Le jury a retenu 8 projets cette année.
Bravo aux récipiendaires de la bourse Brouillon d’un rêve écritures et formes émergentes !
Ces projets ont pu bénéficier du soutien de la Scam grâce à l’engagement des membres du lectorat et du jury, composés exclusivement d’auteurices.
Le jury était constitué de Laurence Bagot, Galdric Fleury, Antoine Fontaine (fleuryfontaine) et des membres de la commission des Écritures et Formes Émergentes Ludovic Bassal, Pascal Goblot (président de la commission), Véronique Godé, Benjamin Hoguet, Randa Maroufi et Gwenola Wagon.
Les membres de la commission EFE ont assuré la présélection des projets.
Le jury a retenu 9 projets cette année.
Bravo aux récipiendaires de la bourse Brouillon d’un rêve écritures et formes émergentes !
Ces projets ont pu bénéficier du soutien de la Scam grâce à l’engagement des membres du lectorat et du jury, composés exclusivement d’auteurices.
Entre calcul d’audience sous algorithme, rédaction où le buzz s’écrit à la commande et une certaine part de l’intime, Philippe Pujol, prix Albert-Londres 2014, questionne notre époque discordante et son propre engagement à travers ces gamins des quartiers nord de Marseille qui désormais habitent son travail d’auteur.
J’ai longtemps eu la prétentieuse impression d’écrire pour ce genre de gamin, un cramé de cité, de ceux que je connais depuis qu’ils sont en âge de faire des conneries. Lui, vautré au fond d’une chambre crasseuse, pas encore 15 ans, a déjà deux ans de prison au compteur, quelques cicatrices de coups de couteau sur le flanc droit et une épaule tout récemment percée d’une balle qui ne lui était pas destinée. Je lui avais toujours connu des dents écartées, – des dents de la chance –, sauf que maintenant elles sont cassées en biseau comme pour faire un triangle noir au milieu de son sourire. La chance n’a jamais été son truc de toute façon.
Des sourires, il n’en fait plus. Il tire sur un gros joint de beuh, reste sans respirer quelques longues secondes le regard méchant pour enfin me souffler sa colère à la figure. « J’ai le démon, comme je te vois. » Confiant comme s’il braquait sur moi une Kalachnikov, le garçon enjambe un tas de fringues en me fixant de son strabisme. Ce que j’ai écrit sur lui, il s’en « bat les couilles ! », lui ce qu’il veut c’est « fumer tout le monde ». Et il re-tire sur son bambou avant de préciser en gardant le THC dans les bronches, « pas toi, c’est pas pareil toi ».
J’ai raconté son histoire, faite de morts de proches et d’embrouilles perpétuelles, d’amour maternel et de liens familiaux. J’ai écrit pour qu’on sache comment des familles en arrivent là, pour qu’on sache déjà simplement qu’elles en arrivent là ; des deuils en cascade et des rivières de problèmes. Je peux lui dire que j’ai écrit pour un public. Des lecteurs qui ne sont pas de son milieu, qu’il ne voit jamais, sinon quelques-uns à qui il peut vendre du shit.
Je peux lui expliquer que mon but est d’être un peu en avance sur les idées communes qui font toujours l’opinion publique, que j’espère à travers son histoire faire un saut dans ce que réserve le futur, celui d’une partie de la société, celle des plus vulnérables, qui décrochent et sombrent dans les rapides.
Mais ça, lui, ça l’indiffère dans un lapidaire « peuvent tous crever » en écrasant son mégot parmi des dizaines d’autres dans une assiette posée au pied de son lit superposé. « Sauf toi, toi t’es le sang. » Dans cette famille, je suis un tonton. Mais même si ça a aidé sa mère à qui j’ai trouvé du travail, pour lui, ça n’a servi à rien, pris qu’il est dans le courant du destin.
Il était tout gamin, lorsque j’étais encore fait-diversier dans le quotidien La Marseillaise. Ses deux dents de devant étaient tombées sans qu’aucune souris ne s’y intéresse et son frère venait de se faire buter. La Marseillaise coulait tranquillement et chaque journaliste remplissait une fonction en plus de celle de sa rubrique. J’étais chargé de mettre en ligne certains papiers sur le site internet, ce qui m’a permis de me livrer à des expériences sur mes propres articles. Si, en cours de journée, je changeais un titre comme « Un homme de 21 ans tué dans un règlement de compte » par « Un homme de 21 ans haché à la Kalachnikov », l’audience était multipliée par cent et encore plus si je prenais la peine de bien renseigner les mots clés liés à l’article avec « Marseille », « Quartiers nord » et « Drogue ».
Ce biais de popularité qui considère le lecteur comme un consommateur plutôt que comme un individu à part entière est une fabrique à « putaclic », articles racoleurs et vulgaires générés par un journalisme pornographique.
Philippe Pujol
Si l’on écrit pour une audience, on écrit pour le référencement Google, on se met aux ordres d’un algorithme, de ce que la masse statistique impose. Et tant pis si le frère de mon minot aux dents cassées a été tué pour une histoire de gonzesse, le hashtag « Drogue » te met dans le top 5 de l’actualité Police-Justice, l’une des rubriques les plus consultées. Ce biais de popularité qui considère le lecteur comme un consommateur plutôt que comme un individu à part entière est une fabrique à « putaclic », articles racoleurs et vulgaires générés par un journalisme pornographique. Des titres comme « Ce chiot en train de se faire laver le pelage est probablement la chose la plus mignonne que vous verrez aujourd’hui » ou encore « 5 choses à savoir avant d’investir dans l’immobilier » ont été rédigés par des possesseurs de carte de presse.
