Changer de domaine d'exploitation

Pourquoi signer un accord d’exploitation avec la Scam ?

La Scam est votre partenaire privilégiée. Elle facilite l’exercice de votre activité pour :

  • exploiter son répertoire de millions d’œuvres (audiovisuelles, sonores, littéraires, multimedia…),
  • entrer en contact avec ses auteurices,
  • obtenir votre autorisation d’exploitation dans les meilleurs délais,
  • répondre aux questions relatives à vos obligations en matière de droits d’auteur. 

3 bonnes raisons de signer avec la Scam

En signant un contrat général avec la Scam, vous obtenez le droit d’utiliser toutes les œuvres de son répertoire en contrepartie du règlement des droits d’auteur.

Contactez-nous
  1. 1

    D’abord, la sécurité juridique. La Scam vous garantit une exploitation sereine de votre activité.
  2. 2

    Ensuite, une gestion simplifiée. La Scam est votre interlocuteur unique pour accéder à des millions d’œuvres.
  3. 3

    Enfin, un tarif juste. L’autorisation est encadrée par un tarif tenant compte de votre économie, votre chiffre d’affaires, vos audiences…

Les atouts de la gestion collective

La Scam, en tant qu’organisme de gestion collective, négocie avec les exploitants (télévision, radio, plateformes web…) des contrats prévoyant une rémunération pour l’exploitation des œuvres de ses membres.

Une sécurité juridique pour les exploitants

Les auteurs et les autrices, lorsqu’ils adhèrent à la Scam, lui apportent leurs droits. C’est l’apport de ces droits qui permet à la Scam de vous garantir la sécurité juridique nécessaire à l’exercice de votre activité. Grâce aux contrats signés avec la Scam, vous diffusez sereinement l’ensemble des œuvres déclarées à son répertoire ainsi que les œuvres dont l’exercice des droits lui a été confié par des sociétés d’auteurs étrangères, en vertu d’accord de réciprocité. C’est le principe dit de gestion collective des droits.

Une gestion qui a fait ses preuves

La Scam facilite votre gestion des droits qui peut s’avérer complexe et chronophage pour vos équipes. En étant votre interlocuteur unique, la gestion collective des droits proposée par la Scam vous dispense ainsi de négocier individuellement des droits au cas par cas. Depuis deux siècles, le droit d’auteur s’adapte à toutes les évolutions technologiques et aux nouveaux moyens de diffusion des œuvres (radio, cinéma, télévision, CD, DVD, VoD, podcast…).

Un modèle gagnant/gagnant

La gestion collective des droits vous permet ainsi de réaliser des économies de gestion et aux auteurices de percevoir effectivement leurs droits. La Scam prélève de 3 à 13 % sur les sommes réparties à ses membres selon les droits gérés (retenue approuvée par l’assemblée générale). La Scam est une société civile, ce n’est pas une société commerciale, elle ne fait donc pas de bénéfices ; les excédents de gestion sont reversés aux membres au prorata des droits répartis.

Une gestion contrôlée par l’État

Depuis 2000, les organismes de gestion collective (OGC) sont contrôlés par une commission permanente composée de hauts magistrats siégeant à la Cour des Comptes. Cette commission publie un rapport annuel sur la gestion des OGC.

La Scam…

Plus de 50.000 auteurices (documentaire et reportage audiovisuel, cinématographique, sonore et web ; littérature, journalisme ; traduction ; web vidéo ; photographie et dessin) se sont rassemblés pour gérer collectivement leurs droits. Toute entreprise (télévisions, radios, plateformes, distributeur, Smad…) qui souhaite exploiter leurs œuvres, doit négocier avec la Scam.

Trois bonnes raisons de signer avec la Scam

En signant un contrat général avec la Scam, vous obtenez le droit d’utiliser toutes les œuvres de son répertoire.   

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    D’abord, la sécurité juridique. La Scam vous garantit une exploitation sereine de votre activité.
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France Culture et la Scam affirment leur ambition commune de favoriser l’émergence de nouveaux projets documentaires pour les auteurs et les autrices, de promouvoir la création, d’accompagner la démarche de financement d’œuvres originales et d’imaginer de nouvelles formes de création de documentaires audio à fort potentiel sur les plateformes numériques et sociales.

