaux, membres de la commission des Écritures et Formes Émergentes de la Scam.

Venez découvrir un panorama des nouvelles écritures documentaires : réalité virtuelle ou augmentée, œuvres expérimentales, vidéos du web…

Des autrices et des auteurs explorent des formes narratives inédites en utilisant les nouvelles technologies pour raconter le réel : exploitations minières, drame des albinos, mondes virtuels, anthropocène, violences policières, migrations…

Une soirée organisée par la commission des écritures et formes émergentes de la Scam, animée par Pascal GoblotBenjamin Hoguet, Claudia Marschal et Marianne Rigaux

21-22 China de Thierry Loa

Prix Nouvelle Écritures 2023

œuvre de réalité virtuelle sur casque VR – 24’ – 2022 – HelloHello productions – Canada, Québec
Premier épisode de la série 21-22

Nous vivons à l’époque de l’Anthropocène marquée par l’expansion de l’Humain sur la planète. Dans le cadre de la série 21-22, ce film exclusivement en 360 VR offre un voyage méditatif immersif qui fait découvrir une Chine où l’urbanisation rapide, le développement industriel majeur et les changements massifs transforment sa topographie.

China de Thierry Loa
21-21 China de Thierry Loa

Seven Grams de Karim Ben Khelifa

Prix Nouvelles Écritures 2022

Expérience de réalité augmentée pour mobile – 22’ – Lucid Realities – 2021 – France, UK, USA

Avez-vous déjà eu envie de voir comment fonctionnait votre téléphone ? L’avez-vous déjà ouvert et vous êtes-vous extasié devant ce trésor de technologie qui tient dans le cœur de votre main, dort sous votre oreiller, et que vous regardez plus de 2600 fois par jour ? Vous êtes-vous déjà demandé comment il était fabriqué et quelles ressources étaient nécessaires ? Seven Grams est une expérience en réalité augmentée qui propose de découvrir le lien entre votre smartphone et les conditions souvent dramatiques dans lesquelles sont extraits les minerais rares nécessaires à sa fabrication.

Seven Grams de Karim Ben Khelifa
Seven Grams de Karim Ben Khelifa

67 millisecondes de Fleuryfontaine

Teaser pour la Bourse Brouillon d’un rêve écritures et formes émergentes

2’

Suite à une enquête réalisée par l’association Index sur la mutilation d’un jeune homme par la police française, nous souhaitons réaliser un film dans lequel seront reconstitués en 3D la scène de l’incident et les mouvements de la victime juste avant sa mutilation. Le film ouvrira plus largement sur la question de la police en France, les armes du « maintien de l’ordre », la répression néocoloniale, la montée de l’extrême droite et enfin l’injustice et l’humiliation subies par la victime.

67 millisecondes de Fleuryfontaine
67 millisecondes de Fleuryfontaine

75.000 $ de Moïse Togo

Prix de l’œuvre expérimentale 2021

14’ – Le Fresnoy – 2020 – France

75 000 $ accentue l’aspect biologique de l’albinisme qui est une anomalie génétique et héréditaire qui affecte non seulement la pigmentation, mais aussi et surtout les conditions physiques et morales des personnes atteintes d’albinisme. Ces personnes sont victimes de discrimination, de mutilations et de crimes rituels en Afrique.

75000$ de Moïse Togo
$75, 000 de Moïse Togo

Tawla  de Claire Duhamel et Sharon Aronowicz

Pitch video pour la Bourse Brouillon d’un rêve Impact

4’

Nous sommes correspondantes en Israël-Palestine. Nous vous présentons TAWLA, notre projet de série documentaire qui montre la diversité des cultures israélo-palestiniennes… autour d’une partie de backgammon.

Metae d’Elisabeth Caravella

Teaser pour la Bourse Brouillon d’un rêve écritures et formes émergentes

6’

L’application de réalité augmentée, les posts qu’elle publie sur les réseaux sociaux, les arnaques à la webcam ou encore l’avatar de compagnie qui déambule dans son salon, dans ce film tout est vrai, sauf elle.

Metae d’Elisabeth Caravella
Metae d’Elisabeth Caravella

Bab Sebta de Randa Maroufi

Prix de l’œuvre expérimentale 2020

19’ – Barney Production – Mont Fleuri Production – 2019 – France, Maroc

Bab Sebta est une suite de reconstitutions de situations observées à Ceuta, enclave espagnole sur le sol marocain. Ce lieu est le théâtre d’un trafic de biens manufacturés et vendus au rabais. Des milliers de personnes y travaillent.

Bab Seta de Randa Maroufi
Bab Seta de Randa Maroufi

La Scam poursuit avec la journaliste Emmanuelle Miquet son tour de France par territoire. Rendez-vous cette fois dans la région Grand Est, quatrième contributrice au genre en France, avec les subventions du conseil régional et celles de l’Eurométropole de Strasbourg cumulées.

Le début de l’année 2023 a marqué une « véritable avancée » pour la Safire Grand Est, l’association des auteurs, autrices, réalisateurs et réalisatrices du territoire, avec le vote par l’Eurométropole de Strasbourg, en mars, de l’aide au concept demandée par les auteurs et autrices après le Covid, en soutien à une profession fortement fragilisée.

La région Grand Est et le documentaire audiovisuel

Sixième fonds d’aide à la création, en 2022, la région Grand Est s’est hissée quatrième financeur du documentaire audiovisuel avec ses deux guichets, le conseil régional et l’Eurométropole de Strasbourg. Le premier a alloué au genre 1 213 790 euros (19 % de l’enveloppe totale de son fonds de soutien, incluant le contrat d’objectifs et de moyens et 35 % du nombre de projets). Les étapes de la production représentent 89 % des aides attribuées et le développement 11 %. S’y ajoutent quatre soutiens accordés au stade de l’écriture pour un montant de 16 000 euros, non comptabilisés par le Panorama des interventions territoriales dans le cinéma et l’audiovisuel de Ciclic pour des raisons de fléchage de la région dans sa transmission des données. Le règlement de la collectivité propose un dispositif commun (aide à l’écriture cinéma, audiovisuel et nouveaux médias), au sein duquel le montant de la subvention varie en fonction du format (inférieur ou supérieur à 60 minutes). En les prenant en compte, la part de l’écriture s’établit à 1,3 % de l’enveloppe documentaire et à 5,3 % des projets. L’Eurométropole de Strasbourg a attribué 200 000 euros (21 % de son fonds de soutien) dans 13 documentaires (34 % des aides), en production. En 2023, son soutien s’est élargi à l’écriture grâce à la toute nouvelle aide au concept.

1 429 790 €

aide à la création

Renforcement des actions des collectivités territoriales

Couvrant tous les genres de l’audiovisuel et du cinéma, le dispositif a pour objectif de soutenir l’origine du processus de création et de mener des recherches en amont de l’écriture du scénario, décrit le règlement. Il est accessible aux résidantes et résidants eurométropolitains expérimentés ou pas, avec une attention particulière aux « candidates et candidats émergents et issus de quartiers prioritaires ». C’est une « passerelle vers l’aide à l’écriture », résume la Safire.

Pour l’association, qui a porté l’aide au concept du début à la fin de sa mise en place, l’avancée se situe à deux niveaux. « D’une part, il s’agit de la seule ligne budgétaire culturelle qui a été ajoutée au niveau de l’Eurométropole, alors que la tendance générale est plutôt à la baisse des budgets de la culture. D’autre part, ce soutien va permettre à l’auteur de se projeter sur quelque chose d’ouvert, presque de l’ordre de l’embryon, contrairement à l’aide à l’écriture qui, aujourd’hui, que ce soit au CNC ou dans les territoires, n’en est plus vraiment une. Les exigences pour déposer les dossiers sont telles qu’on pourrait presque tourner le film », observe la Safire.