La carte de presse, je ne l’ai plus depuis un bon moment, grosso modo après avoir reçu mon prix Albert-Londres quand mes livres d’enquête-reportage ont eu plus de succès financiers que mes piges de galérien, faisant de moi, statutairement, un auteur plutôt qu’un journaliste aux yeux de la largement obsolète Commission de la carte d’identité des journalistes professionnels. Je continue donc « en amateur » à raconter des petits bouts du monde, notamment celui de cet ado abîmé qui roule un nouveau joint courbé dans l’alcôve de son lit superposé.
« Toi, t’es le seul livre que j’ai jamais lu de ma vie », me lance-t-il dans un mouvement en se cognant comme toujours la tête contre le lit du dessus. Son strabisme me scrute. Un compliment ne se donne pas à la légère pour ces gens-là. C’est une offrande dont il faut bien comprendre la sincérité. Un livre lui fait si peur, est si loin de son monde, qu’il préfère s’adresser à moi ; le livre, c’est moi, moi qui lui ai toujours été accessible. Il m’arrive assez souvent que des gens des quartiers populaires m’assurent que l’un de mes livres a été l’une des seules lectures de leur vie. Ça vaut un prix Albert-Londres.
Un texte, une fois publié, n’appartient plus à son auteur. Il s’interprète, se raconte, se complète, se tronque au gré des discussions et des confrontations ; il se heurte aux opinions et aux croyances sans les dévier grandement. Un peu parfois. Et c’est déjà ça.
Philippe Pujol
Écrire pour un engagement, celui de raconter comment se forment les ghettos modernes (plus pernicieux et complexes que simplement géographiques) trouve une réponse directe : « Je ne lis jamais, et ton livre, il explique nos quartiers. » Un texte, une fois publié, n’appartient plus à son auteur. Il s’interprète, se raconte, se complète, se tronque au gré des discussions et des confrontations ; il se heurte aux opinions et aux croyances sans les dévier grandement. Un peu parfois. Et c’est déjà ça…En renversant son cendrier d’un coup de pied maladroit, mon ado content de m’avoir fait plaisir s’allonge en crachant un peu sur les journalistes « ces crevards qui racontent leur merde ». Une ponctuation de fumée soufflée en l’air comme un point d’exclamation et il s’adoucit, « sauf toi… Toi ça va ».
Depuis longtemps, face à ce monde qui lui échappe, il a pris l’échappatoire du complotisme : la chloroquine guérie le Covid, les médias mentent et personne n’est jamais allé sur la Lune. Finalement, de tout cela, il n’en a « rien à foutre », ce ne sont que des pseudo-croyances qui lui permettent de revendiquer une marginalité. Il me le prouve avec les fils de ses réseaux sociaux, dont les algorithmes l’ont enfermé dans des ghettos de la pensée. Il n’est pas dans l’engagement, plus dans l’opinion mais pris dans des croyances, tout content de faire partie d’un groupe de gens de tous horizons, avec en commun une chose : l’élite nous ment, nous méprise. Et paradoxalement, il faut écrire pour eux, pour obtenir des « toi, c’est pas pareil » qui, s’ils sont nombreux, deviennent gagnants.
J’ai un temps fais ça pour des rédactions. Un journal a une ligne (la convention d’un engagement) et un public (parfois plutôt une audience). Il est composé principalement de journalistes « pas pareils » conscients de l’importance de leur profession. Certains ont le scoop comme moteur (l’info nouvelle bien mieux que le buzz, l’info poubelle), d’autres cherchent plutôt des histoires pour raconter notre temps. Parfois, un rédacteur en chef commande un sujet et le journaliste qui ne se défend pas peut tomber dans le biais de confirmation, chercher des faits qui confirment une intuition, une croyance. Le reportage pizza : le chef commande et le journaliste livre. À Marseille par exemple, une Kalash, un « réglo » sur fond de stups, la « Bonne Mère » sur fond de ciel bleu et des trafiquants tout puissants… Et avec la concentration des médias, la diversité des points de vue décline, comme la pluralité des sources. Ce qui génère une audience devient une réalité. Un paradigme qui peut être renforcé par des conflits d’intérêts sournois.
Des gamins compliqués comme mon fumeur énervé justifient pleinement des politiques publiques dont bénéficieront totalement certaines des holdings qui possèdent des journaux. Tout ce BTP gavé de rénovation urbaine subventionnée, ces bailleurs sociaux appartenant à des banques et si souvent aidés pour changer les boîtes aux lettres saccagées (photo classique sur le sujet). L’autre fume son herbe sur son lit jumeau, le bras en écharpe « en attendant d’aller jober », vendre son shit au quartier. Et sa tête de fatigué, les cheveux fous et son regard méchant entouré de petites cicatrices sont cette image d’Épinal qui soutient tout un système économique dont la misère (financière, psychologique, militante) est le principal combustible. Et plus le journaliste est précaire, plus il accepte de pratiquer ce journalisme pizza. Votre sauvageon est livré au milieu de pubs d’assurances et de solutions de sécurité pour s’en protéger.