Deux bourses de 5 000 € chacune seront attribuées à des auteurs ou autrices pour l’écriture de projets documentaires audio. La mise en production et l’inclusion de l’œuvre dans l’offre de contenus de France Culture relèveront ensuite de la décision du Pôle Documentaire de France Culture.

Les critères de recevabilité

Les projets envoyés au comité de sélection doivent répondre aux critères suivants :
● être d’expression française,
● relever du genre documentaire,
● s’inscrire dans la lignée des productions “Une histoire particulière” de France Culture,
● répondre à la thématique “Raconter nos régions aujourd’hui”,
● être un premier ou deuxième documentaire audio.

À noter que les reportages et émissions d’information ne font pas partie du présent appel à projets

Le dossier de candidature

Le dossier doit comprendre les éléments suivants :
● un résumé de 5 lignes (500 signes maximum),
● la durée de l’œuvre (à noter que les projets auront vocation à s’inscrire en priorité dans la case documentaire de France Culture “Une histoire particulière”),
● une note d’intention présentant le projet en maximum deux pages, précisant
l’originalité de l’écriture radiophonique et incluant de possibles développements sur les plateformes sociales,
● les noms et un CV détaillé de l’auteur ou de l’autrice, ainsi que ses coordonnées complètes,
● éventuellement un lien vers ses précédentes créations (sur tout support),
● un IBAN.

Le comité de sélection se réunira à l’automne 2025 et sélectionnera les projets lauréats. Les résultats seront annoncés au plus tard le 31 décembre 2025.

Proposition de loi relative à la réforme de l’audiovisuel public et à la souveraineté audiovisuelle – La Filière audiovisuelle (LaFA) souhaite alerter les parlementaires sur les conséquences graves que pourrait entraîner l’adoption des amendements visant à interdire la publicité commerciale sur les chaînes privées pendant les programmes destinés aux enfants de moins de 12 ans, lors de l’examen en séance de la proposition de loi relative à la réforme de l’audiovisuel public et à la souveraineté audiovisuelle à l’Assemblée nationale, prévu lundi 30 juin et mardi 1er juillet.

Cette mesure constitue une fausse promesse de protection des enfants, alors même que les éditeurs de services, les producteurs et les auteurs se sont engagés depuis plusieurs années dans une démarche responsable, notamment à travers la Charte alimentaire, pour encadrer les messages publicitaires et garantir des contenus et des programmes respectueux des jeunes publics.

Cette mesure d’interdiction générale, à rebours de toute démarché pédagogique, aurait en revanche pour effet immédiat une baisse significative des recettes publicitaires des chaînes, compromettant le financement de la création audiovisuelle, notamment dans le secteur de l’animation, pourtant fleuron de la culture française, et qui connaît aujourd’hui une crise importante.

Elle renforcerait également les déséquilibres réglementaires qui pénalisent les acteurs nationaux et favorisent les plateformes internationales, non soumises aux mêmes règles, au détriment de notre souveraineté culturelle et de la diversité de l’offre jeunesse.

LaFA appelle les parlementaires à une approche équilibrée, concertée, et tenant compte des réalités économiques du secteur, afin de ne pas fragiliser davantage un écosystème déjà sous pression.

La Filière Audiovisuelle (LaFA) a été créée en novembre 2024 à l’initiative de plusieurs éditeurs, syndicats d’auteurs et producteurs. Elle réunit 25 membres, dans une démarche inédite et unique au monde, pour construire et diffuser largement une compréhension commune des enjeux du secteur audiovisuel français. Son ambition est d’accompagner la transformation du secteur, de garantir la diversité et le renouvellement de la création et d’assurer le rayonnement de l’exception culturelle française.

Contact presse 
La Scam – presse@scam.fr – 01 56 69 64 34

Le SATEV (Syndicat des Agences de Presse Audiovisuelles), la Scam et la GARRD (Guilde des Auteurs-Réalisateurs de Reportages et de Documentaires) sont heureux d’annoncer la signature, ce jour, d’un accord novateur.

Cet accord a pour objet de définir et de déterminer les modalités de fixation et de répartition de la « part appropriée et équitable » de la rémunération due aux auteurs-réalisateurs, en vertu de l’article L. 218-5 du Code de la propriété intellectuelle. Cette rémunération est assise sur les montants des droits voisins versés par les services de communication au public en ligne aux seules agences de presse audiovisuelles.

