Au Prix Bayeux-Calvados des correspondants de guerre, la profession se mobilise aux côtés de la Scam, du Prix Albert Londres, de RSF et de l »association Informer n’est pas un délit, pour la libération immédiate des journalistes en Turquie ! #LibérezLesTous



La Turquie détient un record mondial sinistre, celui du nombre de journalistes en prison. Ils sont actuellement 171 à être derrière les barreaux. Des dizaines d’autres sont poursuivis et risquent de très lourdes condamnations. Cette répression place la Turquie au 155e rang sur 180 pays dans le classement mondial de la liberté de la presse établi par l'organisation Reporters sans frontières.

La répression s'est particulièrement amplifiée au lendemain du putsch raté du 15 juillet 2016. Plus de 150 médias ont été fermés du jour au lendemain par décret gouvernemental. Chaînes de télévision, radios, quotidiens, hebdomadaires, agences de presse, sites Internet… Aucun média n'est épargné. Aujourd'hui, en Turquie, la liberté d'informer n'existe tout simplement plus. Hormis quelques journaux indépendants qui paraissent toujours, comme les quotidiens Cumhuriyet ou Birgün, et des sites Internet qui résistent, tels Bianet et T24, les médias ont calqué leur ligne éditoriale sur les faits et gestes de Recep Tayyip Erdoğan, le chef de l’État.

Les autorités turques ne se sont pas contentées de supprimer les supports de diffusion qui leur déplaisaient et de mettre au pas les autres. Elles mènent une chasse aux sorcières dans tout le pays. Dans les villes d'Anatolie, des correspondants de médias nationaux sont traqués, des journalistes de publication locales sont jetés en prison.

Les journalistes dans le viseur d'une justice aux ordres ont un profil varié mais ont en commun d'être perçus par le gouvernement d'Ankara comme des ennemis. Une partie travaillait dans des médias, comme les quotidiens Zaman ou Bugün, liées à la confrérie de Fethullah Gülen qui est accusée par Recep Tayyip Erdoğan d'être à l'origine du putsch. Ceux des journaux pro-kurdes sont également accusés « d'appartenance à une organisation terroriste ». Les journalistes qui ont eu le courage de révéler des informations compromettantes pour le pouvoir sont particulièrement harcelés.
Par exemple, Can Dündar, l'ancien directeur du quotidien Cumhuriyet, qui a rendu public des livraisons d'armes par les services secrets turcs (MIT) à des groupes djihadistes en Syrie, a dû s'exiler en Allemagne. Son procès est actuellement en cours avec 16 autres collègues. Ou encore, Tunca Öğreten, l'ex-rédacteur en chef du site d'information Diken, arrêté en décembre 2016 et en prison depuis lors, est accusé de connections avec les hackers Redhack, qui seraient à l'origine de la publication des emails du ministre de l'énergie et gendre d'Erdoğan… La reprise en main des médias ne laisse personne à l'abri.

La répression atteint même les journalistes étrangers. Le photographe Mathias Depardon a ainsi passé 30 jours dans un centre de rétention au mois de mai. Le journaliste Loup Bureau a été emprisonné 52 jours avant d'être expulsé vers la France en septembre. Deniz Yücel, le correspondant du quotidien allemand Die Welt, est en prison depuis huit mois pour « appartenance à une organisation terroriste ». Le président turc l'a accusé d'être « un espion ».

Qu'ils soient turcs ou non, tous ces journalistes ne faisaient que leur travail et sont des otages politiques.

Depuis le mois juillet, à l’initiative de la Scam et du Prix Albert Londres, des personnalités françaises s'engagent en parrainant des journalistes et intellectuels turcs emprisonnés.
« Nous avons décidé de ne pas abandonner à leur sort les journalistes, les écrivains, les cinéastes, les artistes que vous avez arrêtés de manière inique, brutale et arbitraire, et que vous vous apprêtez à juger »

Elise Lucet parraine Ayşenur Parıldak,
Bernard Pivot parraine Turhan Günay,
Plantu parraine Musa Kart,
Edwy Plenel parraine Tunca Öğreten,
Fabienne Sintes parraine Zehra Doğan,
Florence Aubenas parraine Cihan Acar,
Sorj Chalandon parraine Ahmet Şık,
Serge July parraine Kadri Gürsel,
Laurent Joffrin parraine Mehmet Altan,
Pierre Haski parraine Ahmet Altan,
Marie-Monique Robin parraine Meltem Oktay,
Patrick de Saint-Exupéry parraine Inan Kızılkaya,
Jean-Xavier de Lestrade parraine Kazım Kızıl,
Catherine Clément parraine Cağdas Erdoğan.

Lien vers les biographies des journalistes turcs

De son côté, RSF a lancé une pétition demandant la libération des journalistes turcs et l'abandon des poursuites : Signez la pétition !