2024 – 52 minutes – produit par Les Films en vrac et Ushuaïa TV
Au fil de l’eau, Anne-Cécile Monnier nous emmène à la découverte des rivières, à la rencontre des personnes qui en vivent, qui habitent ses rives, qui luttent pour leur préservation.
Dans ce nouvel épisode, cette hydrobiologiste et photographe subaquatique, part à la découverte de la Loire, le plus long cours d’eau de France. La Loire est souvent qualifiée de dernier fleuve sauvage d’Europe mais l’est-elle réellement autant qu’on le dit ? Anne-Cécile va explorer le fleuve, y plonger et aller à la rencontre de ceux qui préservent son patrimoine naturel et veillent à son bon équilibre écologique. Castors, brochets ou silures seront au rendez-vous de son aventure.
Depuis trois semaines de guerre entre l’organisation palestinienne Hamas et Israël, les professionnels des médias sont privés d’accès à la bande de Gaza et un nombre sans précédent de confrères ont perdu la vie.
Selon l’ONG américaine Committee to Protect Journalists, à la date du 28 octobre, 29 reporters avaient déjà péri dans ce conflit : 4 Israéliens ont été tués dans l’attaque lancée le 7 octobre, par le Hamas, qui a déclenché la guerre ; 24 Palestiniens sont morts sous les bombardements israéliens sur la bande de Gaza qui ont suivi et se poursuivent à ce jour ; et 1 Libanais a trouvé la mort sur la frontière israélo-libanaise, dans une frappe en provenance d’Israël.
Plusieurs de ces journalistes ont été tués dans l’exercice de leur métier. Parmi eux, figurent le photographe israélien Roee Idan, qui a filmé les débuts de l’attaque du Hamas ; le reporter palestinien Ibrahim Lafi, qui couvrait l’attaque du terminal d’Erez, point de passage entre Gaza et Israël, et qui portait un gilet parre-balles floqué « presse » ; trois autres reporters gazaouis, Saaed Al-Taweel, Mohamed Sobh et Hisham Alnwajha, qui couvraient l’évacuation d’un immeuble à Gaza et portaient aussi une tenue les identifiant comme journaliste ; et le vidéaste libanais Issam Abdallah, vêtu également d’un gilet presse, qui filmait les échanges de tirs de part et d’autre de la frontière entre Israël et le pays du cèdre.
Où qu’ils ou elles se trouvent, quand on tue celui ou celle qui concourt à informer, c’est une part de vérité que l’on supprime. Une guerre sans témoins est toujours une promesse d’atrocités cachées.
La sécurité et l’accès à la vérité sont des droits fondamentaux et inconditionnels pour pouvoir informer en toute objectivité.
En 1932 disparaissait tragiquement le journaliste, poète et écrivain Albert Londres. Reporter de terrain, l’homme a parcouru le monde pour enquêter, alerter, dénoncer. À sa mort, il a laissé derrière lui l’héritage d’un journalisme offensif, un prix portant son nom et une quantité de documents historiques encore précieux aujourd’hui. Connu pour ses écrits, celui qui est considéré comme l’un des plus grands noms de l’histoire de la presse est aussi l’auteur d’un grand nombre de photographies illustrant ses enquêtes.
Au début des années 1920, à travers les quelque 800 photographies qu’il a réalisées et celles des photographes qui l’ont accompagné dans ses missions, Albert Londres a accompagné la montée en puissance de l’image dans l’information et l’émergence du photojournalisme. Dans ses reportages, toujours en prise avec les grands événements du monde, des peuples s’affranchissent de leur colonisateur, les injustices des sociétés sont mises au jour, les scandales dénoncés. Au fil des images, on croise avant l’heure le credo wahhabiste des talibans, le pragmatisme du commerce chinois, le tourisme sexuel, l’antisémitisme, la haine dans les Balkans…
Londres a eu cette phrase, devenue une devise de la profession : « Le journaliste n’est pas là pour faire plaisir, mais pour plonger la plume dans la plaie… » Dans l’un de ses articles rédigés pour dénoncer le massacre causé dans la population noire par la construction de la voie ferrée Congo-Océan – qui fit 17000 victimes –, Londres lança cet avertissement : « Et si monsieur le ministre des Colonies ne me croit pas, je tiens les photos à sa disposition… » Il est étonnant de constater la force que revêt la preuve par l’image pour celui qu’on connaît avant tout pour le caractère incisif de ses reportages écrits. Par l’écrit, il dénonce. Par l’image, il prouve.