Il s’agit du premier accord conclu dans le cadre de la loi du 24 juillet 2019 (dont est issu l’article L. 218-5 du CPI), qui a institué un droit voisin au profit des agences de presse et des éditeurs de presse. Il pose un principe d’équité de traitement entre les auteurs-réalisateurs et les journalistes audiovisuels au sein des 41 agences de presse audiovisuelles listées à ce jour dans l’accord. Le versement de la part sera géré individuellement par ces agences.

Cet accord, rétroactif au 24 octobre 2019, date d’entrée en vigueur de la loi précitée, produira ses effets jusqu’au 31 décembre 2025 et se renouvellera tacitement.

À ce jour, Google et Meta sont les deux premières plateformes à s’être engagées à verser une rémunération aux agences de presse au titre des droits voisins.

Les représentants des organisations signataires expriment leur satisfaction quant à cette avancée significative pour les droits des créateurs :

« Nous nous félicitons de cette signature qui marque une reconnaissance essentielle du travail des auteurs-réalisateurs. C’est une étape cruciale pour assurer une juste rémunération de la création et renforcer l’écosystème de la presse audiovisuelle« , déclarent conjointement le SATEV, la SCAM et la GARRD.

Cette initiative souligne l’engagement collectif à garantir une meilleure répartition de la valeur générée par l’utilisation des contenus de presse à l’ère numérique, et à pérenniser la création audiovisuelle en France.

 

Contacts :

SATEV : Florence Braka, déléguée générale, f.braka@ffap.fr, 06 03 51 7018
SCAM : presse@scam.fr, 01 56 69 64 34
GARRD : Perle Schmidt-Morand, déléguée générale, perle.schmidt-morand@garrd.fr, 06 32 14 78 44

La Scam et Radio France ont signé ce lundi 23 juin un avenant à leur accord spécifique du 24 juillet 2023 relatif à la rémunération revenant aux journalistes du groupe au titre des droits voisins perçus par Radio France en tant qu’éditeur de presse. Ces droits rémunèrent la reprise des contenus qu’elle produit par des services de communication en ligne

Cet avenant permettra aux journalistes salariés de Radio France de percevoir, par l’intermédiaire de la Scam, la part de ces droits qui leur revient. Il poursuit les engagements conjoints de Radio France et de la Scam à consolider les droits des journalistes, dans un contexte marqué par l’évolution très rapide des usages numériques auxquels la radio publique est confrontée.

Les syndicats de producteurs et de distributeurs audiovisuels (AnimFrance, le SATEV, le SEDPA, le SPECT, le SPI et l’USPA) et les sociétés de gestion collective d’auteurs (SACD et la SCAM) ont signé un accord avec la chaîne 13ème RUE, qui vient d’être transposé dans la convention entre l’éditeur de services et l’ARCOM.

Ce premier accord interprofessionnel relatif aux obligations d’investissement de 13ème RUE en faveur de la production audiovisuelle est conclu sous l’égide du décret dit câble et satellite. Il confirme l’engagement continu de NBCUniversal International Networks & Direct-To-Consumer envers le secteur de la création française et la volonté de s’intégrer pleinement dans le cadre réglementaire français.

Il traduit la vision partagée des parties en faveur de la diversité, du renouvellement et du rayonnement de la création audiovisuelle française et plus particulièrement dans le domaine de la fiction.
Les signataires se sont entendus pour que NBCUniversal International Networks & Direct To-Consumer consacre :

  1.  12,5% du chiffre d’affaires net de l’exercice précédent de 13ème RUE à des investissements dans les œuvres audiovisuelles, dont 80% dans les œuvres dites patrimoniales ;
  2.  une part de 85% de cet engagement dédiée à des œuvres EOF ;
  3.  et une part de 70% dédiée à des œuvres indépendantes.

13ème RUE disposera d’une durée d’exploitation de 48 mois en télévision payante ; le holdback à l’égard des exploitations en télévision gratuite et en vidéo à la demande par abonnement ne pouvant excéder 18 mois.
L’accord pourra être étendu à toute autre chaîne de télévision payante de NBCUniversal disponible en France, à condition qu’elle devienne éligible aux obligations de production.

Cet accord a été conclu pour une période de deux années jusqu’au 31 décembre 2025.