L’aide au concept a été pensée « pour mettre le pied à l’étrier à tous les autres dispositifs, régionaux et nationaux, et pour donner le temps de travailler aux auteurs émergents et à ceux plus chevronnés », appuie le département audiovisuel et cinéma de l’Eurométropole de Strasbourg. Son accompagnement s’articule en deux volets sur un an. Outre l’attribution d’une bourse pour soutenir le développement du projet, sera proposé un mentorat comprenant des ateliers collectifs pour les autrices et auteurs émergents et un suivi individuel pour les autres. L’enveloppe globale s’établit à 100 000 euros en 2023, avec l’ambition de soutenir 10 projets dotés chacun d’une bourse de 5 000 euros maximum. À partir de 2024, en année complète, l’objectif est de monter à 15 projets sélectionnés en deux sessions. Il y en avait une seule en 2023.

Avec l’aide au concept de l’Eurométropole et l’aide à l’écriture de la région, on a aujourd’hui un dispositif de mise en route des films qui est complet. 

La Safire, Société des auteurs indépendants de la région Est

La mise en place de ce dispositif, soutenu au sein de l’Eurométropole par Murielle Fabre, vice-présidente chargée de l’action culturelle, de la lecture publique, de l’audiovisuel et du cinéma, renforce l’action de la collectivité territoriale dont le fonds de soutien à la création était jusque-là circonscrit à la production (cf. Encadré Chiffres). Constatant que l’écriture et le développement restent les étapes les moins bien financées, et que la crise sanitaire a fragilisé « davantage le statut d’auteur », l’Eurométropole a souhaité s’engager en complément et aux côtés de la région Grand Est dont le fonds de soutien intervient déjà à toutes les étapes. « Avec l’aide au concept de l’Eurométropole et l’aide à l’écriture de la région, on a aujourd’hui un dispositif de mise en route des films qui est complet », décrit la Safire.

Des évolutions significatives du côté de la région

Du côté de la région, l’année 2022 s’est distinguée par plusieurs évolutions déjà actées qui figureront dans sa convention triennale tripartite pour la période 2023-2025 dont elle espère le vote en septembre : la création du Bureau des Images (BDI), le retour de la gestion complète des aides à l’écriture par la région ou encore l’émergence du prix CinEuro pour le développement de coproductions transfrontalières, qui succède au fonds d’aide au codéveloppement transfrontalier de la Grande Région. .

Le prix Cineuro est attribué une fois par an en fiction et en documentaire. Concernant le documentaire, il offre de nouvelles opportunités de travailler sur des écritures différentes, font remarquer les services de la région. Sa dotation de 10 000 euros pouvant être complétée par un bonus de 5 000 euros après deux ans, si l’avancement du projet est jugé satisfaisant.

Nous avons sanctuarisé globalement le budget de la culture, ce qui n’est pas le cas dans toutes les régions. 

Martine Lizola, présidente de la commission culture et mémoire du conseil régional et présidente du Bureau des Images

Ces changements « disent la volonté de la région Grand Est de renforcer la filière image et de lui apporter plus d’ingénierie pour la professionnaliser encore davantage », souligne, quant à elle, Martine Lizola, présidente de la commission culture et mémoire du conseil régional et présidente du Bureau des Images. En 2023, « nous avons sanctuarisé globalement le budget de la culture, ce qui n’est pas le cas dans toutes les régions », ajoute-t-elle. Pour ne parler que du fonds de soutien régional, il s’élève à près de 6 millions d’euros (avec l’apport du CNC) dont 685 000 euros dédiés à l’émergence et à l’accompagnement des talents, au travers de tous les dispositifs d’aides à l’écriture et au développement. Les chiffres de 2022 (cf. Encadré Chiffres) ne reflètent pas le « taux » d’accompagnement du documentaire en écriture par la région, précise la collectivité. Les années précédentes, cette étape avait été davantage soutenue, poursuit-elle, et en termes de dépôt, il y a eu davantage de dossiers reçus en 2023 en une seule session que sur la totalité de 2022.

Parallèlement à l’aide à l’écriture directe pour les auteurs et les autrices, la région accompagne la résidence de l’écriture à l’image, à Saint-Quirin. Depuis 2021, cette résidence est dédiée notamment aux autrices et auteurs régionaux de documentaire. Cette décision a été prise pour compenser la sélectivité grandissante du dispositif et la baisse du nombre de places par rapport à ce que la région espérait, explique celle-ci. La résidence de Saint-Quirin est l’un des points clés du développement de la filière en région, appuie l’Apage, l’association des producteurs audiovisuels du Grand Est.

Une nouvelle organisation bénéfique

Lancé le 1er janvier, le Bureau des Images est une nouvelle structure 100 % vouée à l’audiovisuel et au cinéma. Son périmètre comprend l’accueil des tournages ainsi que certaines des missions auparavant du ressort de l’Agence culturelle Grand Est et de Grand E-Nov+, l’agence chargée de l’innovation et de la prospection internationale. Avec cette nouvelle organisation, les aides à l’écriture de la région, précédemment instruites au sein de l’Agence culturelle Grand Est, sont depuis cette année à nouveau gérées par la région, au sein de comités par genres, ce qui n’était pas le cas avant. Cette évolution est une progression très satisfaisante pour les autrices et les auteurs de documentaires. Jusque-là, leurs projets se trouvaient « en concurrence directe avec les fictions et les commissions étaient en majorité composées de professionnels de ce genre, ce qui peut expliquer le peu de documentaires initiés », avance la Safire. Dorénavant, les dossiers seront jugés par leurs pairs.

Par ailleurs, la plateforme de VOD régionale gratuite Noozy, qui était administrée par Vosges TV, est désormais gérée en statut associatif par le BDI. « Nous attendons de Noozy qu’elle soit, d’une part, la vitrine de la production audiovisuelle du Grand Est et, d’autre part, la plateforme du documentaire », expose Martine Lizola qui fait état d’un budget de fonctionnement annuel de 400 000 euros. En attente de conventionnement de service de médias audiovisuels à la demande (Smad), à l’Arcom, la plateforme a néanmoins été incluse dans le contrat d’objectifs et de moyens (COM) pour la période 2023-2025 dont la signature est imminente. Elle rejoint ainsi Moselle TV (ex-Vià Moselle TV), Vosges TV et Canal 32. En revanche, Alsace 20, devenue BFM Alsace depuis son rachat par le groupe Altice Media, n’en fait plus partie.

L’aide au concept est aussi née du constat qu’il n’y a plus de vivier sur le territoire, depuis près de dix ans. C’est dramatique de ne plus voir de jeunes émerger. 

La Safire

En l’absence du statut de Smad, qui permet aux producteurs de déclencher le soutien sélectif et automatique au CNC, la région a prévu d’allouer à Noozy un montant d’intervention limité pour les coproductions en année 1, dans le cadre du COM. L’essentiel de l’enveloppe a été réparti sur les trois chaînes locales aux côtés desquelles Noozy pourra apporter un complément du financement. Intégrer Noozy dans le dispositif permettra également que la plateforme devienne une sorte de replay centralisé pour l’ensemble des programmes financés via le COM (documentaires et courts-métrages), à l’issue de leur diffusion linéaire, en plus des achats et des productions internes réalisées par Noozy.