Car un journaliste bien souvent écrit pour son banquier. Un pigiste s’épuise dans la recherche de clients, négocie comme il le peut des tarifs, souffre de moins de garantis et de protections et peut alors choisir la docilité au nom de sa survie. Il peut finir par livrer ce qu’on lui a commandé. S’il savait, mon fumeur de bambou, à quel point les journalistes aujourd’hui sont loin d’être les nantis qu’il imagine.
Dans mes années de pige, des magazines parisiens me proposaient pour des articles compliqués et fouillés moins que les frais que prennent des journalistes permanents de la publication pour venir rapidement caresser la surface marseillaise. Il est certain que rencontrer un trafiquant d’armes ou rentrer dans l’intimité de l’ado avec qui je me trouve ne se fait pas par Twitter.
Lui, j’étais présent le lendemain de la mort de son père, assassiné de trop de balles pour les compter. Je l’ai vu grandir de traviole après ça, nourri de tristesse et tordu par la haine. Un père, ça manque vite quand ça n’est plus là. Le rêve de gosse de mon père était d’être écrivain. Ce rêve, il l’a déposé en moi, discrètement. Quand il est tombé gravement malade, j’ai enchaîné les livres pour qu’il ait le temps de les lire, sept en cinq ans. Le dernier, il l’a lu deux fois. Je n’ai finalement fait ça que pour lui. Le prochain, je l’écrirai pour moi-même. J’ai désormais cette liberté de ne travailler pour personne.
Lorsque j’étais à La Marseillaise (qui a depuis deux fois changé de propriétaire), une cuisine interne m’a finalement libéré des intérêts divers des proprios, de la pub, du lecteur, des uns et des autres… Une entourloupette étonnante et pour moi libératoire. Comme tant de journaux, La Marseillaise avait mis en place de nombreuses stratégies pour gonfler ses chiffres de vente. La plus belle était la suivante : un accord malin avait été passé avec une entreprise de recyclage pour qu’elle rachète une grande partie des tirages. Le journal n’était même pas déplié qu’il partait dans des bains de récupération du papier et même de l’encre.
Les sujets se répètent, tout a été raconté, tout a été dénoncé et c’est justement parce que ça n’est pas terminé qu’il nous faut le raconter encore.
Philippe Pujol
Pulpeur, épurateur, cleaner formaient le cycle de mes articles qui redevenaient pâte à papier. Une leçon d’humilité. « C’est pour le recyclage », pouvais-je désormais répondre quand la secrétaire de rédaction dépitée me reprochait de nouvelles prouesses orthographiques dans la publication du jour. Cela m’ouvrait surtout le droit d’écrire l’ambiguïté, le complexe, sans me soucier de l’insatisfaction de chacun, puisque j’écrivais pour le recyclage. En effet, les sujets se répètent, tout a été raconté, tout a été dénoncé et c’est justement parce que ça n’est pas terminé qu’il nous faut le raconter encore.
Il y en a d’autres des fumeurs de bambou en colère et il y en aura toujours. Lui, il décline déjà, avant même la fin de sa puberté. Le lit de dessus est vide de son frère. Les vêtements en tas sont ceux de son père. Dans sa vie, il n’est plus que ça, le fils et le frère des deux mecs qui ont été fumés. Et au quartier, on lui a pété les dents pour bien le lui rappeler, on l’a piqué au couteau et plus tard tiré une balle dans l’épaule à bout portant.
J’espère être le deuxième livre qu’il lira dans sa vie.
Philippe Pujol est un journaliste et écrivain français, lauréat du prix Albert-Londres en 2014 pour sa série d’articles « Quartiers shit » sur les quartiers nord de Marseille.
En cette Année du documentaire inaugurée en janvier par la ministre de la Culture, Rima Abdul-Malak, la Scam tient à adresser ses plus chaleureuses félicitations à quatre cinéastes de premier plan distingués ce week-end par la Berlinale et la Cérémonie des César.
Sur l’Adamant, le nouveau film de Nicolas Philibert reçoit l’Ours d’or à Berlin. Voici l’un de nos documentaristes les plus fins et sensibles consacré par l’un des plus grands festivals de cinéma pour sa nouvelle plongée dans le monde de nos semblables que l’on dit fous. Nicolas, cinéaste engagé au regard humaniste, filme depuis cinquante ans. Son œuvre est diffusée et étudiée partout dans le monde. Il est l’un des plus illustres ambassadeurs du cinéma français.
Jean-Gabriel Périot et son Retour à Reims (fragments), César du documentaire 2023. Son adaptation très personnelle du livre de Didier Éribon, film attaché à rendre grâce aux classes dominées, montre à quel point notre confrère excelle dans l’innovation des formes. Retour à Reims figurait déjà au palmarès 2022 des Étoiles de la Scam. Hommage à Arte qui a cru dans cette narration singulière qui montre combien le public et la profession sont attachés à des œuvres de facture originale.
Encline à défendre la reconnaissance du rôle des femmes dans le documentaire et le cinéma en général, Elisabeth Subrin, distinguée du César 2023 du court-métrage documentaire pour Maria Schneider 1983 nous offre un pamphlet cinématographique qui nourrit et illustre nos luttes en cours pour la parité et l’équité entre hommes et femmes de cinéma. À l’heure où la Scam s’apprête à publier une étude sur ces questions, le prix attribué à Elisabeth Subrin fait figure d’éclaireur.