Contacts presse 
Stéphane Le Bars – Délégué général – AnimFrance & USPA – s.lebars@uspa.fr
Florence Braka – Déléguée générale – SATEV – f.braka@ffap.fr
Raphaëlle Mathieu – Présidente – SEDPA – rmathieu@cybergroupstudios.com
Vincent Gisbert – Délégué général – SPECT – vincentgisbert@spect.fr
Emmanuelle Mauger – Déléguée générale adjointe – SPI – emauger@lespi.org
Chloé Rayneau – Attachée de presse SACD – chloe.rayneau@sacd.fr
La Scam – presse@scam.fr – 01 56 69 64 34

Thierry Garrel, ancien responsable des programmes documentaires à l’INA puis à ARTE revient sur la disparition de notre confrère Alain Jaubert

photo Aurelia Jaubert
photo Aurelia Jaubert .

C’est dans le chagrin et la peine que j’ai appris il y a huit jours le décès d’Alain Jaubert avec qui j’ai travaillé pendant près de trente ans, après notre première rencontre en 1981 à l’INA, où j’étais responsable des documentaires indépendants et d’archives. Alain, qui était journaliste, s’était mis en rapport avec nous alors que nous mettions au point, avec Louisette Neil et Philippe Grandrieux, les premiers numéros du magazine Juste une image.

Au terme de plusieurs années de recherche dans les archives, il avait réuni des centaines de documents photographiques que les services de propagande des pays totalitaires – de droite comme de gauche – avaient truqués avant de les diffuser au monde entier. Il nous proposa d’évoquer ce travail de censure et de propagande par l’image, en s’appuyant sur cette riche collection de photos russes, chinoises, allemandes et françaises, tant dans leur version originale que “retouchée”.  Le résultat fut à la fois stupéfiant, hilarant et effrayant : une séquence d’à peine dix minutes, introduite par le texte de George Orwell sur le fameux Commissariat aux Archives de son roman 1984, avec pour tout commentaire pour accompagner la démonstration du travail de falsification, des bruitages de flipper, de caisse enregistreuse et de machine à sous, judicieusement montés. Coup d’essai, coup de maître! (Alain sera quelque temps plus tard le curateur au MAM d’une exposition de ces photos politiques truquées et d’une édition d’un fort livre illustré devenu un ouvrage de référence).

En 1983, c’est l’édition par Serge Klarsfeld de l’Album d’Auschwitz, qui suscite le nouveau projet qu’Alain nous apporte, autour de ces seules photographies connues du camp en fonctionnement, prise en juillet 1944 sur la rampe d’accès par des SS au moment de l’arrivée du train des juifs hongrois, à la veille de leur extermination accélérée. Son film explore ces photographies au banc-titre dans leurs moindres détails, et ce sont cette fois quatre déportées survivantes qui les commentent. (En 1985, Claude Lanzmann sortira son film monumental Shoah, ouvrant en France et dans le monde un intérêt renouvelé pour une mémoire largement oubliée).

Sa rencontre au Louvre avec Madeleine Hours, conservatrice et Directrice du laboratoire de Recherche des Musées de France, déterminera un nouveau projet d’Alain auquel je me trouve de nouveau associé, alors que je suis sur le point de quitter l’INA pour prendre la Direction de l’Unité Documentaire de La Sept. Il s’agit de constituer un film monographique approfondi sur un seul tableau, Le Repas chez Levi de Véronèse, en utilisant toutes les techniques d’analyse scientifique mises au point, radiographie, infrarouge et spectrométrie, associées aux techniques de l’animation vidéo, pour révéler les secrets de la toile, tout en analysant de manière détaillée sa genèse, sa composition, sa signification et sa postérité. Le tableau est à Venise et Alain fait exécuter des photographies à la chambre qui permettent des agrandissements de qualité, sur lesquels la caméra peut se déplacer et qu’elle peut explorer minutieusement grâce à l’invention d’un banc-titre vidéo par son ami Romano Prada, directeur photo.

De nombreuses versions du montage aboutiront à un film de 26mn, composé d’une douzaine de modules (associés selon une structure “en facettes”, comme nous l’appelions, plutôt que lisse et continue), sans autre protagoniste que le son d’une voix proche ayant fait le miel de tous les multiples savoirs réunis. Le choix du comédien Marcel Cuvelier comme narrateur sera déterminant. Sa voix chaude, au timbre et au débit chaleureux, incarne tout ce que l’on peut rêver du “bon maître”, celui qui est capable de susciter et entretenir la curiosité, de faire de son récit une aventure, d’entraîner sans pédanterie aucune tant le néophyte que le lettré cultivé, et de révéler ainsi l’auditeur à sa propre humanité.