Concernant le BDI, son statut associatif en fait une structure intégrant pleinement dans ses instances les professionnels du territoire, relève la région. La Safire détient un siège au sein du bureau au même titre que l’Apage et les autres organisations, aux côtés de l’élue Martine Lizola, sa présidente. « Nous serons désormais en prise directe avec le politique ce qui nous permettra d’être dans un véritable dialogue, en continuant à faire des propositions », commente la Safire. Les autrices et les auteurs de documentaire pensent en particulier au renouvellement des générations, dans les prérogatives du BDI, sujet pour lequel il existe un « très gros problème dans le Grand Est » et auquel ils sont « très sensibles ».

« Ce bureau est censé aiguiller et proposer des choses à cette nouvelle génération qui pose énormément de questions sans savoir vers qui se tourner. La Safire remplit cette fonction, mais disposer d’un outil officiel est très important pour les auteurs », insistent ces derniers. « L’aide au concept est aussi née du constat qu’il n’y a plus de vivier sur le territoire, depuis près de dix ans. C’est dramatique de ne plus voir de jeunes émerger », poursuit la Safire.

Avec ce nouveau dispositif, elle espère relancer la dynamique de la région autrefois générée par le master en documentaire auquel a succédé un master de coproductions européennes à l’université de Strasbourg. « Celui-ci n’a rien apporté à la filière locale, alors que précédemment, des gens venaient des quatre coins du monde et se sont même parfois établis ensuite dans notre région », poursuit la Safire. Ce master est remplacé cette année par un master d’écriture, « mais il manque à cette région une vraie formation au cinéma et à l’audiovisuel, de l’écriture à la réalisation », selon la Safire.

  • 88 aides

    à la création
    en 2022

  • 16 K€

    pour l'écriture (Région seule)

  • 129,5 K€

    pour le développement (Région seule)

  • 1284,3 K€

    pour la
    production

Une politique éditoriale peu ambitieuse au sein des chaînes locales

La Safire identifie un autre point faible : « un appauvrissement des diffuseurs ». L’association pointe le manque de diversité concernant France 3 Grand Est, non signataire du COM, qui « a réduit drastiquement les documentaires de patrimoine et d’histoire – comme dans les autres antennes régionales – même si, depuis quelques mois, des films historiques ont pu revoir le jour ».

Plus largement, les autrices et les auteurs relèvent l’absence de « politique éditoriale ambitieuse et ouverte sur le monde » en matière de documentaire de création. « Le COM redémarre certes, mais les films dits fragiles ou de création ne trouvent plus forcément une attention souhaitée », relève la Safire. « Ils ont du mal à exister, malgré une obligation posée par la région mais qui n’est pas quantifiée. Il serait nécessaire d’imposer des “quotas” pour ne plus être à la merci de commissions irrégulières dans la diversité des choix », estime l’association. Elle rappelle que, par le passé, Vosges TV a obtenu de nombreuses Étoiles de la Scam et sélections dans les festivals nationaux et internationaux avec ses coproductions qui se sont tournées dans le monde entier. Ces derniers temps, la chaîne a pris un nouveau tournant.

La dynamique est plutôt favorable mais ce qui pèche dans notre région est la possibilité de faire des films différents.

La Safire

En résumé, « nous avons des mécanismes qui nous permettent de faire nos films avec deux collectivités qui financent fortement l’audiovisuel, et une vraie politique de production et d’aide au développement du territoire via le nouveau Bureau des Images. La dynamique est plutôt favorable mais ce qui pêche dans notre région est la possibilité de faire des films différents. Les écrans viennent à manquer ». Dans ce contexte, Noozy devient un enjeu. « L’ambition est qu’éditorialement, elle devienne quelque chose d’intéressant et de quasi unique comme le sont les plateformes KuB et Tënk, car le documentaire de création est en souffrance ici comme ailleurs », constate la Safire.

Cette dernière continuera à faire entendre sa voix, comme elle le fait depuis ses débuts, en œuvrant à la mise en place de différentes aides telles que la production sans diffuseur. Nommé « Œuvre indépendante de tout format », ce soutien « assez rare dans les régions », souligne la Safire, permet d’obtenir 25 000 euros pour un film qui n’a pas de diffuseur et qui peut ainsi quand même exister.

Méthodologie des enquêtes de la Scam pour un état des lieux du documentaire en région

Ces focus restent circonscrits au seul documentaire audiovisuel (donc hors court et long métrage). Ils proposeront une photographie quantitative et qualitative de chaque région, à travers la parole des auteurs-réalisateurs et autrices-réalisatrices qui vivent et travaillent dans ces territoires. S’y exprimeront également les points de vue des autres acteurs animant ces filières régionales.

Les chiffres clés relatifs à la région Grand Est sont issus des données collectées par l’agence Ciclic-Centre-Val-de-Loire pour le Panorama des interventions territoriales en faveur du cinéma et de l’audiovisuel publié chaque année, dans le cadre de sa convention de coopération triennale État-région-CNC. Le périmètre des collectivités est identique à celui du Panorama, qui prend en compte la région, les départements, les eurométropoles, les métropoles et les villes, s’il y a lieu. De la même manière, les statistiques se concentrent sur les aides délivrées par la région, le premier niveau d’intervention. Les investissements de la région agrègent ceux octroyés via le ou les contrats d’objectifs et de moyens signés entre la collectivité et le ou les diffuseurs, quand ils existent. Les statistiques autres que celles de Ciclic qui pourraient être citées sont dans tous les cas sourcées. (Le choix a été fait de ne pas comparer les chiffres de l’année 2021 et ceux de l’année 2020, sauf cas particulier, l’année de la pandémie ayant été marquée par l’attribution d’aides exceptionnelles, dans certaines régions, par définition non reconduites en 2021.)

Remerciements : Pauline Martin et Pierre Dallois à l’agence Ciclic-Centre-Val-de-Loire et la Boucle documentaire.

Série Territoires et Création

photo Pascal Bondis

#1 – L’Occitanie

Blois - photo Julia Casado
Blois - photo Julia Casado

#3 – Centre-Val de Loire

Daniel Hourtoulle
photo Daniel Hourtoulle

#4 – Grand Est

Après l’étude transversale « Le documentaire, les régions et leurs aides », publiée en juin 2021, la Scam poursuit, avec la journaliste Emmanuelle Miquet, son tour de France des territoires, circonscrit à l’audiovisuel. Troisième focus avec la région Centre-Val de Loire dont le soutien moyen de l’aide à l’écriture est l’un des plus élevés en France et alors que l’agence Ciclic annonce un accompagnement renforcé des autrices et des auteurs.

Pionnière dans la décentralisation cinématographique et audiovisuelle, la région Centre-Val de Loire mène une politique active autour de la création mais dans laquelle les autrices et les auteurs de documentaire regroupés au sein du Baar, le Bureau des auteurs et réalisateurs du Centre, ne se retrouvaient pas toujours.

Depuis 2020, les choses ont évolué. « La notion d’auteur a été beaucoup mieux prise en compte », constate le collectif qui l’attribue en particulier à la mise en lumière de leur grande précarité lors de la crise sanitaire.

La région Centre-Val-de-Loire et le documentaire audiovisuel

Avec un montant de 478 300 euros, qui intègre le contrat d’objectifs et de moyens (COM), le documentaire audiovisuel a capté, en 2021, 20 % de l’enveloppe globale du fonds d’aide à la création de la région Centre-Val de Loire, et 36 % du nombre de projets. À l’instar des autres collectivités, la répartition par étapes de soutien fait la part belle à la production, avec 63 % des aides attribuées au genre. Celles allouées à l’écriture atteignent 23 % (10 aides dont une directe), au-dessus des aides au développement (14 %). La région se distingue également par un soutien moyen à l’écriture supérieur à 5 000 euros, parmi les plus élevés en France.