En ces temps de suspicion massive à l’encontre de l’information, ce beau livre est donc à la fois une plongée dans l’histoire du début du XXe siècle, un voyage aux origines du journalisme contemporain, et une réflexion sur le rôle de l’image questionnée sous l’angle de la vérité journalistique, presque un siècle après la mort d’Albert Londres. Paraissant à l’occasion des 90 ans du prestigieux Prix Albert-Londres, qui récompense chaque année les meilleurs reportages parus dans la presse et l’audiovisuel, il est accompagné d’un texte d’Hervé Brusini, journaliste, par ailleurs président du Prix Albert-Londres (dont il fut lui-même lauréat), et coédité avec l’association du prix Albert-Londres.
Le Bec en l’air Éditions
Hervé Brusini – Frédéric Lecloux
Ils s’appelaient Xu Djin et Liu Lianman, n’avaient jamais vu de montagnes auparavant et encore moins pratiqué l’alpinisme de quelque façon que ce soit. En 1960, le Parti communiste chinois les élève au grade de « désignés volontaires » et leur commande ainsi qu’aux camarades qui les accompagnent de conquérir le Qomolangma, tel que les gens du cru désignent l’Everest depuis toujours. Mission supplémentaire, ils sont tenus de déposer sur le toit du monde (8 849 mètres) un buste de Mao Zedong en un geste symbolique supposé souligner la conquête définitive du Tibet. Le climat de propagande est tel que l’opinion du pays tout entier néglige que la plus haute montagne de la planète a été vaincue une première fois sept ans plus tôt depuis le versant népalais par Edmund Hillary et Tensing Norgay.
Au terme d’une enquête approfondie, Cédric Gras qui a fréquenté ces confins à plusieurs reprises, restitue, sur fond de famine paysanne et de répression à grande échelle, cette ascension nimbée de mystère et de mensonges. Ces spécialistes improvisés côtoient la mort qui sans cesse menace, et les corps bien réels de Sandy Irvine et George Mallory, disparus en 1924. Malgré leur dévouement et leur obstination, Xu Djin et Liu Lianman n’en finiront pas moins dans un camp de rééducation de la Révolution culturelle avant d’emporter dans leurs tombes les secrets himalayens du régime chinois.
La mention est trop connue chez les reporters : « il a été tué, il ne faisait que son métier ». Frédéric Leclerc-Imhoff de la rédaction de BFM-TV a été mortellement blessé alors « qu’il était à bord d’un bus, humanitaire, aux côtés de civils contraints de fuir pour échapper aux bombes russes. » dit le communiqué officiel de l’Élysée.
Le Prix Albert Londres adresse toutes ses condoléances à la famille de notre confère, de même qu’à la rédaction de BFM.
La guerre en Ukraine a déjà fait des milliers de morts, parmi les militaires, parmi les civils de tous âges… Nous la suivons presqu’en temps réel, comme rarement ce fut le cas. Des hommes et des femmes de terrain, engagées dans ce témoignage au long cours assurent cette permanence de l’information. La mort de notre confrère rappelle que « raconter la guerre » peut se faire au prix de la vie. Un prix toujours trop cher à payer.
Mon ami Jean Michel Destang a été emporté rapidement par un cancer du foie dans la nuit du 4 mai 2022.
Il avait 77 ans, mais dans sa tête, il était resté l’enfant curieux et enthousiaste qui suscitait notre admiration et notre sympathie .