Ce prototype deviendra le pilote d’une collection au long cours qu’Alain développera pendant presque vingt ans pour Arte dans notre Unité, au travers de la société commune Palettes Production, constituée avec la complicité du regretté Paul Saadoun, producteur installé à Marseille.

Au rythme de deux ou trois films par an, cinquante films seront produits qui couvrent, de Lascaux à Yves Klein, l’ensemble de l’histoire de la peinture, et au-delà l’histoire des techniques, des mentalités et des imaginaires occidentaux. Michel Laclotte du Musée du Louvre et Henri Loyrette du Musée d ‘Orsay, puis le Centre Pompidou, entraînés dans l’aventure, viennent assurer à la fois des nouveaux financements, l’accès à des spécialistes et des conservateurs de talent, et l’ouverture à de nouveaux publics.

Je me souviens, pour chacun de ces films, des séances de travail passionnées avec Alain, travailleur infatigable et minutieusement exigeant pour consulter les travaux érudits, utiliser judicieusement au tournage la palette graphique, affiner le montage, inventer à chaque fois une dramaturgie particulière tout en préservant le mystère de l’œuvre.

En écrivain, Alain a su redonner ses lettres de noblesse au commentaire, dont se méfiaient les documentaristes qui le tenaient en piètre estime du fait de son abus dans le journalisme. Car cet homme d’image était aussi, au-delà de son immense culture et de sa curiosité, un homme de plume d’une grande finesse (on pourra en juger en découvrant les essais mais aussi les romans qu’Alain a publiés jusqu’à la fin de sa vie, qui décrivent aussi bien Marseille, Pompéi ou Valparaiso, que les états d’âme et les paysages mentaux de ses personnages). La réécriture et le polissage de ses textes pour Palettes, où “seule la jouissance des mots traduit celle des images”, monopolisaient une part importante de son énergie (je le soupçonne de les avoir passés chaque fois au “gueuloir” flaubertien). Il savait comme personne développer des énumérations vertigineuses pour décrire les toiles, trouver le mot juste avec une grande richesse de vocabulaire et de formules.

Je me souviens du bonheur d’Alain (un bonheur que partageaient tous les membres de mon Unité) mais aussi de son humilité souriante, à l’occasion des nombreuses avant-premières dans le Grand Auditorium du Louvre, toujours bondé, et des applaudissements nourris qui les accompagnaient.

Cette aventure de Palettes a prouvé avec éclat qu’il ne saurait y avoir “de fatalité au divorce entre télévision et intelligence”. Elle a été un des fers de lance de la politique documentaire de La Sept devenue Arte, une chaîne faisant proprement table rase pour inventer une nouvelle télévision, qui se voulait respectueuse du spectateur, tout en lui offrant des découvertes passionnantes du patrimoine commun de l’humanité et de ses réalisations artistiques les plus éclatantes.

Le succès de la collection a été immédiat, massif, et sa qualité a été récompensée de nombreux Prix dans le monde entier. Palettes a fait ainsi litière des accusations d’élitisme qui accompagnent trop souvent les projets ambitieux des auteurs engagés, portés par la télévision publique. “Le public devient le grand public quand on le fait grandir”, disait en substance Yves Jaigu.

Cette collection a été de fait pour Arte le modèle, la “mère”, d’autres collections documentaires d’art et de culture (Architectures, Design, Arts du Mythe) mais aussi de géographie et d’histoire (Paysages et Mystères d’Archives). Toutes, dans un format de 26mn et basées sur un concept similaire : se concentrer sur un seul objet plutôt qu’un vaste champ, “réduire en extension pour gagner en compréhension” – une pédagogie à la fois joyeuse et spectaculaire qui a fait époque à la télévision. Toutes, développées en association avec les grandes institutions publiques, pour mieux financer et exploiter des œuvres audiovisuelles durables et de qualité qui deviennent partie intégrante du patrimoine.