478 300 €

aide à la création

Rapport national et mobilisation locale

Plus largement, cette évolution favorable s’explique par un ensemble d’éléments. Certains relèvent de l’échelon national, comme le rapport « Racine » sur le statut des artistes-auteurs et l’acte de création. D’autres se situent au niveau local. En parallèle de la relation entre les professionnels et Ciclic Centre Val-de-Loire, l’agence régionale pour le livre, l’image et la culture numérique (qui gère et met en œuvre le fonds de soutien), les échanges réguliers avec le conseil régional depuis l’arrivée d’une nouvelle élue à la vice-présidence déléguée à la Culture et à la Coopération internationale, sont un point « positif ».

La mise en place d’aides exceptionnelles pour les autrices et auteurs durant le Covid a également contribué à améliorer la situation. Pour les obtenir, le Baar a dû néanmoins « se mobiliser » auprès de la région, souligne le collectif qui compose une fédération informelle avec l’association des Producteurs associés en région Centre (Parc) et l’Association en région Centre des comédiens, ouvriers, réalisateurs et techniciens du cinéma et de l’audiovisuel (Accort).

Depuis qu’elle a été revalorisée, il y a quelques années, l’aide à l’écriture directe de la région Centre-Val de Loire est l’une des plus élevées des collectivités territoriales (cf. encadré chiffres). En 2021, a par ailleurs été créée une aide au parcours d’auteurs, demande portée par le Baar dans la lignée du dispositif du CNC. D’un montant forfaitaire de 10 000 euros, le soutien est destiné aux autrices et auteurs expérimentés du territoire, pour les accompagner durant un à deux ans sur leurs projets.

L’enveloppe actuelle offre la possibilité de soutenir quatre auteurs par an. Une réflexion « qui permettrait de faire plus que doubler le dispositif » est en cours, explique Pierre Dallois, responsable du pôle Création chez Ciclic. « Renforcer le parcours d’auteur, c’est essayer d’être dans la même logique que l’aide au programme d’entreprise qui accompagne les sociétés sur la base d’une stratégie entrepreneuriale », poursuit-il.

Les institutions publiques ont le devoir de garantir aux auteurs les moyens d’une liberté de création et de diversité.

Pierre Dallois, responsable du pôle Création, Ciclic

Plus globalement, l’agence souhaite « renforcer [ses] aides à l’écriture et au développement, notamment celles dédiées au documentaire », de « manière assez substantielle » dans le cadre de la nouvelle convention triennale tripartite pour la période 2023-2025 dont la négociation est imminente. « Nous prévoyons des augmentations des soutiens existant à l’écriture et au développement de 50 % à 75 %. Ce qui nous permettra de facto de soutenir plus d’œuvres », précise Pierre Dallois.

Cette orientation s’inscrit dans la « phase 2 » de la stratégie déployée par Ciclic. Après avoir mené, depuis 2017, « un travail assez important à l’égard des producteurs », l’agence entend devenir un « territoire de création spécialisé dans l’écriture et le développement » en consolidant ses soutiens en amont. « La défense et la fidélisation sur les territoires régionaux des auteurs, au cœur de la bataille entre les plateformes et la production indépendante, au même titre que les techniciens, devient un enjeu crucial », observe Pierre Dallois. La région ne pourra pas résoudre à elle seule toutes les problématiques, mais « les institutions publiques ont le devoir de garantir aux auteurs les moyens d’une liberté de création et de diversité ».

Pérenniser, consolider et attirer

Dans ce contexte, l’agence veut accélérer cette année l’identification des autrices et auteurs sur le territoire. L’état des lieux de la filière régionale a démarré en 2018 avec la mise en place de l’observatoire Val de Loire Cinema Workshop, en partenariat avec la Scam et la SACD. Mais il existe un « hiatus important » entre les données : la Scam et la SACD recenseraient plus de 500 autrices et auteurs, quand Ciclic en identifie 150.

Aussi, le questionnaire qui leur est envoyé lorsqu’ils déposent un projet va être « peaufiné » et le partenariat avec les sociétés d’auteurs, ainsi que d’autres organisations les représentant (la Boucle documentaire et la SRF, notamment), sera « renforcé ». Travailler plus étroitement avec ces organismes nationaux est aussi un souhait de Ciclic dont l’objectif est « en priorité de pérenniser et de consolider le parcours des auteurs présents sur le territoire mais également d’en attirer de nouveaux ».

Avec le changement de vie induit par le Covid, il y a eu un effet démultiplicateur dans la région, en particulier dans le secteur de la production. 

Baar, Bureau des auteurs et réalisateurs du Centre

Pour l’agence, se positionner sur l’écriture et le développement est « assez logique » étant donné le montant de son fonds, soit 2,6 millions d’euros. « Aller vers la production de fiction, long-métrage et TV nécessite beaucoup de moyens », relève Pierre Dallois. Le budget du fonds de soutien régional à la création, tous genres confondus, cristallise d’ailleurs les critiques des créatrices et des créateurs. « La politique de Ciclic est d’attirer un ensemble de professionnels sur le territoire. Avec le changement de vie induit par le Covid, il y a eu un effet démultiplicateur dans la région, en particulier dans le secteur de la production », remarque le Baar. Depuis 2020, dix-huit nouvelles sociétés de production se sont créées ou installées en région Centre-Val de Loire, portant leur total à soixante structures, confirme Ciclic.

Le budget actuel ne doit pas être seulement sanctuarisé, il doit surtout progresser proportionnellement à l’évolution de la filière. 

Christophe Camoirano, producteur adhérent au Parc (Producteurs associés en région Centre)

Entre 2021 et 2022, le fonds a certes fini par progresser de 200 000 euros (180 000 euros issus de la région et 20 000 euros du CNC). Si les créatrices et les créateurs soulignent l’effort qui a été réalisé, toutes et tous l’estiment cependant insuffisant, a fortiori parce que l’enveloppe était stable depuis plus de dix ans et que l’augmentation n’est pas à la hauteur de la stratégie d’attractivité déployée par Ciclic. Cette politique est source de nouvelles rencontres et de nouveaux projets potentiels, admettent certains producteurs locaux, constatant qu’elle entraîne aussi une concurrence exacerbée entre les sociétés y compris au sein de leurs propres projets. « Le budget actuel ne doit pas être seulement sanctuarisé, mais doit progresser proportionnellement à l’évolution de la filière », insiste Christophe Camoirano, producteur adhérent au Parc. « II n’existe pas de système qui, à périmètre clos, puisse continuer à se développer », poursuit-il.

« La politique menée depuis 2017 par Ciclic nous permet d’être identifiés nationalement et internationalement, tout en contribuant à la structuration d’une filière en région sur le long terme », réagit Pierre Dallois. L’international est en effet devenu l’un des marqueurs du territoire avec la constitution d’un réseau regroupant différentes régions du monde, afin de favoriser des coproductions. Ciclic met en avant l’« effet levier » de cette stratégie qui génère et décuple les perspectives de financement comme elle fait rayonner les œuvres issues du Centre-Val de Loire.
La sélection à la dernière Berlinale du long-métrage documentaire Au cimetière de la pellicule de Thierno Souleymane Diallo, coproduit par la société tourangelle L’Image d’après et JPL Productions, basée à Villeurbanne, en région Auvergne-Rhône-Alpes, est « la preuve de l’efficacité de notre politique en faveur de l’identification de la filière régionale, à l’international, et de son effet structurant », juge l’agence.

