Réuni au CentQuatre-Paris à l’occasion de la quatrième édition de L’Open Factory, le jury a décerné le Prix Émergences 2018 à Ismaël Joffroy Chandoutis pour son œuvre Swatted et son projet de résidence Arrow. Un partenariat Scam, CentQuatre-Paris, Arte Creative et EDIS, avec le soutien de l’ANdÉA.



Le Prix Émergences récompense un auteur ou une autrice sur son film de fin d’études et pour un futur projet d’œuvre numérique. Il a pour but de stimuler et de soutenir la nouvelle création. Ce Prix propose aux jeunes auteurs et autrices étudiants·es en fin d’études, sortant des écoles d’art, d’audiovisuel et des établissements d’enseignement supérieur, de présenter des films personnels réalisés dans le cadre de leur année diplômante ainsi qu’un projet à venir, à réaliser en résidence avec le CentQuatre à Paris, et/ou avec EDIS à L’Ardenome d’Avignon. 

Pour la première fois six finalistes présélectionnés pour le prix ont défendu leur projet de résidence, devant le public et le jury, avant la projection de leur film de fin d’études. 

Les finalistes de la soirée :

*Swatted de Ismaël Joffroy Chandoutis

Art vidéo expérimentale – 2018 – 21' 14 – Le Fresnoy, studio national des arts contemporains

Des joueurs en ligne racontent leurs difficultés à échapper au « swatting », un phénomène de cyber-harcèlement qui menace leur vie à chaque partie. Les événements prennent forme à travers des vidéos youtube et des images vectorielles issues d'un jeu vidéo.
Faire un film où l’action prend forme dans le flux d’internet, c’est s’ouvrir à tous les possibles de mise en scène. C’est l’avantage de pouvoir créer sans caméra et sans tournage. Le récit s’est donc construit directement au montage, à partir d’interviews et de vidéos trouvées sur le web.
J’ai également utilisé un jeu vidéo pour générer un espace abstrait qui est à la fois un paysage mental et l’épicentre narratif du film. Mais je ne voulais pas simplement utiliser un jeu pour illustrer. Je voulais que son univers soit en phase avec mon sujet. J’ai alors décidé de travailler avec des développeurs amateurs pour “hacker” le jeu et enlever la plupart des textures sauf les lumières et la végétation. Je voulais garder un aspect ni tout à fait réaliste, ni tout à fait virtuel. Ce rendu filaire agit donc comme une métaphore du web.

Projet de résidence : Arrow de Ismaël Joffroy Chandoutis

Arrow est un film hybride qui nous plonge dans une zone rurale roumaine semblant dater d’une autre époque. C’est pourtant là que se cache une communauté d’hackers dont les actes défient les polices du monde entier.
A travers ce projet, j’aimerais redéfinir la figure du hacker. À l’opposé des stéréotypes hollywoodiens, Le film est basé autour du paradoxe d’une vie ordinaire en milieu rural et d’un pouvoir mondialisé à portée de clic.
Il s’agit également de figurer l’action du hacking par une esthétique mêlant prise de vue réelle, images web et big data.


*Nerves de Nikita Vidal

Animation – 2018 – 2'18 – École Nationale Supérieure de Création Industrielle – Les Ateliers
Nerves est un teaser issu d’un travail d’animation autour de la figure cinématographique. La première partie vise à exprimer un état émotionnel. Différents types de vibrations sont appliqués à un tracé initialement abstrait, pour lui conférer une propriété matérielle et lui donner corps. La seconde partie vise à traduire un mouvement mécanique. La figure prend progressivement l’allure d’un membre articulé pour se mettre en marche. Puis le tracé est déformé pour donner l’impression d’une figure en 3D effectuant une rotation dans l’espace. La troisième partie vise à retranscrire un mouvement de caméra, comme le travelling ou le panoramique. Une grille de points, symbolisant le sol, évolue pour nous faire ressentir la perspective et situer la ligne d’horizon. Juxtaposés au mouvement des figures, ces repères spatiaux laisse entrevoir le défilement d’un paysage.


*Fliphugs de Oscar A.