Après Rembrandt, Ingres, Picasso ou Piero della Francesca et cinquante films, il restait bien sûr d’autres peintres essentiels qui eussent mérité un film. Mais, dès les premières années 2000, le format 1,33 était lentement remplacé par le 1,66, l’image numérique menaçait de supplanter totalement le support analogique pour l’ensemble de la production télévisuelle… et la voix-même de Marcel Cuvelier commençait à trahir quelque fatigue (pour lui redonner un peu de tonus, Alain accéléra ici ou là son récitant, qu’il surnommait affectueusement “Pepe”). En 2005, décision fut prise de cesser la collection. Alain s’en trouva comme un peu orphelin, mais l’édition en 2007 du coffret de l’intégrale DVD (en cinq langues!) et sa distribution massive couronnèrent sa carrière.

La peinture, comme notait Alain, reste “l’étalon-or” dans un monde tout entier envahi et emporté dans la tempête des images dévaluées et “d’une immense grossièreté”. Faire entrer le spectateur dans l’intimité d’un peintre, révéler dans les toiles des maîtres les richesses d’une sensibilité, d’une pensée et d’un imaginaire, a été pour lui un acte puissant de résistance en même temps que de connivence avec ses contemporains.

Alain est devenu ainsi – sans jamais apparaître à l’image, et au travers d’une voix prêtée ! –  un de ces légendaires médiateurs culturels de l’histoire de la télévision française, après Max Pol Fouchet, Jean-Marie Drot ou Pierre Dumayet. Il est à cet égard lamentable qu’Arte n’ait pas su ces dernières années accueillir ses nouveaux projets, ses nouveaux films ou même rediffuser quelques unes de ses si précieuses Palettes. Son nom restera cependant attaché au succès durable d’Arte et le symbole d’une télévision d’auteurs qui fait partie intégrante, sinon centrale, de l’espace public qui subsiste dans nos sociétés livrées à la jungle du marché généralisé.

J’ai mesuré au fil des années le privilège qu’a constitué pour moi que nos routes se soient croisées. Quant à notre complicité de travail autour des valeurs communes qui nous portaient, à ce qui était la chair-même de notre amitié profonde dont je porte aujourd’hui le deuil, je ne saurais en discourir sans y être infidèle. Je m’arrête donc, car “ce dont on ne peut parler, il faut le taire”.

 

Thierry Garrel
Vancouver, le 27 mars 2025

crédit photo : Aurélia Jaubert

Le jury Albert Londres remercie chaleureusement le Centre Pompidou et la BPI qui ont accueilli la cérémonie de remise des Prix 2024 qui devait initialement se tenir à Beyrouth dans le cadre du centenaire de L’Orient-Le Jour.

Le jury félicite les journalistes d’une présélection riche, particulièrement en presse écrite, qui reflète les lourdes réalités de notre monde.

Photo Laurent Villeret

86e Prix de la presse écrite : Lorraine de Foucher

pour ses reportages et enquêtes publiés dans Le Monde sur l’affaire des viols de Mazan (publiée en juin 2023), les femmes migrantes victimes de viols (19 septembre 2023),  les victimes de l’industrie du porno (9 décembre 2023), les jeunes filles exploitées sexuellement à Perpignan (5 janvier 2024), les adolescents tueurs à gage (9 mai 2024).

Le jury salue la haute couture de l’écriture de Lorraine de Foucher. Elle s’attaque à des sujets trop longtemps tus dans notre société : violences faites aux femmes, jeunes en déshérence… Elle les traite avec curiosité, style et respect.

Lorraine de Foucher (38 ans) est journaliste au journal Le Monde depuis 2014, d’abord pigiste puis au service société depuis 2019. Diplômée du CFJ en 2011 et de Sciences po Lille en 2009, elle est aussi réalisatrice de documentaires, de podcasts et autrice de livres.

40e Prix de l’audiovisuel : Antoine Védeilhé & Germain Baslé

pour leur film « Philippines : les petits forçats de l’or » (production Keyi pour Arte reportage)

Une narration à la manière d’Albert Londres, une maîtrise de l’image rare qui marque les mémoires, dramatiquement poétique, émouvant mais sans misérabilisme… le travail des enfants, ici dans les réserves d’or des Philippines, toujours tristement d’actualité au XXIe siècle.