Si l’on devait le définir, on parlerait d’abord de l’œil. Noir, intense, vif , malicieux, l’œil de Jean Michel captait immédiatement une lumière, une expression, une situation. Rien d’étonnant à ce qu’il consacre sa vie à l’image, d’abord figée, puis animée.
Il commence sa carrière comme photographe de plateau à FR3 Lille… Rapidement le virus de la caméra va remplir magnifiquement sa vie . Débutent alors des dizaines d’années de reportages qui le mèneront dans le monde entier. Thalassa, Faut pas Rêver, Les écrans du savoir, Envoyé spécial, Le droit de savoir, Il est journaliste, et sa caméra est un véritable stylo avec lequel il raconte ses rencontres, ses révoltes, ses dénonciations, ses coups de cœur. Son style direct , toujours au plus près des gens qu’il filme, devient sa marque de fabrique, il impose sa manière de filmer comme personne, avide de ne manquer aucune expression des visages, « collant » au personnage jusqu’à obtenir la séquence évidente qu’il attendait.
Et puis, l’œil est guidé par l’insatiable curiosité. L’homme se passionne pour ses sujets, il est profondément enthousiaste, toujours partant pour de nouvelles histoires, toujours bienveillant pour ceux qu’il filme.
De retour à Bordeaux, sa ville d’enfance et de prédilection, il s’achète avant tout le monde un drone pour filmer les vignes des grands domaines, toujours à l’affut des dernières avancées technologiques. Ceux qui l’ont connu savent que Jean Michel était toujours doté du dernier gadget électronique, et prédisait déjà il y a 30 ans l’avènement du téléphone portable.
Il a réussi à transmettre sa passion jusqu’à la fin. A ses élèves en formation de caméramen pour FTV , il a expliqué sa vision du journalisme : curiosité, empathie , sincérité et émerveillement ….
Jean-Michel était un grand monsieur de l’audiovisuel, et nous n’oublierons pas ce qu’il nous a appris.
Le Prix François Billetdoux porte le nom du romancier, dramaturge, auteur « multimédia » de radio et télévision qui fut l’un des fondateurs de la Scam. Il est attribué à l’autrice ou l’auteur d’un ouvrage littéraire en langue française, évoquant l’univers de la littérature, de la photographie, du cinéma, de la radio, du journalisme ou de la télévision. Il est doté de 5000 €.
Le jury, composé de Laura Alcoba, Arno Bertina, Catherine Clément, Colette Fellous, Simonetta Greggio, Nedim Gürsel, Ivan Jablonka, Isabelle Jarry, Michèle Kahn, Bertrand Leclair et Pascal Ory, a dévoilé sa sélection :
La Scam représente les autrices et les auteurs d’œuvres écrites, audiovisuelles, radiophoniques, journalistiques, photographiques, illustrées et multimédia, dont elle gère les droits. Elle mène une action culturelle diverse et ambitieuse, soutient de nombreux festivals et délivre des bourses d’aide à la création. Elle décerne chaque année de nombreux prix, notamment dans le domaine de l’écrit : le Prix Marguerite Yourcenar, le Prix Joseph Kessel, le Prix du Récit dessiné et le Prix François Billetdoux.
Contact presse : Astrid Lockhart – 06 73 84 98 27 – astrid.lockhart@scam.fr
Les sirènes du pays ont d’abord hurlé une guerre que beaucoup estimaient impensable. L’agression russe contre l’Ukraine a pourtant bien eu lieu, la catastrophe est désormais là. Les familles sont choquées, terrorisées, blessées dans leur chair. Mais elles résistent comme elles le peuvent. Solidarité avec elles.
Et puis, une fois de plus, au milieu de ce conflit, l’information est, elle aussi, devenue une cible privilégiée. Certes, les conflits malmènent toujours le constat des faits. Mais le Kremlin a déclaré la guerre à la vérité : Nommer ce qu’il se passe est passible de prison, s’écarter des versions officielles vaut aux médias indépendants d’être condamnés au silence…
Le travail périlleux des reporters devient alors crucial, pour tenter de savoir et comprendre, au-delà du bourrage de crâne. Et cela a fortiori lorsqu’ils ou elles vivent en Ukraine ou encore en Russie, tous et toutes déterminées à lutter contre la désinformation massive. Respect devant un tel courage. Le Prix Albert Londres est par définition solidaire avec cet engagement journalistique de terrain qui écrit, parle et montre la réalité des événements.