  • 43 aides

    à la création
    en 2021

  • 50,4 K€

    pour
    l'écriture

  • 70 K€

    pour le développement

  • 357,9 K€

    pour la
    production

Penser les budgets sous d’autres prismes

Selon Ciclic, la croissance du nombre de professionnels sur le territoire, en effet encouragée par plusieurs dispositifs pour renouveler les talents et créer de nouvelles opportunités, n’a « paradoxalement » pas entraîné davantage de dépôts, excepté pour l’aide au programme d’entreprise. L’agence relève en outre que la contribution de la région au contrat d’objectifs et de moyens (COM), signé avec TV Tours-Val de Loire, Bip TV et France 3 Centre-Val de Loire, n’a cessé de progresser depuis 2020. Avec une nouvelle hausse prévue pour le prochain COM portant de septembre 2023 à août 2024, à hauteur de 70 000 euros, l’augmentation de l’apport de la région se chiffrera à 350 000 euros en trois ans, ce qui « pondère » l’idée que les budgets n’augmentent pas.

En 2023, le budget du fonds de soutien sera stable, en revanche, confirme Ciclic, ce qui, dans le cadre actuel des finances publiques et les priorités auxquelles sont confrontées les collectivités territoriales, en particulier avec l’inflation du coût de l’énergie, « est à saluer », relève Philippe Germain, directeur général de Ciclic. Par ailleurs, en Centre-Val de Loire comme dans les autres régions, des interrogations se font jour concernant l’intervention du CNC. Le dispositif du 1 euro apporté par le Centre pour 2 euros de la collectivité n’a jamais été remis en question, affirme le CNC. Il se murmure néanmoins qu’à enveloppe constante, le Centre demanderait aux régions de transférer 10 % du fonds de soutien à la création à celui dédié à l’éducation à l’image et à la médiation. Si tel était le cas, les petits fonds comme ceux de Ciclic pourraient cependant ne pas être touchés.

La question budgétaire ne peut pas être abordée uniquement par le prisme du volume ou de la masse, considère Philippe Germain, citant en exemple les plateformes, fort bien dotées, « mais pour fabriquer quoi ? Si l’argent n’est pas mis au service d’un projet politique de soutien à la diversité, à l’indépendance et à la création ? ». Récemment renouvelé à son poste, pour un mandat de trois ans, le patron de Ciclic entend néanmoins reprendre son « bâton de pèlerin » auprès des six départements et deux métropoles – Tours et Orléans – de la région, dépourvus de fonds de soutien, pour que la politique culturelle puisse être « partagée » entre les différentes collectivités territoriales.

Gagner en souplesse et travailler à une fongibilité des crédits afin d’avoir un cadre suffisamment large pour que les porteurs de projets puissent déposer à toutes les étapes.

Pierre Dallois, responsable du pôle Création, Ciclic

En attendant, le renforcement des aides à l’écriture et au développement va être financé « par redéploiement de crédits », explique Pierre Dallois, « tout en conservant la logique intrinsèque » de la stratégie poursuivie par Ciclic ces six dernières années. L’ambition est de « gagner en souplesse et de travailler à une fongibilité des crédits afin d’avoir un cadre suffisamment large pour que les porteurs de projets puissent déposer à toutes les étapes ». « Aujourd’hui, nous avons dix-huit dispositifs dont deux dédiés à l’émergence qui s’avèrent à la fois chronophages et pas assez plastiques. La logique est de les conserver mais en simplifiant », par exemple en revoyant la fréquence des appels à projets, évoque Pierre Dallois.

De la nécessité d’être partie prenante

De son côté, le Baar, qui défend la diversité des soutiens, plaide pour l’augmentation de l’enveloppe de l’aide après réalisation de court-métrage, « appréciée par beaucoup d’auteurs car elle permet de soutenir des films dits “fragiles” empruntant à des esthétiques et des techniques différentes ». Son montant forfaitaire s’élève actuellement à 15 000 euros par film, et les documentaires audiovisuels de moins d’une heure y sont éligibles.

Si les autrices et les auteurs du Baar s’estiment « plutôt bien lotis » et mieux considérés depuis deux ans, ils constatent néanmoins que la concertation vantée par Ciclic n’est pas pleinement satisfaisante dans les faits et relève surtout de la communication. Dernier exemple en date : les commissions plénières pour la sélection des dossiers se tiendront dorénavant en visioconférences et non plus en présentiel avec les experts et les porteurs de projets, pour des raisons de hausse des dépenses d’énergie et du temps de travail des agents, rapporte le collectif.

« On ne souhaite pas être une variable d’ajustement budgétaire alors que le fonds vient d’être augmenté.

Baar, Bureau des auteurs et réalisateurs du Centre

« On ne souhaite pas être une variable d’ajustement budgétaire alors que le fonds vient d’être augmenté », commente le Baar qui dit ne pas avoir été consulté et informé au dernier moment. Il craint « l’affaiblissement de ces commissions qui pourrait à terme justifier leurs disparitions ». « Ces auditions en présence, que nombre de régions nous envient, sont des moments essentiels qui arrivent au terme de plusieurs années de travail », insiste le collectif pour qui « rien ne remplace la rencontre physique ». « Nous refusons d’être écoutés avec une mauvaise connexion ou entre deux mails. Nous en avons tous déjà fait l’expérience. Sans même parler des délibérations, les échanges sont moins attentifs. Alors que le cœur de notre métier est celui de la rencontre, de l’échange, cette évolution au sein de l’agence publique, censée nous accompagner dans notre travail, apparaît comme un paradoxe. »

Cette décision rejoint l’ambition de Ciclic de gagner en « plasticité et en disponibilité », avance, quant à elle, l’agence. Le temps acquis « en s’allégeant des tâches de coordination logistiques et administratives qu’engendre l’organisation de commissions en présentiel » permettra à l’équipe, « à fonds constant, de mieux accompagner et suivre les projets ainsi que les professionnels ». Ciclic pointe en outre que le temps d’échange et de dialogue avec les commissions perdure. « Seule la modalité change. »

Dans les autres sujets en lien avec Ciclic évoqués par le Baar, figure la représentativité des autrices et des auteurs au conseil d’administration de l’agence. Les professionnels y siègent en tant que personnalités qualifiées et non au titre de leur association, les statuts de Ciclic ne le permettant pas. Le secteur du cinéma et de l’audiovisuel dispose d’un titulaire et d’un suppléant, et cela depuis seulement 2021, souligne le Baar, contrairement aux autres champs couverts par l’agence dont la présence au conseil d’administration est plus ancienne.

Les deux sièges sont actuellement respectivement occupés par un comédien, adhérent de l’association Accort, et une productrice, adhérente du Parc. Afin de remédier à l’absence des auteurs, le Baar plaide pour un nombre de sièges suffisant qui permette à chacune des organisations professionnelles d’avoir une personnalité qualifiée qui la représente.

Enfin, s’agissant du COM, le Baar regrette un certain « formatage des écritures », depuis sa mise en place par le biais d’un contrat unique pour les trois chaînes locales « poussées à travailler ensemble ». Seul Bip TV sort du lot, en initiant quelques rares films de création mais souvent financés en dehors du COM, décrit le Baar pour qui le dispositif ne tient pas sa promesse de soutenir la création audiovisuelle dans sa diversité.