Avec son film Saint-Omer, Alice Diop obtient le César 2023 du premier film… sa première fiction. Le puissant Saint-Omer était légitime à figurer dans la plupart des catégories des César, sa distinction n’en est que plus logique. La Scam qui connait le talent d’Alice depuis plusieurs années -elle a notamment reçu une Étoile de la Scam pour La Mort de Danton en 2012-, considère que cette reconnaissance du monde du cinéma va bien au-delà d’un premier film, un film est un film, fiction ou documentaire. Prix Jean Vigo 2022, élue personnalité de l’année par le Film Français, Alice Diop a déjà prouvé son talent dans ses documentaires maintes fois primés.
En distinguant quatre grandes et grands cinéastes à la parole forte, dont l’œuvre est marquée par un puissant engagement humaniste, politique et social, le palmarès de la Berlinale et des César montre combien le documentaire palpite et s’expose en première ligne de ce que le cinéma porte de plus progressiste, combattif, novateur.
La Scam et ses 50 000 membres sont extrêmement fiers de saluer leurs consœurs et confrères, Alice, Elisabeth, Jean-Gabriel et Nicolas.
Merci à vous quatre et vive l’Année du documentaire !
Stéphane Joseph : 0682900193
Venez découvrir lors de cet atelier les outils pour protéger vos sources et vos données numériques.
Quelles sont les menaces numériques auxquelles sont exposés les journalistes ?
Comment sécuriser la communication en ligne lorsque des journalistes enquêtent sur des sujets sensibles ?
Comment adapter les outils de protection de données en fonction du contexte ?
Quelles sont les techniques pour échanger avec ses sources sans les mettre en danger ?
Réservé aux journalistes membres de la Scam et aux lauréats et lauréates Brouillon d’un rêve, cet atelier vous permettra d’appréhender les clés de la sécurité numérique à travers l’étude de plusieurs affaires emblématiques mises en lumière par Forbidden Stories.
À la suite de l’Année du documentaire 2023, la Scam, ARTE, le CNC et La Fémis ont le plaisir de vous convier à ce sixième volet de la série de rencontres « Le Documentaire : matière à penser ».
La comédie documentaire
Un Graal. Rare au sein d’un genre qui est souvent perçu comme particulièrement austère ou auquel on attribue d’abord des vertus de « pédagogie » et/ou « d’information ». Mais justement la comédie documentaire ne réfute-t-elle pas ces dimensions réductrices ? Par sa nature même ne souligne-t-elle pas le primat d’un regard ?
Sans vouloir cloisonner la comédie documentaire dans une définition stricte, la journée propose des pistes de réflexion. La promesse comique implantée, l’implication du spectateur se trouve bouleversée, creusant les travers d’un personnage ou guettant la situation qui va déraper. Une autre fois, l’élément comique crée une rupture et sort le spectateur du récit auquel il était préparé. Qu’il apparaisse dans la mise en scène, le traitement des personnages, le ton ou les situations, quels effets le comique a-t-il sur le traitement du réel ?
Et si la rencontre du documentaire avec la comédie n’est pas si fréquente, lorsqu’elle a lieu, elle produit aussi une salve émancipatrice singulièrement puissante. Qu’il s’agisse de célébrer l’irrévérence ou de donner la parole à ce qui est réprimé, comme une décharge affective spontanée, le rire provoque aussi une sorte de communion en complicité avec d’autres spectateurs, et c’est là que réside aussi son pouvoir d’émancipation, de subversion.
Cette journée de réflexion va tenter d’interroger les différentes manières selon lesquelles le genre documentaire et celui de la comédie se sont associés pour élargir les champs du possible du cinéma.
11h : Keynote par Hervé Le Tellier, autour de la question « Comment rire du réel ? ».
11h30 : Dialogue entre Marco Lamensch et Sonia Kronlund autour de l’émission « Strip-tease ».
14h30 : Étude de cas autour des projets « Il faut ramener Albert » avec Michaël Zumstein et « Proche Paris, charme atypique » avec Marion Angelosanto et Juliette Guigon (Squawk).
16h : Masterclass de Luc Moullet avec projection de son court-métrage « Foix », au côté d’Aurélie Sfez.
Mathématicien de formation, puis journaliste, diplômé du Centre de formation des journalistes à Paris (promotion 1983), Hervé Le Tellier est linguiste et spécialiste des littératures à contraintes. Auteur de romans, nouvelles, poésies, théâtre, il est aussi l’auteur de formes très courtes, souvent humoristiques, dont ses variations sur La Joconde. En 1992, il a été coopté à l’Oulipo (Ouvroir de Littérature Potentielle), un groupe de recherche en littérature expérimentale, fondé en 1960, par Raymond Queneau et François Le Lionnais (simultanément au poète allemand Oskar Pastior), et a publié sur l’Ouvroir un ouvrage de référence : Esthétique de l’Oulipo (2006). Il participe également à l’aventure de la série Le Poulpe, avec un roman, La Disparition de Perek (1997), adapté également en bande dessinée, dessinée par William Henne, en 2001. Éditeur, il a fait publier plusieurs ouvrages au Castor Astral comme What a man!, de Georges Perec, et Je me souviens de Je me souviens, de Roland Brasseur. Il a aussi collaboré quotidiennement, à partir de 2002, à la lettre électronique matinale du journal Le Monde, par un billet d’humeur intitulé « Papier de verre ». Il est, avec Frédéric Pagès, l’un des fondateurs des Amis de Jean-Baptiste Botul (1896-1947), philosophe de tradition orale. Son roman, L’Anomalie (2020), publié aux éditions Gallimard, obtient le prix Goncourt le 30 novembre 2020. Son dernier ouvrage, Le Nom sur le mur, toujours chez Gallimard, est sorti en 2024.