Animation – 2017 – 2' 05 – Faculté d'Arts Plastiques Université Jean Monnet Saint-Etienne

Partant d’un élan figurant le lien tissé entre deux individus, FlipHugs est une œuvre mettant en scène les conditions de sa réalisation. Cette installation est activée et animée par le visiteur qui articule plusieurs flipbooks. L’œuvre est interactive et le visiteur peut réaliser en direct son propre film. Il agit sur le processus d’attraction répulsion. Des gestes animés à la recherche du moment où l’union reste en suspens. Les films sont donnés à voir sur une tablette suspendue face aux flipbooks.


*Plague de Damien Jibert

Œuvre d'art numérique interactive – 2018 – 4' 52 – Le Fresnoy

Il y a quelque chose de pesant en ville, les gens semblent agités, les coupures de courant se font de plus en plus régulières, une étrange chaleur émane du sol, les rats et les champignons prolifèrent, un bruit sourd résonne au loin. Il va se passer quelque chose, c'est le calme avant la tempête. Pour certains, cette attente est insoutenable, d'autres y voient une douce léthargie. L'idée est d'aborder une narration éclatée grâce au temps réel. La forme est un jeu vidéo sur smartphone, style Point and Click des années 90 et synchronisé sur le fuseau horaire local. On y incarne un personnage dans son quotidien citadin. Le scénario est rempli d'une multitude de rendez-vous, donnés par les protagonistes au cours d'une semaine, de jour comme de nuit. Ainsi, il faudra se rendre au lieu-dit et à l'heure dite pour avancer dans la compréhension des histoires.


*The Sun to Come de Anouk Moyaux

Documentaire – 2018 – 11' 45 – Haute école des Arts du Rhin

« Alors que Pamela et Phillip se préparent pour un événement qui n'arrive qu'une fois tous les 360 ans, Paula la sœur de Pamela convoque le passé en racontant un rêve qu'elle vient de faire. » Ce film est la résultante de plusieurs événements passés et contemporains au film : Mes rencontres succinctes avec les protagonistes qui s’étalent sur plus de dix ans. L’anniversaire de la mort de la mère de Pamela le 18 juillet de chaque année et l’éclipse totale qui s’est produite aux Etats-Unis en 2017. Ces trois faits mis en relation créent une nouvelle trame narrative dans laquelle passé présent et futur se mêlent pour raconter l’histoire de ce couple américain qui a choisi de s’écarter du modèle socio-économique prédominant.


*Sonnet à la science de Léo Bizeul

Documentaire – 2016 – 16' 30 – Haute école des Arts du Rhin

Une excursion à travers la quête des lois fondamentales qui régissent l'univers et les tentatives pour élucider les principes qui ont gouverné sa formation. Des chiffres et des lettres. Le monde raconté tel que l’humain l’imagine via les sciences. L’occident comme volonté de maîtrise par la pensée.


Justine Pluvinage, lauréate du Prix Émergences 2015, nous a fait le plaisir de venir présenter son film réalisé grâce à la résidence du Prix : On va s'arrêter là pour aujourd'hui.

Après délibération et à l’issue de la projection, le jury a remis le Prix Émergences 2018 devant le public.


Le jury de cette édition est composé de :

Véronique Aubouy, autrice et membre de la commission Écritures et formes émergentes de la Scam, 

Gilles Coudert, auteur et membre de la commission Écritures et formes émergentes de la Scam, 

Lyonel Kouro, auteur et membre de la commission Écritures et formes émergentes de la Scam, 

Julie Sanerot, directrice de production pour le CentQuatre-Paris, 

Daniel Khamdamov, chargé de programmes (Arte Creative), 

Véronique Baton, directrice artistique (Fond de dotation EDIS), 

Justine Pluvinage, lauréate du Prix en 2015, 

Clara Beaudoux, journaliste web,

Fabrice Hyber, artiste


Anciennement nommé Prix Jeune talent art numérique, le Prix Émergences est doté de 3.000 € par la Scam, de 500 € en achat par Arte Creative, d’une résidence au CentQuatre-Paris ou à l'Ardenome (ancien Grenier à Sel d'Avignon) pour la réalisation d’un nouveau projet. Cette résidence est financée par EDIS à hauteur de 3.000 €.

Contact

Caroline Chatriot – prixemergences@scam.fr