Lieu privilégié du regard des auteurs sur le monde, la Scam décerne chaque année au festival Cinéma du Réel, son prix international.



Construire…
Année après année, le « Cinéma du réel », si l’on veut bien y regarder de près, étale devant nous l’état du monde. Un monde en crise, à nouveau bouleversé, et que nous ne cessons d’interroger. La violence, l’inégalité, les destins dévoyés, souvent brisés, la manipulation, l’opulence, les privilèges, le pouvoir, quelquefois au pire sens du terme, sont là. Mais aussi le regard de l’autre, la compassion, parfois la solidarité, les rêves qui entrouvrent la porte de l’espoir, ou celle plus mystérieuse de la mémoire, la nature et les beautés du monde, des bribes de bonheur…
Derrière ces images, derrière la caméra, il y a un homme, une femme et, osons le mot, dans notre univers où le « produit » est désormais le roi, une âme. « Ouvre les yeux et regarde, tu comprendras » disait mon père à l’enfant curieux que j’étais.
Car il faut comprendre pour construire. Pour redéfinir des valeurs, reconnaître l’autre, déjouer les apparences, échapper aux pièges d’une économie qui ne joue plus pour l’homme mais contre l’homme. Pour refuser la fascination de l’argent qui ne libère plus mais enchaîne. Il faut comprendre pour réinventer le monde.
Aidé par la révolution numérique, on le sent bien, le documentaire voit s’ouvrir devant lui un espace dont on ne voit pas ce qui pourrait désormais le limiter. Cette liberté confère à ceux qui empruntent sa route une responsabilité dont on se dit qu’elle est peut-être à la mesure de l’histoire à venir.
Trois films récents – il y en a d’autres – ont marqué les esprits car ils questionnent le monde à leur manière et nous retournent leurs interrogations.
« Le cauchemar de Darwin » de Hubert Sauper met délibérément le doigt où ça fait mal. Au cœur d’une Afrique qui meurt du sida, qui continue à être pillée dans ses richesses et sa nature, on attise les contradictions, les convoitises et les antagonismes, pour le plus grand profit des marchands d’armes.
« Le plafond de verre » de Yamina Benguigui tente de percer ce plafond qui se voudrait invisible et sur lequel viennent s’écraser celles et ceux, nouveaux Français, qui sont issus d’une autre histoire.
Enfin « Le ciel tourne » de Mercédes Alvarez fait revivre le monde d’hier dans un petit village d’Espagne peu à peu abandonné, et à travers la parole de ceux qui l’ont vécu, passe le relais au monde futur, interrogeant chacun de nous sur son devenir.
C’est pour contribuer à construire cette route vers l’avenir que la Scam vient de créer « Les Etoiles de la Scam » qui désigneront chaque année à notre reconnaissance une trentaine d’œuvres documentaires de grande qualité. Elles recevront un soutien financier et promotionnel essayant de compenser une diffusion vécue dans l’anonymat aux heures les plus profondes de la nuit.

L’édito d’Ange Casta, Président de la Scam

Pour sa 28e édition, le festival Cinéma du Réel plonge du 10 au 19 mars 2006 dans le cinéma documentaire syrien et nous invite à découvrir les réalisations de jeunes cinéastes et revoir l’œuvre de quelques documentaristes syriens, notamment celle d’Omar Amiralay présentée en intégralité.
A cette occasion, Martine Kaufmann, présidente de la commission des oeuvres sonores de la Scam, a élaboré un programme évoquant la réalité du pays à travers une sélection de musiques et de documents sonores enregistrés en Syrie – un partenariat Scam / Ina.

Lieu privilégié du regard des auteurs sur le monde, la Scam remet chaque année au Cinéma du Réel son prix international. Pour cette édition, le cinéaste Jacques Deschamps la représente au sein du jury international. Le palmarès des films primés sera repris à la Scam le mardi 28 mars.