© Babelio
Normalienne et agrégée de lettres, Sonia Kronlund a collaboré à l’écriture de nombreux scénarios, réalisé des documentaires et dirigé plusieurs collections pour la télévision. Après un bref passage aux « Cahiers du cinéma », elle entre à la radio en 1995 sur France Inter. Elle produit, depuis 2002, l’émission quotidienne de documentaires « Les Pieds sur Terre » sur France Culture. Pour ARTE et France Culture, elle tourne plusieurs films et documentaires sonores sur l’Iran et l’Afghanistan, pays qu’elle parcourt depuis une quinzaine d’années. En 2012, elle publie chez Actes Sud un recueil de récits « Les Pieds sur terre – Nouvelles du réel ». Son premier long-métrage en tant que réalisatrice, « Nothingwood », a été sélectionné par la Quinzaine des réalisateurs à Cannes et a été récompensé par les Étoiles de La Scam en 2018. En 2024 sort son deuxième long-métrage documentaire, « L’Homme aux mille visages », film éponyme de son livre-enquête publié aux éditions Grasset.
Après ses études et quelques années d’enseignement comme professeur de physique, Marco Lamensch entre en 1973 à la RTBF au service Sciences. Il réalise ses premiers films, dont le docu-fiction sur la pataphysique (À la recherche de Mélanie Le Plumet, 1976). En 1977, il rejoint l’équipe du magazine d’enquêtes et de reportages À Suivre, dirigé par Henri Mordant. C’est là qu’il rencontre le chef opérateur Jean Libon avec qui il va commencer à travailler régulièrement. Après plusieurs enquêtes de société et de grands reportages internationaux, il imagine, conçoit et lance avec Jean Libon, le magazine de société Strip-tease. Parallèlement au début des années 1990, le duo se rapproche de VF films, société de production, dans le dessein d’installer le programme sur une chaîne française. La première intéressée, Canal+, renonce, et c’est finalement France 3 qui diffuse le « magazine qui vous déshabille » à partir de 1992 et durant vingt ans. Les créateurs mettent fin à Strip-tease à la RTBF en 2002 et élaborent dans la foulée Tout ça (ne nous rendra pas le Congo), un nouveau programme d’unitaires de longs formats sans commentaire. Outre avoir assuré la codirection éditoriale et artistique des émissions (jusqu’en 2005 en France), composé les quatrains, ainsi que tous les textes promotionnels et théoriques concernant Strip-tease, Marco Lamensch a réalisé une soixantaine de documentaires au fil d’une carrière jalonnée de prix et de récompenses.
© Wikipédia
Après des débuts d’autrice au sein de la direction artistique de Canal+, Marion Angelosanto se forme à la caméra et passe à la réalisation. Elle signe une quinzaine de récits d’affaires criminelles. Puis viennent des documentaires d’auteur : une erreur judiciaire (Rachel, l’autisme à l’épreuve de la justice, 2019), le portrait d’un hôpital (La Fabrique du soin, primé au FIGRA 2022) et un village qui se déchire pour une poignée d’éoliennes (Quand le vent tourne, 2023).
Michaël Zumstein est réalisateur, photojournaliste et cameraman, diplômé de l’École supérieure de photographie de Vevey. Depuis son premier voyage au Zaïre il y a plus de vingt ans, il travaille sur les relations ambiguës entre l’Afrique et l’Occident. Son travail s’inscrit dans la tradition du photojournalisme d’enquête associant réalisme documentaire et écriture graphique pour révéler des interactions entre les individus. En 2010, il rejoint l’agence VU’. En 2014, il effectue un projet sur la crise en République centrafricaine, « Centrafrique. De terreur et de larmes ». Exposé au festival Visa pour l’Image la même année, ce travail est récompensé par les prix Picture of the Year, Visual Story Telling et Swiss Press Award. En 2018, il reçoit une bourse Scam pour son projet photo « Le Meilleur Joueur du monde », publié par « M, le magazine du Monde ». En 2019, il participe activement au long-métrage de Boris Lojkine, « Camille », et fait l’image du documentaire « Une caravane en hiver » de Mehdi Ahoudig ; en 2020, il réalise « Les Mange-1000 », un reportage sur le tribunal militaire d’Abidjan et obtient la première bourse Canon du documentaire vidéo court-métrage. En 2021, il réalise « Il faut ramener Albert », en compétition au Fipadoc.
Depuis 2017, Juliette Guigon est productrice chez Squawk . Elle a notamment produit « Il faut ramener Albert » de Michaël Zumstein, Étoiles de la Scam 2023 ; « Papa s’en va » de Pauline Horovitz, Étoiles de la Scam 2021 ; « Moi, Christiane F, 13 ans, droguée, prostituée… – Une génération perdue » de Claire Laborey ; « Green Boys » d’Ariane Doublet. Elle a également produit des séries web et de grandes enquêtes (« Insecticide : comment l’agrochimie a tué les insectes » de Sylvain Lepetit, Miyuki Droz Aramaki et Sébastien Séga, primé au Figra en 2022. Précédemment, elle fût productrice associée chez Quark Productions avec plus de 110 films produits dont les films de Marion Gervais (« Anaïs s’en va-t-en guerre ») ou de Thomas Balmès (« Happiness », primé à Sundance en 2014), de longs-métrages, « La Sociologue et l’Ourson » et « La Cravate » (sélectionné au César) d’Étienne Chaillou et Mathias Théry. En 2020, elle reçoit le prix Procirep du producteur, partagé avec Patrick Winocour, et totalise 22 Étoiles de la Scam avec 12 films de réalisatrices et 10 films de réalisateurs.