Antoine Védeilhé (34 ans), diplômé de l’ESJ Lille, réalisateur et chef opérateur free-lance et Germain Baslé (27 ans) diplômé de l’IPJ, JRI et chef opérateur sont aujourd’hui installés en Inde où ils travaillent pour Arte, France TV, la BBC, la RTS…

8e Prix du livre : Martin Untersinger

pour « Espionner, mentir, détruire » (Ed. Grasset)

Ce livre annonce tout simplement les enjeux des conflits présents et à venir à partir de l’histoire récente des cyber-attaques. Sur un sujet complexe et ardu, une enquête vivante, limpide et originale.

Journaliste au Monde, depuis dix ans, Martin Untersinger (34 ans – diplômé de l’IEP de Paris), consacre son travail d’enquête et de reportages aux mutations numériques de notre monde.

Le jury 2024, présidé par Hervé Brusini, était composé de : Lise Blanchet, Annick Cojean, Catherine Jentile, François Hauter, Christian Hoche, Jean-Xavier de Lestrade, Manon Loizeau, Sylvain Louvet, Alain Louyot, Jean-Baptiste Malet, Jean-Paul Mari, Delphine Minoui, Alfred de Montesquiou, Michel Moutot, Anne Poiret, Patrick de Saint-Exupéry, Frédéric Tonolli, Olivier Weber, ainsi que des lauréats 2023 : Wilson Fache, Hélène Lam Trong, Nicolas Legendre.

 

Contact > Stéphane Joseph : 06 82 90 01 93 stephane.joseph@scam.fr

Pour la première fois, France Culture révèle les résultats de sa grande étude annuelle sur le documentaire, réalisée par BVA Xsight. Présenté en partenariat avec la Scam, cet événement a aussi été l’occasion d’annoncer le lancement de deux bourses La Scam/France Culture, dotées chacune de 5000 €, pour la création de documentaires audios sur le thème « Raconter nos régions aujourd’hui »

Les principaux enseignements de l’étude “ Le Temps du documentaire : État des lieux de la consommation du genre documentaire”

– Un genre qui fédère un large public : 99 % des Français regardent ou écoutent des documentaires au moins une fois par mois.
97% regardent des documentaires, 63% au moins une fois par semaine
97% écoutent des documentaires, 26% au moins une fois par semaine

– À l’heure de la défiance, le documentaire bénéficie d’une très forte confiance :  89% des Français déclarent avoir totalement confiance dans les programmes documentaires et plus de 90% des Français déclarent que les documentaires sont essentiels pour comprendre le monde.

– Le genre documentaire, vecteur de lien social : 92% des Français déclarent que le documentaire génère des discussions avec leur entourage.

– Les moins de 35 ans, grands consommateurs de documentaires, sont
particulièrement convaincus par la qualité de l’offre : 73% des jeunes regardent ou écoutent un documentaire au moins une fois par semaine. Ils sont 58 % à juger que la qualité de l’offre a progressé ces dernières années.

Pour consulter l’étude : https://www.radiofrance.fr/franceculture/le-temps-du-documentaire-5730907

Cette étude est très riche et nous dit beaucoup, tant à propos du genre documentaire que de la façon dont il résonne avec notre époque. Un élément en particulier m’interpelle : la capacité du documentaire à générer des discussions (pour 92% des personnes qui en consomment) et des recommandations (pour 82%). En d’autres termes, le documentaire est perçu comme un véritable vecteur de lien social, qui répond à une aspiration profonde des Français de se reconnecter les uns aux autres à une époque où l’on déplore la « fracturation » de notre société.

Adélaïde Zulfikarpasic, directrice générale BVA Xsight

Crédit : Radio France / Pierre Planchenault

Avec 10 heures de documentaire diffusées chaque semaine aux heures de grande écoute, France Culture est la radio du documentaire. Convaincus que ce genre est à la fois essentiel et fédérateur, nous avons lancé cette première édition du “Temps du documentaire”, grande étude que nous mènerons chaque année sur les pratiques des publics. Ces enseignements riches viennent confirmer notre intuition : dans l’océan de défiance envers les médias, le genre documentaire est un îlot de confiance ! L’authenticité et l’honnêteté des regards, à hauteur d’humains, rassemblent. Avec les équipes de France Culture et la diversité des métiers du documentaire, nous sommes sans cesse en mouvement pour innover et contribuer à la dynamique exceptionnelle autour de notre projet éditorial, pour tous les publics.

Emelie de Jong, directrice de France Culture

Contacts presse :
La Scam – presse@scam.fr – 01 56 69 64 34
France Culture – elodie.vazeix@radiofrance.com – 06 16 17 94 38