Le Jury du Prix Roger Pic 2016, composé de Héloïse Conesa, Marc Le Mené, Chantal Nedjib, Gérard Uféras et Guy Seligmann a décerné le prix à Pierre Faure (Hans Lucas) pour son portfolio Les Gisants.



Exposition du 10 juin au 21 octobre 2016

Galerie de la Scam, 5 avenue Vélasquez 75008 Paris – Métro Villiers
Du lundi au vendredi, de 10 h à 18h – Entrée libre


* Pierre Faure – Les Gisants

Ce travail a été réalisé entre mars et décembre 2013 dans les locaux du Refuge, plus grand Centre d’Hébergement d’Urgence de France (400 lits), situé à Paris.

Les Gisants de Pierre Faure

« Nous croisons tous des sans-abris dans les rues, mais que se passe-t-il dans les centres d’hébergement ? Cette question m’a poussé à entrer au Refuge. Dans un premier temps je me suis dit que je ne resterai pas plus de deux semaines, monotonie du lieu, hostilité de la part des hébergés. Au final j’y ai passé neuf mois, quotidiennement. Concernant les gisants j’ai d’abord pensé que je n’avais pas le droit de photographier ces hommes allongés, qu’il ne fallait pas violer ce peu d’intimité. Et puis j’ai compris que ces moments résumaient leur existence : solitude, dénuement, délabrement du corps, et mort sociale. »


Le contexte

Le nombre de sans-domicile a augmenté de 50% depuis 2001, atteignant le chiffre de 141 500 personnes, dont 30 000 enfants début 2012 (Insee, 2013). Cette explosion démographique est le résultat de la crise économique couplée à la flambée des prix de l'immobilier dans les années 2000. Pour les associations de défense des mal-logés et des sans-abri, elle illustre aussi l’inefficacité de la gestion saisonnière du problème sans politique sur le long terme. Même si l’État a fait un effort en ouvrant des places supplémentaires, le dispositif d’accueil d’urgence reste saturé à cause de l’explosion de la demande. Deux tiers des appels au 115 (Samu social) restent sans réponse. La logique des plans hiver maintient les sans-abri dans un système de portes tournantes et d’hébergement de courte durée sans perspective d’accès au logement. Dans ce système, toujours en œuvre dans un grand nombre de territoires, les personnes sont abandonnées dès la remontée des températures.

 

Les Gisants

Le gisant est une sculpture funéraire de l'art chrétien médiéval représentant un personnage couché généralement à plat-dos. Le mot « gisant » vient de gésir « être allongé ». Sa symbolique première est surtout religieuse. La représentation du défunt le place dans une sorte de mode transitoire, ni mort ni vivant, mais irrémédiablement tourné vers le ciel. Le gisant recouvre également une symbolique liée au pouvoir, ces effigies sont réalisées pour des rois, des reines, des membres de familles royales ou de grands serviteurs du royaume. L'objectif de ces statues est, à l'origine, de rappeler le défunt au souvenir des vivants.

Pierre Faure est né en 1972 à Nice et vit dans les Yvelines. Il a étudié les sciences économiques. Il produit d’abord un travail dans lequel l’abstraction et les évocations organiques occupent une place centrale (séries Rhizomes, Plis, Palimpsestes) ; des séries qui interrogent le regard du spectateur et jouent avec les notions d’échelles et de perspective. Il aborde également la question sociale en réalisant un travail d’immersion au sein d’une communauté Roms d’Ile-de-France (2011-2012). En 2013 et 2014 il s’intéresse à la vie de personnes en grande précarité accueillies en centre d’hébergement d’urgence et tente de saisir dans ce quotidien les figures d’une humanité blessée. En parallèle à ces travaux il poursuit depuis 2010 une série sur les arbres urbains, interrogeant la place du vivant en milieu urbain. Membre du studio Hans Lucas.
www.pierre-faure.com



Ont également été remarqués par le jury, les portfolios :

 

* Capital (Capitale)

d’Arnau Bach (VII Photo Agency/Mentor Program), 2014.
Produit avec le soutien du Prix Pierre et Alexandra Boulat 2013.
Capital d’Arnau Bach
Sous le label « Capitale de la culture », gagné après un investissement de plus de 600 millions d’euros, les Marseillais se réveillent avec goût amer. Malgré les promesses, ils sont bien conscients que les ressources financières ont été utilisées pour embellir des espaces emblématiques de la ville ou des actions ciblées. Les quartiers défavorisés sont complètement exclus, accentuant toujours plus les contrastes économiques et sociaux-culturels.
http://www.arnaubach.es/

* Epidemic (Épidémie, Terre des feu)

de Massimo Berruti (Agence VU’), 2015.

Produit avec le soutien du Magnum Fundation Emergency Fund.
Epidemic (Épidémie, Terre des feu) de Massimo Berruti
La région de Naples fait l'objet d'un scandale politique, écologique et sanitaire de grande ampleur. En 22 ans, près de 10 millions de tonnes de déchets industriels toxiques ont été enfouies illégalement, avec l'aide de la mafia, et la complicité des maires. Les déchets industriels, que la Mafia rachetait à prix très intéressant auprès d’entreprises italiennes et européennes, ont été mélangés aux ordures urbaines et abandonnées dans des décharges à ciel ouvert. Les incendies déclenchés pour réduire la masse d'ordure, et dont les fumées sont extrêmement toxiques, ont donné son nom à la Terre des feux. Massimo Berruti a passé 2 ans à documenter la vie des habitants des villages les plus touchés par les conséquences de ce scandale environnemental.
http://www.massimoberruti.net/


Information 

Pascaline Peretti – pascaline.peretti@scam.fr