Luc Moullet est né le 14 octobre 1937. Iconoclaste, hors normes, tels semblent être les termes qui définissent le mieux son œuvre. Après des débuts de critique aux Cahiers du Cinéma au milieu des années 1950, il passe à la réalisation au début des années 1960 notamment avec Terres noires (1961), alternant sans vergogne courts et longs-métrages. Ses films atypiques se caractérisent par leur style décalé, parfois quasi expérimental, allant toujours à l’encontre des codes du cinéma narratif classique. Le réalisateur joue ainsi souvent sur les canons du récit traditionnel ou sur les différents genres. Parmi ses films marquants, on retrouve Les Contrebandières (1966), Une aventure de Billy le Kid (1971), parodie de western avec Jean-Pierre Léaud, Anatomie d’un rapport (1975), film auscultant la relation entre les sexes, ou encore Genèse d’un repas, documentaire au constat amer sur la production alimentaire au tiers-monde. En 1987, Luc Moullet reçoit le prix Jean Vigo pour La Comédie du travail, satire insolite sur le thème du chômage. Néanmoins, c’est à travers ses nombreux courts-métrages qu’il fait preuve de la plus grande originalité. Partant de sujets ancrés dans le quotidien, il parvient à produire de véritables envolées surréalistes, comme dans Barres où il étudie les comportements de chacun face aux tourniquets de métro. À ses qualités de cinéaste s’ajoute celle de comédien. Ainsi, on a pu le voir apparaître ces dernières années dans de petits rôles, comme dans J’ai horreur de l’amour de Laurence Ferreira Barbosa. En 2002, il met en scène Les Naufragés de la D17, l’histoire d’un groupe de personnes, tous aussi excentriques les unes que les autres, qui se croisent et s’entrecroisent dans la région la plus désertique de France avec, entre autres, Sabine Haudepin et Mathieu Amalric. En 2010, il fait son retour derrière la caméra avec un documentaire insolite, La Terre de la folie, où il s’interroge sur les causes de phénomènes psychiques (un très grand nombre de troubles mentaux) dans sa région natale, les Alpes du Sud.
© ACID
Musicologue de formation, Aurélie Sfez est premier prix du concours national de France de piano.
Elle est réalisatrice de documentaires pour la télévision, productrice et réalisatrice pour la radio, autrice et compositrice.
Entrée à Radio France en 1999, elle officie à France Culture, produit et réalise des séries documentaires autour de toutes les musiques. Entre autres, « Où sont passées les musiques yiddish ? », « La musique dans les campagnes présidentielles », « À Paris avec Sonic Youth ». Puis, elle s’installe à New York, explore et développe des méthodes de travail et d’enregistrement proches des situationnistes autour de l’errance, la dérive, la psycho-géographie, le jeu et le hasard. Elle produit pour France Culture et France Inter des reportages et documentaires de plus en plus expérimentaux et personnels sur les musiques underground, les modes de consommations américains, les syndromes post-traumatiques liés aux attentats du 11-Septembre. En 2005, elle produit avec son acolyte Julien Cernobori la série « Village People » (prix Scam de la meilleure série documentaire) sur France Inter, rencontres faussement improvisées avec les gens des villages de France. Poétique, tendre, sociale et drôle, la série sera adaptée sur France 5 sous le nom de « En campagne ».
Depuis 2021, elle réalise pour ARTE la série de portraits de poche intitulée « Fragments ».
Elle écrit et produit toujours des documentaires musicaux pour France Culture. En parallèle, elle compose des musiques de films, des créations sonores, des pièces de théâtre et des performances musicales.
À la suite de l’Année du documentaire 2023, la Scam, ARTE et le CNC ont le plaisir de vous convier à ce 5e volet de la série de rencontres « Le Documentaire : matière à penser ».
La question de l’Image Manquante, posée par le cinéaste Rithy Panh dans son film éponyme, donne son titre à notre journée d’échanges et de réflexion.
Elle propose d’explorer les vécus invisibilisés dont la persistance dans la Mémoire résiste à l’effacement et au silence.
Image tabou, image interdite, image-preuve, image en contrepoint de l’image officielle.
Quand l’image manque, l’imaginaire reste un terreau fertile pour la production de représentations et d’incarnations.
D’où la mobilisation des imaginaires cinématographiques et visuels pour incarner des réalités dépossédées d’images.
Depuis le siècle passé, les régimes dictatoriaux, autoritaires ou coloniaux s’évertuent au contrôle strict de la production d’images. Documentaristes, scientifiques ou philosophes n’ont eu de cesse d’enquêter, analyser, dévoiler et fait ressurgir la rémanence d’une iconographie occultée. Leurs travaux contribuent à la construction d’une mémoire collective, contre l’injustice et l’indignité.
Le programme de la journée se penchera ensuite sur les notions d’ »image de comblement ». L’accès croissant aux technologies de l’intelligence artificielle apporte de nouvelles perspectives. L’algorithme est-il une issue ou un leurre ?
