La lettre d’information de la Scam de janvier 2005
LA RECONQUETE
Trop c’est trop ! Ces mots, nous les entendons, nous les lisons quotidiennement à la Scam, sur les lèvres ou dans les lettres des auteurs et des réalisateurs. Ils se battent avec l’énergie du désespoir pour que survive l’esprit, dans un système qui a désormais marchandisé comportements et mentalités. Beaucoup hélas, plus tristement, se battent pour leur survie économique, ce qui les conduit de proche en proche à accepter l’inacceptable.
Ces mots, nous les entendons aussi de plus en plus souvent, venant de téléspectateurs qui se demandent, face à la dérive de la télévision publique, tacitement acceptée par la classe politique, quel sens peut encore avoir le paiement d’une redevance, qui reste pourtant le dernier signe d’une engagement citoyen.
Il y a près de 20 ans, TF1, chaîne mère de la télévision publique, était abandonnée au secteur privé contre de l’argent. Vite englouti.
Ce qui demeure du service public — quoi qu’il en soit et quoi qu’il fasse — voit se creuser jour après jour, l’écart abyssal entre les moyens financiers dont il dispose et les ressources considérables engrangées par la télévision commerciale.
Elle prospère, ne l’oublions pas, à partir des assises techniques et structurelles payées par les contribuables et use de l’espace hertzien, domaine public.
Une télévision publique se doit de regarder vers le haut, pas vers le bas. Elle se doit d’être libre, innovante, digne et populaire. Dernier épisode significatif, France Télévision vient de renoncer, faute de moyens, face à TF1, à l’achat des droits de diffusion de programmes qui —ô combien ! —rassemblent des millions de téléspectateurs : les matchs des deux prochaines coupes du monde de rugby seront diffusés sur TF1 jusqu’en 2011… Une fois de plus la publicité a fait la loi. Il faut le comprendre, c’est le sens de ce recul qui compte, sans en méconnaître les contradictions. La dérive des continents se poursuit. Montesquieu puis Tocqueville l’ont dit, il y a longtemps, il n’y a pas de démocratie sans équilibre.
Ne pensez-vous pas qu’il est temps que quelque chose change ?
Ange Casta, président de la Scam
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