Site François-Mitterand, quai François-Mauriac, Grand auditorium, Paris 13e
Laurence Engel, présidente de la BnF
Hervé Brusini, président du Prix Albert Londres
La loi de 1881 est souvent méconnue. Elle structure pourtant sur des points essentiels la liberté d’expression. 140 ans plus tard, elle est encore au cœur de débats, comme par exemple la liberté ou non de filmer les forces de l’ordre lors des manifestations. Ou encore la question des relations avec le pouvoir, récurrente tant en France qu’aux États-Unis où de Trump à Biden, les médias ont vécu et vivent encore sous tension. Sans oublier les dérives de la technologie numérique dont l’affaire Pegasus est la parfaite illustration de l’intrusion à grande échelle pour qui peut se payer un logiciel capable de renseigner, espionner, bloquer le travail d’enquête des journalistes.
Dès son apparition, en France, l’information de masse a été abondamment critiquée, considérée comme une offre dépourvue de qualité aux yeux des tenants de la presse d’opinion politique et artistique. Puis on l’accusa de mettre le sang à la Une pour multiplier les ventes. On pointa les fausses nouvelles, la corruption, le chantage des journalistes… En 1918 une première charte déontologique fut l’une des réponses fortes adressées par le monde de l’information à une opinion qui ne lui faisait plus confiance. Aujourd’hui, on mesure les hauts et surtout les bas de la crédibilité accordée aux médias. Pourquoi cette dégradation (variable selon les supports) mais qui semble globalement inéluctable ? Comment y remédier en France et aux Etats-Unis ?
D’emblée, l’information de masse a été l’apanage d’entrepreneurs. Politiques, capitaines d’industrie, ou patrons de presse, ils furent à la naissance de « la grande presse ». Et la question n’a cessé de tarauder l’info : Jusqu’où cette origine capitaliste permet-elle l’exercice d’une liberté de l’information ? La crise du groupe Lagardère est un exemple parmi tant d’autres. Et surtout le monde numérique et les Gafam constituent la toile de fond de cette redoutable question.
« Fausse nouvelle », c’est ainsi que l’on parlait d’infox en 1881. Les débats furent nourris à ce sujet à l’assemblée nationale. De fait, l’histoire a inventorié depuis l’antiquité grecque, en passant par la royauté française ou même la révolution, de grands « artistes » de la fausse information. Aujourd’hui, la question semble être passée au stade industriel. Des factory à déstabilisation semblent agir massivement et violemment dans les rapports entre États. De plus, une part importante des citoyens du monde semble avoir basculé dans le complotisme. La fascination pour le mystérieux le plus irrationnel emporte nombre d’esprits. Et la vérité de se retrouver au cœur des questions posées au journalisme.
Ils n’ont pas attendu 1881, mais cette loi a accompagné l’émergence d’un art majeur de faire l’info, le reportage. Des figures de femmes ont promu les fondements mêmes du reportage. Récits de voyage, immersion, investigation, dénonciation… Des deux côtés de l’atlantique, ces femmes se sont engagées, corps et âme pourrait- on dire, dans la grande narration des choses de l’existence, nourrissant ainsi la vie démocratique. Qu’en est-il aujourd’hui ? Quid de leurs conditions professionnelles et salariales ? Et plus globalement, où en est cette pratique du reportage ? Les éditeurs répondent-ils toujours présents à l’appel ? Peut-on en vivre ? A-t-il toujours son utilité dans un monde d’images instantanées, sur une planète où chacun parle de soi sur sa chaîne d’information personnelle ? France et Etats-Unis sont encore une fois logés à la même enseigne.