Pour le dernier débat de la journée, nous aborderons, avec des réalisatrices qui se sont saisies de la question à bras-le-corps, l’absence ou la difficile représentation de certaines réalités et récits chers aux femmes qui depuis longtemps font défaut à l’imaginaire collectif.
11h : Keynote – Dialogue entre Raphaëlle Branche – historienne, réalisatrice, et Camille Ménager – réalisatrice, autour des images de la torture en Algérie.
11h30 : Table ronde en présence de Rithy Panh – réalisateur et auteur (en visio), avec Christophe Bataille – éditeur et auteur, animée par Fabrice Puchault – directeur de l’unité Société et Culture chez ARTE
14h30 : Étude de cas avec Mathias Théry – réalisateur et Jean-Michel Frodon – auteur et critique, autour des documentaires Isaac Asimov, l’étrange testament du père des robots, La Sociologue et l’ourson et La Cravate.
15h30 : Table ronde « Femmes, les récits manquants » avec Marie Bottois – réalisatrice, Diane Sara Bouzgarrou – cinéaste et plasticienne, Yamina Zoutat – réalisatrice et Camille Froidevaux-Metterie – philosophe, animée par Élodie Font – journaliste et autrice
Professeure d’histoire contemporaine et réalisatrice, ses travaux portent essentiellement sur les violences en temps de guerre, de leurs conceptions à leurs perpétrations et à leurs mémoires. Centrés sur la guerre d’indépendance algérienne, ils s’articulent autour de la nature des armées engagées, des normes mobilisées dans ces conflits particuliers que sont les guerres de guérilla et des dimensions genrées des conflits armés en général. Pour son prochain livre, elle se consacre aux liens entre expériences de guerre et familles françaises, autour de la guerre d’Algérie. Elle entreprend, enfin, de creuser plus spécialement l’histoire des frères et des sœurs. Elle coréalise en 2022 la série documentaire en six épisodes « En guerre(s) pour l’Algérie » et publie « En guerre(s) pour l’Algérie : témoignages ».
Historienne de formation (Paris 1 / école doctorale de Sciences Po), Camille Ménager écrit et réalise des films documentaires d’histoire. Elle s’intéresse notamment aux questions transverses entre l’histoire et la mémoire, aux parcours de(s) femmes dans l’histoire et à l’histoire de l’image de guerre. Ses films, principalement réalisés avec des images d’archives, interrogent la question des traces documentaires du passé et du récit contemporain de notre histoire collective. Récemment, elle a réalisé « La Tragique histoire de l’éléphant Fritz », « Le Siècle de Sabine Weiss » et « Sur les traces de Gerda Taro.» Elle a coanimé de 2011 à 2018 un atelier artistique sur la fabrication des images de guerre et leur réutilisation dans les films documentaires, à Sciences P Paris.
Né en 1964 à Phnom Penh au Cambodge, Rithy Panh échappe aux camps de la mort des Khmers rouges alors qu’il n’a que 15 ans. Dans les années 1980, il vient étudier en France à l’Institut des hautes études cinématographiques (IDHEC). À la suite de sa formation, il signe son premier documentaire, « Site 2 » (1989), qui se concentre sur les camps de réfugiés cambodgiens. Dès lors, il n’aura de cesse de montrer la tragédie de son pays à travers des documentaires. En 2013, il reçoit le prix Un Certain Regard pour « L’Image manquante ». Avec Christophe Bataille, il coécrit un essai du même nom. En 2020, Rithy Panh obtient le prix du meilleur documentaire à la Berlinale pour « Irradiés ». Le même festival lui dessert l’Ours d’Argent en 2022 pour son œuvre « Everything will be ok ». Parallèlement à ses activités d’auteur et de réalisateur, il crée le centre Bophana, dédié à la restitution, la protection et la mise en valeur du patrimoine audiovisuel cambodgien.
Écrivain et éditeur aux éditions Grasset depuis 1995. En 1993, il publie son premier roman, « Annam » aux éditions Arléa et obtient le prix du Premier roman et le prix des Deux Magots en 1994. « Absinthe », son deuxième roman, obtient le prix de la Vocation en 1994. Depuis ses romans sont publiés aux éditions Grasset. Après sa rencontre avec Rithy Panh en 2005, ils coécriront deux ouvrages et coréaliseront deux films. Le premier, « L’Élimination », est un récit intensément personnel mêlant des fragments de son itinéraire dans l’enfer Khmer rouge et une réflexion sur le travail de cinéaste qu’il a mené par la suite au Cambodge auprès des bourreaux. Il sera adapté en film sous le nom de « L’image manquante ».
Réalisateur français né en 1980. Lors de ses études aux Arts Décoratifs de Paris, il s’intéresse à la photographie puis se tourne vers le documentaire. « La Vie après la mort d’Henrietta Lacks », son premier film, a été primé dans de nombreux festivals. Il a ensuite réalisé presque tous ses films avec Étienne Chaillou. Ensemble, ils explorent de nouvelles formes de narration et se tournent vers le cinéma avec « La Sociologue et l’ourson » puis « La Cravate ». Il réalise, en 2022, « Isaac Asimov, l’étrange testament du père des robots ».
