Pour sa 21e édition, le Festival international des programmes audiovisuels, créé par Michel Mitrani poursuit sa vocation à être le miroir d’une télévision idéale ouverte sur le monde.



Depuis 21 ans, le Fipa propose de découvrir une télévision inédite, éclectique, audacieuse, souvent exigeante et toujours originale. Cette année encore, et sous la présidence de Caroline Huppert, le Fipa est le rendez-vous incontournable pour les professionnels de l’audiovisuel du monde entier – réalisateurs, auteurs, comédiens, producteurs, diffuseurs – et les férus du petit écran. Pendant cinq jours, du 22 au 27 janvier 2008, les festivaliers pourront voir les meilleurs programmes venus du monde entier. Partenaires fidèles depuis la création du Fipa, la Scam et la Sacd participeront au jury du Prix Michel Mitrani, aux côtés de la Sacem, de l’Adami et de la Procirep.
Au sein du jury du Prix Mitrani, Claude Vajda répentera la Scam et Luc Béraud, la Sacd.
vendredi 25 janvier, la Scam et la Sacd organisent un débat « De l’exception à l’exécution culturelle… suite », en présence de Patrice Duhamel, David Kessler, Christine Miller, Jacques Peskine, Dominique Richard, Pascal Rogard, Guy Seligmann, Thomas Valentin.

Edito
« Ordonner un chaos voilà la création » disait Matisse à Apollinaire en 1907. Peut-être, Michel Mitrani – soutenu, dès leur première conversation, par Charles Brabant alors président et fondateur de la Scam – avais-tu lu cette assertion de Matisse lorsque tu créas il y a 21 ans le Fipa. Tu voulais mettre de l’ordre dans le chaos audiovisuel de ce temps-là en faisant voir aux diffuseurs la création internationale. Tu les incitais à suivre, traduire, diffuser ces emblématiques programmes documentaires et de fiction. Tu en confias la mesure et la tâche à Pierre-Henri Deleau. Bonne pioche ! Que penserais-tu Michel du chaos audiovisuel d’aujourd’hui, 21 ans seulement après la création du Fipa ? Si la création c’est donner ordre, articulation, forme, beauté et sagesse au chaos du monde, comme le déclinait Nietzsche, en ce début de l’année 2008 la tâche du Fipa est immense à la mesure du chaos audiovisuel. La confusion est générale et la création peine à trouver sa place dans ce monde où elle seule pourtant peut éclairer ce qui nous entoure et nous envahit ; elle seule car c’est le pouvoir de sa lumière qui donne un sens, une mise en forme à ce chaos qu’elle rend visible, intelligible donc. C’est pourquoi il faut la protéger la création, car elle est attaquée. Un exemple récent : la publication du décret dit des « sous-quotas », formes d’obligations patrimoniales faites aux diffuseurs d’investir dans la création, a été reporté malgré la promesse donnée par le gouvernement actuel. Ce soutien nécessaire et indispensable à la création reste donc pour l’instant un projet. La loi, pourtant, qui le prévoyait, avait été votée en mars 2007 à l’unanimité au Sénat et à l’Assemblée. Son report a cependant eu un réel effet : faire monter les actions de TF1 et de M6 à la corbeille ! Cela augure mal de l’action future de ce gouvernement qui s’était, claironnant alentour, déclaré pour une politique culturelle favorable à la création. Notamment par la voix de Madame Albanel annonçant un budget « enthousiasmant » pour 2008. Or, d’ores et déjà, une diminution de 56 % des crédits alloués aux actions culturelles régionales est effective. La rupture, mot chéri de notre nouveau Président de la République, n’est-elle pas en fait une entreprise de déréglementation et de remise en question de l’intervention de l’État dans le domaine culturel ? Peut-être aurais-tu cité Léon-Paul Fargue, Michel, qui écrivait dans Le Figaro : « Nous voici encore en pleines ténèbres et les mots de fatras, de salmigondis, de capharnaüm sont insuffisants pour dépeindre ce mal dont souffrent le pays politique, le pays moral, le pays sentimental, le pays intellectuel, le pays social, bref le pays français ». C’était en 1938 et la Deuxième Guerre mondiale était imminente ; mais le tableau de Léon-Paul Fargue reste une image juste du chaos audiovisuel d’aujourd’hui. De ce chaos, le Fipa réussit depuis 21 ans à faire surgir la création en l’exposant. Cette exposition internationale, ce festival autorisent un certain optimisme. C’est à toi qu’on le doit, Michel, et cela nous encourage à batailler encore plus vivement pour défendre la création. D’autant que les puissances d’argent – aujourd’hui on dit les industriels – agitent leurs lobbyistes pour, à Paris comme à Bruxelles, se dégager de toute obligation soutenant la création. C’est bien pourquoi la Scam et la SACD ont décidé de se rapprocher pour mener, entre autres actions, ce combat-là.
Je crois bien, Michel, que ce rapprochement t’aurait ravi.
Guy Seligmann,
Président de la Scam