Le collectif milite « pour un quota de films tournés avec une production régionale mais sur des sujets hors du territoire et à l’étranger, comme cela se fait en Bretagne ». « Ce serait cohérent avec l’aide à la coproduction internationale de Ciclic », souligne également le Baar qui regrette de ne pas être associé à l’élaboration du COM comme c’est le cas, là encore, en Bretagne, où les autrices et les auteurs le sont pleinement. À ce sujet, comme pour d’autres qui les concernent, les auteurs et les autrices souhaitent être partie prenante des décisions qui les engagent, et qui leur permettraient de déployer la diversité d’écritures qu’ils défendent.

Méthodologie des enquêtes de la Scam pour un état des lieux du documentaire en région

Ces focus restent circonscrits au seul documentaire audiovisuel (donc hors court et long métrage). Ils proposeront une photographie quantitative et qualitative de chaque région, à travers la parole des auteurs-réalisateurs et autrices-réalisatrices qui vivent et travaillent dans ces territoires. S’y exprimeront également les points de vue des autres acteurs animant ces filières régionales.

Les chiffres clés relatifs à la région Occitanie sont issus des données collectées par l’agence Ciclic-Centre-Val-de-Loire pour le Panorama des interventions territoriales en faveur du cinéma et de l’audiovisuel publié chaque année, dans le cadre de sa convention de coopération triennale État-région-CNC. Le périmètre des collectivités est identique à celui du Panorama, qui prend en compte la région, les départements, les eurométropoles, les métropoles et les villes, s’il y a lieu. De la même manière, les statistiques se concentrent sur les aides délivrées par la région, le premier niveau d’intervention. Les investissements de la région agrègent ceux octroyés via le ou les contrats d’objectifs et de moyens signés entre la collectivité et le ou les diffuseurs, quand ils existent. Les statistiques autres que celles de Ciclic qui pourraient être citées sont dans tous les cas sourcées. Le choix a été fait de ne pas comparer les chiffres de l’année 2021 et ceux de l’année 2020, sauf cas particulier, l’année de la pandémie ayant été marquée par l’attribution d’aides exceptionnelles, dans certaines régions, par définition non reconduites en 2021.

Remerciements : Pauline Martin et Pierre Dallois à l’agence Ciclic-Centre-Val-de-Loire et la Boucle documentaire.

Série Territoires et Création

photo Pascal Bondis

#1 – L’Occitanie

Blois - photo Julia Casado
Blois - photo Julia Casado

#3 – Centre-Val de Loire

Après l’étude transversale « Le documentaire, les régions et leurs aides », publiée en juin 2021, la Scam poursuit avec la journaliste Emmanuelle Miquet son tour de France, cette fois par territoire. Deuxième focus avec la région Nouvelle-Aquitaine où plusieurs chantiers sont en cours parmi lesquels l’évolution des soutiens d’une collectivité devenue l’une des plus attractives de France pour les créateurs et les créatrices.

Le sentiment est partagé par la plupart des auteurs et des autrices de documentaires audiovisuels réunis au sein de Naais, l’association des auteurs et autrices de l’image et du son en Nouvelle-Aquitaine : à l’instar de l’ensemble de la communauté professionnelle du territoire, il ne manque pas grand-chose à la région Nouvelle-Aquitaine pour optimiser ses dispositifs à la création, nombreux et divers, et qui ont grandement contribué à structurer la filière

Une région en perpétuel mouvement

La plus grande région de France, depuis la réforme territoriale de 2015, combine les aides du fonds de soutien au cinéma et à l’audiovisuel de l’Agence livre, cinéma et audiovisuel en Nouvelle-Aquitaine (Alca) et les dispositifs propres à la région, dits fonds filières parce qu’à effets structurants pour les professionnels locaux. S’y ajoutent les soutiens des trois départements investis dans le documentaire, en 2021, sur les six engagés dans la création.

Enfin, les quatre contrats d’objectifs et de moyens (COM) signés entre la région et France 3 Nouvelle-Aquitaine, TV7, Kanaldude et ÒCtele contribuent majoritairement au genre (66 % du total des aides en 2021), avec un apport de 230 000 euros (64 % du montant). Fait rare, ces COM accordent des aides au développement et des conventions d’écriture, initiées par TV7 et rejointes par Kanaldude et ÒCtele.

Jusque-là opérés par la délégation numérique de la région Nouvelle-Aquitaine, les COM seront gérés par la direction du cinéma et de l’audiovisuel à partir de janvier 2023, année de l’échéance des contrats. Ce transfert a été décidé dans un souci de « mise en cohérence de la filière », explique Charline Claveau, conseillère régionale de Nouvelle-Aquitaine et vice-présidente chargée de la culture, des langues et cultures régionales et du patrimoine.

D’autres changements, résultant de plusieurs chantiers, interviendront dans les prochains mois. Outre la réforme du fonds de soutien menée par la région et l’Alca, cette dernière a initié une grande étude quantitative et qualitative dans le but de « dresser le premier état des lieux de la filière à l’échelle de la grande région Nouvelle-Aquitaine », commente Emmanuel Feulié, son directeur cinéma et audiovisuel. Cet état des lieux avait fait l’objet, ces dernières années, de demandes récurrentes des professionnels, et en particulier des auteurs et des autrices. Enfin, la réforme des statuts de l’agence Alca, prévue pour 2024, a été décidée à la suite de la dernière élection de son conseil d’administration, en décembre 2021, où Naais, qui y siégeait depuis la création de l’agence, n’a pas été réélue.

Les statuts actuels de l’Alca ne favorisent pas l’équilibre harmonieux et essentiel d’une communauté audiovisuelle qui ne cesse de progresser et d’évoluer. 

Naaïs et La Tribune des auteurs

Par voie de communiqué de presse, Naais et le think-tank de La Tribune des auteurs, qui réunit principalement scénaristes, cinéastes, autrices-réalisatrices et auteurs-réalisateurs régionaux, ont immédiatement déploré que « les statuts actuels de l’agence ne favorisent pas l’équilibre harmonieux et essentiel d’une communauté audiovisuelle qui ne cesse de progresser et d’évoluer grâce notamment aux efforts financiers des collectivités locales ».

Les signataires ont demandé aux instances concernées de « prendre la mesure du déficit de représentativité » au sein du nouveau conseil d’administration de l’Alca et « de mettre en œuvre les dispositions nécessaires à l’intégration de représentants des cinéastes et des scénaristes ». Que Naais n’ait pas été renouvelée est « problématique », répète aujourd’hui encore Charline Claveau, une position exprimée dès janvier 2022, au Fipadoc, à Biarritz, au cours de la table ronde de la Scam Territoires et Création. Il est important que tous les corps de professionnels puissent être représentés au conseil d’administration, avait alors plaidé l’élue.

En attendant la réforme des statuts de l’Alca, il a été proposé à Naais un siège d’observateur permanent jusqu’aux prochaines élections, en 2024. Une alternative qui permet à l’association d’être présente, mais sans pouvoir prendre part au vote. La Tribune des auteurs a par ailleurs intégré récemment l’assemblée générale de l’Alca.

La région Nouvelle-Aquitaine et le documentaire audiovisuel

Troisième fonds d’aide à la création, derrière l’Ile-de-France et les Hauts-de-France, en 2021, la région Nouvelle-Aquitaine se classe septième nationale pour le documentaire audiovisuel, avec une enveloppe de 865 000 euros (11 % du fonds global), qui intègre les quatre contrats d’objectifs et de moyens (COM). Celle-ci franchit un million d’euros, si l’on y ajoute les départements impliqués dans le genre (Charente, Charente-Maritime, Dordogne), dont la contribution inclut des aides attribuées directement aux auteurs et aux auteurices, fait unique dans l’Hexagone, l’an dernier. À l’échelon de la seule région, la Nouvelle-Aquitaine rafle le record des aides directes à l’écriture (11). La répartition par étapes de soutien relègue néanmoins l’écriture (7 % du total alloué au documentaire) et le développement (1,2 %), loin derrière la production (91,8 %).

