Cette journée nous invite à traverser l’époque avec cinq films inédits, choisis parmi les œuvres soutenues dès l’écriture par l’aide à la création de la Scam et finalisées depuis la dernière édition du festival. Aux creux de ces films, il est des cris, des souffles, des apnées qui donnent la chair de poule. Des danses folles, des furies.  Des larmes, des teufs, du taf. Des visages inoubliables…



Les discussions avec le public seront animées par Céline Dréan et Elisabeth Leuvrey autrices invitées, jurées Brouillon d’un rêve documentaire.

à 10h25 : Mes voix de Sonia Franco

2019 – 52' – Wrong films, avec micro climat

Lauréate en 2018

Anissa aime sa grand-mère Takia d’un amour passionné, sans limites. Takia est de plus en plus fatiguée. Son monde s’est réduit aux quatre murs de son salon. Anissa voudrait arrêter le temps. Etre pour toujours la petite fille de sa grand-mère. Mais elle va devoir s’inventer une place à elle.


à 11h50 : North de Leslie Lagier

2019 – 48' – Local Films

Lauréate en 2017

Dans le grand nord canadien, des hommes vivent au cœur d’une nature sauvage, isolés du monde. Ils ont choisi cette région pour sa beauté. Pourtant, par leur activité minière, ils contribuent à la détruire.
North raconte l’ambivalence des rapports de ces hommes à leur territoire et à la nature.


à 15h00 : À mansourah, tu nous as separés de Dorothee Myriam Kellou

2019 – 62' – les films du bilboquet, Sonntag Pictures, HKE production Algérie, Lyon Capitale TV 
Lauréate en 2014
Pendant la guerre d’algérie, 2 350 000 millions de personnes ont été déplacées par l’armée française et regroupés dans des camps. 1, 175 000 ont été forcés de quitté leur lieu d'habitation. De retour à Mansourah, son village natal, Malek collecte avec Dorothée-Myriam, sa fille, une mémoire historique jusqu'à ce jour occultée, que la plupart des jeunes ignore, et qui pourtant a été sans précédent dans les bouleversements qu'elle a causés à cette algérie rurale. Entre la France et l'Algérie, Dorothée-Myriam et son père questionnent ce secret historique.


à 16h30 : Le bon grain et l’ivraie de Manuela Fresil

2018 – 94' – La traverse, cinédoc films
Lauréate en 2018
Sur les hauteur d’une petite ville française touristique et coquette, proche de la suisse, le centre d’accueil d’urgence pour réfugiés est loin de tout. Certaines familles y résident depuis des années. Tandis que les enfants vont à l’école et apprennent sagement à devenir « français », les parents silencieux et graves espèrent convaincre l’état français de leur octroyer «l’asile». Mais un jour, le centre ferme… en moins d’un an ces familles vont devenir sdf.


à 21h30 : L'époque de Matthieu Bareyre

2018 – 95' – Artisans du film, alter ego production, ADF l’atelier
Lauréat en 2017
Du paris de l’après-charlie aux élections présidentielles; une traversée nocturne aux côtés de jeunes qui ne dorment pas : leurs rêves, leurs cauchemars, l’ivresse, la douceur, l’ennui, les larmes, la teuf, le taf, les terrasses, les vitrines, les pavés, les parents, le désir, l’avenir, l’amnésie, 2015, 2016, 2017 : l'époque.


« Quelle époque ! »

Jongler entre les non-dits et les questions qui fâchent. Rompre le silence. Puis fouiller au cœur du vacarme, des transmissions manquées, de la fatigue des corps, des zones blanches de la mémoire et du politique. « PERTURBE TA VILLE »(1). Les films agissent comme des sortes de danses subversives, des appels d’air, des aveux d’amour ou de désamour qui viennent de loin, des transes douces, subtiles ou enragées à l’assaut de ce qui enserre et limite…

Pour cette journée qui met à l’honneur 5 œuvres soutenues dès l’écriture par le dispositif Brouillon d’un rêve de la Scam le jeudi 22 août, 70 films ont été visionnés, terminés depuis la dernière édition des États Généraux de Lussas. 70 films brûlants de rêves communs de cinéma. C’est cette flamme qui rassemblent les documentaristes qui participent à la lecture des 900 projets de films confiés chaque année à la Scam. 

Années après années, les Brouillons d’un Rêve prennent le pouls de la création mais aussi celui du monde. Ils sont de plus en plus nombreux à poursuivre leur chemin au-delà d’un festival ou d’une diffusion pour devenir des œuvres voyageuses qui nourrissent ici et ailleurs. Années après années, les Brouillons d’un Rêve tiennent leurs promesses de films audacieux, personnels, engagés, et sincères. Nés de questionnement intimes, ils bousculent nos modèles culturels, économiques, nos sociétés qui oscillent entre trop de bruit ou trop de silence. Des films sur le fil, qui naissent d'un dialogue unique, d'une forme de soutien artistique collectif par et pour les autrices et les auteurs ; un dialogue qui tisse des liens indéfectibles entre la Scam et ses membres. L’engagement y est total ; il interroge sans cesse, repousse les limites du geste documentaire, de sa responsabilité morale. Il émancipe, déplace, creuse la place de chacune et chacun dans le monde.

C’est le chantier permanent d’une jeune femme vers sa voix intérieure et ses déchirements. C’est le vertige d’un désastre écologique. C’est mettre un trait d’union entre deux prénoms et en faire, avec pudeur, le point de départ d’une utopie d’espace transnational. C’est « arracher des fragments de joie au cœur de la nuit d’Après-Charlie ».  C’est porter la voix, se réapproprier son propre récit de l’histoire coloniale. C’est tout remettre en jeu, oser d’autres mises en scène, d’autres façons de travailler, c’est faire bouger les registres quand personne ne peut déclarer, devant une caméra, la vérité ni même sa vérité. C’est affronter le regard bouleversant d’une enfant à la rue et attendre des familles que le désir de témoigner vienne d’eux.

Au creux de ces films, il est des cris, des souffles, des apnées qui donnent la chair de poule. Des danses folles, des furies. « Des larmes, des teufs, du taf » Des visages inoubliables. Filmer ce qui ne sera plus jamais comme avant.

Lise Roure, responsable de l’aide à la création et des bourses Brouillon d’un rêve avec la complicité de Laëtitia Moreau, présidente de la Scam.


(1) Tous les passages entre guillemets sont extraits du texte du projet du film l’Époque de Matthieu Bareyre