La troisième session de l’année du Prix Mentor s’est déroulée à la Scam et a récompensé Benoît Durand, coup de cœur du public pour 2024 : en attendant la révolte et Caroline Andrivon, coup de cœur du jury pour Au Carré.

Tel un incubateur, l’objectif du Prix Mentor est de fournir au lauréat ou à la lauréate les meilleures conditions au développement d’un projet qui utilise la photographie comme médium source. Il se présente sous deux formes : un soutien financier et un accompagnement personnalisé par un groupe d’experts. Organisé par FreeLens, il est soutenu par la Scam et le CFPJ Médias.
Les sept photographes sélectionnés
- Romy Alizée, Passages Délicats
- Caroline Andrivon, Au carré
- Julien Athonady, En fermant ma porte
- Benoit Durand, 2024 : en attendant la révolte
- Joseph Gobin, Riverside
- Salomé Hévin, Misto
- Caroline Ruffault, Le ciel est plus grand au Texas
Le jury est composé de
- Églantine Aubry, curatrice et scénographe, Festival Les Docs de Noirmoutier
- Martin Barzilai, photographe et enseignant
- Sylvie Dannay, rédactrice photo multimédia, La Croix
- Gérard Uféras, commission Images fixes de La Scam
- Patrick Cockpit, photographe, administratrice Freelens
Pendant les délibérations, Sandra Reinflet, présidente de la Commissions des Images Fixes a animée une rencontre avec Stéphanie Lacombe, photographe et lauréate de la bourse Brouillon d’un rêve Photographie et Dessin 2024.

2024 : en attendant la révolte de Benoît Durand

2024 : en attendant la révolte est une plongée documentaire fictionnelle dans une société aliénée par le travail, la sécurité, un discours normé, un langage transformé, un quotidien conditionné au divertissement et une surveillance généralisée. Ce monde, apparemment libre, repose sur une soumission douce, une acceptation passive d’un monde sans véritable opposition ni remise en cause. Prenant racine dans la littérature, ce travail est un hommage au roman d’anticipation 1984 de Georges Orwell, mais aussi à Nous de Evgueni Zamiatine, Kallocaïne de Karin Boye, le Talon de Fer de Jack London, un Bonheur Insoutenable d’Ira Levin. 2024 est une vision fantasmagorique noir et blanc infrarouge d’un monde autoritaire en pays démocratique.
Benoît Durand est un photographe français qui a grandi en banlieue parisienne avant d’étudier le journalisme à l’EFJ. Il découvre la photographie au cours de son cursus. En mars 2017 pour la journée internationale du droit des femmes, il expose à Levallois un projet intitulé Demain ne changera rien sur la condition des femmes réfugiées syriennes au Liban où il a vécu plusieurs mois. En 2018, il se spécialise avec la formation « Documentaire et écritures numériques » cofondée par Hans Lucas et l’Université de Perpignan à Carcassonne pendant un an et intègre le studio Hans Lucas. Depuis son travail a été publié dans Le Monde, Courrier International, l’Obs, l’Express, Le Figaro Magazine, Grazia, La Croix, Libération, Le Parisien, L’Humanité, De Standaard, M le Monde, …
Au Carré de Caroline Andrivon

Souvent oublié, parfois méprisé, le personnel ménager des hôtels remet en état, chaque jour, les chambres et les parties communes. Généralement ce sont des femmes. Elles se plient, se tordent, se contorsionnent, s’adaptent au lieu exigu, pour être le plus rapide possible, et continuer sur les chambres suivantes. Elles doivent à la fois donner une bonne image de l’établissement, respecter une cadence infernale, une exigence de propreté irréprochable sans aucune reconnaissance. Pourtant , je les vois gracieuses, l’enchainement de ces gestes précis forme une chorégraphie qui se mêle au décor. J’ai suivi le quotidien d’une de ces femmes de chambre pendant plusieurs mois jusqu’à ce qu’elle soit remerciée. Emploi jetable, remplaçable mais indispensable, symbole d’une précarité et d’une pénibilité au travail.
Née en 1987 à Mont Saint-Aignan et originaire des Hauts-de-France, Caroline Andrivon est une photographe basée à Toulouse. Après un DUT en gestion urbaine et une licence de médiation sociale, elle effectue huit ans de métiers saisonniers et d’accompagnement du jeune public de Lille à Perpignan, en passant par les montagnes alpines. Elle obtient ensuite une licence en photographie à l’ETPA Toulouse et en sort lauréate du Grand Prix en 2023. Elle mène depuis des projets d’ateliers de création avec le jeune public. Sa série “Vous nous portez le poids” est exposée à la galerie Photon en 2023. Elle est actuellement en résidence de création avec l’association ImageSingulières dans le Vigan. Sa série “Bon baiser de la vallée heureuse” sera prochainement exposée dans le cadre du festival Lum dans le Couserans.