865 000 €

aide à la création

Ouvrir le débat

L’état des lieux du secteur du cinéma et de l’audiovisuel sur le territoire est en attente, la restitution du premier volet chiffré (nombre de professionnels par catégorie de métiers, de films produits, typologie…) ayant pris du retard. À terme, un document unique doit centraliser les statistiques et les éléments issus d’entretiens réalisés avec des professionnels par activité.

La réforme des règlements intérieurs des aides était, quant à elle, initialement prévue début 2023, sur la base des travaux menés par l’Alca et par le service culture de la région. Elle sera finalement reportée pour coïncider avec le renouvellement de la convention triennale de coopération État-région-CNC, à échéance fin 2022. Le futur contrat, qui porte sur la période 2023-2025, sera pour sa part en vigueur au 1er janvier, bien que signé à la fin 2023. En effet, la première année d’application de la convention est généralement celle du temps de la négociation et de sa rédaction.

Dans ce contexte, la collectivité vient de décider d’une concertation avec les professionnels du territoire, et avec des organisations nationales, pour ouvrir le débat. Le détail de ses modalités reste à définir. Une « conjonction de facteurs » a motivé ce nouveau calendrier, expose Charline Claveau. L’étude de l’Alca est « un bon point d’appui » pour relancer une consultation à l’occasion de sa restitution, estime l’élue. « Ensuite, il y a eu deux arrivées [la sienne, en juillet 2021, et celle de Rachel Cordier, directrice générale de l’Alca depuis le 1er septembre dernier], qui ont appuyé le souhait d’avoir un regard renouvelé », à l’approche de la nouvelle convention. Ce temps supplémentaire sera aussi l’occasion d’analyser les conséquences de la pandémie et de soulever les nombreuses interrogations qui pèsent sur les équilibres actuels de l’industrie : incertitudes budgétaires au CNC, fréquentation en salles et fragilité du financement après la suppression de la redevance.

La dernière concertation formelle avec les professionnels remonte à 2019-2020, pour la convention triennale 2020-2022, rappelle la Naais. « Ces dernières années, nous avons souvent été consultés tardivement et mis devant le fait accompli, que ce soit avec la région ou avec l’Alca. Donc la méthode est largement perfectible. Nous avons rencontré Charline Claveau et entendu sa volonté de changer les pratiques. »

On constate parfois des difficultés entre auteurs et producteurs, on voudrait être un peu plus exigeant sur ce point.

Emmanuel Feulié, Alca

Le calendrier a changé, mais l’approche de la région et de l’agence reste la même. Plus qu’une réforme d’ampleur, la démarche porte davantage sur « l’adaptation et l’amélioration de la mécanique », fait valoir la région, estimant que ses « fondations sont solides » et que les dispositifs et les règlements « ont donné des résultats ». Dans ce cadre, tout en confirmant les « axes importants » (la coproduction internationale, le cinéma, court et long métrage…), il s’agira par exemple « de redéfinir certains critères d’aides, et peut-être d’introduire de nouveaux soutiens, en fonction des résultats de la concertation », expose Emmanuel Feulié.

Au sujet du documentaire audiovisuel, « il n’y a pas de grands bouleversements annoncés, sinon peut-être sur des critères en lien avec le territoire, indique Emmanuel Feulié. On ne va probablement pas changer grand-chose sur le règlement qui concerne les auteurs », poursuit-il, soulignant toutefois qu’une « attention particulière » sera portée à leur rémunération concernant les aides en amont de développement et d’écriture, lorsqu’elles sont perçues par le producteur. « On constate parfois des difficultés entre auteurs et producteurs, on voudrait être un peu plus exigeant sur ce point », observe-t-il.

  • 59 aides

    à la création
    en 2021

  • 61 K€

    pour
    l'écriture

  • 10 K€

    pour le développement

  • 794 K€

    pour la
    production

Crise de croissance

En faisant évoluer les règlements, l’enjeu est aussi de « gérer la crise de croissance de la région devenue extrêmement attractive ces dernières années », constate Emmanuel Feulié. Le nombre des dossiers déposés ne cesse d’augmenter, relève l’Alca. Sur les trois dernières années, la progression générale s’établit en moyenne à 5 %.

Entre 2021 et 2022, les demandes pour le genre documentaire (tous formats confondus, court et long métrage, unitaire TV) a bondi de 13,9 %. C’est à l’étape du développement que la hausse est la plus forte (+ 21,3 %), suivie de l’écriture (+ 15,9 %), celle de la production se révélant quasi stable (+ 1,2 %), selon les chiffres de l’Alca. À ce rythme, « le fonds de soutien sera de plus en plus sélectif », avertit l’agence, sans compter que ce volume complexifie la gestion des dossiers en interne.

Avant même ce scénario, l’une des principales revendications de Naais est « qu’il puisse y avoir un taux de sélectivité plus ouvert aux auteurs régionaux ». L’aide au « Projet d’après », mis en place par la région pour les auteurs et les autrices en 2020, durant le Covid, afin de soutenir des projets en amorce, « est le seul dispositif qui ne soit pas ultra sélectif et qui accompagne l’auteur sur la base d’une idée de film, devenant de ce fait une véritable aide à l’écriture et non pas une prime à l’écriture », relève Naais, très favorable à ce soutien. L’association constate, en revanche, que « l’aide à l’écriture conventionnelle n’est pas facile à obtenir en Nouvelle-Aquitaine ». Également bien dotée (5 000 euros maximum), l’aide au « Projet d’après » bénéficie en effet d’un taux de sélectivité très faible : près de 53 % (plus d’un projet sur deux soutenus) en 2022, 76,5 % en 2021 et un peu plus de 62 % en 2020, confirme la région.

Nous avons encore beaucoup de travail à faire pour sortir d’un tropisme aquitain et passer à l’échelle de la Nouvelle-Aquitaine. 

Emmanuel Feulié, Alca

Lancé à titre expérimental, ce dispositif pourrait cependant bouger. Une réflexion est en cours pour une éventuelle évolution vers une aide au programme d’écriture, sur le modèle de l’aide au programme pour les sociétés de production, déjà gérée par la région. Destinée à une entreprise installée en Nouvelle-Aquitaine, celle-ci permet de soutenir une structure sur plusieurs projets en amorce. De la même manière, un auteur ou une autrice serait ainsi potentiellement accompagné sur divers projets.

Dans les initiatives « contrariées en partie par le Covid », l’Alca souhaite continuer à déployer des rencontres interprofessionnelles sur le territoire de la Nouvelle-Aquitaine comme cela s’est déjà fait à « Limoges, Poitiers et régulièrement à Biarritz, à l’occasion des différents festivals » accueillis dans la ville, rappelle le directeur du cinéma et de l’audiovisuel. « Nous avons encore beaucoup de travail à faire pour sortir d’un tropisme aquitain et passer à l’échelle de la Nouvelle-Aquitaine, aller repérer des talents… Cela n’est pas évident dans une région aussi grande que la nôtre. Il y a des territoires qu’on apprend encore à connaître », développe Emmanuel Feulié. Celui-ci pointe, en outre, une « équipe qui s’est beaucoup renouvelée » au sein de l’agence. Entre son arrivée, en 2019, et aujourd’hui, l’effectif du département cinéma et audiovisuel a plus que doublé, atteignant 18 personnes, depuis la rentrée de septembre.