Journaliste, critique de cinéma et enseignant, notamment à Sciences Po Paris (SPEAP, Programme d’expérimentation en art politique), et professeur honoraire de l’université de Saint Andrews (Écosse). Il a été responsable des pages cinéma du « Monde » et a été directeur des « Cahiers du cinéma », il collabore aujourd’hui régulièrement aux sites d’information « Slate.fr » et « AOC » et à de nombreuses publications françaises et étrangères. L’ensemble de ses textes est accessible sur son blog « Projection publique ». Il est l’auteur ou le directeur d’une trentaine d’ouvrages sur le cinéma dont « Le Cinéma français de la Nouvelle Vague à nos jours », « La Projection nationale », « Le cinéma et la Shoah », « Robert Bresson », « Conversation avec Woody Allen », « Le Cinéma chinois », « Gilles Deleuze et les images », « L’Art du cinéma », « Le Monde de Jia Zhang-ke », « Cinémas de Paris », « Chris Marker », « 13 Ozu », « Abbas Kiarostami, l’œuvre ouverte », « Le Cinéma à l’épreuve du divers ». Il est également commissaire d’exposition, auteur d’installations vidéo et programmateur.
Réalisatrice et monteuse. À la suite de sa formation à l’École documentaire de Lussas, elle réalise « Slow-ahead » (Le Grec, 20’, 2015). En parallèle de son travail de monteuse, elle explore les techniques artisanales du cinéma argentique au sein de deux laboratoires partagés : l’Etna et l’Abominable. Elle produit et réalise « Le Passage du col » en 2022. Le film remporte le prix du Meilleur court-métrage attribué par Doc Alliance en 2023 et est présélectionné pour le César 2024 du court-métrage documentaire.
Philosophe, Camille Froidevaux-Metterie travaillent sur les thématiques liées au corps des femmes dans une perspective phénoménologique. Elle est notamment l’autrice de « La révolution du féminin » (2015, Folio 2020), « Seins. En quête d’une libération » (2020, Points 2022), « Un corps à soi » (2021, Points 2023) et « Un si gros ventre. Expériences vécues du corps enceint »(Stock 2023). Attachée à la diversification des registres d’expression et de diffusion, elle est aussi l’autrice d’un premier roman, « Pleine et douce » (Sabine Wespieser, 2023), qui explore de façon littéraire ses thèmes « corporels ». Enfin, étudiant la question des répercussions des luttes féministes sur les hommes, elle a été la conseillère scientifique de deux documentaires, « Les mâles du siècle » (Lamproduxion 2021) et « Les petits mâles » (Lamproduxion 2023).
Elle réalise des films qui placent l’expérience intérieure au cœur d’une œuvre traversée par la question de la solitude, l’histoire du corps, et la mémoire. En 2017, elle réalise le documentaire « Je ne me souviens de rien », plongée vertigineuse dans son propre trauma dont elle choisit de rassembler les fragments à la manière d’un film de « found footage ». En 2020 sort son premier long-métrage, « The Last Hillbilly », coréalisé avec Thomas Jenkoe, qui fait sa première à l’ACID Cannes et connaît un grand succès en festivals. Lauréate de la Villa Albertine en 2023, elle travaille sur son deuxième long-métrage avec Thomas Jenkoe, ainsi que sur « Mon cœur ne bat pour personne », un moyen-métrage coproduit par ARTE.
D’origine algérienne et italienne, née en Suisse, Yamina Zoutat a d’abord travaillé pendant plus de dix ans comme chroniqueuse judiciaire à Paris. La cour criminelle a été son « école de cinéma ». Son premier film, « Les Lessiveuses », consacré aux mères qui font la lessive pour leur fils condamné à une longue peine de prison, est ensuite adapté à l’opéra. Dans « Retour au palais », elle explore de façon intime le palais de justice de Paris, de la souricière jusqu’aux toits. « Chienne de rouge », son long-métrage sur le sang, fait sa première mondiale à Cinéma du Réel en 2023. Prix du Public à DocumentaMadrid et Mention Spéciale du Jury au Festival DMZ en Corée du Sud, le film circule sur tous les continents puis sort au cinéma en France en février 2024.
24 projets documentaires ont été retenus par le jury lors de cette quatrième session de l’année : 11 projets pour la Bourse de repérages, 11 projets pour la Bourse d’écriture et 2 projets soutenus dans le cadre du Tutorat d’écriture de la Scam.
Bravo aux lauréates et lauréats de la bourse Brouillon d’un rêve documentaire !
Ces projets ont pu bénéficier du soutien de la Scam grâce à l’engagement des membres du lectorat et du jury.
25 projets documentaires ont été retenus par le jury lors de cette deuxième session de l’année : 14 projets pour la Bourse de repérages et 10 projets pour la Bourse d’écriture et 1 projet soutenu dans le cadre du Tutorat d’écriture de la Scam.
Bravo aux lauréates et lauréats de la bourse Brouillon d’un rêve documentaire !
Ces projets ont pu bénéficier du soutien de la Scam grâce à l’engagement des membres du lectorat et du jury, composés exclusivement d’auteurices.
Découvrez les 6 projets retenus par le jury cette année. Félicitations aux lauréates et lauréats de la bourse Brouillon d’un rêve Littéraire !
Le jury était composé de Nolwenn Fournier, Edouard Jousselin et Alexis Broca et des membres de la commission Littéraire de la Scam Isabelle Jarry (présidente de la commission), Ivan Jablonka, Bertrand Leclair, Lucile Bordes, Simonetta Greggio, Eloïse Lièvre, Guy Seligmann, Hubert Prolongeau et Ernestine Ngo Melha.