Agence et collectivité, une collaboration à la loupe

« Progresser sur la circulation de l’information » et la clarification des soutiens de l’Alca est un autre des chantiers en cours de l’agence. La critique vaut aussi pour la région, selon des auteurs et autrices de Naais, qui évoquent par ailleurs la complexité, au quotidien, que peut entraîner la coexistence entre l’agence et la collectivité ainsi qu’un manque de lisibilité sur la répartition des aides. La question du dialogue et de la collaboration entre l’Alca et la région est d’autre part régulièrement pointée par les professionnels dans leur ensemble. Le fait que la Nouvelle-Aquitaine ait souhaité avoir une agence spécialisée « peut induire des effets non pas de concurrence mais des effets de bord et de difficultés de clarté, de lisibilité et d’articulation entre la région et l’Alca », reconnaît Charline Claveau.

Il est absolument nécessaire qu’il y ait une très grande fluidité et une étroitesse de travail entre la région et l’Alca.

Charline Claveau, région Nouvelle-Aquitaine

Dès son arrivée, l’élue a estimé « absolument nécessaire » qu’il puisse y « avoir une très grande fluidité et une étroitesse de travail » entre la région et l’Alca, et cela, pour le « bénéfice des professionnels ». L’agence dans sa forme actuelle, c’est-à-dire depuis la fusion, « est relativement jeune et assez neuve », tempère-t-elle néanmoins.

La première phase du travail sur l’évolution des règlements du fonds de soutien a été menée conjointement par l’équipe de l’Alca et par l’équipe cinéma de la région, rappelle quant à lui Emmanuel Feulié. « Il y a eu une démarche participative en interne entre les deux entités pour construire cette proposition. Nous avons appris à travailler ensemble. C’est très important. » Selon lui, « la concertation à venir donnera un éclairage nouveau. Les évolutions des dispositifs de soutien seront le fruit du croisement de ce travail et des retours des professionnels ».

Il ne s’agit pas seulement de produire en région mais depuis la région. 

David Hurst, La Peña

La Nouvelle-Aquitaine se caractérise par la présence de nombreuses associations professionnelles qui pourraient se fédérer au sein d’une interprofessionnelle régionale. À la faveur d’échanges renforcés pendant la pandémie, « on s’est rendu compte qu’on partageait beaucoup plus de choses qu’on ne l’imaginait, notamment sur deux points fondamentaux que sont la création et l’initiative régionale. Il ne s’agit pas seulement de produire en région mais depuis la région », explique David Hurst, coprésident de La Peña (Produire en Nouvelle-Aquitaine), principale association de producteurs sur le territoire, moteur dans ce projet de collectif interassociatif.

L’objectif est « avant tout d’être une force de réflexion et de proposition par rapport à nos interlocuteurs institutionnels en valorisant cette question de la création depuis la région, poursuit David Hurst. Si on est tous ensemble, notre voix sera encore plus forte et plus incontournable. C’est d’autant plus important dans le contexte de fragilisation sur le plan national », note le producteur.

Le sujet de cette interprofessionnelle sera discuté durent la sixième édition de Territoire(s) d’images, les rencontres professionnelles organisées par La Peña, les 5 et 6 décembre, à Limoges. Un séminaire à huis clos entre les associations professionnelles y est annoncé, en présence notamment du Collectif des festivals de cinéma et d’audiovisuel de Nouvelle-Aquitaine, Naais, la Tribune des auteurs, les Maisons de production associées, Atana (Association des techniciens de l’audiovisuel en Nouvelle-Aquitaine) ou Cina (Cinémas indépendants de Nouvelle-Aquitaine).

À ce stade, Naais ne dispose pas « d’assez d’éléments pour se prononcer sur la forme que cela peut prendre, mais si elle est un véritable espace de dialogue, une interprofessionnelle peut être une vraie force. La rencontre à Limoges permettra, nous l’espérons, d’en poser les jalons », commente l’association, en amont. La Tribune des auteurs, d’ores et déjà favorable à cette initiative, évoque Films en Bretagne, qui réunit et représente les professionnels de l’audiovisuel et du cinéma, de l’écriture à la diffusion.

Ces multiples chantiers pourraient, demain, apporter le peu qui manque à la Nouvelle-Aquitaine pour optimiser ses dispositifs. C’est pourquoi leurs issues seront attentivement scrutées dans les prochains mois.

Le Faana, un festival créé par les autrices et les auteurs de Naais pour valoriser leurs films

Organisé pour la première fois en septembre 2021, à Saint-Georges-de-Didonne, près de Royan, le Festival des autrices et auteurs de l’image du son en Nouvelle-Aquitaine (Faana) a été créé par Naais pour « mettre en lumière les œuvres des autrices et des auteurs de la région », qui sont « plus d’une centaine », selon les chiffres de l’association. D’une périodicité biennale, le Faana propose une sélection de films de tous les genres, aussi bien produits par la Nouvelle-Aquitaine que par d’autres régions, voire autoproduits, et des rencontres professionnelles. L’objectif du festival est de « montrer la diversité de ce qui se fait dans notre très grande région », mentionne Naais. En Nouvelle-Aquitaine, il y a très peu d’accompagnement de la part de la région et de l’Alca sur la diffusion des œuvres audiovisuelles et des courts métrages. Nous espérons que la récente arrivée d’une nouvelle chargée de mission à la diffusion changera la donne », observe l’association. Après une première année, qui a remporté son pari en termes de fréquentation, la prochaine édition est attendue en septembre 2023. « Offrir un espace d’échanges et de rencontres fait partie de nos missions », fait valoir l’association, à l’instar du « coin doc, du coin fiction, l’organisation de tables rondes et de journées de formation qui sont autant d’occasions de réunir des auteurs ».

Méthodologie des enquêtes de la Scam pour un état des lieux du documentaire en région

Ces focus restent circonscrits au seul documentaire audiovisuel (donc hors court et long métrage). Ils proposeront une photographie quantitative et qualitative de chaque région, à travers la parole des auteurs-réalisateurs et autrices-réalisatrices qui vivent et travaillent dans ces territoires. S’y exprimeront également les points de vue des autres acteurs animant ces filières régionales.

Les chiffres clés relatifs à la région Occitanie sont issus des données collectées par l’agence Ciclic-Centre-Val-de-Loire pour le Panorama des interventions territoriales en faveur du cinéma et de l’audiovisuel publié chaque année, dans le cadre de sa convention de coopération triennale État-région-CNC. Le périmètre des collectivités est identique à celui du Panorama, qui prend en compte la région, les départements, les eurométropoles, les métropoles et les villes, s’il y a lieu. De la même manière, les statistiques se concentrent sur les aides délivrées par la région, le premier niveau d’intervention. Les investissements de la région agrègent ceux octroyés via le ou les contrats d’objectifs et de moyens signés entre la collectivité et le ou les diffuseurs, quand ils existent. Les statistiques autres que celles de Ciclic qui pourraient être citées sont dans tous les cas sourcées. Le choix a été fait de ne pas comparer les chiffres de l’année 2021 et ceux de l’année 2020, sauf cas particulier, l’année de la pandémie ayant été marquée par l’attribution d’aides exceptionnelles, dans certaines régions, par définition non reconduites en 2021.

Remerciements : Pauline Martin et Pierre Dallois à l’agence Ciclic-Centre-Val-de-Loire et la Boucle documentaire.

Série Territoires et Création

photo Pascal Bondis

#1 – L’Occitanie